Loi « fake news » : un conseil de presse en chantier

La loi « fake news » a été adoptée en seconde lecture par les députés de l’Assemblée nationale, dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 octobre. La création d’un conseil de presse est prévue dans le texte législatif, emboitant le pas à d’autres pays européens. 

French Culture Minister Francoise Nyssen leaves the Elysee Palace in Paris, on July 28, 2017 after the weekly cabinet meeting. / AFP / Bertrand GUAY
Francoise Nyssen à la sortie d’un conseil des ministres, en juillet 2017 / AFP / Bertrand GUAY

Si la loi fake news ne fait pas consensus parmi la classe politique -certains la jugent inutile, voire liberticide- le projet de création d’un conseil de presse, mis en avant par la ministre de la Culture Françoise Nyssen, met quasiment tout le monde d’accord. Jean-Luc Mélenchon, député La France Insoumise, s’est d’ailleurs félicité mardi 9 octobre que le gouvernement reprenne sa proposition de mise en place d’un organe qui veillerait sur le bon fonctionnement des médias français.

 

 

 

 

 

Un organe d’autorégulation

Un tel projet est également vu d’un bon œil par le Syndicat National des Journalistes (SNJ). La secrétaire générale Dominique Pradalié plaide depuis longtemps pour qu’un conseil de presse voit le jour et qu’il ait pour « mission de se saisir ou d’être saisi d’un dysfonctionnement dans un média, d’effectuer une enquête complète et d’émettre un avis ».

Pour Florent Desarnauts, avocat spécialiste du droit des médias, « si le projet français ne prévoit pas que le conseil puisse demander au média visé de diffuser un rectificatif, l’utilité d’un tel organisme est limitée. » Ce type d’instance existe déjà en Belgique, où le Conseil de Déontologie Journalistique (CDJ), créé en 2009, « peut être saisi par les citoyens, rend des avis et a le pouvoir de demander au média concerné de diffuser un rectificatif, que l’organisme a lui-même rédigé », explique maître Desarnauts.

Un conseil alliant journalistes, éditeurs et société civile

D’un point de vue légal, le statut conféré à un tel organisme pourrait s’apparenter à celui de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, soit celui d’une association de la loi de 1901, éclaire Florent Desarnauts. Pour le moment, le statut juridique d’un tel conseil de presse n’a pas été précisé, pas plus que sa composition. Françoise Nyssen a simplement évoqué une instance associant journalistes, éditeurs et société civile. Pour Dominique Pradalié, qui juge par ailleurs liberticide l’ensemble de la loi « fake news », une composition paritaire est indispensable pour un gage d’indépendance et de transparence.

Pour autant, il faudrait, selon la secrétaire générale du SNJ, que les employeurs de presse soient intégrés au sein du conseil. Car ces derniers ont déjà manifesté leur désaccord face à un tel projet. En 2014, une première consultation organisée par le ministère de la Culture avait recueilli les ressentis de la profession et s’était heurté à la frilosité des patrons de presse. « Les employeurs qui bloquent, c’est exactement le point nodal de difficulté, parce qu’un conseil de presse démontrerait les manipulations, estime Dominique Pradalié. Ce sont les mêmes qui bloquaient en Belgique l’établissement d’un conseil de presse, sauf que les autorités gouvernementales ont pris leur responsabilité et leur ont dit « les aides à la presse iront à tous ceux qui entreront dans le conseil ». Résultat, les employeurs ont trouvé ce conseil génial et y sont tous rentrés. »

 

 

 

 

 

Le dossier a été confié à l’ancien PDG de l’AFP, Emmanuel Hoog. Pour le SNJ, le problème n’est pas tant l’homme que le manque de transparence autour de ses attributions. C’est ce qu’explique Dominique Pradalié : «  Nous nous posons des questions sur le cadrage de la mission qui lui est confiée. Nous n’avons pas d’informations à ce sujet et c’est quand même important. »

Conformément à la navette parlementaire, le texte doit repasser une nouvelle fois devant les sénateurs, avant d’être soumis à un vote final.

 

Caroline Quevrain

 

 

Réforme de l’audiovisuel public : Isabelle Giordano rejoint les rangs du ministère de la Culture

Crédits : capture d'écran/YouTube
Crédits : capture d’écran/YouTube

Constituant son équipe pour mener à bien la réforme de l’audiovisuel public, la ministre de la culture Françoise Nyssen a décidé de faire appel à l’ancienne journaliste Isabelle Giordano. Présentatrice du “Journal du cinéma“ jusqu’en 2002 sur Canal+, elle a par la suite travaillé pour France 3, France 2 et France Inter. Plus récemment, elle occupait le poste de directrice générale d’UniFrance, la structure chargée de la promotion du cinéma français à l’étranger. Un atout de taille puisque, selon Le Parisien, c’est sur cette question spécifique qu’elle interviendra au sein de l’équipe.

Nicolas Quenard

INFOGRAPHIE – « Dialogue avec l’Église » : le discours de Macron fait débat

Ce lundi, le président de la République était invité par l’Église catholique de France dans une réception inédite par son ampleur. Face à 400 personnalités du monde clérical, Emmanuel Macron a tenu un discours cherchant à renouer le “dialogue” avec la première religion de France… Une vision qui a suscité de vives polémiques, notamment chez les partisans de la France Insoumise, qui dénoncent une enfreinte à la loi de 1905 sur la neutralité de l’État. Deux visions s’affrontent.

Les propos d'Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.
Les propos d’Emmanuel Macron devant des personnalités cléricales ont suscité la polémique.

Fanny Guyomard

Mouvement social des cheminots : Marine Le Pen appelle à une « gratuité des transports » plutôt qu’à la grève

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La présidente du Front national a appelé les cheminots a une « grève de la gratuité » à la place du mouvement social de deux jours sur cinq actuellement en cours.

Marine Le Pen a suggéré ce mardi 10 avril sur RTL que les cheminots rendent « gratuits » les transports au lieu de faire grève. Le Front national avait auparavant critiqué le choix des syndicats de la SNCF de mettre en place une grève « perlée », de deux jours sur cinq pendant trois mois. « Je leur demande de réfléchir à une autre forme d’action qui permettrait (…) d’exprimer leur mécontentement, que je partage, et en même temps de ne pas avoir de conséquences trop lourdes pour nos compatriotes les plus modestes », a déclaré la présidente du Front national. « Je comprends tout à fait la position des cheminots, et je défends la vision qu’ils portent de la SNCF, service public au sens plein et entier. Mais il est évident qu’il y a aujourd’hui des gens qui ont des pertes de salaires liées à cette grève ».

 

La dirigeante frontiste n’est pas la première à émettre l’idée d’une « grève de la gratuité ». Mais, interrogé sur LCI le 4 avril, David Wehrli, secrétaire fédéral de SUD-Rail – syndicat qui prend part au mouvement social – avait expliqué qu’elle était impossible : « Nous sommes pour la grève de la gratuité, mais légalement, nous n’avons pas le droit. Cela nous a été rappelé par l’entreprise à plusieurs reprises. Les contrôleurs ont notamment l’obligation de faire leur ronde. Sinon, nous ferions une grève de la gratuité dans les minutes qui viennent. »

Axelle Bouschon (avec AFP)