CARTE – L’Europe à l’heure des grandes enceintes sportives

À trois mois de la Coupe du Monde qui se déroulera en Russie du 14 juin au 15 juillet 2018, la plupart des stades en construction sont enfin terminés, à l’exception de la Mordovia Arena (Mordovie) qui devrait être inaugurée dans quelques jours. L’occasion de dresser un bilan des différents stades de football construits en Europe au cours des deux dernières années.

Le Wanda Metropolitano (Madrid)
Le Wanda Metropolitano (Madrid) Crédits : CC

Si le stade de l’Atletico Madrid (Wanda Metropolitano) est sans aucun doute le plus beau bijou architectural construit depuis 2016, la plupart des nouvelles enceintes sportives européennes ne sont pas en reste, en témoigne l’innovation proposée à la U Arena de Nanterre, plus grande enceinte fermée d’Europe. Depuis deux ans, la plupart des nouveaux stades ont été construits en France et en Russie, Euro 2016 et Coupe du Monde 2018 obligent. Toutefois, plusieurs clubs de Série A italienne (Milan, Fiorentina, Roma) ont présenté des projets intéressants sur la base du Juventus Stadium, inauguré en 2013. En Angleterre, les Spurs de Tottenham découvriront leur nouvelle enceinte londonienne l’été prochain, alors que de nombreux projets de rénovation ont également été annoncés un peu partout en Europe en prévision de l’Euro 2020 de football.

Emilien Diaz avec Sébastien Rouet

En Hongrie, les fonds européens passent par la case Orban

Plusieurs proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de détourner les fonds européens à leur profit. Enquête sur un sytème de corruption généralisé sur lequel élus et oligarques ont bâti leur fortune.

Surfacturation, fraudes aux marchés publics, arrangements douteux... L'entourage du Premier ministre nationaliste a mis a profit les fonds européens pour s'enrichir.
Surfacturations, fraudes aux marchés publics, arrangements occultes… L’entourage du Premier ministre nationaliste met à profit les fonds européens pour s’enrichir.

C’est un paradoxe que même les plus éminents experts en relations internationales ne parviennent toujours pas à éclaircir. Alors que depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban s’affiche en chantre du discours anti-européen en Europe centrale, nombre de proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de s’enrichir sur le dos de l’Union européenne.

L’un de ces scandales, s’il n’a pas empêché le Fidesz, parti de l’homme fort de Budapest, de remporter une large victoire aux élections législatives du 8 avril, s’est pourtant bel et bien transformé en affaire d’État. Et pour cause : elle implique le gendre de Viktor Orban, Istvan Tiborcz. Entre 2011 et 2015, Elios, la société d’éclairage qu’il dirigeait, a remporté des appels d’offres publics rédigés par les maires de pas moins de 35 communes dirigées par le Fidesz. Des contrats rétribués à chaque fois avec des fonds européens, grâce auxquels Istvan Tiborcz a pu empocher près de 10 millions d’euros en revendant ses parts dans Elios en 2015. Sur Facebook, une vidéo raillant cet enrichissement a été vue près de 900 000 fois.

« Une classe politique clanique qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse »

Ce scandale est loin d’être le seul. Les lampadaires du gendre d’Orban ont mis en lumière un système de corruption généralisé, sur lequel l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) et l’association Transparency International enquêtent depuis plusieurs années. “Il s’agit d’une classe politique clanique, qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse, sans réelle mise en concurrence”, constate Bruno Nicoulaud, représentant français de l’Olaf. Et l’entourage politique du Premier ministre ultraconservateur est le premier à bénéficier de ces pratiques sulfureuses. Plusieurs élus du Fidesz ont par exemple mis à profit un dispositif permettant aux entreprises finançant des clubs de sport d’alléger leur fiscalité. En renflouant les caisses des clubs de football présidés par des membres du parti au pouvoir, ces sociétés se sont ainsi vu confier en retour la construction de stades ou d’équipements municipaux.

Mais Viktor Orban sait aussi se montrer généreux envers ses amis de jeunesse, à l’instar de Lorinc Meszaros. Le maire de Felcsut, chauffagiste de formation, est aujourd’hui à la tête de la 5e fortune du pays. Symbole du clientélisme sur lequel repose cette ascension : le petit train qui chaque jour traverse – quasiment vide – le village de l’oligarque, avant d’atteindre son terminus… à quelques kilomètres de la résidence secondaire de Viktor Orban. Un gadget de quelque 2,5 millions d’euros, financé à 80% par Bruxelles.

Bruxelles impuissante

La Hongrie a beau être le premier bénéficiaire des fonds européens par habitant – 5,5 milliards d’euros lui sont alloués pour la période 2014-2020 – Bruxelles s’en tient pour l’heure aux mises en garde. Et ce, faute de pouvoir envisager des sanctions : “La Commission européenne ne peut rien contre la Hongrie puisque l’activation de l’article 7  [pouvant priver un État membre de ses droits de vote dans certaines instances de l’UE, ndlr] ne peut être déclenchée qu’à l’unanimité. Or la Pologne soutient coûte que coûte la Hongrie”, rappelle Joël Le Pavous, correspondant en Hongrie pour Courrier International, Slate, et RTL. Du reste, de telles mesures ne permettraient pas de traiter le mal à la racine. “Bruxelles peut obliger la Hongrie à rembourser ces fonds mais cela n’aurait aucun impact sur les protagonistes de ces fraudes. Au final, ce serait l’État hongrois, et donc le contribuable, qui paierait la facture”, prévient Bruno Nicoulaud. Au risque de donner écho au discours europhobe de Viktor Orban, que ces sanctions visaient pourtant à affaiblir…  

Alexandre Berteau

CARTE – Où en est l’extrême droite en Europe ?

Populistes, nationalistes, anti-immigration et surtout europhobes, les partis d’extrême droite ont le vent en poupe depuis plusieurs années en Europe, et les récentes élections en Italie et en Hongrie le confirment. Viktor Orban a rempilé dimanche pour un troisième mandat consécutif, renforçant sa position au Parlement. Icône des partis populistes europhobes, il a su tout de même rester proches des partis traditionnels, et siège aux côtés d’Angela Merkel au Parlement européen. Alors que les élections européennes se rapprochent, où en est l’extrême droite en Europe ? Qui sont les principaux partis, les noms et les forces politiques en présence ?

 

Colin Gruel