La croissance économique française devrait atteindre 0,3% au deuxième trimestre

L’économie française a résisté au ralentissement mondial, sans toutefois atteindre le niveau espéré par certains économistes. / Crédit : Pixabay

La croissance économique devrait attendre 0,3% au deuxième semestre en France selon une première estimation de la Banque de France, soit un niveau similaire à celui des trois premiers mois de 2019. Cette hypothèse, publiée aujourd’hui est basée sur l’enquête mensuelle de conjoncture réalisée par la Banque de France auprès des chefs d’entreprises. Elle est en accord avec la dernière prévision de l’Insee, publiée le 19 mars.

Jeanne Seignol

Le recyclage urbain, effet de mode ou réelle évolution des mœurs ?

Un peu partout en ville, des initiatives fleurissent pour valoriser les déchets, comme ici aux Grands Voisins.

De l’installation de composteurs de quartier aux collectes de vêtements des grands magasins qui s’apparentent souvent à des opérations marketing, valoriser les déchets n’a jamais été aussi tendance. Bon pour l’environnement, pour l’emploi et pour la vie associative, le recyclage semble amorcer une transformation de la société …

Porte de Champerret, au 3, rue Jean-Moreas, un jardin dans la ville. Citrouille, persil, framboisier et hortensia, les plantations sont variées dans cette cour parisienne. Toutes sont nourries par le compost produit par les habitants de l’immeuble. “ Nous en produisons parfois tellement que certains en ramènent à leur famille, à la campagne”, confie Sylvie Roche, une habitante. Depuis janvier 2018, fini les épluchures à la poubelle. Des dizaines de foyers ont franchi le cap pour valoriser leurs déchets organiques. Trois bacs à compost ont été installés juste à côté du petit potager, dans la cour de 30m². Dans les deux premiers, les habitants jettent coquilles d’oeufs, peau de bananes ou marc de café. Dans le troisième, de la matière sèche pour permettre la bonne dégradation de ces déchets. Pour obtenir un bon compost, il ne reste plus qu’à attendre six à neuf mois.

Pourtant, en ville, donner une seconde vie à ses déchets ne coule pas de source. Les citadins recycleraient deux fois moins que les ruraux, selon les chiffres de l’entreprise Citeo, en charge du ramassage et du tri des déchets ménagers en France.

DU TRI SÉLECTIF AU COMPOSTAGE

Pour changer cela, les villes visent aujourd’hui un taux plus élevé de recyclage. Le dirigeant de Citeo, Jean Hornain, annonçait en décembre sur Europe 1 “l’accélération du déploiement des points de collecte” en zone urbaine, pour faciliter la démarche de tri. Seuls 70% de tous les déchets ménagers sont recyclés à l’heure actuelle, malgré une demande de plus en plus forte de la part des ménages. Pour Annick Lacout, fondatrice d’Agir ensemble pour une faible empreinte écologique, la société civile va plus vite que les élus, que les collectivités et que l’Etat. Les institutions pourraient se saisir de cet engouement populaire pour aller plus loin.” Une uniformisation des normes de tri est prévue pour 2022, mais d’ici-là, il peut parfois être difficile de se repérer quand les caractéristiques des poubelles changent de ville en ville.

Beaucoup de Français jettent leurs déchets dans la mauvaise poubelle.

Paris, qui a adopté ces nouvelles normes en janvier, expérimente actuellement le dispositif Trilib dans plusieurs arrondissements. Pensé comme une station de recyclage, il permet aux passants de trier leurs déchets dans cinq bacs différents: textile, carton, papier, verre et petits emballages.  À partir de décembre 2019, ces bornes seront installées dans toute la ville.

Et pour les déchets organiques, si vous n’avez pas trop peur des petites bêtes, plusieurs villes, comme Lyon, Tours ou encore Rennes donnent des lombricomposteurs aux habitants qui en font la demande. En à peine trois mois, les vers contenus dans cette petite poubelle peuvent transformer 10 kg d’ordures en 1,5 kg d’engrais.

La ville de Paris propose aussi aux habitants des appartements Paris-Habitat une aide financière pour mettre en place des bacs de compostage dans les immeubles, comme c’est le cas Porte de Champerret.“Dix foyers au minimum doivent signer auprès de la mairie pour que le projet puisse naître, explique Sylvie Roche. Elle admet que beaucoup de personnes étaient au départ sceptiques, par peur des odeurs, de l’hygiène ou des rats. Mais à force de persévérance, le projet a vu le jour. Inspiré par l’initiative, l’immeuble voisin de la Porte de Champerret a, lui-aussi, fait installer son bac à compost, six mois après. Sur les 150 logements Paris-Habitat que compte la rue, plus de 20% recyclent à présent régulièrement leurs déchets organiques. “Cela a aussi permis de créer un lien social inattendu, confie Sylvie Roche, sa petite fille de huit mois dans les bras. Parler de ce projet a permis aux gens de l’immeuble de se rencontrer. Nous faisons des apéros ensemble, nous veillons sur les plus fragiles quand vient l’été, les enfants jardinent ensemble, et nous avons monté une boîte à livres où, cette fois, tous les gens du quartier viennent déposer et se servir.”

Dans la cour de l’immeuble, Sylvie Roche descend régulièrement ses déchets organiques.

UN ACTE DE MILITANTISME SOCIAL

Donner une deuxième vie à ses déchets en ville, c’est souvent une opportunité de mener une action sociale. L’entreprise à but non-lucratif TerraCycle noue ainsi des partenariats avec des marques désireuses de faire recycler les déchets que produisent leurs clients et qui ne sont pas pris en charge par les usines habituelles: colles UHU, emballages Harris, brosses à dents Signal… Les personnes intéressées créent un point de collecte chez elles, dans une école ou encore dans une entreprise. TerraCycle récupère ensuite gratuitement les déchets, qui sont convertis en matériaux de construction. “Depuis 2012, nous en avons ramassé 87 tonnes en France, souligne Apolline Sabaté, chargée des relations presse. En échange, les gens reçoivent des points, qu’ils peuvent convertir en dons pour des associations.”

Chez Emmaüs Alternatives, dix boutiques de Paris et Montreuil permettent l’emploi de 150 salariés en réinsertion. Notre objectif principal reste de remettre les gens sur le marché du travail, rappelle Sylvie Perrot, responsable de la boutique rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. Les boutiques de l’association reçoivent vêtements, livres, bibelots, petits meubles et récupèrent les biens encombrants au domicile des donneurs. Ils sont ensuite triés et, au besoin, remis en état avant d’être proposés à la vente ou d’être recyclés.

Les ressourceries, magasins associatifs collectant et valorisant les biens de seconde main, revendiquent également un rôle social. Chez Ma Ressourcerie, dans le 14e arrondissement, la directrice Sophie Chollet se félicite d’être dans un quartier avec une grande mixité, où tout le monde peut donner et acheter, de tous les horizons et tous les milieux socio-professionnels”. Avec ses neuf salariés en insertion, l’association permet d’éviter 130 tonnes de déchets par an, grâce à la revente et au recyclage. Il y a un réel engouement. On est à 125 achats par jour et, ici, c’est forcément un peu militant”, sourit la directrice. Sophie Meyer, salariée, constate un intérêt des clients pour la question écologique : Ils veulent savoir ce que deviennent leurs dons, c’est important pour eux. Il y a très peu de pertes, tout ce que l’on ne garde pas repart dans d’autres circuits. L’association accepte tout type de dons, sauf les objets électroniques. Elle propose alors aux donateurs d’aller au lycée professionnel Lazare Ponticelli, dont les élèves réparent les appareils.

« Un achat, ici, c’est forcément un peu militant », explique Sophie Chollet, directrice de Ma Ressourcerie

Lola Uldaric, étudiante, fréquente la ressourcerie pour y renouveler son dressing et ne veut pas faire son shopping dans les magasins traditionnels. Je ne me vois pas acheter de vêtements au prix du neuf, je préfère leur donner une seconde vie”, justifie-t-elle. Un raisonnement que rejoint Danielle Dunas. La sexagénaire a l’oeil pour dénicher les pièces de marques au rayon textile et en a même bouleversé ses habitudes consuméristes: Avant, j’avais la carte du Printemps, j’achetais aux Galeries Lafayette mais j’ai arrêté pour venir ici.

UN ARGUMENT MARKETING

Les grandes enseignes comme le Printemps, justement, tentent de s’engouffrer dans cette nouvelle demande. Depuis le 4 avril et jusqu’au 12 mai, l’opération “(re) créez, (ré) inventez” vise, selon Gilles Desmousseaux, attaché de presse, “à mettre en valeur les nouveaux modes de consommation de plus en plus plébiscités par les jeunes, par la génération Millenials”. Une collection capsule à partir d’anciens vêtements du Printemps a été réalisée par l’association Tissons la solidarité, pour la marque Andrea Crews, et une collecte de textiles est organisée au profit de la Croix-Rouge.

Le recyclage est devenu un argument marketing de premier plan pour les entreprises

Les vêtements de seconde main sont mis en avant via un vide-dressing organisé par des influenceuses et par deux pop-up stores de la marque Tilt Vintage. Pour Chloé Devin, vendeuse, la clientèle française est toutefois encore frileuse à l’idée d’acheter des fripes. “C’est beaucoup plus dans les moeurs des Américains ou des Anglais, explique-t-elle. Cela plaît beaucoup aussi aux Coréens, car les artistes de la K-Pop ont adopté les codes des années 1990, et ils achètent donc beaucoup ce genre de vêtements.” Pour les pop-up stores, les prix vont de 35 €, pour une jupe, à 300 € pour un manteau en fourrure. “C’est un peu plus cher que dans nos magasins car le Printemps a fait une sélection parmi les produits les plus luxueux, admet Chloé Devin.

Au-delà de l’aspect social et écologique, le recyclage est donc devenu un argument marketing de premier plan pour les entreprises: H&M, Lush, Sephora, beaucoup sont ceux qui incitent à présent leurs clients à revenir en magasin pour ramener les vêtements dont ils ne veulent plus, les flacons de parfums ou de crème vides, en échange d’un bon de réduction. A Marionnaud, c’est 20% de remise et 25 points sur la carte fidélité pour tout contenant rapporté, hors aérosols. Les boutiques Cyrillus récupèrent, quant à eux, vêtements et linge de maison en échange d’un bon d’achat de 5€, valable dès… 20€ d’achat. Si cela apparaît parfois comme une bonne affaire pour les clients, c’est surtout un très bon moyen pour les magasins d’inciter au rachat.

Cette vitrine écologique pourrait parfois s’apparenter à du green washing – une pratique marketing qui consiste pour un organisme à communiquer autour d’actions écoresponsables, loin de sa réalité- même si, pour Annick Lacout, en matière de recyclage, il n’y a pas tant de green washing, même si les intentions ne sont pas toujours aussi vertueuses que l’on le souhaiterait. Le monde des déchets est concret, il est difficile de faire semblant de trier ”. Avec un marketing vert assumé et des actions tangibles, la valorisation des déchets est devenue un marché à part entière. Pour l’économiste et professeur de géographie à l’Université Lyon 3, Lise Bourdeau-Lepage, cela s’explique aisément. Sans valeur économique, la valeur écologique ne serait pas reconnue, explique-t-elle. La question du recyclage, c’est essentiellement celle de redonner de la valeur à un bien qui n’a plus d’usage.” Ainsi, les magasins Sephora, en faisant recycler les vieux flacons en verre, font d’une pierre deux coups. “Le verre est transformé en matériau pour les routes, explique Dimia Habib, vendeuse au Sephora Haussmann, avec un sourire. Les clients apprécient, et certains ramènent parfois leurs flacons sans même demander de remise.”

Audrey Dugast & Blandine Pied

Pour compléter :

Start-Up et Recyclage, une alchimie efficace

Trois questions à … Annick Lacout, fondatrice du bureau d’études AEFEL

Une uniformisation des normes de tri

Les jeux vidéo violents, un marché juteux mais laxiste

Le mois d’octobre marque le retour de nombreuses licences vidéoludiques comme le nouveau « Call of Duty: Black Ops 4 ». Bien que ces jeux soient souvent déconseillés aux mineurs, la plupart trouvent preneur auprès des plus jeunes.

La petite signalétique PEGI permet de savoir à quel public s'adresse le jeu vidéo. ©Hugues Garnier
La petite signalétique PEGI permet de savoir à quel public s’adresse le jeu vidéo. ©Hugues Garnier

Maximilien a fait son choix. Ce vendredi, c’est école buissonnière. « Je sèche jamais mais là c’est obligé », confesse ce collégien de 14 ans. Sur le boulevard Voltaire à Paris, l’adolescent rondouillet profite de l’instant, il tient fermement dans sa main le jeu qu’il attendait depuis des mois, sourire aux lèvres : « Toute la journée ce sera Call of ».

« Call of », le diminutif du jeu vidéo « Call of Duty », l’une des plus grosses licences de l’industrie vidéoludique. Le nouveau volet de la saga est aujourd’hui disponible en magasins et sur Internet. Dans certaines boutiques du quartier République, le jeu est même en rayon depuis quelques jours, mais certains vendeurs ne prennent pas ce risque. « On ne vend qu’à partir du jour J, ça évite les ennuis avec les éditeurs… » confie Alexandre qui travaille à la boutique Retrogameplay. Malgré son nom trompeur, le magasin propose lui aussi les dernières sorties jeux vidéo, « Le Spiderman et le dernier Assassin’s Creed se vendent bien… et maintenant on propose le dernier Call of Duty. »

Le vendeur assure que pour ces produits, sa clientèle est plutôt adulte :  « C’est très rarement des jeunes tout seul qui viennent acheter ces jeux-là. Ils sont accompagnés de leurs parents ou alors ils nous les passent au téléphone. Il nous faut leur accord. Ça nous rassure car vu le contenu, drogues, braquages et prostitution qu’il y a dans ces jeux-là, on se dit que c’est moralement pas possible de le vendre comme ça à des enfants. »

 

Aucune interdiction de vente aux mineurs

Sur chaque jaquette de jeu vidéo, on distingue une petite signalétique en vert, orange ou rouge : « PEGI » ou Pan European Game Information. Un pictogramme qui permet la classification d’un jeu vidéo selon le degré de violence qu’il contient. 3: c’est pour toute la famille. 12: à ne pas mettre entre les mains des plus jeunes. 18 : le jeu contient des scènes explicites de sexe et/ou de violence.

Pour cette fin d’année, presque tous les jeux « AAA » (à très gros budget), sont classés PEGI 18. Call of Duty, Red Dead Redemption II, Battlefield V… Des expériences vidéoludiques où l’on incarne le plus souvent un héros ou un soldat qui n’hésite pas à faire usage d’armes létales. La violence y est bien souvent omniprésente. Sauf que la classification PEGI n’a qu’un caractère informatif et n’est en rien contraignante. Résultat : de nombreux adolescents peuvent sans grande difficulté acheter des jeux qui leur sont pourtant déconseillés.

« Ils ne vérifient ni en magasin ni sur Internet »

À 15 ans, Hector a déjà joué à de nombreux jeux au contenu inadapté à son âge : « Mon grand frère et moi on joue aux mêmes jeux donc je n’en achète pas beaucoup. J’ai acheté FIFA il y a quelques semaines, mais je sais que je n’aurai aucun problème à acheter Call of Duty ou n’importe quel autre jeu violent en grande surface. »

Le lycéen affirme n’avoir jamais été interrogé sur son âge pour acheter un jeu : « Ils ne vérifient ni en magasin ni sur Internet. Quand je vais à la Fnac, je m’achète des cartes prépayées que j’utilise ensuite sur mon ordinateur pour m’acheter les jeux qui me plaisent. Il n’y a aucun contrôle. »

Un marché de 4,3 milliards d’euros en 2017

Fnac, Micromania, Auchan… Les principaux vendeurs de jeux en magasins font preuve de trop de laxisme. « J’ai acheté un ancien Call of Duty en magasin en 2015, j’avais 12 ans et personne ne m’a posé de question à la caisse. Pareil pour mon pote qui s’est offert GTA », raconte Hector. Le secteur du jeu vidéo profite de l’absence d’interdiction. En France, l’industrie vidéoludique représentait 4,3 milliards d’euros en 2017 selon le S.E.L.L (le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs) . Un chiffre en constante augmentation et qui fait du jeu vidéo, selon Le Parisien, le premier produit culturel en France, devant le livre, le cinéma et la musique.

Mais résumer les jeux vidéo à du contenu violent serait malhonnête. Depuis quelques années, le rétro-gaming et les jeux conviviaux ont le vent en poupe  : « Le dernier Mario Party marche bien et en décembre il y a Super Smash Bros qui sort et ça va cartonner. Ce sont des jeux familiaux et plutôt bon enfant mais c’est ce que recherchent aussi les joueurs. Qu’ils soient jeunes ou plus âgés », explique Alexandre. Le jeu vidéo familial, c’est la marque de fabrique de Nintendo. Le constructeur nippon a sorti en 2017 la Switch qui connaît un franc succès partout dans le monde avec plus de 20 millions d’unités vendues. Preuve que les jeux vidéo non violents rapportent eux aussi énormément d’argent.

H.G.