Affaire Fiona : la mère et le beau-père de retour devant la justice

Onze mois après leur premier procès, la mère de Fiona et son ex-compagnon sont jugés à partir de ce lundi en appel au tribunal du Puy-en-Velay (Haute-Loire). Ils ont été respectivement condamnés à cinq et vingt ans de prison en novembre 2016.

Cour d'assises

 

Le deuxième procès de Cécile Bourgeon, mère de Fiona, et Berkane Makhlouf, l’ex beau-père de la petite fille, s’ouvre à partir de ce lundi 9 octobre devant la cour d’assises de la Haute-Loire, au Puy-en-Velay. Ils encourent jusqu’à trente ans de réclusion. Peut-être révèleront-ils comment est morte Fiona, et surtout ce qu’est devenu son corps. Berkane Maklhouf, à l’époque, souhaitait déjà « dire la vérité »… Ce qu’il n’avait pas fait.

Il y a onze mois, en novembre 2016, le verdict du premier procès du couple a été très contrasté. La mère a été acquittée du crime et a écopé de cinq ans de prison pour quatre délits (dont non assistance à personne en danger, et dénonciation de crime imaginaire). Lui a écopé de vingt ans de réclusion. Ni les circonstances précises de la mort de Fiona en mai 2013 à Clermont-Ferrand, ni le sort réservé à sa dépouille n’ont été révélés pendant l’audience.
Depuis sa condamnation en première instance, Cécile Bourgeon a déposé cinq demandes de remise en liberté. Toutes ont été rejetées. Elle a également tenté de se suicider en juillet dernier, indique 20 minutes.fr.


Retour sur le procès en vidéo – Stéphanie Delannes, La Montagne

Son ex-compagnon, Berkane Makhlouf, 36 ans, a écopé de 20 ans de réclusion criminelle pour l’ensemble des faits.

Disparition suspecte de Fiona, 5 ans, en mai 2013

En mai 2013, alors enceinte de son troisième enfant, Cécile Bourgeon signale la disparition de sa fille dans le Parc Montjuzet à Clermont-Ferrand. En pleurs devant la France entière, la mère de Fiona prie pour retrouver sa fille. La police privilégie alors la thèse de l’enlèvement. Mais très vite, Cécile Bourgeon et son compagnon Berkane Makhlouf, sont soupçonnés et placés sur écoute. Après quatre mois d’investigations, ils avouent que la petite Fiona est morte, et qu’ils ont enterré son corps dans une forêt près du lac d’Aydat (proche de Clermont-Ferrand). Le lieu exact d’inhumation reste quand même introuvable.

S’en suit alors une myriade de fausses informations et de déclarations suspectes qu’ils nient chacun leur tour. Lorsque la mère accuse le beau-père d’avoir maltraité la fillette la veille du drame, lui rejette en bloc et l’accuse à son tour. Les événements restent flous dans leurs souvenirs, et le deviennent également pour les enquêteurs.

C’est donc le procès de la « seconde chance pour que le couple puisse expliquer ce qu’il s’est passé« , selon un des avocats des parties civiles, Antoine Portal. Verdict dans 15 jours, le 20 octobre.

 

Léa Broquerie

Redoine Faïd et Fabrice Hornec, deux figures du grand banditisme devant les assises

Damien LANGLET
Damien LANGLET

Six hommes soupçonnés d’avoir attaqué un fourgon blindé à l’explosif en 2011 sont jugés ce lundi après-midi devant les assises de Douai (Nord). Parmi les accusés, Rédoine Faïd et Fabrice Hornec, deux figures du grand banditisme.

Le procès de six hommes accusés de grands banditisme s’ouvre cet après-midi à Douai. Les faits remontent au 17 mars 2011. Sur la route nationale RN17, au nord d’Arras, trois hommes mettent en place un faux balisage de rétrécissement de route à l’aide d’un camion-benne qu’ils avaient immobilisé auparavant. Le conducteur du camion-benne est séquestré. Les six hommes tendent ensuite une embuscade au transporteur de fonds de la société Loomis. Le fourgon se retrouve bloqué par le camion-benne. Les malfaiteurs, tous armés, disposent de charges explosives. Ils emportent plus de deux millions d’euros à bord de deux voitures volées.

Témoignage anonyme

Deux mois après ce braquage, les enquêteurs reçoivent une information anonyme : l’attaque aurait été commandée par Fabrice Hornec et Rédoine Faïd, deux figures du banditisme en France. Le 28 juin, Rédoine Faïd est interpellé en compagnie de deux complices. Fabrice Hornec est quant à lui déjà incarcéré pour un autre braquage réalisé quelques mois plus tôt.

Les deux hommes ont toujours nié leur participation aux faits et assurent ne pas se connaître. Ils sont notamment poursuivis pour vol en bande organisée avec arme, violences en réunion, séquestration et destruction du bien d’autrui.

Le procès promet d’être particulièrement atypique vu l’éloquence de Rédoine Faïd, rare dans le milieu du grand banditisme. Pour autant, cela n’a pas empêché l’homme de 44 ans d’être condamné plusieurs fois à des peines lourdes par le passé.

Repenti ?

Au moment des faits, Rédoine Faïd était en liberté conditionnelle et se présentait dans une autobiographie publiée en 2010, « Braqueur, des cités au grand banditisme », comme un ex-délinquant, spécialiste des attaques de fourgons blindés. Il assurait avoir « tourné la page ».

Depuis surnommé par les policiers « l’Ecrivain », l’homme né à Creil (Oise), a été condamné en avril 2016 à 18 ans de prison pour avoir pris part à une attaque de fourgon blindé qui a coûté la vie à une policière. Il a ensuite été condamné à 10 ans de prison en mars 2017 pour son évasion de la prison de Sequedin (Nord), au cours de laquelle il avait pris quatre surveillants en otage, arme au poing, et fait exploser plusieurs portes à l’explosif.

Le procès doit durer deux semaines.

 

Louise Boutard

Procès Cannes-Torcy : Sofiane A., l’un des vingt accusés à la barre

 55 jours d’audience, 85 tonnes de procédure, 80 témoins cités, 14 experts et 20 accusés. Le procès Cannes-Torcy, débuté il y a une semaine, est inédit. La cellule serait à l’origine d’un attentat manqué contre une épicerie casher à Sarcelles (Val d’Oise), le 19 septembre 2012. Sofiane A. fait partie du groupe de jeunes âgés de 23 à 33 ans accusés d’avoir été au cœur d’un réseau djihadiste. Il a été entendu ce mercredi au Palais de Justice.

Sofiane A. a été entendu aujourd'hui à la Cour d'assises. Les mains derrière le dos, il répond brièvement aux questions du président, Philippe Roux.
Sofiane A. a été entendu aujourd’hui à la Cour d’assises. Les mains derrière le dos, il répond brièvement aux questions du président, Philippe Roux.

 

Mercredi matin, 9h30. Sofiane A. s’avance à la barre. Il comparait libre, comme six autres prévenus. Ceux qui ne le sont pas restent dans le box des accusés et l’observent attentivement. Le temps d’une matinée, Sofiane A. doit convaincre. Les mains croisées derrière le dos, il se tient droit. Il est face au président de la Cour, Philippe Roux, ses quatre assesseurs et les deux avocats généraux, Sylvie Kachaner et Philippe Courroye. « Vous connaissez le processus. On y va. » Le président n’a pas de temps à perdre.

« Je m’appelle Sofiane, j’ai 28 ans, je suis né à Cannes. Je m’entends très bien avec ma sœur et mes frères. » Sa famille, il en parle beaucoup. C’est l’une de ses stratégies de défense. « J’ai reçu une bonne éducation je pense. » Son père,  56 ans, est ouvrier. Il a grandi en Tunisie, « là où on mélangeait les Juifs et les musulmans. C’est nos cousins » dit-il pendant son témoignage.

Sofiane A. était un enfant désiré. « Il est doux, serviable, gentil et sportif » Les témoins entendus sont unanimes. Tous parlent de sa passion pour le football, de sa relation avec sa famille et sa femme et de son rôle protecteur envers sa petite sœur trisomique. « C’est pour ça que ma mère n’est pas présente » répond-il à l’avocate générale qui lui lance « elle aurait pu se libérer quand même ».

Un interrogatoire musclé

L’avocate générale ne l’épargne pas. Sylvie Kachaner l’interroge sur tout son procès verbal, pendant lequel il a prononcé de nombreuses phrases qu’il « regrette ». Comme celles où il raconte que depuis tout petit, on lui dit que les Juifs sont des mécréants et « qu’on a la haine des Juifs ». Sofiane A. n’est pas très bavard, il répond timidement aux questions. A cette interrogation, il répond qu’ « en garde à vue, c’est compliqué. Je me suis très mal exprimé. Je suis désolé, mais ce n’est pas le fond de ma pensée ». L’avocate générale n’est pas convaincue. Elle l’interroge enfin à propos de ses fréquentations : « c’est un café où un kebab où vous retrouviez vos amis ? », « Un café, madame ».

L’accusé insiste aussi sur son travail. Il a longtemps été intérimaire et a ensuite été embauché en CDI dans une entreprise d’échafaudages pour laquelle il avait assuré quelques missions. « Souriant et agréable », c’est ainsi que le qualifie son patron. Son club de football, lui, le « regrette, humainement et sportivement. »

Les témoignages donnent l’impression que l’accusé s’est retrouvé au tribunal par erreur. « Ce truc est tombé sur notre tête. Moi, je suis sûr qu’il n’a rien à voir avec cette histoire. » insiste son père. Selon lui, il était là au mauvais endroit, au mauvais moment. La Cour rendra sa décision début juillet. D’ici là, les magistrats entendront tous les autres accusés.

12h45. La séance est levée. L’après-midi est consacrée à un autre accusé, Ibrahim B., qui comparait, lui, dans le box des accusés.

 

Lou Portelli

Paris : « Vous vendez la mort Monsieur », 4 mois de prison ferme pour 19 cailloux de crack

Palais de justice de Paris, Crédits : Julien Percheron
Palais de justice de Paris, Crédits : Julien Percheron

Ce mardi, les juges de la 23ème chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris statuaient sur des cas de comparution immédiate. Entre vol aggravé, recel et trafic de drogue, le box des prévenus affichait complet. Focus sur une affaire de détention et tentative de vente de crack sanctionnée par quatre mois de prison ferme. 

Détention et tentative de vente de crack. C’est un des dossiers, impliquant un jeune Sénégalais, sur lequel la 23e chambre correctionnelle du TGI de Paris délibère ce mardi après-midi.

« Vous refusez de décliner votre réelle identité et dites vous appeler “Modou“. C’est étonnant lorsqu’on sait que “Modou“ est le surnom donné aux dealers de crack », lâche la procureure au Sénégalais, debout dans le box des prévenus. Intimidé, ce dernier n’ose pas lever les yeux vers les juges. La tête baissée, il murmure à son interprète : « Je n’ai jamais vendu de drogue, je le jure ».

Il recrache 17 cailloux de crack

Isabelle Goanvic, la présidente, ne se laisse pas émouvoir et rappelle mécaniquement les faits. Samedi 29 avril, place Stalingrad, à Paris. Il est 23h40. « Modou » est entouré d’un groupe d’individus, il a deux cailloux de crack en main. Des policiers en patrouille passent devant lui et entendent : « C’est combien ? ». Les officiers suspectent un trafic de drogue et interpellent le Sénégalais. Celui-ci « devient nerveux », selon les procès verbaux, et tente de prendre la fuite. Il est rattrapé quelques mètres plus loin et immobilisé.

« Le policier rapporte que vous sembliez avoir du mal à respirer. Il vous a alors fait un léger massage cardiaque et vous avez recraché 17 cailloux de crack », détaille la présidente en portant un regard accusateur sur « Modou ». Les bras croisés, emmitouflé dans une chemise en jean trop grande pour lui, le jeune homme confie sa réponse à la traductrice : « Je ne savais pas ce que contenaient ces sachets. Les gens qui étaient autour de moi vendaient des cigarettes, moi je ne vendais rien, je faisais la manche. J’ai eu du mal à respirer parce que le policier m’a serré à la gorge, je n’avais pas de drogue dans la bouche ».

« Vous vendez la mort »

Des arguments qui ne semblent pas convaincre Isabelle Goanvic. Elle rebondit sur les 166 euros trouvés sur le prévenu au moment de son interpellation. Perdu, il murmure des mots que son interprète ne parvient pas à traduire. Pour lâcher finalement : « C’est une amie qui me les a donnés ». L’hypothèse est rapidement anéantie par la procureure. D’une voix forte, d’un ton sévère elle énonce : « Monsieur était place Stalingrad pour vendre du crack, cela ne fait aucun doute. D’où la somme d’argent en sa possession ». Elle insiste sur les ravages de cette drogue dure et requiert six mois de prison ferme avec une interdiction de territoire pendant dix ans. « Vous vendez la mort Monsieur », conclut-elle, le regard noir.

Au tour de l’avocate de la défense. Les examens sanguins révèlent que son client ne se drogue pas, l’analyse de son téléphone portable ne laisse pas présumer de l’existence d’un réseau de trafic de stupéfiants auquel il pourrait participer. Elle a beau invoquer le « manque de preuve pour constituer l’infraction », le verdict tombe. La cour a tranché. Quatre mois de prison ferme pour « détention d’une quantité de drogue toxique qui mérite d’être punie ».

Ambre Lepoivre