Boris Johnson de retour à Downing Street : « Je vous demande de contenir votre impatience »

Hospitalisé depuis le 5 avril après avoir été testé positif au Covid-19, Boris Johnson est revenu dimanche 26 avril au 10, Downing Street à Londres. Il s’est exprimé lundi 27 avril pour rappeler la nécessité de garder le pays confiné.

Boris Johnson a fait lundi 27 avril sa première prise de parole après son hospitalisation (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

« Nous commençons à inverser la tendance » a déclaré le Premier ministre Britannique lundi 27 avril lors de sa première allocution après son hospitalisation. En effet, la courbe du nombre de malades atteints du Covid-19 s’aplatit au Royaume-Uni : dans la journée du dimanche 26 avril, 413 personnes sont décédées du Covid-19 à l’hôpital, ce qui représente le chiffre le plus bas depuis la fin du mois de mars.

« Je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique »

Cependant, Boris Johnson a déclaré qu’il était encore trop tôt pour mettre en œuvre le déconfinement, en raison d’un « risque de deuxième vague ». Il a demandé aux Britanniques de faire preuve de patience.

« Je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique, et de risquer une deuxième épidémie majeure, de grandes pertes humaines, et la surcharge des hôpitaux. Je vous demande de contenir votre impatience, parce que je suis persuadé que nous arrivons à la fin de la première phase de ce conflit. »

La crainte des conséquences économiques

Boris Johnson s’est dit conscient des risques économiques dus au confinement. Cependant, il juge qu’un déconfinement prématuré suivi d’une deuxième vague de la pandémie serait un « désastre économique ».

Les Britanniques sont confinés depuis le 23 mars et doivent l’être au moins jusqu’au 7 mai. Le Royaume-Uni est l’un des pays d’Europe les plus sévèrement touchés par la pandémie, avec 20 732 décès dans les hôpitaux.

Julie Bringer

Le Royaume-Uni dans l’impasse à l’approche du Brexit

Alors que le Royaume-Uni est censé quitter l’Union européenne le 31 octobre, les négociations patinent. Les ministres britannique et européen en charge du Brexit ont rendez-vous jeudi à Bruxelles pour tenter, une nouvelle fois, de trouver un accord de sortie. Pour l’instant, la perspective d’un no-deal est la plus probable.

« Vu le temps qu’il reste, il faudrait une extension du Brexit ». C’est ce qu’a affirmé David Haigron à Celsalab. Mais pour ce maître de conférences en civilisation britannique à l’université de Rennes 2, le Premier ministre Boris Johnson préfère sortir de l’Union européenne sans accord le jour d’Halloween.

L’universitaire dénonce la stratégie du clash, propre à l’ancien maire de Londres. « Il veut sortir grandi de ce conflit avec l’Europe », analyse-t-il, soulignant le caractère combatif de celui qui « prétend incarner le peuple contre les élites ».

Une méthode qui porte ses fruits selon le professeur, car malgré son côté clivant, Boris Johnson reste le favori des sondages en cas d’élections législatives anticipées. « Les gens en ont marre. Ils veulent quelqu’un haut en couleur » qui mette en œuvre le Brexit. La victoire du UKIP aux dernières élections européennes montre la lassitude des Britanniques, fatigués par le Brexit qui s’éternise depuis plus de trois ans.

Préserver les accords de paix

Selon l’universitaire, l’accord de Theresa May, pourtant rejeté à trois reprises par le Parlement, faisait à peu près consensus. « Avec le backstop, l’accord posait une base de travail ». Ce filet de sécurité, qui permet d’éviter une frontière entre les deux Irlande, est perçu par Londres comme un rapprochement entre l’Ulster au nord et la république d’Irlande au sud.

S’il est indispensable pour les Européens, c’est pour préserver les accords de paix de 1998, qui mirent fin à trente ans de guerre civile entre catholiques et protestants. Selon David Haigron, le retour d’une frontière physique serait « un retour au passé traumatique pour beaucoup de familles ». Puis d’ajouter que l’Armée républicaine irlandaise (IRA) pourrait reprendre ses activités et raviver les tensions.

Les anti-Brexit espèrent toujours un second vote sur la sortie de leur pays de l’UE. « Certains veulent un autre référendum car ils estiment que la situation a changé. Et les jeunes, majoritairement contre le Brexit, ne pouvaient pas voter il y a trois ans », indique le professeur. Pour autant, pas sûr que le résultat serait différent. Pour David Haigron, il pourrait même être confirmé, si un second référendum avait lieu.

Alexandre Cool

Brexit : les Britanniques deux fois plus nombreux à devenir citoyens d’un autre pays de l’UE

Le nombre de Britanniques ayant fait le choix d’adopter la citoyenneté d’un autre état de l’Union européenne a doublé en 2016 selon les chiffres de l’agence Eurostat publiés lundi.

St Pancras railway station - London / MaryG90
St Pancras railway station – London / MaryG90

165%. C’est le pourcentage d’augmentation du nombre de ressortissants du Royaume-Uni qui ont décidé de faire leur vie ailleurs, dans un autre pays de l’Union européenne. Près de deux ans après le référendum du Brexit où les Britanniques s’étaient prononcés en faveur du « leave », le chiffre a doublé et est passé de 2 478 citoyens en 2015 à 6 555 en 2016, d’après les données de l’agence européenne Eurostat.

« L’atmosphère est toxique »

« Mon amour pour la France est la raison principale pour y rester, mais je suis devenu également désenchanté par ce qui se passe au Royaume-Uni en ce moment » explique Callum Hamilton, arrivé en 2013 en France pour ses études. « Je trouve que l’atmosphère est toxique », poursuit-il. Aujourd’hui chargé de mission pour l’ONG Yahad-In Unum, le jeune homme est pessimiste pour l’avenir de son pays natal. « L‘Union européenne existe pour une raison, pour que les Etats puissent travailler ensemble et éviter une répétition des grandes guerres du passé. Je n’ai jamais été nationaliste, et l’UE est indispensable pour la stabilité économique et géopolitique ».

Il n’est pas le seul à pense cela. De nombreux ressortissants britanniques installés en France ne veulent plus rentrer à cause du Brexit. « Personnellement, je ne vais jamais rentrer en Angleterre à cause du Brexit » affirme Siân Hughes, 22 ans. Pour cette étudiante en langues à Paris, le choix est fait. L’année prochaine, elle demandera même la citoyenneté française.

Le Brexit, une raison parmi d’autres
Source: Long-Term International Migration, Office for National Statistics
Source: Long-Term International Migration, Office for National Statistics

Le Royaume-Uni attire aussi de moins en moins les Européens. Un rapport du bureau national des statistiques britannique (ONS) indiquait en février que moins de citoyens européens choisissent d’émigrer au Royaume-Uni tandis que le nombre de citoyens britanniques ayant fait le choix de quitter leur pays a augmenté.

« On est retombés au niveau observé en 2012 », décrit dans ce rapport le directeur de l’ONS, Nicola White. « Le Brexit pourrait effectivement être un facteur déterminant dans la décisions des gens ayant décidé de quitter, ou de ne pas rejoindre le Royaume-Uni, mais en général les choix liées aux migrations sont complexes et peuvent être influencées par beaucoup d’autres raisons » rappelle-t-il.

Comme un goût amer à deux ans de la sortie définitive

Partir ou rester ? La question est donc présente dans quelques têtes aux Royaume-Uni. Et pour convaincre les indécis, l’artiste britannique Tracey Emin a trouvé le solution. Depuis mardi, une de ses oeuvres réalisée en néons lumineux trône au milieu de la gare internationale St Pancras. Pendant un an, les curieux pourront lire en lettres roses ce message « I want my time with you » (« Je veux un moment avec toi »).

Message romantique destiné aux rencontres avec l’être aimé dans une gare, la phrase lumineuse est aussi un message adressé à l’Europe. « Fondamentalement, c’est aussi un message subliminal envoyé au reste de l’Europe » a expliqué l’artiste à l’AFP, avant d’ajouter: « Je suis profondément triste que la Grande Bretagne soit rétrogradée au rang de petite île flottante en mer du Nord« . Une chose est sûre, impossible pour les ressortissants européens passant par là de l’ignorer. Suspendue au premier étage de la gare elle fait face aux trains en provenance du continent.

Clara Losi

Brexit : Michel Barnier invite les Britanniques à rester dans le marché unique

Le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit Michel Barnier appelle mercredi les Britanniques à rester dans le marché unique et à opter pour l’Union douanière comme la Norvège. Il rappelle qu’ils ont jusqu’au 31 décembre 2020 pour trancher.

La sortie de l'UE pourrait déboucher sur une relation nouvelle avec le Royaume-Uni, sur le modèle de la Norvège, par exemple. (© Own Work)
La sortie de l’UE pourrait déboucher sur une relation nouvelle avec le Royaume-Uni, sur le modèle de la Norvège, par exemple. (© Own Work)

Dans un entretien au quotidien belge « Le Soir », le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit Michel Barnier a incité les Britanniques à faire le choix de l’Union douanière. Cela permettrait au Royaume-Uni de négocier une meilleure relation avec l’Union européenne après son départ, selon lui. Si nos voisins britanniques ont pourtant plusieurs fois affirmé qu’ils quitteraient le marché unique et l’Union douanière au moment du Brexit, Michel Barnier privilégie l’optimisme : « Tout est possible, il n’y a pas de dogmatisme », a-t-il ajouté.

Les Britanniques vont quitter l’UE le 30 mars prochain 2019. « Mais ils ne sortent pas du marché unique ni de l’Union douanière avant le 31 décembre 2020 », a-t-il observé, date probable de la fin de la période de transition de 21 mois visant à atténuer les effets néfastes du Brexit. « Tant qu’ils n’en sont pas sortis, durant la période de transition, tout est possible encore », a-t-il insisté. La nouvelle relation entre le Royaume-Uni et l’UE pourrait alors être le modèle choisi par la Norvège : un accès au marché intérieur mais pas de pouvoir décisionnel. Elle doit respecter la législation de l’UE concernant le marché unique, verser une contribution financière pour son développement et respecter les quatre libertés (libre circulation des biens, des capitaux, des personnes et des services). Autant d’obligations rejetées par les partisans du Brexit.

Au stade actuel de la négociation, « compte tenu des lignes rouges britanniques, ce qui en découle sera un accord de libre-échange du type de ceux que nous avons conclus avec le Canada, la Corée ou le Japon », a expliqué Michel Barnier. Reste un point de blocage : l’Irlande, qui protège les accords du Vendredi Saint et respecte l’intégrité du Marché intérieur. « Ce qui crée le problème en Irlande, c’est la décision du Royaume-Uni de quitter l’UE, mais aussi de quitter ce qu’il n’est pas obligatoire de quitter, c’est-à-dire le marché unique et l’Union douanière », a-t-il insisté.

Colin Gruel avec AFP