Que masque la déclaration d’Emmanuel Macron sur les réfugiés ?

En début de semaine, Emmanuel Macron s’est engagé à accueillir 10.000 réfugiés de plus d’ici 2019. Mais aussi, il souhaite rapprocher l’organisation de l’asile en France à celle de l’Allemagne. Une politique d’asile outre-rhin qui justement, change radicalement.

Emmanuel Macron, Ministre de l'économie, au forum économique de Davos. January 22, 2016. Michele Limina
Emmanuel Macron, Ministre de l’économie, au forum économique de Davos. January 22, 2016. Michele Limina

La décision est tombée, lundi 9 octobre: la Chancelière allemande, Angela Merkel, a finalement accepté de limiter à 200.000, par an, le nombre de demandeurs d’asile. Un engagement pris à la suite d’une réélection tendue, le 23 septembre, où son parti enregistre l’un de ses pires résultats (32,9%). Et surtout, c’est le résultat de la politique d’accueil des réfugiés menée jusqu’en 2015. Très généreuse par rapport au reste de l’Europe, elle conduit à l’accueil de plus d’un million de réfugiés en Allemagne. Une arrivée importante qui déclenche de fortes réactions de peur, ainsi que le rejet des réfugiés chez une partie de la population allemande.

Les modalités de ce rapprochement avec la politique d’asile de l’Allemagne demeurent floues

Une volonté de rapprochement des politiques d’asile qui interroge. D’une part, parce que les moyens engagés par l’Allemagne sont plus importants qu’en France. En 2016, le gouvernement allemand alloue 20 millions d’euros pour héberger et former les nouveaux arrivants (soit 4,2% de hausse des dépenses publiques). Sur la même année en France, le montant s’établit à 6 millions d’euros. D’autre part, parce que l’État fédéral a organisé l’accueil des réfugiés en accord avec les Länder. Une répartition qui fait que les États les moins peuplés, ou avec les populations les plus pauvres, reçoivent moins de demandeurs d’asile que les plus riches.

En 2016, le gouvernement allemand qualifie certains États comme « sûrs », à l’exemple du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie, afin de faciliter l’expulsion des ressortissants de leurs territoires. Une modalité d’accueil dont semble vouloir s’inspirer la France. Peut-être que ce rapprochement des politiques d’asile va en réalité se faire sur une requalification des pays dits « sûrs ». D’ailleurs, le projet de loi de Gérard Collomb, évoqué le 7 octobre, ouvre une brèche dans le droit d’asile français. Il prévoit notamment qu’un demandeur d’asile pourra être renvoyé légalement vers un « pays tiers sûr » sans que son dossier n’ait été étudié par la France. La France qui  justement n’a pas encore dressé de liste de « pays sûrs ».

Julien Percheron

Reconnaissance du drapeau européen: Dupont-Aignan réclame un référendum

Le leader de Debout la France a fustigé la volonté d’Emmanuel Macron de reconnaître le drapeau européen au sein de l’Assemblée nationale. Il demande un référendum sur cette question.

crédits : phl59
Crédits : phl59

Le président de Debout la France a réclamé un référendum après l’annonce, faite mardi par Emmanuel Macron, de reconnaître le drapeau européen. « Les Français avaient clairement dit ‘non’ à cette proposition qui se trouvait au coeur de la Constitution européenne », a estimé Nicolas Dupont-Aignan dans un communiqué. Selon lui, « seul le peuple peut défaire ce qu’il a tranché par référendum ». Plusieurs figures de la droite et de l’extrême-droite se sont également insurgées contre l’annonce présidentielle. Cette dernière a pour effet d’empêcher le retrait du drapeau européen de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat, ouvertement pro-européen, souhaite la mettre en place dès le prochain sommet de l’Union européenne.

Il s’agit en fait de signer la Déclaration 52 du Traité de Lisbonne, qui dispose notamment que « le drapeau représentant un cercle de douze étoiles d’or sur fond bleu (…) continuera d’être le symbole de l’appartenance commune des citoyens à l’UE et de leur lien avec celle-ci ».

La présidente du Front national, Marine Le Pen, a considéré mercredi sur Twitter qu’il s’agissait du « dernier clou sur le cercueil du ‘non’ de 2005 », en accusant le chef de l’Etat d’agir « en valet de l’UE ».

Le vice-président du parti d’extrême-droite, Louis Aliot, a pour sa part considéré que la reconnaissance du drapeau « (demandait) une modification de la Constitution ».

Chez Les Républicains, le député Julien Aubert a déploré dans un tweet que le président de la République fasse « un pas de plus vers le fédéralisme ».


La semaine dernière, les députés LFI avaient déposé un amendement prévoyant que « seuls peuvent être présents dans l’hémicycle le drapeau tricolore (…) et le drapeau de l’Organisation des Nations unies », revenant à éliminer le drapeau étoilé de l’Europe, qui y trône depuis 2012.

Emmanuel Macron a répondu mardi qu’il serait « bien maintenu ».

Ambre Lepoivre

Le Premier ministre maintient le cap malgré les critiques

La semaine s’annonce chargée pour le gouvernement: manifestation des fonctionnaires, union des syndicats contre les ordonnances, débat sur le budget 2018. Face aux différents fronts, le Premier ministre prévient qu’il ne pliera pas.

En avant toute. A l’approche de la manifestation des fonctionnaires et de la réunion des syndicats contre les ordonnances sur le code du travail, rien ne semble perturber l’exécutif. Edouard Philippe continue à défendre le projet de loi de finances 2018 qualifié « d’injuste » par certains observateurs.

  • Il persiste sur la hausse de la CSG pour tous

Le Premier ministre persiste notamment sur l’augmentation de la Cotisation Sociale Généralisée (CSG) pour toutes les catégories de population, y compris les fonctionnaires. Une source d’inquiétude pour ceux qui seront dans la rue mardi 10 octobre. Contrairement aux employés du privé, ils ne devraient pas voir augmenter, en contrepartie, leurs salaires. Mais ce n’est pas l’unique raison du mécontentement. Les enseignants, infirmiers, policiers défilent principalement contre la multiplication de mesures qu’ils jugent « inacceptables ». Ils pointent la suppression de 120 000 postes en cinq ans, les rémunérations gelées mais aussi la suppression du jour de carence.

Concernant la CSG, le Premier ministre a garanti qu’elle serait « neutre » pour les fonctionnaires. Ceux qui paient des cotisations devraient voir leur contribution baisser. Quant aux autres, ils devraient recevoir le « versement d’une prime« , précise-t-il. Il a également souhaité rassurer les fonctionnaires qui dénoncent collectivement les dégradations de leurs conditions de travail. Ils « ne sont pas du tout déconsidérés » et demeurent « essentiels dans le fonctionnement de notre pays », a-t-il ajouté. En dépit de ces remarques, il affirme assumer « pleinement les mesures qui ont été prises ».

  • Le gouvernement maintient sa décision sur la baisse de l’ISF

Le Premier ministre a également soutenu l’une des mesures du budget 2018 : la réforme de l’Impôt Sur la Fortune (ISF). Ce pan du projet de loi de finances 2018 a soulevé de nombreuses critiques, dont celle de l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande, Michel Sapin. Il juge ce budget favorable « non pas aux riches » mais « aux très, très riches », sur LCI ce lundi. Une attaque injustifiée pour Edouard Philippe soulignant que « le transfert de pouvoir d’achat qui va être réalisé vers les actifs n’a pas d’équivalent ».

https://twitter.com/Europe1/status/917274056071643137

Le chef du gouvernement défend la stratégie d’Emmanuel Macron. Pour le chef de l’Etat, cette politique devrait permettre de réinjecter de l’argent dans l’économie et de créer à terme de la richesse pour tous. « C’est un pari si vous voulez », a lancé Edouard Philippe au micro d’Europe 1. « Nous avons tout à gagner à faire en sorte que l’argent s’investisse en France dans les petites entreprises en France et dans les entreprises moyennes ».

Un amendement devrait tout de même être déposé pour taxer les yachts. Des produits de luxe qui ont particulièrement enflammé la critique sur les réseaux sociaux. Le patron du groupe La République En Marche à l’Assemblée, Richard Ferrand, présentera lui-même un amendement qui vise à taxer les propriétaires de bateaux de plus de 30 mètres.

  • Les réformes sociales ne sont pas encore au calendrier

Le prochain chantier du gouvernement devrait être la réforme de l’Unédic, organisme responsable de l’assurance-chômage. C’est une mesure phare du candidat à la présidentielle, Emmanuel Macron, qui devait être le gage social de sa politique de l’emploi. Cette réforme devrait assurer tant les indépendants et les démissionnaires que les personnes licenciées. Cette réforme incarne la flexi-sécurité car elle garantit à chacun un gilet de sauvetage pour tous ceux qui se retrouvent soudainement sans emploi.

Mais une telle ambition pourrait être revue à la baisse. Selon Les Echos, cette mesure pourrait coûter très cher à l’Etat : de 8 à 14 milliards d’euros la première année, puis de 3 à 5 milliards d’euros les années suivantes. Pour l’heure, l’objectif du gouvernement est de faire des économies. Il n’est donc pas sûr qu’Emmanuel Macron autorise un tel projet. Pour réduire le coût de la réforme, le gouvernement pourrait décider d’échelonner la baisse des indemnités chômage ou encore de revoir le montant des allocations versées.

 

Elisa Centis

Une marcheuse parachutée sur les terres de Balkany

Céline Calvez est la candidate de La République en Marche dans la cinquième circonscription des Hauts-de-Seine à Clichy et Levallois-Perret pour les élections législatives qui auront lieu les 11 et 18 juin prochains.

(c) Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn
Céline Calvez (Crédits photos : Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn)

Céline Calvez se retrouve parachutée dans la circonscription de Levallois et Clichy pour les législatives. « J’ai quelques amis à Clichy, j’ai fais mes études au CELSA à Neuilly juste à côté. Mon premier appartement que j’ai visité pour mes études c’était à Levallois. » Un secteur pas si inconnu pour la candidate. Et pourtant, visage et nom inconnus pour les habitants. Pas d’affiches sur les panneaux à quelques jours des élections, cela n’aide pas la jeune femme à faire campagne. « On fait les marchés, on visite des entreprises, des écoles. On fait le tour des deux villes en ce moment » argumente Céline après une journée marathon aux quatre coins de Clichy.

Militante de la première heure

Il y a quelques mois encore, cette adhérente de la première heure au mouvement du président de la République, ne pensait pas être candidate à la députation dans les Hauts-de-Seine. Habitante du 10e arrondissement de Paris, cette professionnelle de la communication a un « coup de foudre » pour les discours d’Emmanuel Macron. Deux jours après la création d’En Marche ! elle rejoint le mouvement. Elle devient référente du IXe et Xe arrondissement de Paris. Elle organise des réunions d’informations avec des bénévoles et tracte ardemment durant la campagne présidentielle. Soulagement devant les résultats du 2e tour de la présidentielle: son candidat est élu. « Ce qui m’a séduit dans les idées de Emmanuel Macron, c’est la démocratie participative et sa démarche d’écoute auprès de la population » explique la trentenaire.

Une circonscription clivée

Belle aubaine pour la candidate qui marche, Patrick Balkany souhaite conserver sa mairie et ne se représente pas à sa succession en tant que député. Un véritable clivage s’est créé chez Les Républicains. Deux candidats se revendiquent des Républicains mais un seul est investi par le parti et il n’est pas le poulain de Patrick Balkany. La candidate espère que  ce clivage à droite lui permettra de récupérer des voix. Elle veut apporter du renouveau dans une circonscription qui est dominée par des politiciens depuis plusieurs décennies. « C’est une circonscription clivée mais il y a beaucoup d’ententes entre les deux édiles [le maire de Clichy et le maire de Levallois, ndlr] quand il y a des magouilles On a une fenêtre d’opportunités parce que la droite se déchire dans cette circonscription » explique la candidate.

Faire rayonner les deux villes

La candidate constate une réelle différence de développement entre les deux villes. « Levallois est la grande soeur de Clichy. Elle s’est développée plus rapidement que sa petite soeur et cela crée de vraies différences entre les deux villes.« Céline Calvez constate que la vie à Levallois est très agréable pour ses habitants mais que cela ne profite pas à Clichy. Levallois fonctionnerait en petit village et ne laisserait pas profiter sa voisine de ses innovations en matière d’éducation. » Je ne remets pas en cause la qualité de vie des Levalloisiens. Levallois est une ville qui rayonne à l’intérieur mais pas à l’extérieur. Levallois a besoin de plus d’autonomie et Clichy plus de protection.« 

Des compte-rendus au cours de son mandat

Céline Calvez rendra des comptes à ses électeurs. « Je réaliserai des compte-rendus de mandat. Je ferai le bilan de mon travail tous les trimestres » promet la candidate. Elle souhaite créer un véritable dialogue entre elle et les citoyens. Elle compte bien rendre systématique cette pratique peu utilisée jusqu’à présent. Parmi les axes phares de sa campagne éclair, figure la réduction des inégalités scolaires entre les communes de Clichy et Levallois-Perret.

Anaëlle De Araujo, Clothilde Bru et Alice Pattyn

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