Le ministère de l’Économie épingle certains influenceurs publiquement

La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes publie sur les réseaux sociaux une première série de noms d’influenceurs ayant fait l’objet d’un rappel à la loi pour “pratiques commerciales trompeuses”.

Une influenceuse en plein tournage. Crédits : NoSufferSociety via Pixabay

Leurs noms sont placardés en grand sur le compte Twitter de la répression des fraudes (DGCCRF). Capucine Anav, Illan Castronovo, ou encore Simon Castaldi sont les premiers influenceurs à être sanctionnés de la sorte par Bercy. Trente noms seront divulgués au total.

Ces influenceurs ont fait l’objet d’un contrôle entre les mois de novembre et décembre 2022. Résultat : ils n’auraient pas respecté les règlements concernant les partenariats commerciaux. Leur sanction intervient au lendemain de l’adoption au Parlement du guide des bonnes pratiques des influenceurs.

« manque de professionnalisme »

La DGCCRF reproche à Capucine Anav, ex-candidate de Secret Story, un « manque de professionnalisme« . La jeune femme de 36 ans n’aurait par exemple pas indiqué la visée commerciale de ses contenus publicitaires, ou encore vanté les supposés bienfaits d’un produit sans qu’aucun élément scientifique ne le prouve.

Cette mesure humiliante et ostentatoire s’étend au-delà du compte Twitter de la DGCCRF. Les influenceurs rappelés à l’ordre ont également reçu l’obligation de publier un message rédigé par la répression des fraudes. Ils doivent le repartager en story pendant 30 jours, afin de sensibiliser un maximum de leurs abonnés.

 

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Léo Guerin

Quatre questions pour comprendre la guerre économique entre la Chine et les Etats-Unis

Quitte à voir les entreprises américaines subir des pertes, l’administration Trump envisage désormais de taxer les produits de consommation chinois. Après l’échec des négociations commerciales, une escalade de représailles en forme de tarifs douaniers a explosé. Après la réponse chinoise, la riposte américaine : Washington envisage désormais de taxer la quasi-totalité des importations chinoises.

Jeudi soir, Donald Trump annonçait que les droits de douane sur les produits chinois passaient de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars d’importations annuelles. © Flickr Recon Gimini
Où en est l’escalade de sanctions économiques entre la Chine et les Etats-Unis ?

La guerre ne semble pas prête de s’arrêter… Jeudi 9 mai, Donald Trump annonçait que les droits de douane sur les produits chinois passaient de 10% à 25% sur 200 milliards de dollars d’importations annuelles. La réponse chinoise n’a pas tardé : l’équivalent de 60 milliards d’importations annuelles de produits américains seront surtaxés par Pékin. Nouvelle réaction en chaîne de la part des Etats-Unis qui ont annoncé lundi 13 mai une nouvelle riposte, quitte à subir des pertes économiques. Le représentant américain au Commerce a annoncé le lancement de la consultation pour encore augmenter les tarifs douaniers sur près de 300 milliards de dollars supplémentaires d’importations chinoises. Selon Les Echos, ce serait ainsi la quasi-totalité des 540 milliards de dollars d’importations chinoises qui seraient taxées.

Sur quoi portaient les négociations ayant échoué la semaine dernière ?

Les jeudi 9 et vendredi 10 mai, les Etats-Unis et la Chine reprenaient leur négociations commerciales dans un contexte tendu. Selon des accusations américaines démenties par la Chine, Pékin aurait tenté de revenir sur certains engagements pris lors des précédentes négociations. Ces supposés retours en arrière auraient porté sur les principaux reproches fait à la Chine. Selon l’agence Reuters, « dans chacun des sept chapitres du projet d’accord, la Chine a retiré son engagement à légiférer pour répondre aux griefs qui ont amené l’administration Trump à déclencher une guerre commerciale : le vol de propriété intellectuelle et de secrets commerciaux, le transfert forcé de technologies, la politique de la concurrence, l’accès aux marchés financiers et la manipulation de sa devise ».

Malgré le démenti chinois, Donald Trump a décidé, dans la nuit de jeudi à vendredi soir, de mettre à exécution la menace qu’il brandissait depuis plusieurs mois : appliquer une surtaxe à la quasi-totalité des importations chinoises. Une augmentation de 10 % à 25 % les droits de douane sur 200 milliards de dollars (178 milliards d’euros) de produits chinois. Dans le même temps, l’administration américaine a refusé l’accès au marché américain à l’opérateur de télécommunication chinois China Mobile.

Pourquoi Donald Trump a-t-il déclenché des sanctions ?

L’attitude de Donald Trump est, une fois de plus, ambiguë. D’un côté, il évoque sur son compte Twitter des discussions  « franches et constructives », et que sa relation avec son homologue chinois Xi Jinping reste « très forte ». Il a ajouté que les nouvelles taxes imposées depuis le matin même  « pourraient être levées, ou pas », en fonction de l’avancée des « négociations futures », dont on ne connaît pas encore la date.

Les bons résultats de l’économie américaine donnent confiance à l’administration Trump, qui se sent en position de force. Pourtant il est certain que du côté chinois comme américain, ces mesures de sanctions économiques portent des coups à l’économie et à la croissance.

En quoi le niveau des sanctions économique atteint est inédit ?

La consultation qui s’ouvre est une première : elle envisage de taxer des produits de consommation. Cela aurait un impact direct pour les consommateurs américains. Parmi les produits concernés: vêtements, matériels électroménagers, produits agricoles, téléviseurs, matériels informatiques, téléphones, appareils photo, lunettes de soleil… Comme lors des autres vagues de sanctions, une période de concertation va désormais s’ouvrir, qui durera jusqu’au 17 juin. Une audience aura alors lieu, qui déterminera la suite de la procédure.

Le terme de « guerre » est désormais justifié, puisque les Etats-Unis sont désormais prêts à subir des pertes afin d’infliger des dommages conséquents à leur adversaire. Donald Trump a assumé ce choix, en annonçant que les sommes récupérées par l’administration fiscale seraient reversées aux entreprises américaines qui subiront des pertes.

LIRE AUSSI > Trump tente de rassurer les agriculteurs, victimes du conflit avec Pékin.

Vincent Jaouen

Arabie Saoudite/France : un partenariat stratégique mais fragile

Après trois semaines aux États-Unis et un passage par l’Angleterre, le prince saoudien Mohammed Ben Salmane est arrivé dimanche à Paris, pour trois jours de visite officielle. Au programme, le conflit yéménite, l’embargo du Qatar mais également de possibles accords économiques.

Macron et MBS
Emmanuel Macron et MBS se retrouve ce mardi soir pour une réception à l’Elysée. ©Flickr

Les relations commerciales entre la France et l’Arabie Saoudite sont fragiles depuis quelques années, mais avec l’arrivée du jeune prince héritier, une ouverture est peut être envisageable. Emmanuel Macron souhaite relancer la coopération économique entre les deux pays. L’homme fort de Riyad, que l’on appelle MBS, a présenté sa vision pour 2030, un programme ambitieux à l’image des dernières réformes en faveur de la situation des femmes dans le royaume.

Un passé économique compliqué

Les relations entre Riyad et Paris sont solides depuis les années 1960 et le Général de Gaulle, mais elles se sont fragilisées sous le mandat de François Hollande. « L’Arabie saoudite était un des premier clients des entreprises d’armement françaises, mais depuis 2015 il ne s’est rien passé », assure Denis Bauchard, conseiller pour le Moyen-Orient à l’Institut français des relations internationales (IFRI). Les signatures de contrats lors des précédentes rencontres entre les dirigeants saoudiens et les ministres français ont été fortement médiatisées mais finalement, aucun d’entre eux n’a été significatif. « Laurent Fabius a signé un accord de coopération de près de 11 milliards de dollars sur le nucléaire civil mais ce n’est pas conséquent, comparé aux 380 milliards signés avec Donald Trump », ajoute le chercheur.

Face à ce désenchantement dans les relations économiques, quelle est la vision de Mohammed Ben Salmane ? Lors de cette tournée internationale, le prince héritier a choisi de s’arrêter en France, ce qui laisse penser à un appel du pied de sa part. « La venue de Mohammed Ben Salmane signifie que la France reste un partenaire de choix, c’est une rencontre stratégique avec Emmanuel Macron » explique Denis Bauchard. MBS devrait donc signer des contrats, notamment dans le secteur de l’énergie. « Les prochaines signatures  ne semblent pas correspondre à des sommes considérables, la reprise de la coopération économique est encore une interrogation » analyse le conseiller de l’IFRI.

Vers un climat propice aux échanges commerciaux?

A 32 ans, entre tensions familiales et vision novatrice du pays, MBS essaye de se faire une place et de se différencier de son père. De nombreux dirigeants le voient déjà comme le nouvel homme fort du royaume, qui a réussi à imposer des réformes progressistes comme l’autorisation de conduire pour les femmes. Face à une forte opposition du clergé wahhabite ultra-conservateur et puissant, il tente de se rapprocher des puissances occidentales. Les trois semaines passées aux États-Unis et l’accueil chaleureux que Donald Trump lui a réservé reflètent sa volonté de développer des coopérations internationales. Il voit en Emmanuel Macron un espoir pour réchauffer ses relations avec Paris. Cependant, sur le plan économique rien n’est encore concrétisé. « Depuis quelques années les dirigeants saoudiens essayent de diversifier les secteurs d’activité, il n’y a donc rien de nouveau », précise Denis Bauchard.

La France peine à faire venir des fonds saoudiens, mais pour que les entrepreneurs français investissent en Arabie Saoudite le climat doit être propice. La péninsule arabique représente un marché important en terme d’armement ainsi quand dans le secteur du tourisme et de la construction, mais la situation est instable. « Le climat n’est pas encore très propice pour les investissements étranger. MBS est très déterminé mais également très impulsif, il prend des décisions controversées notamment en politique étrangère » observe Denis Bauchard. Avec la guerre au Yémen, l’embargo au Qatar et la crise au Liban, l’Arabie saoudite est au cœur des grandes perturbations de la région. « On dirait qu’il crée encore plus de chaos dans la région » ajoute le chercheur. Des chantiers sont en prévision notamment avec un grand parc de loisirs le long de la mer Rouge.

La Chine, premier client de l’Arabie Saoudite

Le pétrole reste la principale source de richesse du royaume et la Chine est devenue leur premier client. Les États-Unis, premier partenaire commercial historique, sont de plus en plus autosuffisants en énergie. Avec l’augmentation du prix du pétrole, les producteurs d’énergie limitent leur importation de fioul. « La Chine s’impose en Afrique et peu à peu au Moyen-Orient notamment en Arabie saoudite et en Iran » nous informe Denis Bauchard. Cependant, la relation que recherche la Chine avec ce pays de la péninsule arabique est purement commerciale, contrairement à la France. « Emmanuel Macron cherche certes une coopération économique mais également un dialogue politique » précise-t-il.

En tant que grande puissance internationale et membre du Conseil de Sécurité de l’ONU, la France souhaite pouvoir faire pression sur des questions de droit de l’Homme ou sur l’implication du prince MBS dans le conflit au Yémen. Mais la venue de Mohammed Ben Salmane reste controversée en France notamment à cause du caractère autoritaire du régime et l’implication du prince héritier dans le conflit au Yémen. Pour Denis Bauchard il faut rester attentif aux évolutions du jeune dirigeant saoudien et juger par ses actes plus que par ses promesses.

Zina Desmazes

Droits de douane : la Chine porte plainte contre les Etats-Unis devant l’OMC

La Chine a saisi l’Organisation mondiale du commerce en réponse à la décision de l’administration Trump d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium.

Pékin estime que les taxes douanières imposées par les Etats-Unis sur l'acier et l'aluminum sont contraires aux règles de l'OMC.
Pékin estime que les taxes douanières imposées par les Etats-Unis sur l’acier et l’aluminum sont contraires aux règles de l’OMC. @DR

Selon un document publié mardi 10 avril par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pékin a porté plainte contre les Etats-Unis devant cette instance chargée de réguler les relations commerciales internationales

Cette plainte fait suite à la décision prise le 8 mars par Donald Trump d’imposer une taxe de 25% sur les importations d’acier aux Etats Unis et de 10% sur celles d’aluminum. Ce virage protectionniste fait depuis planer le risque d’une guerre commerciale entre les deux premières puissances économiques.

Pour Pékin, ces mesures sont contraires aux règles de l’OMC. La Chine a donc exigé « l’ouverture de consultations avec le gouvernement des Etats-Unis ». Une première étape dans ce processus de règlement des conflits commerciaux pouvant durer plusieurs années.

La Chine favorisée par l’OMC selon Trump

Quelques jours auparavant, Donald Trump avait accusé l’OMC de faire le jeu de la Chine, appelant l’organisation à réviser les conditions dans lesquelles la Chine y a adhéré en 2001. « Nous sommes mal représentés. L’OMC est inéquitable envers les Etats-Unis », a estimé vendredi 6 avril sur Twitter le président américain.

 

Hasard du calendrier, cette saisie de l’OMC survient alors même que Xi Jinping se déplaçait ce mardi au « Davos chinois », le Forum de Boao pour l’Asie. Loin des accusations de protectionnisme de la part de son homologue américain, le président chinois s’y est posé en défenseur de la mondialisation. « La Chine va entrer dans une nouvelle phase d’ouverture. Nous espérons sincèrement muscler nos importations », a assuré Xi Jinping devant un parterre de chefs d’entreprise et de hauts responsables internationaux.

Alexandre Berteau (avec AFP)