Élections au Liberia : Ellen Johnson Sirleaf, présidente sortante et controversée

Ellen Johnson Sirleaf, lors d'une visite à la Maison Blanche Crédits : Maison Blanche / David Bohrer
Ellen Johnson Sirleaf, lors d’une visite à la Maison Blanche
Crédits : Maison Blanche / David Bohrer

Ce mardi a lieu le premier tour pour remplacer Ellen Johnson Sirleaf  à la tête de la République du Liberia. Au pouvoir depuis douze ans, la présidente est appréciée sur la scène internationale, mais plus controversée dans son pays. Le fait qu’elle ait reçu le prix Nobel de la paix en 2011, avec deux autres femmes, a accentué sa position ambivalente, entre symbole international et chef d’État impopulaire.

Margaret Thatcher n’est pas la seule femme politique à être surnommée la Dame de fer. Ellen Johnson Sirleaf, qui sera bientôt remplacée par l’un des candidats à l’élection présidentielle, dont le premier tour se déroule ce mardi, est affublée du même nom, mais pour différentes raisons. Dans les années 1980, elle s’oppose à Samuel Doe, militaire auteur d’un coup d’État, qui instaure un régime de terreur. Elle est alors ministre des finances, et est emprisonnée à deux reprises avant de fuir vers les États-Unis. « Mama Ellen », comme la surnomment les Libériens, y mènera une carrière d’économiste.

En 1989, Charles Taylor et son parti d’opposition, le National Patriotic Front of Liberia (NPFL), lancent une attaque et réussissent à contrôler une grande partie du pays face à Samuel Doe. Seulement, l’un des principaux généraux de Taylor, Prince Johnson, se retourne contre son leader. Leurs troupes s’affrontent pendant sept ans. La guerre civile durera jusqu’en 1997, année durant laquelle Charles Taylor est finalement élu par scrutin. Ellen Johnson Sirleaf revient au Liberia cette année-là.

La première femme élue à la tête d’un État africain

Douze ans plus tard, en 2005, elle se présente à l’élection présidentielle libérienne pour le Parti de l’unité. Elle remporte le second tour en novembre, face à l’ancien footballeur George Weah, détenteur du Ballon d’or en 1995. Ellen Johnson Sirleaf devient alors la première femme élue démocratiquement à la tête d’un État africain. La lutte contre la corruption est l’un de ses principaux arguments de campagne.

Lors de son premier mandat, Ellen Johnson Sirleaf réussit à attirer plusieurs bailleurs de fonds étrangers pour reconstruire le pays et sa capitale, Monrovia. Cependant, son gouvernement n’arrive pas à diminuer le taux de chômage, qui s’élève à 80% de la population active. Le Liberia est encore classé à ce jour comme le neuvième pays le plus pauvre du monde.

En octobre 2011, quatre jours avant le premier tour de l’élection présidentielle à laquelle elle se représente, le prix Nobel est attribué conjointement à trois femmes, dont la Dame de fer, pour leur lutte pacifique pour la sécurité des droits des femmes. Madame Sirleaf est réélue.

Accusée d’avoir financé Charles Taylor

Si elle est très populaire sur la scène internationale, Ellen Johnson Sirleaf est très controversée au Liberia. L’attribution du prix Nobel à la présidente est justifié pour une partie de la population, mais beaucoup considèrent qu’elle n’a pas assez œuvré pour l’unité nationale ni contre la corruption. Un scandale de 2009 refait d’ailleurs surface à cette occasion et enlise sa popularité. Accusée d’avoir financé la rébellion armée de Charles Taylor à la fin des années 1980, elle est citée dans un rapport de la commission nationale Vérité et Réconciliation, mise en place à la suite des guerres civiles libériennes. Elle ne peut théoriquement plus exercer aucune fonction officielle pendant trente ans mais le parlement n’a jamais ratifié cette décision. Malgré ses efforts pour instaurer durablement la paix dans son pays, elle est une actrice indirecte de la guerre civile pour l’opinion publique.

Ce mardi, Ellen Johnson Sirleaf s’apprête à respecter la Constitution de son pays et à laisser sa place au terme de deux mandats. Vingt candidats se présentent au premier tour. Parmi eux George Weah, son opposant douze ans plus tôt.

Aline Bottin

A lire aussi : Infographie : l’élection présidentielle au Liberia en 2017

Benoît Hamon va fonder son parti politique début décembre

L’ancien candidat socialiste Benoît Hamon annonce qu’il va diffuser, courant octobre, un questionnaire pour « définir sur le fond et sur la forme l’identité » de son futur parti politique. Il doit être fondé au début du mois de décembre.

Benoît Hamon fondera son propre parti politique en décembre. (Chris93)
Benoît Hamon fondera son propre parti politique en décembre. (Chris93)

Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, Benoît Hamon invite tout son entourage politique à « un grand moment citoyen de fondation de ce mouvement du 1er juillet ». De la même manière que La république en Marche, la France Insoumise et plus récemment les Patriotes, le mouvement affirme vouloir dépasser la forme du traditionnel parti.

Rassembleur de la gauche

Après une campagne présidentielle difficile (6,28% au premier tour), Benoît Hamon avait été éliminé dès le premier tour aux dernières élections législatives. Il avait finalement décidé de quitter le Parti Socialiste (PS), pour créer sa propre organisation baptisée « mouvement du 1er juillet ».

Cette décision intervient peu de temps après l’annonce de Benoît Hamon d’une alliance avec les élus socialistes et écologistes au Conseil Régional d’Ile-de-France. Ils forment désormais un nouveau groupe de 23 élus, et visent à « renforcer l’opposition de gauche à Valérie Pécresse, en cohérence avec les combats menés ensemble ces dernières années ».

D’ici là, Benoît Hamon enchaîne les rendez-vous. Jeudi, il dîne avec l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis. Début novembre, il doit rencontrer des universitaires et économistes au Texas, à l’invitation d’un proche de Bernie Sanders.

 

Léa Duperrin

Législatives 2017: à Neuilly, Puteaux et Courbevoie Sud, un souffle de renouveau ?

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Bastion de la droite, la 6e circonscription des Hauts-de-Seine s’apprête à élire son nouveau député. Entre la droite fragmentée, la République en Marche et la gauche, les habitants de Neuilly-sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud hésitent.

Depuis le découpage électoral de Charles Pasqua de 1987, la 6e circonscription des Hauts-de-Seine regroupant Neuilly-Sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud a toujours voté à droite. Fief de Nicolas Sarkozy, les habitants l’ont élu pour quatre mandats de député d’une durée totale de presque 15 ans. Malgré une campagne tumultueuse, François Fillon y est arrivé en tête lors du premier tour de l’élection présidentielle avec 47% des suffrages exprimés. Emmanuel Macron s’est placé en deuxième avec 28% de votes. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a obtenu 10% des suffrages exprimés.

Une droite fragmentée qui pourrait bien profiter à la République en marche

Député actuel des la 6e circonscription des Hauts-de-Seine et maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin (DVD) ne se représente pas. Il a décidé de quitter l’Assemblée Nationale pour garder son mandat à la mairie. Le député sortant et fondateur de « 577 pour la France – Les Indépendants » a donné son soutien à Nathalie Etzenbach. Elle affrontera la candidate des Républicains, députée européenne soutenue par Nicolas Sarkozy, Constance Le Grip. « C’est incompréhensible, entre Les Républicains, En Marche… Je ne sais même pas quel est le candidat du maire de Neuilly », hésite Bernard, retraité de 61 ans et habitant de Neuilly. Ce qu’il sait, c’est que « cette fois-ci », les élections législatives sont importantes car il souhaite que « le gouvernement tourne à droite ». Hors de question pour lui de donner une majorité absolue à Emmanuel Macron.

A droite, cette multitude de candidats risque de provoquer un émiettement de voix… dont compte bien profiter Laurent Zameczkowski, candidat de la République en marche. A 46 ans, ce chef d’entreprise n’a jamais fait de politique. « Bien sûr que la partie s’annonce difficile, mais je suis quelqu’un de profondément optimiste. Et franchement, je pense qu’on peut l’emporter », explique le candidat dans les colonnes du Parisien. Pour Clémence, 36 ans, habitante de Neuilly depuis sept ans, voter pour Laurent Zameczkowski s’impose comme un choix évident, après avoir voté pour Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle. « J’ai voté pour Macron lors de deux tours de la dernière élection, le 11 juin je vais voter pour la majorité présidentielle », explique la jeune femme.

« Puteaux insoumise »

Tout comme Laurent Zameczkowski, le candidat de la France Insoumise Samuel Florin est optimiste. Contrairement à une droite fragmentée, le parti de Jean-Luc Mélenchon est derrière son candidat. À 29 ans, Samuel Florin est un débutant en politique. Il prépare sereinement sa première campagne électorale. Pourtant, rien ne le prédestinait à être candidat de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine. Après le désistement du candidat élu par les militants la semaine précédant le dépôt des candidatures, le 19 mai dernier, Samuel Florin est désigné comme le nouveau candidat par l’Assemblée de circonscription.

La 6e circonscription des Hauts-de-Seine, fief de la droite depuis 1987, pourrait-elle pencher à la gauche de la gauche, lors de ces prochaines élections législatives ? Pour le candidat de la France Insoumise, « la circonscription n’est, certes, pas la plus favorable pour le parti. Mais ce n’est pas forcément l’objectif ». La France Insoumise veut « proposer une alternative crédible et cohérente au gouvernement de Monsieur Macron ». Le parti politique ne perd pas espoir quant à son devenir. Il aimerait avant tout gagner du terrain et de la visibilité, en vue des législatives et des municipales. « Nous sommes tous très optimistes et on se donne à fond pendant cette campagne. Les insoumis sont un groupe de militants qui ne compte pas être arrêté ni disparaître à la fin de la campagne pour les législatives. Nous sommes très investis dans nos quartiers respectifs. Les valeurs que l’on défend aujourd’hui agissent avant tout comme une clé pour faire évoluer les mentalités », résume Samuel Florin.

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Le candidat de la France Insoumise en est persuadé, le programme de son parti pourrait convenir aux habitants de la circonscription :

 

Entre richesse et diversité

La 6e circonscription des Hauts-de-Seine est à la fois riche et diversifiée. En termes de revenus, et en partie grâce à la Défense, la communauté jouit d’un niveau de vie aisé et d’un budget pharaonique par rapport au reste de la France. Toutefois, la circonscription est diversifiée et loin d’être constituée des habitants les plus riches de France. À Puteaux et Courbevoie, de nombreux logements sociaux, HLM et quartiers populaires permettent à plusieurs mondes de cohabiter et de se croiser tous les jours. Entre les électeurs fidèles à la droite, les électeurs de gauche légèrement plus nombreux à Puteaux, et ceux qui hésitent encore, il y a aussi ceux qui sont bien décidés à illustrer, à travers leur vote, leur mécontentement. Jacques réside à Puteaux depuis plus de cinquante ans. Au second tour de l’élection présidentielle, ce retraité de 75 ans a voté blanc. Pour la deuxième fois, il votera blanc lors des élections législatives de 2017. « C’est une bande de pirates ! Je veux un candidat honnête et dévoué à la cause de la France. Pour l’instant, les candidats de la circonscription ne m’inspirent pas confiance », explique le retraité.

La droite ne cesse d’élargir ses rangs, mais pour Samuel Florin, la pléthore des candidatures qu’elle propose s’explique facilement. « La circonscription est réputée facilement gagnable pour la droite. Pour la France Insoumise, c’est forcément positif, puisque si la droite se présente en rangs divisés, ça nous laisse peut-être un chemin qui s’ouvre. En plus, ça fait vivre le débat démocratique ». Les 11 et 18 juin prochains, Neuilly-sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud élisent le député de leur circonscription. La nouveauté de ce scrutin 2017 : les députés ne pourront plus parallèlement exercer une fonction exécutive locale, comme maire, par exemple, au nom de la lutte contre le cumul des mandats, voté en 2014.

 Marie Lecoq et Malgo Nieziolek


Liste des candidats aux élections législatives de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine :

Emmanuelle Cuignet (FN)

Jonathan Pauchet (UPR)

Sophie Landowski (Parti animaliste)

Hugo Boyer De Choisy (Allons Enfants)

Marie Brannens (PS)

Grégoire Chevignard (SE)

Nathalie Etzenbach (Les Indépendants)

Vincent Dubail (EELV)

Samuel Florin (La France insoumise)

Françoise Marcel (LO)

Martine Pinceminsiel (DVD)

Laurent Zameczkowski (République en marche)

Philippe Karsenty (DVD)

Constance Le Grip (LR)

Zohra Bougherara (PCF-FdG)

Patrick Lagarde (NP)

Michelle Line (NP)


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