Mars Argo est de retour !

Est-ce qu’un projet artistique peut être vu comme une usurpation d’identité ? C’est la question que soulève le procès qui a opposé Mars Argo, à Poppy et Titanic Sinclair en 2018. Cinq ans plus tard, Mars Argo est de retour avec un nouveau projet musical, qui fait écho à son combat. Retour sur un scandale qui a secoué le monde de la musique.

Crédit : Mars Argo

En 2018, Britanny Sheets, plus connue sous le nom de Mars Argo, accuse la chanteuse en vogue Poppy et son manager Titanic Sinclair d’avoir volé son identité. Après une absence de près de 10 ans, Mars Argo a fait son retour musical en mai. Son single intitulé « I can only Be Me » connaît un succès retentissant auprès de ses fans. Ses paroles, « Try to take my identity, And I’ll just create a new one » (« Tente de prendre mon identité, et j’en créerai une nouvelle« ) sont largement interprétées comme une référence directe à son tumultueux passé avec Titanic Sinclair, son ex-petit ami, et ancien membre de Mars Argo.

Mais qui est Mars Argo ?

En 2009, Brittany Sheets et Titanic Sinclair (de son vrai nom Corey Mixter), font une entrée remarquée sur la scène musicale avec leur groupe Mars Argo. Ensemble, ils publient un album intitulé « Technology is a Dead Bird », suivi d’un EP, « Linden Place ».

Mis à part ses deux nouveaux singles sortis en mai dernier, Using You, est l’une des seules chansons réalisées par Mars Argo encore disponible sur Youtube.

Le groupe indépendant suscite un engouement réel et des magazines comme Vice les élèvent au statut de nouvel espoir de la scène indie. Grocerybagtv, leur chaîne Youtube, est également très suivie, notamment grâce à leur série intitulée Computer Show, diffusée de 2009 à 2014. Cette série, qui se présente comme une satire de la pop culture et des réseaux sociaux, met en scène Mars Argo et Titanic dans un décor minimaliste avec un fond blanc, abordant divers sujets.

Seulement voilà, malgré son succès, le groupe se sépare brusquement en 2014, et la quasi-totalité de leur musique est supprimée. Titanic, lui, revient la même année avec le projet « Poppy », qu’il forme avec Moriah Rose Pereira. Dans un format similaire au Computer Show, ils réalisent une série de vidéos abstraites sur une chaîne YouTube intitulée à l’origine « thatPoppyTV ». Ces dernières regorgent de références à Mars Argo. Les fans se mettent à spéculer sur les intentions du projet et demandent à Poppy et Titanic : Where’s Mars Argo ?

Britanny Sheets, elle, reste silencieuse… Jusqu’en avril 2018 où elle dépose une plainte de 44 pages contre Titanic et Poppy pour violation du droit d’auteur et harcèlement. Elle accuse également Titanic de violences physiques.

Des déclarations fracassantes 

Les déclarations de Britanny Sheets dans sa plainte révèlent une histoire troublante. Elle affirme d’une part avoir été victime de « graves abus et manipulations émotionnelles et psychologiques » de la part de Titanic Sinclair (Corey Mixter). Ses allégations font état d’une relation toxique et d’une exploitation de l’artiste avec des conséquences dévastatrices sur sa santé mentale et émotionnelle.

« M. Mixter a commencé à harceler, traquer, menacer et maltraiter à plusieurs reprises Mme Sheets, y compris – mais sans s’y limiter – en menaçant de se suicider, en se présentant à plusieurs reprises à l’improviste à la porte de Mme Sheets, en pénétrant par effraction dans son appartement, en la traquant à chaque mouvement. sur les réseaux sociaux, la dénigrant auprès d’amis communs, de connaissances ou d’autres personnes du secteur, et même l’agressant physiquement. […] À peu près au même moment où M. Mixter harcelait activement Mme Sheets, en novembre 2014, M. Mixter a transformé par une autre femme, Moriah Rose Pereira – connue sous le nom de scène « ThatPoppy » en une contrefaçon de Mars Argo » _ Extrait de la plainte

Selon elle, le duo aurait copié ses chansons, allant même jusqu’à adopter une apparence rappelant étrangement la sienne. Bien que Moriah Pereira ait naturellement les cheveux bruns, après avoir rencontré Titanic, elle aurait teint ses cheveux en blond platine et, en tant que personnage de Poppy, adopté une voix plus aiguë pour imiter la voix de Mars Argo.

Plusieurs comparaisons lors du procès

Crédit : Mars Argo

En réponse aux accusations, Poppy publie une déclaration trois semaines après le dépôt de la plainte. Elle se dit « surprise » par ces accusations, qu’elle qualifie de « campagne publicitaire ».

« Il semblerait que Mme Sheets ait l’intention de lancer une campagne publicitaire autour de son dépôt de plainte et n’était pas intéressée par le fait que nos avocats aient d’abord une discussion sérieuse sur le bien-fondé de ses réclamations » _ Communiqué de Poppy 

Pereira répondra également aux accusation par le biais de son personnage dans une vidéo intitulée Drama. Elle y sous entend que le procès intenté à son égard est une manière pour Britanny Sheets de « devenir célèbre ». « Les gens déménagent à Hollywood pour devenir célèbre. Certains deviennent célèbres mais la plupart ne le deviennent pas. J’aime Hollywood. J’aime être célèbre« .

Finalement, le 14 septembre 2018, le verdict tombe. Le procès a été rejeté après avoir été réglé à l’amiable, et Britanny Sheets obtient une ordonnance restrictive contre Titanic Sinclair. Elle annonce via un post sur Instagram que tous les droits de la marque Mars Argo lui appartiennent désormais.

En décembre 2019, Pereira se sépare officiellement de Titanic. Elle révèlera ensuite avoir été victime de « modèles manipulateurs » de sa part.

Adèle Guilluy

[VIDEO] Quel enjeu diplomatique pour l’Arabie Saoudite au Soudan ?

Au Soudan, où la guerre sévit depuis plus de six semaines, l’Arabie saoudite s’est positionnée en tant que médiateur, aux côtés des Etats-Unis. Déjà présente ces derniers mois sur la scène régionale et même mondial, quel est l’intérêt du royaume Al Saoud dans ce conflit ?

Ces derniers mois, l’Arabie saoudite s’est illustrée diplomatiquement sur la scène internationale : normalisation de ses relations avec l’Iran, tentative de sortie de conflit au Yémen et, plus récemment, l’organisation du sommet de la Ligue arabe durant laquelle la Syrie a fait son retour. Au Soudan, le royaume de la famille Al Saoud joue le rôle de médiateur, aux côtés des Etats-Unis, et multiplie les tentatives de cessez-le-feu entre les deux camps, sans réel succès pour l’instant.

Pour David Rigoulet-Roze, docteur en sciences politiques et chercheur à l’IRIS, l’Arabie saoudite tend à être un « point d’équilibre » au Moyen-Orient, une force capable de tempérer la région. Cette volonté n’est pas anodine, l’Arabie saoudite ayant besoin d’une certaine stabilité autour d’elle afin de développer son projet économique : Vision 2030.

@celsamasterQuel rôle joue l’Arabie Saoudite dans le conflit au Soudan ?♬ son original – celsamaster

Titouan Allain

Titouan allain

Au procès du Mediator, Axa affronte son ancien client

Ce jeudi, loin de la chaleur écrasante qui enveloppe les alentours du Tribunal de Paris, dans une salle aux bancs ivoires, le président annonce les plaidoiries pour les prévenus dans le dossier du Mediator. Depuis janvier, la responsabilité des laboratoires Servier est de nouveau à l’étude pour déterminer si le groupe a tardé à retirer de la circulation ce médicament anti-diabétique. Il a été prescrit depuis la fin des années 1970 jusqu’en 2009 comme « coupe-faim » et a entraîné de graves pathologies chez les patients, mais aussi la mort de plusieurs centaines d’entre eux.

L’audience s’ouvre sur des bancs clairsemés, du côté du public comme du côté des avocats. « Je me permets de les qualifier d’intermittents de l’audience », lance la défense en préambule, avant d’être reprise par le président. « Le terme « intermittent » signifierait qu’ils sont venus aux moins quelques fois », reprend-il, amusé. « Un scandale sanitaire jugé en appel 14 ans après la suspension du Mediator, et 7 ans après l’ordonnance de renvoi », rappelle l’avocate de la défense, qui défend les salariés des laboratoires Servier. Mais ce jeudi 1er juin, c’est l’ancien assureur Axa qui est au cœur des enjeux. Le groupe d’assurance s’est constitué partie civile, et accuse Servier de ne pas l’avoir informé des risques de détournement des usages du médicament, notamment en raison de son caractère anorexigène. « Oui, le Mediator benfluorex [le nom de la molécule NDLR] a largement été prescrit comme un anorexigène. Pourquoi ? Parce qu’il fonctionnait de manière incroyable ! », ironise l’avocate de l’accusation.

« Nous n’avons pas été informés des risques pourtant répertoriés dès 1997 », affirme la défense

L’alerte sur la déviation de son usage est claire depuis 1997 et en 1998, l’agence européenne du médicament demande une réévaluation des risques. Or, « entre 1989 et 2005, on observe un record de prescriptions ! », tempête-t-elle. Axa invoque également une clause qui ne couvrait pas le laboratoire si le médicament provoquait des troubles. Pour Servier, le benfluorex a seulement été « assimilé à un anorexigène », sans pourtant être un produit défini comme tel. « Rien dans la police d’assurance ne définit ce qu’est un produit anorexigène », affirme la défense. « Je pense à mes confrères », reprend l’accusation. « C’est quand même compliqué de défendre qu’entre 1984 et 2011, on ne soit pas capable d’étayer ce qu’on a dit à son assureur ! Nous n’avons pas été informés des risques pourtant répertoriés dès 1997. »

Pour le laboratoire, Axa fait preuve de déloyauté. « On connaît tous cette assurance qui encaisse des primes et qui invoque telle clause, de tel paragraphe… C’est un classique, les assurances ne veulent pas payer ! », assène-t-elle, avant d’assurer que ces différents n’influent en rien sur les indemnisations aux victimes.

La semaine dernière, l’accusation a requis une amende à hauteur de 200 millions d’euros, dont 182 millions pour « la confiscation du bénéfice », contre le laboratoire Servier. Le délibéré est attendu le 20 décembre prochain.

Lise Tavelet

Iran : une escalade nucléaire sur fond de coopération

L’Iran a considérablement augmenté sa réserve d’uranium enrichi ces derniers mois, ce qui témoigne d’une escalade dans son programme nucléaire, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Cependant, cette dernière note des « progrès » dans la coopération avec l’Iran.

L’Iran poursuit son escalade nucléaire mais nie toujours toute volonté de se doter d’une bombe – Crédit : Pixabay.

L’Iran poursuit son escalade nucléaire. La République islamique a nettement accru son stock d’uranium enrichi ces derniers mois, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Un stock de plus de 23 fois la limite

Les stocks de Téhéran ont grandement augmenté depuis octobre, passant à plus de 4 500 kg le 13 mai dernier. Cette rapide évolution fait que le stock est désormais 23 fois plus haut la limite autorisée par l’accord international de 2015.

Ce n’est pas la seule limite franchie par Téhéran, qui s’affranchit des engagements pris dans le cadre de cet accord. Cela intervient après le retrait des États-Unis de l’accord, décidé en 2018 par l’ex-président Donald Trump. En effet, l’Iran enrichit l’uranium à des niveaux beaucoup plus élevés, bien loin de la limite fixée à 3,67% par l’accord de 2015. Aujourd’hui, l’Iran possède 470,9kg d’uranium enrichi à 20% et 114,1 kg à 60% : des stocks en nette augmentation par rapport à l’année dernière.

L’augmentation de ces stocks intervient dans un contexte où les pourparlers visant à restreindre les activités atomiques de l’Iran en échange de la levée des sanctions internationales sont au point mort. Depuis l’été 2022, les négociations n’ont pas repris. Aucun signe positif ne semble se profiler à l’horizon, même si Téhéran exprime publiquement sa volonté de relancer les négociations.

L’Iran coopère, affirme l’AIEA

Cependant, l’AIEA note des « progrès » dans leur coopération avec Téhéran, selon les deux rapports confidentiels consultés par l’AFP à quelques jours d’une réunion du Conseil des gouverneurs.

L’instance onusienne a de ce fait clôturé un dossier empoisonnant depuis longtemps ses relations avec l’Iran. Ce dossier portait sur une présence de matière nucléaire sur le site de Marivan, situé dans le sud du pays aux alentours de la localité d’Abadeh. Ce site, qui fait partie des trois sites nucléaires non-déclarés, l’AIEA dit avoir reçu des « explications plausibles » de la République islamique affirmant n’avoir « pas de questions supplémentaires ». L’organisation internationale considère donc ce dossier en suspens depuis plusieurs années comme étant « réglé à ce stade ». Cependant, elle se base sur ses précédentes évaluations sur le sujet, selon lesquelles Téhéran prévoyait en 2003 d’entreposer à Marivan des matières nucléaires pour des essais d’explosifs. En parallèle, l’AIEA rappelle que les deux autres sites de Turquzabad et Varamin posent toujours problème.

Le rapport pointe aussi la présence de particules d’uranium enrichies à 83,7% sur le site de l’usine souterraine de Fordo. Un niveau dangereusement proche du seuil de 90% pour fabriquer une bombe nucléaire. Pourtant, le gouvernement iranien, qui assure enrichir l’uranium jusqu’à 60% à des fins civiles, nie vouloir se doter de l’arme atomique et invoque des « fluctuations involontaires » au cours du processus d’enrichissement. L’AIEA, chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, a estimé que « les informations fournies n’étaient pas incompatibles avec les explications de l’Iran sur l’origine de ces particules » et assure ne plus avoir de questions sur le sujet.

Par ailleurs, l’Iran semble avoir autorisé l’AIEA à installer des équipements de surveillance sur trois sites, selon les rapports de l’Agence, qui soutient que ce processus « doit être poursuivi ». Elle réclame également un accès aux données enregistrées par ces caméras, y compris pendant les mois d’interruption. En effet dans un contexte de détérioration des relations entre l’Iran et les puissances occidentales, Téhéran avait fortement limité ses échanges avec l’instance onusienne l’année dernière, et avait débranché une multitude de caméras de surveillance.

Accusations et craintes internationales

Le Conseil des gouverneurs de l’AIEA se réunira à Vienne avant la mi-juin, afin d’évaluer la situation du programme nucléaire iranien. Certains pays accusent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, bien que Téhéran ait toujours nié ces accusations.                                             

Fin mai, les États-Unis et Israël appréhendaient une toute nouvelle escalade augmentant le risque d’un conflit majeur, notamment après la diffusion de photos satellites par l’Associated Press montrant que Téhéran serait en train de construire une infrastructure atomique dans les profondeurs d’une montagne de Zagros, près du site nucléaire de Natanz. Selon l’agence de presse américaine, la République islamique aurait creusé ces tunnels pour continuer son programme atomique militaire, hors de portée d’un bombardement américain.

En outre, jeudi 25 mai, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre, a déploré le fait que l’Iran soit engagée dans « une escalade nucléaire extrêmement préoccupante », en réaction à la présentation par le ministère iranien de la Défense d’un nouveau missile balistique d’une portée de 2 000 kilomètres. « La France condamne cette nouvelle violation de la résolution 2231 adoptée en 2015 par le Conseil de sécurité des Nations Unies », a-t-elle déclaré.

Lors de la réunion précédente en mars, l’Iran avait évité l’adoption d’une nouvelle résolution du Conseil grâce aux « accords concrets » obtenus lors de la visite à Téhéran du directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, quelques jours auparavant. Quelque chose qui pourrait ne pas se répéter lors de la réunion à venir.

Yara EL GERMANY