Les forces irakiennes convergeaient lundi vers Fallouja, à l’ouest de Bagdad, en vue de reprendre cette ville au groupe État islamique (EI), une bataille qui s’annonce comme l’une des plus difficiles dans la guerre contre les jihadistes. Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a annoncé dans la nuit le lancement de l’offensive pour reprendre ce fief jihadiste situé à 50 kilomètres de Bagdad, avant de visiter le centre des opérations.
« Nous commençons l’opération pour libérer Fallouja« , a déclaré le Premier ministre. « Le drapeau irakien sera hissé et flottera haut au-dessus des terres de Fallouja », a-t-il affirmé.
Cette bataille est la dernière en date lancée dans le cadre de la lutte globale, soutenue notamment par les pays occidentaux, pour faire reculer le groupe djihadiste implanté en Irak, Syrie et Libye et actif dans de nombreux autres pays de la région. Cette offensive est menée, selon M. Abadi, par des militaires, des membres des forces spéciales, de la police et des milices et des tribus pro-gouvernementales.
Ces forces avançaient lundi vers Fallouja, également visée par des frappes aériennes, a constaté un photographe de l’AFP présent à l’extérieur de la ville. Elles bénéficient du soutien de la coalition internationale anti djihadistes dirigée par les États-Unis, qui a mené la semaine dernière sept frappes aériennes dans la région de Fallouja. Bagdad a pour sa part annoncé avoir bombardé la ville avec des avions F-16 mis à disposition par les Américains.
Dimanche, le commandement irakien des opérations a appelé les civils se trouvant toujours à Fallouja, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes, à quitter la ville. « Ceux qui sont dans l’impossibilité de le faire doivent accrocher un drapeau blanc sur leur maison et se tenir loin des positions de l’EI« , a-t-il ajouté. Des responsables ont fait état ces dernières semaines du départ de dizaines de familles, mais l’EI a tenté d’empêcher les civils de quitter la ville, qui comptait auparavant environ 300 000 habitants. Parallèlement, les forces pro gouvernementales ont été accusées d’empêcher l’entrée de nourriture dans Fallouja, en proie à des pénuries, notamment de médicaments.
Bastion de l’Etat islamique
Fallouja est l’une des premières villes à être tombée aux mains de l’EI, qui s’en était emparé en janvier 2014, au début de son offensive en Irak. Ce bastion sunnite de la province d’Al-Anbar est depuis devenue l’une des ses principales places fortes. Le groupe ultraradical sunnite s’est ensuite emparé de vastes pans du territoire irakien à l’ouest et au nord de Bagdad.
La reprise de Mossoul, la deuxième ville du pays, est l’un des objectifs prioritaires de Bagdad. Si l’armée s’est déployée ces derniers mois dans la province septentrionale de Ninive, ses forces progressent lentement et un éventuel assaut sur Mossoul n’est pas imminent. Dans la province d’Al-Anbar, les forces de sécurité, entraînées et aidées par les Américains, ont regagné du terrain en reprenant aux jihadistes la capitale régionale Ramadi, ainsi que les villes de Hit et Routba.
De larges parts de cette province majoritairement sunnite restent néanmoins aux mains de l’EI, qui a eu l’opportunité depuis deux ans de renforcer ses défenses, notamment à Fallouja. Les forces irakiennes ont toutefois l’avantage de bien connaître la zone, surtout si elles s’appuient sur les combattants des tribus qui leurs sont loyales dans la province d’Al-Anbar. En 2004, l’armée américaine avait eu énormément de mal à reprendre Fallouja. Elle avait lancé deux assauts contre la ville pour en déloger les insurgés, livrant certains de ses plus durs combats depuis la guerre du Vietnam.
Constance Léon