Clichy-Levallois : les deux visages d’une même circonscription

 Malgré leur histoire commune et le fait que Levallois-Perret était un quartier de Clichy jusqu’en 1867, les deux villes ont connu des évolutions différentes ces dernières années. Tandis que Levallois-Perret est devenue une ville aisée aux infrastructures publiques très développées, Clichy peine à rattraper sa fausse jumelle.

Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clotilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Mairie de Levallois-Perret (Crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

« La 5ème circonscription est clivée. Levallois a besoin de plus d’autonomie et Clichy de plus de protection », considère la candidate de La République en Marche ! (LREM), Céline Calvez. Le clivage entre les revenus médians de la population des deux communes est assez évocateur. Alors qu’il est d’environ 38 000 euros par an pour les Levalloisiens, celui des Clichois atteint seulement 26 000 euros.

La fracture se ressent également au niveau politique : Levallois-Perret plutôt à droite et Clichy à gauche. La vie quotidienne des habitants de Levallois a été rythmée depuis 1983 par la succession quasi ininterrompue des mandats de maire et de député de Patrick Balkany (Les Républicains). Lors du premier tour de la présidentielle, François Fillon a obtenu 40,69 % à Levallois, contre 14,64 % à Clichy, alors que Jean-Luc Mélenchon a obtenu près de 30 % de suffrages. Au premier tour de 2012, Nicolas Sarkozy récoltait près de 48 % et 20 % à Clichy. Néanmoins, cet ancrage à gauche de la ville de Clichy a été interrompu par l’élection de Rémi Muzeau (LR) aux élections municipales partielles de juin 2015.

Au niveau géographique, la séparation entre les deux villes est symbolisée par la gare de Clichy-Levallois et le passage se fait en empruntant un tunnel qui passe sous les rails. Cette frontière marque aussi une rupture dans l’aménagement urbain. Les bâtiments abandonnés que l’on peut trouver au nord-est de Clichy sont inexistants à Levallois. Le centre commercial So Ouest, les banques et les entreprises comme LVMH ou L’Oréal participent de manière importante à la vitalité économique du fief de Patrick Balkany. 

Un clivage qui n’est pas toujours pris en compte

Bâtiment du nord-est de Clichy (crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)
Bâtiment du nord-est de Clichy
(crédits photos : Alice Pattyn, Clothilde Bru, Anaëlle De Araujo)

François-Xavier Bieuville, proche de Patrick Balkany et candidat de droite non-investi par le parti Les Républicains tente de tempérer ces différences : « Il y a une histoire commune entre Clichy et Levallois. Le découpage de cette circonscription est légitime. D’ailleurs, je suis le seul candidat à parler aux maires des deux communes à la fois. » En même temps, il n’est pas sûr que le maire de Levallois, Patrick Balkany, accepte de parler à des candidats qui n’appartiennent pas à sa famille politique.

Céline Calvez prend en compte cette fracture : « Je ne remets pas en cause la qualité de vie des Levalloisiens. Levallois est une vie qui rayonne à l’intérieur mais pas à l’extérieur. C‘est une circonscription clivée mais, étrangement, quand il y a des magouilles, les élus parviennent à s’entendre. »

Alice Pattyn, Clothilde Bru et Anaëlle De Araujo

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« Se battre pour les animaux, c’est se battre pour les humains »

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Sophie Landowski est candidate aux élections législatives 2017 dans la 6e circonscription des Hauts-de-Seine. Elle fait partie d’un nouveau groupement politique dédié à la condition animale : le Parti Animaliste.

 

Quelle est, pour vous, la mesure la plus importante de votre programme ?

Le parti animaliste créé en mars 2016 est un nouveau parti politique, le seul en France dédié exclusivement à la condition animale. J’estime donc que la mesure la plus urgente est politique : créer un ministère de la Protection animale, comprenant aussi une direction consacrée à la protection des animaux aquatiques, afin de sortir la protection animale du ministère de l’Agriculture et de mettre fin au conflit d’intérêt qui lui est consubstantiel. Ceci fait partie de l’institutionnalisation de cette protection que nous souhaitons, à partir en outre d’une charte de la Protection animale que nous voulons faire entrer dans la Constitution française et dont l’aspect principal est la reconnaissance de l’animal comme être sensible. Découlera de cela une amélioration de la législation de protection des animaux.

Toutes les mesures préconisées par notre programme sont importantes à mes yeux, mais ces mesures politiques seront la base solide sur laquelle nous pourrons travailler au Parlement : sur l’éducation des enfants, la révision de l’expérimentation animale, la diminution de la souffrance qui résulte des élevages intensifs et de l’abattage (ce qui à terme devra aboutir à un changement de notre alimentation), prendre conscience de l’horreur de la pêche industrielle qui vide nos océans …

Depuis quand faites-vous partie de ce mouvement ?

Je suis devenue végane il y a environ 5 ans en prenant connaissance de la maltraitance généralisée que notre société inflige aux animaux. Sensible particulièrement au martyre des lévriers Galgos en Espagne, utilisés pour la chasse au lièvre et pour la course, et qui finissent pendus, jetés dans des puits, brûlés à l’acide … j’ai adopté une chienne rescapée de cet enfer. Et je me suis impliquée dans le militantisme avec des associations de protection animale telles que L214 et Vegan Impact. Lorsque j’ai appris la création du Parti animaliste, j’ai voulu m’en approcher au début de cette année 2017, estimant que les partis traditionnels n’avaient pas pris en compte le vrai sens de cette protection. Protéger les animaux, c’est sauver l’humanité d’un désastre où elle court à grands pas en désertifiant son environnement, en volant les céréales et l’eau de ceux qui en manquent au profit des élevages d’animaux destinés aux assiettes des pays riches.

La 6e circonscription étant historiquement à droite, pensez-vous que votre mouvement peut recueillir les votes nécessaires pour une victoire?

Mais absolument ! Notre cause est humaine, tout simplement ! Nous ne sommes ni de droite ni de gauche et nous sommes indépendants de tout autre parti. C’est notre particularité. De plus, nous sommes monothématiques, notre seul combat étant contre la souffrance animale. Sachant, je vous le rappelle, que tout est lié, que tous les êtres de cette planète sont interdépendants. Se battre pour les animaux, c’est se battre pour les humains.

Qui sont vos électeurs ?

Tout le monde ! Absolument tout le monde ! Je le vois en discutant en ce temps de campagne électorale, dans la rue, au café … Il suffit d’expliquer, il faut expliquer, que nous sommes arrivés aujourd’hui à la nécessité absolue d’une prise de conscience : la destruction, l’exploitation systématique de nos frères sensibles se retourne contre nous. Nous sommes à un tournant décisif de notre société. Les scientifiques le savent, eux qui découvrent chaque jour l’intelligence insoupçonnée des animaux. Nous avons besoin d’eux, non pas pour notre plaisir gustatif ou de divertissement, sans parler de la fourrure ou le cuir, mais nous avons besoin d’eux car sans eux la planète meurt.

Il faut dire que ce sont les jeunes qui comprennent le mieux notre action. Ils ont une vision de l’avenir que beaucoup d’adultes englués dans la croissance économique à court terme n’ont pas. Et les personnes âgées qui ont souvent de la distance et prennent le temps de la lucidité.

Propos recueillis par Malgo Nieziolek


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Les débats télévisés influencent-ils le vote?

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Marine le Pen et Emmanuel Macron vont débattre mercredi 3 Mai. Photo d’illustration @Gaël Flaugère

Jamais il n’y a eu autant de débats télévisés dans une campagne présidentielle en France. Ce soir aura lieu le neuvième débat majeur entre responsables politiques candidats au poste suprême.  Après les six débats des primaires du PS et de LR (et de leurs alliés respectifs) et les deux débats précédant le premier tour, les citoyens les plus courageux pourront assister à une ultime confrontation télévisuelle opposant Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Si ces débats ont assuré aux chaînes de très bonnes audiences, leur influence sur le vote n’est pourtant pas assurée.

Le débat télévisé est devenu une tradition en France depuis le 10 mai 1974 avec celui qui opposa Valéry Giscard-d’Estaing et François Mitterrand devant 25 millions de téléspectateurs. De ce face-à-face, une phrase rentrée dans la culture populaire: «Vous n’avez pas le monopole du cœur». Mais aucun mouvement dans l’élection de 1974. Trois jours avant ce débat, Valéry Giscard-d’Estaing s’était stabilisé à environ 51% des intentions de votes dans les sondages d’opinions, et n’évoluera plus jusqu’au scrutin final, le 19 Mai. Le vote s’était cristallisé.


Selon Christian Delporte, historien, spécialiste de la communication politique interrogé par La Croix« un débat télévisé ne change pas l’opinion des gens. Ceux qui ont été organisés par le passé entre les deux tours de la présidentielle n’ont jamais modifié l’écart enregistré entre les candidats ». Pour l’historien, la succession des confrontations télévisées a prouvé que, malgré certaines paroles qui sont restées,  les débats d’entre-deux tours ne modifient qu’à la marge les dynamiques électorales. À quelques jours du scrutin final, elles sont largement cristallisées, qu’elles soient en faveur d’un candidat, de l’abstention ou bien du vote blanc; et le climat politique actuel de front républicain ne semble pas avoir vocation à changer cet état de fait.

« La télévision est en train de devenir le lieu du choix électoral »

Pourtant, de ces débats émergèrent quelques surprises, notamment lors des primaires de la gauche et de la droite. Avant les trois débats de la primaire de la droite et du centre, François Fillon stagnait à 11% des intentions de vote. La télévision a aidé les candidats Fillon et Hamon à montrer leur stature présidentielle. D’après Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop, cette élection présidentielle a été le théâtre d’une publicitarisation des primaires qui ont donné la prime aux candidats « les mieux préparés« .

Au moment des primaires, l’électorat se retrouvait dans une même famille politique. Les mouvements pouvaient être fluides entre chaque candidat. Ce qui fut le cas.

Dans le cadre d’une primaire, lorsque le vote n’est pas cristallisé ou qu’il s’agit de choisir un projet ou la ligne d’un parti, les débats télévisés semblent pouvoir renforcer les dynamiques. La montée en puissance des candidats Fillon et Macron coïncident avec la période de débats télévisés qui a précédé leur victoire, mais impossible de connaître la part active de ces diffusions grand public dans le résultat final.

Si selon Alain Duhammel, éditorialiste politique à RTL, « la télévision est en train de devenir le lieu du choix électoral, » elle l’est dans la mesure où sont organisés des événements politiques en amont de l’élection. Cette primauté donnée à la télévision est liée au format de la primaire : organiser un premier vote avant l’élection a confronté une opinion politique incertaine aux arguments de chacun. Les retransmissions des face-à-face ont aussi permis à tous les candidats, petits ou grand, de s’exprimer dans un format ou ils sont à égalité, le 4 Avril Dernier sur BFMTV.

« Un moment intense de convivialité politique »

Mais comme preuve du fait que les débats n’influent pas sur le vote des candidats à la présidentielle, le score des « petits » candidats est resté quasiment inchangé malgré l’égalité d’exposition médiatique,  si ce n’est pour Philippe Poutou, crédité dans certains sondages d’un point supplémentaire en récompense à sa saillie envers François Fillon. Lui aussi, a peut-être fait son entrée dans la culture populaire.

L’entrée de certains de ces moments de démocratie dans la culture du grand public n’est pas anodine. Elle montre une réaction du corps social à ces moments. Pour Gaël Villeneuve, politologue et auteur de Les débats télévisés en 36 questions-réponses, les débats télévisés sont « un moment intense de convivialité politique« . Ils revitalisent ceux qui sont impliqués dans le processus politique, et, bien qu’ayant peu d’effets sur les scrutins, perpétuent la culture politique du pays.

Gaël Flaugère

 

 

 

 

Benoît Hamon : « Je vous conjure de ne pas offrir votre colère au Front national »

Benoît Hamon a réitéré son appel à voter en faveur d’Emmanuel Macron au second tour de la présidentielle, ce mercredi matin, dans une tribune au journal Le Monde.« Dimanche prochain, je voterai contre l’extrême droite au moyen du bulletin portant le nom d’Emmanuel Macron. L’acte sera difficile mais le choix évident. Cet acte ne vaut en rien soutien à son projet, auquel je m’opposerai sans ambiguïté », a affirmé l’ancien candidat socialiste à la présidentielle. Il n’épargne pas le fondateur du mouvement En Marche ! en qualifiant sa campagne d’« aussi dangereusement maladroite qu’arrogante, elle-même empreinte de populisme qui aggrave une indifférenciation toxique pour le débat public ».

Dans cette tribune adressée aux électeurs de gauche, l’ancien ministre de l’Education appelle à ne pas mettre Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur le même plan : « L’abstention comme le vote blanc sont un droit. Mais seule votre lucidité, votre jugement du peuple souverain, peut distinguer dimanche prochain un adversaire politique d’une ennemie de la République ». Avant de conclure : « Je vous conjure de ne pas offrir votre colère au Front national, ni en votant pour lui évidemment ni même en lui donnant votre indifférence. Etre de gauche, c’est s’indigner, c’est souvent dire non, mais c’est aussi s’engager ».

Anaëlle De Araujo