Universités : la poursuite du blocus majoritairement approuvée à Sorbonne-Paris IV (Clignancourt)

Depuis une semaine, à Clignancourt, le campus de Paris IV-La Sorbonne est bloqué. Une assemblée générale s’est rassemblée ce mardi matin pour voter la reconduction du blocus. Non sans la déception du camp adverse, réuni sous le mouvement #JeVeuxEtudier.

Durant l’assemblée générale pour voter la reconduction du blocus de la fac, un intervenant pro-blocus prend la parole (photo : G. de Préval).
Contre les bloqueurs, le mouvement #JeVeuxEtudier s’est lancé sur Facebook

À l’entrée de la la faculté Sorbonne Paris-IV, une grande banderole blanche avec inscrit en lettres rouges « P4 en marche sur Macron » est placardée sur les vitres du hall d’entrée. Depuis une semaine, ce campus universitaire est bloqué. « Ils sont seulement une trentaine à tout bloquer« , déplore Anaïs, l’une des porte-parole du mouvement #JeVeuxEtudier. Initié sur Facebook, ce groupe a pour objectif de rassembler et d’organiser les voix des étudiants hostiles au blocus. « Mais c’est difficile d’unir tout le monde« , rajoute cette étudiante. Car, dans ce mouvement, certains sont contre le projet de loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants) portée par la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal. D’autres la soutiennent.

Une contre-manifestation pour dire non au blocus annulée

Au départ, une manifestation des anti-bloqueurs devait avoir lieu après l’assemblée générale. « Mais le doyen de l’université (Monsieur Tallon) a jugé qu’elle serait plus source de violences qu’autre chose. Il a demandé à ce que le mouvement #JeVeuxEtudier se concentre sur la présence à l’assemblée générale« , explique Jim, un autre étudiant actif parmi les anti-blocus. Il n’a pas pu se rendre au vote.

Plus de 700 étudiants rassemblés

Vers 10h30, l’assemblée commence. Antoine, deuxième tête pensante du mouvement anti-blocus, lance un timide « on compte sur vous ! » devant les quelque 700 étudiants rassemblés. L’auditorium – la plus grande salle de la fac – est bondé. Beaucoup sont assis par terre, dans les allées ou face au bureau de la tribune. Les consignes sont rappelées par les quatre organisateurs, faisant tous partie du comité de mobilisation du blocus. Les intervenants ont 2 minutes 30 pour s’exprimer. Pour montrer leur accord, les étudiants agitent les mains en l’air. Quand ils ne le sont pas, ils croisent leurs mains au-dessus de leur tête. « Cela évite de couper les interventions et cela nous fait gagner du temps« , explique un membre de la tribune. Si quelques « vive la révolution » et huées sont lancés par l’assemblée, notamment durant l’intervention des anti-blocus, l’ambiance globale reste calme.

 

700 étudiants étaient rassemblés dans l'auditorium de la fac (Crédit Photo : G. de Préval)
700 étudiants étaient rassemblés dans l’auditorium de la fac (photo G. de Préval)
L’écrasante majorité des pro-blocus, la déception des anti-blocus

Durant près de quatre heures se sont succédé les interventions : la situation de l’évacuation de la ZAD à Nantes, le projet de loi sur les universités du gouvernement, la réforme post-bac Parcoursup… Car l’assemblée générale ne veut pas s’en tenir au blocus.

Vers 13h, place au vote. Plusieurs motions sont votées, notamment le soutien aux zadistes et aux cheminots. Enfin, arrive celle sur la reconduction ou non du blocus, jusqu’au lundi 30 avril. La tension monte d’un cran dans les gradins de l’amphithéâtre. Après un vote à main levée et le décompte des voix, le résultat est annoncé : « 145 voix contre, 556 pour« . Tonnerre d’applaudissements et hurlements de joie des pro-blocus. Ils se rendront à la manifestation place de la Sorbonne pour rejoindre d’autres étudiants.

« Il y avait une grande disproportion des intervenants. Et quand il y en avait, ils se faisaient hués ou n’étaient pas entendus« , exprime avec déception Anaïs, après l’assemblée générale. « Le jeu de l’assemblée générale, c’est fini pour moi !« .

 

Guillemette de Préval

 

 

Revivez la manifestation à la Sorbonne

Le mouvement étudiant contre la sélection à l’université et la réforme du baccalauréat et du lycée se poursuit cet après-midi avec la tenue d’une nouvelle manifestation, au départ de la l’université la Sorbonne.

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Sur place Laetitia Lienhard, avec Camille Sarazin 

Semaine du goût : des étudiants apprennent à bien manger avec un petit budget

Tout au long de cette semaine du goût, des chefs sensibilisent les plus jeunes à manger sainement. Sur le campus de l’université Pierre et Marie Curie dans le 5ème arrondissement de Paris, Gérard Cagna et Mathilde Orio ont cuisiné ce mardi midi devant les étudiants.

 

Les étudiants ont goûté l'omelette ratatouille préparée en quinze minutes. Le coût pour la recette : 5 euros. Crédits : Lou Portelli
Les étudiants ont goûté l’omelette ratatouille préparée en quinze minutes. Le coût pour la recette : 5 euros.
Crédits : Lou Portelli

 

Chapeau de cow-boy sur la tête et foulard noué autour du cou, Gérard Cagna est à l’aise derrière les fourneaux. Mais ce mardi midi, c’est dans un tout autre univers que le chef s’affaire en cuisine. Pour la semaine du goût, il prépare une recette devant des étudiants, dans un espace restreint, avec des produits simples.  Le but : montrer qu’on peut bien manger dans une kitchenette avec un petit budget.« On cuisine quelque chose d’ordinaire, qu’on va sublimer » explique Gérard Cagna, spatule à la main. Et d’ajouter : « C’est rustique ici ! »

Il prépare avec Mathilde Orio de l’Atelier des Chefs une omelette ratatouille devant les étudiants de l’université Pierre et Marie Curie. En dessert, une verrine de fromage blanc agrémenté de confiture et de spéculoos. Le repas est complet : protéines, féculents, légumes et des produits laitiers. Le tout faisable sur une seule plaque de cuisson.

5 euros et 15 minutes de préparation

Sur le plan de travail, les étudiants reconnaissent les produits : pommes de terre, œufs, herbes, légumes en conserve, sel et poivre… « Tous les ingrédients et ustensiles utilisés s’achètent au supermarché » rassure Gérard Cagna. « Pour cette recette, il faut environ cinq euros et seulement quinze minutes de préparation » ajoute Mathilde Orio. Elle partage aussi ses astuces pour gagner du temps : « pour cuire vos pommes de terre, il suffit de les déposer dans un saladier, de mettre un film plastique et de chauffer le tout six minutes au micro-ondes. »

Des conseils que Rachel , étudiante en informatique, compte bien noter. « Quand je vivais en studio, je ne mangeais pas très bien. La nourriture était l’une de mes plus grosses dépenses, entre 100 et 200 euros par mois. C’est facile d’acheter des surgelés et de manger des plats préparés ! » raconte la jeune femme. Rachel regarde les chefs cuisiner entre deux bouchées d’omelette. « Quand j’étais stressée, je zappais les repas du soir. Apparemment, ce n’est pas très bien » avoue-t-elle. Elle a raison. « Une des règles d’or est de ne pas sauter les repas, surtout pendant les examens. Si vous mangez bien, ça va nourrir votre corps et votre cerveau » préconise le chef.

 

Charlotte Dekkers, étudiante en communication, écoute attentivement le déroulé de la recette. « Je vis dans un 13m2, je n’ai qu’une plaque et un frigo. J’ai pris huit kilos mes premières années d’étude, confie-t-elle. Quand on est étudiant, on pense plus à sortir et à manger rapidement qu’à faire du sport. Je mangeais des pâtes, des plats préparés et des chips. Aujourd’hui je fais plus attention, j’achète des légumes de saison. C’est sûr, avec un budget d’étudiant, on ne peut pas prendre tout ce qu’on veut. Mais on peut se nourrir correctement. »

Beaucoup d’autres sont venus par curiosité, surtout pour profiter de la cuisine des chefs. Si tous ne vivent pas en studio, ils ont pris conscience, le temps d’un repas, qu’étudier n’empêche pas forcément de bien manger.

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Lou Portelli