La « rébellion » des militants écologistes continue à Paris

Depuis lundi 7 octobre, les militants du collectif « Extinction Rébellion » occupent la place du Châtelet en plein cœur de Paris. Ils se sont associés avec de nombreuses associations écologistes pour organiser une semaine de mobilisation ancrée dans l’esprit de la désobéissance civile.  Le temps du débat est dépassé, il s’agit maintenant pour ces militants de prendre les commandes.

 

 

De nombreuses tentes ont étés installés à même le sol sur le carrefour de la place du Châtelet. / Crédit : Thomas Coulom

Paul Feutra, 19 ans, est l’un de ces militants. Étudiant en design à Toulouse, il sèche les cours toute la semaine pour suivre “Extinction Rébellion” et occuper la place du Châtelet.

Paul Feutra, étudiant Toulousain venu à Paris occuper la place du Châtelet.
/crédit : Thomas Coulom

Assis à l’abri sous une bâche il raconte : “ C’est un truc de fou ce qu’on vit ici. J’ai fait le déplacement dimanche avec un ami, j’avais prévu de rester seulement lundi et mardi mais maintenant que je suis là, je veux occuper la place toute la semaine.  C’est ma première vraie action militante. J’étais sensibilisé à la question mais c’est vraiment “Extinction Rébellion” qui m’a interpelé. Notamment le fait qu’ils soient radicaux et non-violents. Mon but c’est de tenir toute la semaine ici”, argue le jeune homme tout sourire.

Lundi 7 octobre, il participait à une action nommée “le plastique nous intoxique” organisée par le collectif écologiste. Accompagné de plusieurs militants ils ont proposé aux clients d’un supermarché avoisinant de troquer leurs emballages plastiques contre des bocaux et des sacs en tissus. Ils prévoient de stocker ces déchets dans de grands filets de pêche puis de les renverser sur un des “lieux de pouvoir” de Paris. Interrogé sur les conditions de vie sur le campement éphémère, le toulousain se remémore une nuit difficile : “J’ai somnolé une heure à peu près, dormir comme ça dans la rue, surtout avec la pluie c’est difficile… Mais l’ambiance générale fait que ça passe. J’ai rencontré beaucoup de monde avec qui je sympathise depuis hier.”

Urgence climatique

“On est plus chauds, chauds, chauds que le climat !” Malgré la pluie, les militants du collectif écologiste “Extinction Rébellion” chantent en chœur et tentent de se réchauffer sous les bâches. Ils sont plusieurs centaines à continuer d’occuper ce mardi 8 octobre la place du Châtelet à Paris. La veille, ils dormaient dans des tentes aux abords des points stratégiques de blocage. Extinction Rébellion se définit comme un “mouvement international de désobéissance civile non-violente.” Leur but : “opérer un changement radical afin de minimiser le risque d’effondrement écologique.” Avec cette action ils espère faire entendre leurs voix et sensibiliser le public aux risques liés au réchauffement climatique. Toutes les causes écologistes sont les bienvenues, mais les militants ne visent pas un point de tension en particulier. Il s’agit surtout pour eux de communiquer sur « l’urgence » et la « nécessité » d’agir rapidement pour le climat.

Des militants tendent la corde qui maintient en place les bâches ou s’abritent les manifestants. / Crédit : Thomas Coulom

Une cause universelle

Si la mobilisation touche en majorité les plus jeunes, toutes les tranches d’âge sont présentes place du Châtelet. Hélène Clavereul, 40 ans, formatrice dans le domaine médico-social n’a pas hésité à “poser des jours de congés pour être présente aujourd’hui.” Une habitude qu’elle a prise depuis longtemps : “Ce n’est pas la première fois que je milite contrairement à beaucoup qui sont présents ici. La cause du climat est tellement importante qu’il ne faut pas hésiter à joindre des actions comme celles-ci.” Elle voit dans l’occupation pacifique d’”Extinction Rébellion”, une filiation avec les actions de “Nuit Debout” et des “Indignés” : “Sur certains points on est assez similaires, notamment de par nos organisations en assemblées citoyennes. On remet en question la démocratie aujourd’hui.”

 

Un militant prend la parole lors de l’assemblée générale du mouvement / Crédit : Thomas Coulom

Sur l’ensemble des points de blocages les militants s’organisent en assemblée pour proposer des actions diverses. Au programme, ateliers de cuisine ou encore formations juridiques avec la “legal team” (équipe juridique) du mouvement. Les militants précisent aussi leurs actions pour les journées à venir. Jeudi 10 octobre, le collectif organisera un nouveau blocage non violent en soutien aux migrants. Vendredi 11 octobre, ils entendent défiler à vélo sur les routes de la capitale pour freiner le trafic, symbolisant pour eux la consommation effrénée de nos sociétés. Les prises de parole se succèdent, chacun y va de sa petite idée, un militant blagueur propose de “créer une cagnotte pour acheter des lunettes à Ségolène Royale” en référence à sa prise de parole au micro de France-Inter dans laquelle elle demandait à ce que l’on “réprime très rapidement” le mouvement “Extinction Rébellion.” Les militants souhaitent apparemment par là lui rappeler le fondement non-violent du groupe.

Une action qui ne fait pas consensus

Dans le quartier, tous ne partagent pas les convictions de ces militants. Thomas est restaurateur place du Châtelet. Excédé par le blocage des militants il s’interroge sur le fondement de leurs actions : “J’aimerais bien voir comment ces gens agissent pour l’environnement au quotidien. Je suis actif personnellement, je m’approvisionne uniquement en circuit court et je choisis moi-même mes produits. C’est une cause importante mais il y a d’autres manières de faire que d’emmerder les gens.” Pour le restaurateur qui a fermé boutique le temps des blocages, il faudrait : “viser les vrais responsables et pas les gens qui travaillent. Pourquoi ils vont pas devant l’assemblée nationale?”

Ces “gens qui travaillent”, la gérante du kiosque de place du Châtelet en fait partie. Elle a fait le choix de rester ouverte, alors qu’elle réside au centre des points de blocage. “ça affecte mon commerce, c’est une certitude mais je suis d’accord avec ces actions. Je les voit de manière positive mais j’espère surtout qu’elles seront suivies par des actes politiques.”

Des actions sont prévues tout au long de la semaine à Paris, mais aussi simultanément dans d’autres grandes villes du monde comme Sydney, New York ou encore Londres. Les responsables du mouvement “Extinction Rébellion” parlent de plus de 700 militants déjà arrêtés dans le monde suite aux actions de blocages autour du globe.

Thomas Coulom

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