L’ancien candidat socialiste Benoît Hamon annonce qu’il va diffuser, courant octobre, un questionnaire pour « définir sur le fond et sur la forme l’identité » de son futur parti politique. Il doit être fondé au début du mois de décembre.
Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, Benoît Hamon invite tout son entourage politique à « un grand moment citoyen de fondation de ce mouvement du 1er juillet ». De la même manière que La république en Marche, la France Insoumise et plus récemment les Patriotes, le mouvement affirme vouloir dépasser la forme du traditionnel parti.
Rassembleur de la gauche
Après une campagne présidentielle difficile (6,28% au premier tour), Benoît Hamon avait été éliminé dès le premier tour aux dernières élections législatives. Il avait finalement décidé de quitter le Parti Socialiste (PS), pour créer sa propre organisation baptisée « mouvement du 1er juillet ».
Cette décision intervient peu de temps après l’annonce de Benoît Hamon d’une alliance avec les élus socialistes et écologistes au Conseil Régional d’Ile-de-France. Ils forment désormais un nouveau groupe de 23 élus, et visent à « renforcer l’opposition de gauche à Valérie Pécresse, en cohérence avec les combats menés ensemble ces dernières années ».
D’ici là, Benoît Hamon enchaîne les rendez-vous. Jeudi, il dîne avec l’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis. Début novembre, il doit rencontrer des universitaires et économistes au Texas, à l’invitation d’un proche de Bernie Sanders.
Bastion de la droite, la 6e circonscription des Hauts-de-Seine s’apprête à élire son nouveau député. Entre la droite fragmentée, la République en Marche et la gauche, les habitants de Neuilly-sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud hésitent.
Depuis le découpage électoral de Charles Pasqua de 1987, la 6e circonscription des Hauts-de-Seine regroupant Neuilly-Sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud a toujours voté à droite. Fief de Nicolas Sarkozy, les habitants l’ont élu pour quatre mandats de député d’une durée totale de presque 15 ans. Malgré une campagne tumultueuse, François Fillon y est arrivé en tête lors du premier tour de l’élection présidentielle avec 47% des suffrages exprimés. Emmanuel Macron s’est placé en deuxième avec 28% de votes. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a obtenu 10% des suffrages exprimés.
Une droite fragmentée qui pourrait bien profiter à la République en marche
Député actuel des la 6e circonscription des Hauts-de-Seine et maire de Neuilly, Jean-Christophe Fromantin (DVD) ne se représente pas. Il a décidé de quitter l’Assemblée Nationale pour garder son mandat à la mairie. Le député sortant et fondateur de « 577 pour la France – Les Indépendants » a donné son soutien à Nathalie Etzenbach. Elle affrontera la candidate des Républicains, députée européenne soutenue par Nicolas Sarkozy, Constance Le Grip. « C’est incompréhensible, entre Les Républicains, En Marche… Je ne sais même pas quel est le candidat du maire de Neuilly », hésite Bernard, retraité de 61 ans et habitant de Neuilly. Ce qu’il sait, c’est que « cette fois-ci », les élections législatives sont importantes car il souhaite que « le gouvernement tourne à droite ». Hors de question pour lui de donner une majorité absolue à Emmanuel Macron.
A droite, cette multitude de candidats risque de provoquer un émiettement de voix… dont compte bien profiter Laurent Zameczkowski, candidat de la République en marche. A 46 ans, ce chef d’entreprise n’a jamais fait de politique. « Bien sûr que la partie s’annonce difficile, mais je suis quelqu’un de profondément optimiste. Et franchement, je pense qu’on peut l’emporter », explique le candidat dans les colonnes du Parisien. Pour Clémence, 36 ans, habitante de Neuilly depuis sept ans, voter pour Laurent Zameczkowski s’impose comme un choix évident, après avoir voté pour Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle. « J’ai voté pour Macron lors de deux tours de la dernière élection, le 11 juin je vais voter pour la majorité présidentielle », explique la jeune femme.
« Puteaux insoumise »
Tout comme Laurent Zameczkowski, le candidat de la France Insoumise Samuel Florin est optimiste. Contrairement à une droite fragmentée, le parti de Jean-Luc Mélenchon est derrière son candidat. À 29 ans, Samuel Florin est un débutant en politique. Il prépare sereinement sa première campagne électorale. Pourtant, rien ne le prédestinait à être candidat de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine. Après le désistement du candidat élu par les militants la semaine précédant le dépôt des candidatures, le 19 mai dernier, Samuel Florin est désigné comme le nouveau candidat par l’Assemblée de circonscription.
La 6e circonscription des Hauts-de-Seine, fief de la droite depuis 1987, pourrait-elle pencher à la gauche de la gauche, lors de ces prochaines élections législatives ? Pour le candidat de la France Insoumise, « la circonscription n’est, certes, pas la plus favorable pour le parti. Mais ce n’est pas forcément l’objectif ». La France Insoumise veut « proposer une alternative crédible et cohérente au gouvernement de Monsieur Macron ». Le parti politique ne perd pas espoir quant à son devenir. Il aimerait avant tout gagner du terrain et de la visibilité, en vue des législatives et des municipales. « Nous sommes tous très optimistes et on se donne à fond pendant cette campagne. Les insoumis sont un groupe de militants qui ne compte pas être arrêté ni disparaître à la fin de la campagne pour les législatives. Nous sommes très investis dans nos quartiers respectifs. Les valeurs que l’on défend aujourd’hui agissent avant tout comme une clé pour faire évoluer les mentalités », résume Samuel Florin.
Le candidat de la France Insoumise en est persuadé, le programme de son parti pourrait convenir aux habitants de la circonscription :
Entre richesse et diversité
La 6e circonscription des Hauts-de-Seine est à la fois riche et diversifiée. En termes de revenus, et en partie grâce à la Défense, la communauté jouit d’un niveau de vie aisé et d’un budget pharaonique par rapport au reste de la France. Toutefois, la circonscription est diversifiée et loin d’être constituée des habitants les plus riches de France. À Puteaux et Courbevoie, de nombreux logements sociaux, HLM et quartiers populaires permettent à plusieurs mondes de cohabiter et de se croiser tous les jours. Entre les électeurs fidèles à la droite, les électeurs de gauche légèrement plus nombreux à Puteaux, et ceux qui hésitent encore, il y a aussi ceux qui sont bien décidés à illustrer, à travers leur vote, leur mécontentement. Jacques réside à Puteaux depuis plus de cinquante ans. Au second tour de l’élection présidentielle, ce retraité de 75 ans a voté blanc. Pour la deuxième fois, il votera blanc lors des élections législatives de 2017. « C’est une bande de pirates ! Je veux un candidat honnête et dévoué à la cause de la France. Pour l’instant, les candidats de la circonscription ne m’inspirent pas confiance », explique le retraité.
La droite ne cesse d’élargir ses rangs, mais pour Samuel Florin, la pléthore des candidatures qu’elle propose s’explique facilement. « La circonscription est réputée facilement gagnable pour la droite. Pour la France Insoumise, c’est forcément positif, puisque si la droite se présente en rangs divisés, ça nous laisse peut-être un chemin qui s’ouvre. En plus, ça fait vivre le débat démocratique ». Les 11 et 18 juin prochains,Neuilly-sur-Seine, Puteaux et Courbevoie-Sud élisent le député de leur circonscription. La nouveauté de ce scrutin 2017 : les députés ne pourront plus parallèlement exercer une fonction exécutive locale, comme maire, par exemple, au nom de la lutte contre le cumul des mandats, voté en 2014.
Marie Lecoq et Malgo Nieziolek
Liste des candidats aux élections législatives de la 6e circonscription des Hauts-de-Seine :
La quatrième circonscription des Haus-de-Seine comprend Suresne et Nanterre.
(Crédit : Google image)
Longtemps inscrite très à gauche, la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine pourrait perdre sa couleur historique rouge lors des prochaines législatives (11 et 18 juin). Le départ imprévu de Jacqueline Fraysse, députée sortante, provoque un morcellement des candidatures.
« Le problème à Nanterre c’est que la gauche est morcelée« . Depuis vingt ans, la députation est entre les mains de Jacqueline Fraysse, représentante du Front de Gauche pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine, regroupant Suresnes et Nanterre. Mais aujourd’hui, le bastion de gauche est éclaté. Pour Christelle François, qui soutient la France insoumise, le constat est amère. « Nanterre est très populaire et métissée mais la gauche est désunie. À cause de cela, nous risquons de perdre la place de député « , déplore la Nanterrienne depuis 1997.
Une relève difficile à assurer
« Grande dame » ou encore « maire courage » – comme on l’a surnommée en 2002 lors de la tragédie de Nanterre – Jacqueline Fraysse sera difficilement remplaçable. La députée depuis deux décennies a marqué sa circonscription par son engagement à l’Assemblée nationale : « Elle a combattu dès qu’elle l’a pu les décisions ultra-libérales« , poursuit Christelle François, plutôt satisfaite des mandats de l’élue. Mais aujourd’hui la gauche bat de l’aile. Difficile de trouver un nom aussi connu que celui de la députée sortante. D’autant que les partis se multiplient : Lutte Ouvrière, Parti communiste ou encore France insoumise. Les électeurs de gauche ont de quoi être désorientés.
Même constat au sein des partis. Zahra Boudjemaï a été choisie par les communistes de Nanterre lors d’une assemblée générale le 1er février, avec le maire de la ville comme suppléant (63/66 voix). Mais deux semaines plus tard, la France insoumise a désigné une autre candidate, Rossana Morain. « Il s’est passé quelque chose de mystérieux », dénonce Zahra Boudjemaï. « Au début, je pensais qu’ils s’étaient trompés. A mon avis, certaines personnes influentes sont intervenues sans passer par l’investiture« . « C’est dommage que ces partis de gauche n’aient pas réussi à trouver d’entente« , regrette Christelle François.
Centre-ville historique de Nanterre. La ville compte 92 227 habitants.
(Crédit : Google Image)
Cet éclatement de la gauche profite à ceux qui espéraient voir la droite représenter leur circonscription depuis de longues années. C’est le cas d’Yvette P., 76 ans, habitante de Nanterre depuis plus de trente ans. « J’aimerais que la ville change de couleur politique. Ce serait bien que les Républicains passent cette année, Camille Bedin me plaît pas mal« , déclare-t-elle en promenant son chien. La candidate LR-UDI de 31 ans est élue municipale. Engagée depuis ses 19 ans à l’UMP puis aux Républicains, elle se présente pour la première fois aux élections législatives. Candidate de l’opposition, elle compte bien faire basculer la circonscription vers la droite.
L’Hôtel de ville a été construit en 1973.
(Crédit : Google image)
Ce basculement serait bien vu par Yvette P. même si la retraitée regrette le manque d’intérêt des politiques pour les retraités : « Quand on demande des actions pour les personnes âgées, on obtient rarement satisfaction« . Si certains, comme la septuagénaire, ont encore espoir que la politique change avec de nouveaux candidats, d’autres sont totalement désabusés et font le choix de ne pas participer à ces élections. « La politique ne m’intéresse pas car c’est basé sur le mensonge« , lance Lucie C., 58 ans, qui n’a pas voté depuis l’âge de 18 ans. « Je ne doute pas de la bonne foi des hommes mais les mandats sont mal faits. Ils n’ont pas le temps d’appliquer de réels changements dans la société« , poursuit-elle en regardant son petit-fils courir dans l’aire de jeux du parc des Anciennes Mairies.
Mais alors que la circonscription était présentée à l’automne dernier comme prenable par la droite républicaine, Camille Bedin aura aussi face à elle Isabelle Florennes, maire-adjointe centriste de Suresnes, investie par La République en marche et qui veut croire à une victoire. Emmanuel Macron est arrivé en tête à Suresnes au premier tour de la présidentielle (34%), cinq points devant François Fillon, et second à Nanterre (28%) derrière Jean-Luc Mélenchon (33%).
Face aux divisions, de nouveaux mouvements émergent
Autre difficulté pour les partis installés, l’arrivée de nouveaux mouvements transpartisans comme « Allons Enfants« . Il met à l’honneur les jeunes avec ses candidats âgés de 18 à 25 ans. « C’est une opportunité pour les jeunes de s’impliquer dans la vie politique et de ne pas être que des faire-valoir comme par exemple les Jeunes avec Marine ou avec Juppé », explique Joey Robin, 20 ans, candidat d’Allons Enfants pour la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine. Leur programme mise sur quatre points principaux : l’écologie, l’éducation, le numérique et l’Europe. « On met l’accent sur les énergies renouvelables, la revalorisation de l’enseignement professionnel et le développement de l’identité européenne. Et pour nous le numérique c’est l’avenir, notre génération baigne dedans depuis toujours », poursuit le jeune homme. Il estime que les jeunes apportent à la politique un regard neuf : « On nous accuse de faire du jeunisme mais c’est faux. Notre politique est faite par les jeunes mais elle s’adresse à tout le monde. » A l’image du programme très axé sur les nouvelles technologies, le mouvement est présent sur les réseaux sociaux pour attirer les plus jeunes.