Destitution : Donald Trump refuse de coopérer avec le Congrès américain

Argument central de l’administration Trump : l’absence de vote à la Chambre des représentants permettant de déclencher le processus de l’enquête.
Donald Trump a qualifié les auditions organisées par l’opposition au Congrès sur l’affaire ukrainienne de « tribunal bidon ». (Photo de Brendan Smialowski / AFP)

 

En refusant de coopérer, Donald Trump a choisi la guerre ouverte avec le Congrès. Pat Cipollone, avocat de la présidence, a envoyé dans la nuit de mardi à mercredi une lettre à Nancy Pelosi, la cheffe des démocrates au Congrès. « Pour faire simple, vous essayez d’annuler les résultats de l’élection de 2016 et de priver les Américains du président qu’ils ont librement choisi », écrit-il. « Dans ces circonstances, le président Trump et son administration ne peuvent participer à votre enquête partisane et anticonstitutionnelle ».

Nancy Pelosi a réagi dans la foulée. Elle dénonce une « autre tentative de cacher les faits sur les efforts éhontés de l’administration Trump de faire pression sur des pouvoirs étrangers afin qu’ils interfèrent dans les élections de 2020 ». Dans un tweet cinglant, elle rappelle au président américain qu’il n’est pas « au-dessus des lois », et qu’il « sera tenu responsable ».

 

 

« Tribunal bidon »

 

Pour rappel, les démocrates veulent déterminer dans quelle mesure le président américain a fait pression sur son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky lors d’un échange téléphonique, afin qu’il cherche des informations compromettantes sur son rival Joe Biden. Selon eux, empêcher le Congrès d’avancer dans son enquête pourrait constituer une entrave à la justice, soulignant que cela avait été l’un des trois motifs de destitution retenus à l’encontre du président Richard Nixon en 1974, avant sa démission.

Mardi matin, le président américain avait interdit à l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne de témoigner devant les élus, qualifiant les auditions organisées par l’opposition au Congrès sur l’affaire ukrainienne de « tribunal bidon ». En interdisant ce témoignage, « la Maison Blanche tente encore de freiner et d’entraver l’enquête », se sont indignés les chefs démocrates des commissions chargées des investigations. Ils ont également exigé que l’ambassadeur témoigne le 16 octobre prochain, et présente des documents que le département d’Etat refuse pour le moment de livrer.

 

CelsaLab avec AFP

 

Indépendance de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine : des tensions ressenties jusqu’à Paris

Le ton monte entre la Russie et l’Ukraine depuis l’annonce, jeudi, de l’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. D’abord désaccord religieux, cette reconnaissance devient une source de tension politique perceptible jusqu’en France.

crédit: kwitkowski
crédit: kwitkowski

« Nous sommes très attristés de cette situation », confie Alexandre Kedroff, protodiacre de la cathédrale Saint Alexandre Nievski à Paris. Située dans le 8ème arrondissement, elle est le berceau parisien de l’Eglise orthodoxe russe, connue pour avoir accueilli les réfugiés politiques sous Staline. Au lendemain de l’annonce de l’indépendance de l’Eglise « sœur » de Moscou, prononcée  jeudi par le Patriarcat de Constantinople, Alexandre Kedroff est préoccupé. « Cela risque de provoquer un schisme, donc on ne peut pas ne pas être touchés » explique-t-il. Pour lui, pas de doute, c’est une décision purement politique mais surtout injuste. « On n’a pas de pape dans l’Eglise orthodoxe, et aucun patriarche aussi prestigieux soit-il ne peut interférer dans cette église » fustige-t-il, avant de conclure, tragique : « Il va y avoir mort d’homme ».

Pessimiste ? « C’est très inquiétant » répond Oleg Shamshur, ambassadeur d’Ukraine à Paris. Pour le diplomate, les propos de l’homme d’église ne reflètent en aucun cas les ambitions de son pays. « Nous voulons que la construction d’une Eglise indépendante se fasse dans un climat serein. Tous les pays ont le droit d’avoir une Eglise indépendante, et le cas de l’Ukraine n’est pas exceptionnel » explique-t-il. « C’était le cas jusqu’au 17ème siècle, donc pour nous aujourd’hui c’est un juste rétablissement des choses ».

La Russie va « défendre les intérêts des orthodoxes »

Considéré comme le « dernier outil de politique étrangère », l’Eglise orthodoxe de Moscou n’a plus à avoir une tutelle sur l’Eglise d’Ukraine explique l’ambassadeur. « C’est un acte d’indépendance en plus, la Russie perd ici son dernier levier d’influence sur l’Ukraine » résume-t-il. Un symbole important qui n’échappe pas au Kremlin, qui n’a pas manqué de réagir publiquement suite à l’annonce de jeudi. « Si des actions illégales ont lieu, (la Russie) va défendre les intérêts des orthodoxes » a déclaré vendredi leur porte-parole. Une déclaration aux allures de menace, même si ce dernier assure que tout se passera « dans la limite de la légalité» et par des moyens « exclusivement politiques et diplomatiques ».

De leur côté, les autorités ukrainiennes restent calmes, et affirment vouloir éviter toute « guerre religieuse ». Mais l’ombre d’une tension plane sur les deux Eglises, dont les relations se détériorent depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.

 

Clara Losi

 

 

Le FMI menace de couper son aide financière à l’Ukraine

Le Fonds monétaire international menace Kiev de couper l’aide financière promise face à la lenteur de la lutte anti-corruption.

Le FMI menace l'Ukraine de supprimer son aide financière si Kiev n'intensifie pas sa lutte contre la corruption. Crédit : AFP / FABRICE COFFRINI
Le FMI menace l’Ukraine de supprimer son aide financière si Kiev n’intensifie pas sa lutte contre la corruption. Crédit : AFP / FABRICE COFFRINI

Face aux problèmes de corruption qui touchent l’Ukraine, le FMI a décidé de frapper fort. L’Institution a menacé, ce mercredi 10 février, de couper l’aide financière promise à Kiev. « Sans de nouveaux efforts significatifs pour améliorer les réformes en matière de gouvernance et combattre la corruption, il est difficile de voir comment le programme soutenu par le FMI peut continuer », a déclaré Christine Lagarde, directrice générale du FMI, dans un communiqué.

Christine Lagarde avait déjà manifesté son inquiétude la semaine dernière, après la démission du ministre ukrainien de l’Économie Aivaras Abromavicius à la surprise générale. L’homme, figure de la lutte anti-corruption, a dénoncé « des entraves aux réformes » et « des tentatives d’imposer des personnalités ‘douteuses’ dans son équipe », selon l’AFP. « Il est essentiel que les autorités ukrainiennes agissent maintenant pour remettre le pays sur la voie des réformes », avait ajouté la directrice générale du FMI.

Si l’Ukraine n’agit pas, le FMI menace de geler les futurs prêts prévus par le plan d’aide de 17,5 milliards de dollars sur quatre ans, accordés en 2015. Aujourd’hui, 6,7 milliards de dollars ont été déboursés. Ce plan d’aide représente le cœur du programme d’assistance internationale. Un tel désengagement risquerait de déstabiliser le pays, qui doit déjà faire face à une grave récession économique, ainsi qu’à un conflit avec les séparatistes pro-russes à l’Est.

Constance Maria