Mouvement social des cheminots : Marine Le Pen appelle à une « gratuité des transports » plutôt qu’à la grève

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La présidente du Front national a appelé les cheminots a une « grève de la gratuité » à la place du mouvement social de deux jours sur cinq actuellement en cours.

Marine Le Pen a suggéré ce mardi 10 avril sur RTL que les cheminots rendent « gratuits » les transports au lieu de faire grève. Le Front national avait auparavant critiqué le choix des syndicats de la SNCF de mettre en place une grève « perlée », de deux jours sur cinq pendant trois mois. « Je leur demande de réfléchir à une autre forme d’action qui permettrait (…) d’exprimer leur mécontentement, que je partage, et en même temps de ne pas avoir de conséquences trop lourdes pour nos compatriotes les plus modestes », a déclaré la présidente du Front national. « Je comprends tout à fait la position des cheminots, et je défends la vision qu’ils portent de la SNCF, service public au sens plein et entier. Mais il est évident qu’il y a aujourd’hui des gens qui ont des pertes de salaires liées à cette grève ».

 

La dirigeante frontiste n’est pas la première à émettre l’idée d’une « grève de la gratuité ». Mais, interrogé sur LCI le 4 avril, David Wehrli, secrétaire fédéral de SUD-Rail – syndicat qui prend part au mouvement social – avait expliqué qu’elle était impossible : « Nous sommes pour la grève de la gratuité, mais légalement, nous n’avons pas le droit. Cela nous a été rappelé par l’entreprise à plusieurs reprises. Les contrôleurs ont notamment l’obligation de faire leur ronde. Sinon, nous ferions une grève de la gratuité dans les minutes qui viennent. »

Axelle Bouschon (avec AFP)

Tentative de blocus avortée à l’université de Nanterre

Lundi matin, une cinquantaine de CRS ont fait évacuer trois bâtiments abritant le département des sciences sociales et de psychologie, bloqués et occupés par une trentaine d’étudiants depuis 7 heures. Par mesure de sécurité, les autres bâtiments ont fermé leurs portes. Leur revendication officielle? Protester contre la loi Vidal, qui instaure une sélection à l’entrée de l’université. La faculté Paris X-Nanterre est actuellement partiellement fermée, sur ordre de la direction. Sept étudiants ont été arrêté sur place, dont un militant de l’UNEF, qui est actuellement encore en garde à vue.

« On Nanterre la sélection », comme celui-ci à l’université Paris X-Nanterre, les murs ont été entièrement recouverts de tags revendicatifs. Sur une cloison en bois, érigée spécialement pour l’anniversaire de Mai 68, des lettres noires dégoulinantes indiquent « Macron, on va te pendre », au dessus d’une photographique signée Jean Pottier et sous-titrée, « Mai 68, ici et encore ». Mais, cinquante ans après, que reste-il de l’esprit de mai 68 à Nanterre?

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Arrivé sur le toit du bâtiment E, le petit groupe d’étudiant a déroulé plusieurs banderoles « On Nanterre la sélection », pour protester contre la loi Vidal.

« Pas grand chose », selon Myriam, étudiante en deuxième année de Licence de lettres modernes. Cette jeune femme aux longs cheveux noirs, est venue ce matin pour réviser ses partiels, qui auront lieu la semaine prochaine. « Je comprends leurs revendications, mais ils nous empêchent de travailler. Nous, on a rien demandé ! », s’indigne la jeune femme, prostrée devant le bâtiment L, qui abrite le département d’art du spectacle.

Plus tôt dans la matinée, les étudiants ont organisé une assemblée générale, pour voter le blocage de l’université Paris X-Nanterre, qui s’est soldé par un échec. Adrien, étudiant en Master 2 de droit dénonce un « bordel », qui serait orchestré par une « minorité bruyante ». « C’est toujours la même chose ici. Quand vous votez contre le blocus, on vous traite de facho et on ne prend pas en compte votre avis, ce n’est absolument pas démocratique », dénonce le jeune homme, qui préfère rentrer chez lui pour travailler ses partiels, qui auront lieu dans une semaine. Pourtant, à Nanterre, le syndicat étudiant UNEF « est toujours mobilisé », assure un de ses militants étudiant en histoire, qui souhaite garder l’anonymat. « Le but du blocus organisé aujourd’hui, c’est principalement pour faire enterrer la loi Vidal. On dit non à la sélection de la fac! Mais c’est aussi plus largement le ras-le-bol d’une jeunesse qui se sent totalement délaissé par le gouvernement, qui tente de nous bâillonner! », s’insurge ce militant de l’UNEF. « On a tenté de se réunir pour une Assemblée générale à plusieurs reprises, et à chaque fois, la direction, nous en a empêché! », conclut le jeune homme.

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Officiellement mobilisés contre la loi Vidal qui instaure une sélection à l’entrée de l’université, une partie des étudiants déclare vouloir « défendre le service public, les infirmières, les cheminots, les zads… ». Dimanche, le président de la faculté de Nanterre, Jean-François Balaudé, avait empêché la Coordination étudiante de se réunir et d’organiser un blocus des lieux.

Au bâtiment E, qui arbitre les plus grands amphithéâtres de l’université, une poignée d’étudiants ont bloqué les lourdes portes de l’entrée avec des chaises, rendant son accès impossible. Retranchés sur les toits du bâtiment, ils ont déployé plusieurs banderoles « On Nanterre la sélection », tout en scandant « Balaudé, démission ». Face à eux, une centaine d’étudiants, intrigués, sont venus écouter les revendications de leur camarades. Parmi eux, Blandine, étudiante en troisième année de Licence de psychologie. « Je suis d’accord avec leur combat. Commencer à sélectionner les élèves dès l’entrée de la faculté, ce n’est pas égalitaire! », explique l’étudiante, avant d’aller à la rencontre d’un CRS. Sur place, l’ambiance est bon enfant. Certains étudiants se laissent même aller à quelques blagues avec les policiers, comme Adrien. « Je les plains. Ils sont venus jusqu’ici pour pas grand chose. C’est une réaction disproportionnée », confie l’étudiant en droit. Vers 13 heures, la faim des étudiants commence à se faire sentir. « On crève la dalle », lâche l’un d’entre eux. La pluie froide, de plus en plus forte, démotive certaines étudiants. La foule commence à se dissiper. Déployés autour et à l’intérieur des bâtiments, les CRS sont parvenu a évacué l’ensemble des étudiants vers 15 heures. Sept étudiants retranchés à l’intérieur des bâtiments ont été arrêtés. Un militant de l’UNEF a été placé en garde à vue.

 

 

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Suite au blocus de trois amphithéâtres, la direction de l’université a ordonné la fermeture de tous les bâtiments du campus. Depuis les fenêtres, les étudiants ont pu assister aux revendications de leurs camarades.

 

L’université Paris X-Nanterre a réagi dans un communiqué publié cet après-midi, précisant, qu' »aucun dialogue n’a été possible avec ces personnes qui ont d’ores et déjà vandalisé des salles du bâtiment. Ne pouvant plus avoir de contrôle sur cette partie de nos locaux, et en considération du contexte national, nous avons décidé de procéder à l’évacuation. » « Il s’agit de mettre fin à l’occupation illégale d’un lieu », a confié Baptiste Bondu, le directeur de cabinet de l’université, au Parisien 92. Monsieur Bondu assure qu’« il ne s’agit pas pour autant d’empêcher les étudiants de se mobiliser ». La direction a également a ordonné la suspension des activités de la faculté pour la journée de lundi.

 

 La Coordination nationale étudiante (CNE) a appelé à une nouvelle mobilisation sur les campus mardi.

Camille Bichler

Visite de M. ben Salmane : Amnesty demande à E. Macron de mettre le Yémen au coeur des discussions

Ce lundi 9 avril, pendant que le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane déjeune avec Edouard Philippe puis rencontre la ministre des Armées Florence Parly, les associations humanitaires haussent le ton. Sur le parvis du Trocadéro, symbole des droits de l’Homme, Amnesty International a souhaité rappeler la politique répressive de la monarchie saoudienne, et condamner le commerce des armes entre la France et le pays invité. Interview d’Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie saoudite à Amnesty International France.

Quel message adressez-vous aujourd’hui au gouvernement ?

Aurélie Perrier : On veut l’interpeller sur la situation au Yémen, où 22 millions de Yéménites, soit 80% de la population, dépendent du droit humanitaire. Mais ce droit est violé par la coalition menée par l’Arabie Saoudite. On demande à Emmanuel Macron de mettre le Yémen au coeur de ses discussions avec Mohammed ben Salmane pour que l’Arabie saoudite lève son blocus qui empêche l’acheminement des aides humanitaires. Des centres de soin ont aussi été détruits, ce qui fait qu’en 2017, le Yémen a été le siège de la plus grave épidémie de choléra du 21e siècle, avec 1 million de cas déclarés.

Vous pointez également du doigt les contrats de vente d’armes avec la France

Aurélie Perrier : Avant le conflit au Yémen, la France vendait pour 14 millions d’euros d’armes à l’Arabie saoudite. En 2016, c’était passé à 1 milliard d’euros [700 millions d’euros, selon le média challenges]. Aujourd’hui, on ne sait pas ce que la France et l’Arabie vont signer, tout est assez secret, on ne sait pas ce qui est dit.

Amnesty manifeste aussi contre les répressions par le gouvernement saoudien des opposants politiques. Si les opposants sont muselés, si le sujet est secret, comment les organismes humanitaires peuvent-ils communiquer sur le sort des prisonniers ?

Aurélie Perrier : On a beaucoup de chercheurs affiliés à Amnesty qui se rendent sur le terrain. On a aussi beaucoup de contacts avec l’ACPRA, le Saudi Civil and Political Rights Association. Mais presque tous ses membres aujourd’hui sont en prison, certains menacés de mort.

Rien n’a changé du point de vue des droits humains depuis que MBS est devenu vice-premier ministre, en juin. Il y a eu des rafles en septembre, contre des journalistes ou des universitaires. En novembre, 300 hommes politiques ou hommes d’affaires ont été arrêtés, au nom de la lutte contre la corruption. En plus, il y a un manque de transparence, parce qu’on n’a réussi qu’à identifier seulement une soixantaine d’entre eux. Et la loi antiterroriste de 2014 est un prétexte supplémentaire pour arrêter toutes sortes d’opposants politiques.

La libéralisation des droits des femmes, comme l’ouverture en juin du permis de conduire aux femmes, c’est du flafla ?

Aurélie Perrier : On ne peut que la saluer mais il y a encore des discriminations systématiques avec le système du tutorat : pour se marier, s’inscrire dans un établissement d’enseignement supérieur, chercher un emploi ou encore se rendre à l’étranger, la femme a besoin de l’autorisation de son père, de son frère, de son mari par exemple.

Pour le permis de conduire, reste à savoir comment ça va être appliqué : les femmes devront-elles avoir l’autorisation de leur tuteur ? On a du mal à savoir si dans la réalité, la femme subira des pressions. Il y a la loi qui autorise le permis de conduire, mais ça ne suffit pas. Cette libéralisation n’est peut-être que cosmétique, un coup de communication pour plaire à l’Occident.

Mais il faut se rappeler que ces lois libérales envers les femmes, lancées par MBS, profitent à l’économie. Leur faire accéder au permis de conduire ou aux stades sportifs génèrent de l’argent, à un moment ou le prince héritier lance son plan “Vision 2030” : il veut passer d’une économie de la dépendance au pétrole à une économie plus durable basée sur le tourisme, dont les femmes font partie.

Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie Saoudite à Amnesty International France
Aurélie Perrier, coordinatrice Yémen-Arabie Saoudite à Amnesty International France

 

Fanny Guyomard

Les chantiers de la justice en cinq grands axes

Lundi le Premier ministre, Edouard Philippe et la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, ont rencontré le personnel du palais de justice de Reims. Ils en ont profité pour dévoiler les grands axes de la réforme de la justice, cinq mois après son lancement. La loi de programmation devrait être présentée en conseil des ministres le 11 avril, selon lemonde.fr. Voici ce qu’il faut retenir.

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  • Simplification de la procédure pénale

Alourdie par des procédures parfois trop complexes, la procédure pénale, sera donc simplifiée pour faciliter l’accès à la justice. Dans un premier temps avec la mise en place d’un dossier numérique uniquepermettant le dépôt de plaintes en ligne, il sera ouvert à tous les acteurs (policiers, avocats, magistrats, justiciables), de la plainte jusqu’au jugement. La constitution de la partie civile sera également facilitée. Le but étant de supprimer les formalités inutiles et redondantes pour rendre les enquêtes plus efficaces et de « permettre une réponse pénale efficace et rapide tout en respectant les droits et garanties fondamentales », explique le ministère de la Justice.

  • Simplification de la procédure civile

Il s’agira avant tout de simplifier la saisie des juridictions, en mettant en place un acte unique, en lieu et place des cinq modes actuels. Le tout pour assurer une meilleure lisibilité de l’avancement des procédures, et améliorer les délais de traitement.

  • Transformation numérique

Ce plan de transformation numérique devra atteindre les trois objectifs. Qui sont, selon le ministère de la Justice : « L’adaptation et la mise à niveau du socle technique, le développement applicatif au service des métiers, le soutien aux utilisateurs et la conduite du changement. Pour y parvenir, des efforts importants ont été engagés : plus de 530 millions d’euros sur cinq ans. »

  • Efficacité des peines

Partant du constat de l’inefficacité du système d’exécution des peines, le ministère de la Justice entreprend de redonner du sens à la peine et de renforcer son efficacité, notamment en évitant les courtes peines ou en en développant les peines autonomes et alternatives. Cette nouvelle politique des peines coïncidera avec la mise en œuvre d’un programme pour lutter contre la surpopulation carcérale, qui peut atteindre les 140 % dans les maisons d’arrêt.

  • Adaptation de l’organisation judiciaire

Conséquence directe des autres chantiers, l’adaptation de l’organisation judiciaire est nécessaire. Du point de vue de la justice de première instance, les tribunaux de grande instance et les tribunaux d’instance seront fusionnés, afin d’améliorer la qualité et l’efficacité de la justice. En appel, aucune réorganisation territoriale n’est à noter.

« Cette réforme se veut extrêmement ambitieuse (tribunal criminel départemental,  parquet national anti-terrorisme, etc…) mais aussi pragmatique. Les propositions émanent directement des acteurs du terrain»,  souligne la garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

 

Nina Gambin