Ukraine : la tension continue de monter après un nouvel accrochage à la frontière russe

Le ministère russe de la défense a annoncé jeudi 1er juin avoir repoussé, à renfort d’artillerie et d’aviation, une tentative d’ « invasion » ukrainienne mobilisant des dizaines de soldats et des chars. Un nouvel épisode dans une série d’accrochages qui se multiplient depuis un mois, faisant monter la tension dans l’attente de la contre-offensive de Kiev.

image libre de droit/pixabay

Si Kiev maintient le flou sur ses plans de contre-offensive et particulièrement sur sa date, la tension est clairement montée d’un cran ces dernières semaines à la frontière russe. Moscou a annoncé jeudi 1er juin avoir repoussé une tentative d’ « invasion » menée dans la région de Belgorod par « des groupes terroristes ukrainiens comptant jusqu’à deux compagnies d’infanterie motorisée renforcées par des chars ». L’aviation et l’artillerie russe seraient parvenues à repousser cet assaut.

Dix jours plus tôt, le 22 mai, une première incursion avait déjà frappé avec succès la même région. Deux groupes de combattants russes localisés en Ukraine y ont mené un assaut de 48 heures sur trois localités frontalières. Selon les images diffusées, plusieurs dizaines d’hommes et des blindés étaient impliqués.

Une multiplication des attaques

Si la Russie a déjà subi des attentats et des attaques de drones contre ses infrastructures militaires ou logistiques, la nature, l’ampleur de ces deux incursions et le court intervalle les séparant sont inédits. D’autant que, depuis un mois, les attaques se multiplient sur le territoires russe, allant même jusqu’à cibler directement Moscou. La capitale, située à 500km du front, a subi mardi 30 mai une frappe de drones qui a endommagé des immeubles sans faire de victimes. Le 3 mai, deux drones avaient déjà été interceptés juste au-dessus du Kremlin, sans faire de dégâts significatifs.

En réponse à ces attaques, la Russie a intensifié depuis début mai ses frappes sur le territoire ukrainien, à l’aide notamment de missiles hypersoniques et de drones Shahed iraniens. Kiev en particulier, qui a été relativement épargnée depuis la sortie de l’hiver, a subi en un mois près d’une vingtaine d’attaques. La dernière en date, intervenue dans la nuit de mercredi 31 mai au jeudi 1er juin, a fait trois morts dont un enfant. Quelques heures plus tard, Volodymyr Zelensky s’envolait pour le sommet de la Communauté politique européenne (CPE), en Moldavie, pour discuter avec une cinquantaine de dirigeants européens.

Avions de chasse et armes nucléaires 

L’escalade de ces dernières semaines concerne également la question des armements. Le 19 mai, Washington a ouvert la porte à la fourniture d’avions de chasses américains à Kiev, et proposé de former des pilotes ukrainiens. Les Etats-Unis accèdent ainsi a une demande ancienne de Volodymyr Zelensky, qui voit dans cette arme une des clés du succès de sa contre-offensive. Moins d’une semaine plus tard, Alexandre Loukachenko annonçait le transfert d’armes nucléaires tactiques russes sur son territoire, une première depuis la chute de l’URSS.

Malgré l’augmentation du nombre des attaques des deux côtés, la véritable contre-offensive ukrainienne devrait encore se faire attendre. Le premier assaut mené en territoire russe était le fait de groupes certes armés par Kiev, mais indépendants. Il n’a d’ailleurs pas été revendiqué par l’Ukraine. Pas plus que les différentes opérations de sabotage ou frappes de drones. Il reste donc pour l’instant difficile d’identifier quelles attaques sont réellement imputables à Kiev, et la stratégie qu’elles servent. Elles participent en tout cas à entretenir les doutes sur les intentions ukrainiennes, et à faire significativement monter les tensions.

Benjamin Milkoff

Roland-Garros : des rassemblements d’Ukrainiens dénoncent Lacoste

Alors que se déroule ce jeudi 1er juin le deuxième tour du tournoi de Roland-Garros, un rassemblement d’Ukrainiens se tient en ce moment porte d’Auteuil, a annoncé sur Twitter le journaliste de Libération Julien Lecot.

Les manifestants dénoncent les agissements de Lacoste, sponsor du tournoi. La marque de vêtements poursuit ses activités commerciales en Russie depuis le début de la guerre. « Lacoste, arrêtez de faire avec Poutine », peut-on lire sur les pancartes des manifestants.

Ulysse Llamas

L’Allemagne prête à accueillir les déserteurs russes

La ministre allemande de l’Intérieur a annoncé jeudi 22 septembre ouvrir ses portes aux déserteurs de l’armée russe. La veille, la Russie a décrété la mobilisation de 300 000 réservistes.

« Celui qui s’oppose courageusement à Poutine et se met ainsi en grand danger peut demander l’asile politique en Allemagne », a déclaré Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur, jeudi 22 septembre. Vladimir Poutine a annoncé la veille la mobilisation de 300 000 réservistes pour combattre en Ukraine. La ministre précise que l’obtention de l’asile politique ne sera pas automatique. Chaque décision sera prise au cas par cas après un contrôle de sécurité.

Le ministre de la Justice Marco Buschmann a fait la même démarche dans un tweet mercredi sous le hashtag « mobilisation partielle », notant qu’apparemment, « beaucoup de Russes quittaient leur pays ». « Tous ceux qui haïssent la voie choisie par Poutine et aiment la démocratie libérale sont les bienvenus en Allemagne », écrit le ministre.

Les autorités russes ont assuré que seuls 300 000 réservistes seraient appelés pour rejoindre les 220 000 soldats déjà envoyés sur le front ukrainien. Mais de nombreux Russes craignent une mobilisation beaucoup plus massive. La peine pour désertion est fixée à au moins 10 ans de prison depuis le 20 septembre.

> À lire aussi : En Russie, plus de 1300 personnes ont manifesté contre la mobilisation

Depuis le début de la guerre en Ukraine le 24 février, des dizaines de milliers de Russes ont quitté leur pays. 438 opposants au Kremlin, menacés ou poursuivis par les autorités russes, ont été accueilli en Allemagne.

Laura Merceron avec AFP

L’industrie spatiale apprend à se passer de la Russie

Du 18 au 22 septembre, les acteurs mondiaux d’astronautique sont réunis au Paris Convention Centre. Plus de 72 pays sont représentés. En raison de la guerre en Ukraine, la Russie n’est pas présente. Le conflit a redistribué les cartes du secteur spatial, qui a dû s’adapter.

C’est le plus grand rassemblement international sur le thème de l’espace. Mercredi 21 septembre, des centaines de personnes affluent au Congrès international d’astronautique pour profiter de la seule journée ouverte au grand public. Étudiants, enfants, passionnés d’espace et professionnels se croisent dans les allées du Paris Convention Centre. Pour cette 73e édition, organisée par le Centre national d’études spatiales (Cnes), 250 exposants sont venus du monde entier. La Nasa, l’Agence spatiale européenne, Airbus ou encore Safran sont représentés, comme de nombreuses entreprises et agences spatiales. Grande absente cette année : la Russie.

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, l’agence spatiale russe, Roscosmos, a cessé de collaborer avec les autres nations. Elle a par exemple retiré dès les 26 et 27 février tout son personnel de la base spatiale de Kourou, en Guyane française. « Ça a eu un impact important sur nos projets », explique à Celsalab Mary Walmsley, du service communication de la branche « Défense et espace » d’Airbus.

Les lanceurs SpaceX et Ariane en remplacement

Avant le conflit, le lanceur spatial russe Soyouz était le plus utilisé pour les missions dans l’espace. « Mais les lanceurs russes ont cessé de fonctionner, ajoute Mary Walmsley. Il a fallu trouver d’autres solutions et reprogrammer des lancements. » Elle précise qu’aujourd’hui, les lanceurs les plus plébiscités sont le français Ariane et l’américain SpaceX, détenu par l’entrepreneur Elon Musk.

Certaines missions ont pu être reportées. Début mars 2022, Soyouz devait envoyer 36 satellites internet de OneWeb. Un envoi annulé et confié à SpaceX, en mars. « Ces reports entraînent des embouteillages », regrette Mary Walmsley, et plusieurs projets sont à l’arrêt. C’est le cas du programme euro-russe ExoMars. Il doit déposer un robot européen sur Mars. « Il devait partir au mois d’octobre mais il a dû être annulé. On ne sait toujours pas quand le lancement aura lieu. »

Trouver des alternatives

L’approvisionnement est lui-aussi rendu difficile par le conflit en Ukraine. Jordan Tromme est responsable développement de la start-up germano-luxembourgeoise SPiN (Space products and innovation). L’entreprise travaille à la conception de produits spatiaux innovants. « Notre plus grosse difficulté liée à la guerre, c’est l’approvisionnement en composants électroniques », explique Jordan Tromme à une journaliste de Celsalab. L’entreprise se fournit en partie en Ukraine. Le conflit sur place rend la livraison plus longue et incertaine. « On fait un maximum de commandes groupées pour réduire les délais de livraison, mais elle reste très perturbé. »

« La Russie a toujours été un voisin difficile », admet pour Celsalab Szymon Grych, de Polsa, l’agence spatiale polonaise. Il reste positif malgré la situation : « Cela nous permet de nous concentrer sur nos partenaires européens. On développe nos capacités et on se détache encore plus de la Russie. » Mary Walmsley, d’Airbus, espère que la guerre prendra rapidement fin, mais elle relativise. « Plus elle dure, plus on trouve des alternatives. Ce sera de plus en plus dur pour la Russie de revenir après la guerre. »

Laura Merceron