Simon Lacouture : le jazz sinon rien

Au centre, Simon
Au centre, Simon

Il a seulement 22 ans mais sa carrière est déjà bien remplie. Avec sa batterie et ses multiples groupes, Simon Lacouture parcourt les bars, les villes, et même parfois les pays pour réaliser sa passion qui est devenue son métier : musicien de jazz.

Pourquoi la musique ? Pour gagner du pognon tiens ! ”, plaisante Simon Lacouture, musicien de jazz. Ses yeux bleus rieurs en disent pourtant long : son ambition dépasse l’argent. “Je ne veux pas que mon nom, seul, soit connu. Je veux faire beaucoup de concerts, mais au sein des groupes dont je fais partie”. Humble, le batteur confie que s’il a choisit la musique, c’est parce “qu’à l’école, j’étais turbulent. Donc jouer c’était la seule échappatoire.. Et puis je me débrouillais bien je crois”. Plutôt bien, même : il déménage à Paris en septembre après avoir obtenu son Diplôme d’Etudes Musicales (DEM) en jazz en juin dernier au Conservatoire de Bordeaux. Fort de son Bac Techniques de la Musique et de la Danse et d’un premier DEM en classique, il fait partie de “cinq ou six” groupes, en parallèle de ses études de musicologie. “L’année dernière, j’ai séché beaucoup de cours… Avec un de mes collectifs, le Bal Chaloupé, j’ai joué 45 fois en un an. Mais grâce à toutes ces dates, j’ai pu avoir mon statut d’intermittent du spectacle”.

Une soif de musique

Car son ambition ne s’accorde qu’avec un planning bien chargé, presque impossible. Du lundi au vendredi, il suit ses cours de jazz au Pôle Supérieur de Paris. “Sauf le jeudi après-midi ! Ce qui m’arrange, car une fois par mois, je prend un train à 14 heures direction Bordeaux, je joue le soir, on finit vers 2-3 heures du mat’… Et je reprends un train à 5 heures pour aller en cours à Paris le matin”. Il a d’ailleurs dû souscrire à un abonnement de train “je descends tous les week-ends pour jouer. C’est mon caractère, je ne me verrais pas rester à rien faire, posé, toute la journée”, livre-t-il en tapotant un petit rythme discret sur la table du bar. Même ses mouvements traduisent ses pensées : il a soif de musique.

Sa vision du métier

Soif de musique, de rencontres et à seulement 22 ans, il a une vision plutôt réaliste du métier. “C’est une question de réseau. C’est en parlant après les concerts qu’on peut avoir des dates. Sans contacts, on a moins de chance de réussir… C’est possible de gagner sa vie avec la musique, mais il faut se bouger”.

A lire aussi : La galère des jeunes musiciens

Depuis ses 16 ans, il joue avec de nombreux groupes, dont le Get 7 Brass Band, avec lequel il empoche plus de 3000 euros chaque été.

Grâce à son nouveau statut d’intermittent du spectacle, Pôle emploi lui verse 1300 euros d’allocation chômage. Plus généreux que le régime général, certes, mais il doit justifier de nombreux cachets pour pouvoir en bénéficier. 507 heures, 43 cachets à 80 euros (minimum). Simon jongle avec les chiffres et doit se débrouiller presque seul. “A Pôle Emploi, peu de gens connaissent bien ce statut. J’y suis allé en août, le conseiller que j’ai vu a dû appeler tous ses collègues pour trouver enfin quelqu’un qui pouvait me renseigner”. Mais ces galères administratives ne le rebutent pas, il passe très vite à autre chose. Car ce qui le fait vibrer, c’est les multiples projets qu’il entreprend, avec ses amis musiciens, mais aussi des danseurs, des plasticiens. Et il ne s’arrêtera pas là : il projette de postuler pour entrer au Conservatoire, mais aussi de partir en Erasmus. “Amsterdam, Rotterdam ou Berlin… Faut que je bouge”. Conclut-il, d’un roulement rythmé avec ses doigts.

Portrait robot d'un musicien
Portrait robot d’un musicien

 

 

Léa Broquerie

De vrais faux Rodin devant la justice

A partir de mercredi, la cour d’appel de Paris jugera une société et son gérant pour avoir fabriqué et vendu à l’étranger des œuvres produites à partir de moules originaux d’Auguste Rodin, sans l’autorisation du musée Rodin.

Parmi les reproductions se trouvent notamment « Le Baiser », « Le Penseur » et même « La main de Dieu ». Certaines ont même été exposées à Venise, Genève ou encore Toronto. Quatre prévenus, dont Gary Snell, patron américain de la société Gruppo Mondiale, sont poursuivis pour avoir édité et commercialisé des oeuvres d’Auguste Rodin, sans dire qu’il s’agissait, en réalité, de simples reproductions.

La justice avait été saisie en mars 2001 d’une plainte pour escroquerie et contrefaçon du Musée Rodin de Paris qui détient les droits moraux de l’artiste.

En novembre 2014, à l’issue d’un premier procès, le tribunal correctionnel de Paris s’était déclaré incompétent, estimant qu’il n’était pas démontré que les sculptures aient été fabriquées, exposées ou vendues sur le territoire français. Le parquet avait fait appel de cette décision et obtenu un nouveau procès.

La société poursuivie, Gruppo Mondiale, aurait produit, selon l’estimation d’un expert judiciaire, quelque 1.700 bronzes tirés à partir de 52 œuvres d’Auguste Rodin (1840-1917), pour un préjudice estimé à 60 millions d’euros. Lors du premier procès, Gary Snell n’avait reconnu que l’édition d’environ 500 pièces.

Marie Lecoq

Décryptage : la mode des web radios Hip-Hop

OKLM Radio est la plus connue mais pas la première des web radios. Elles pullulent sur internet, se déclinent sous plusieurs formes, se multiplient comme des cailloux dans la chaussure de Skyrock, Générations, ou du Mouv’, les radios FM qui ont le monopole du Hip-Hop en France. No Fun, Zone 26, Radio RapTz ou Piiaf, les web radio Hip-Hop, séduisent et rassemblent de plus en plus d’audience. Comment expliquer ce phénomène ? D’abord, un point commun est essentiel pour toutes ces radios : la liberté de ton. On ne s’interdit rien. La seule règle est la pertinence et la qualité du son diffusé. Mehdi Maizi, animateur de l’émission « La Sauce » sur OKLM Radio et du podcast No fun résume : « On veut donner la parole à tous ceux que l’on trouve bons, qu’ils soient en train d’éclore ou non. »

Ces nouvelles radios profitent également du peu de contraintes dont elles sont sujettes. « On est obligé de diffuser 40% de morceaux en français, de respecter un cahier des charges et de rendre des comptes au CSA » précise Fred Musa, tête d’affiche de Skyrock. Elle peut aussi se targuer d’être écoutée par 4 millions d’auditeurs par jour, pendant qu’OKLM, la plus connue des WebRadios a été téléchargée environ 1 million de fois. Dj Diemone, membre du collectif Scred Connexion explique cela par « un vide médiatique». « Générations ou Skyrock ne passent que du rap commercial et ne font plus découvrir d’artistes. Aux Etats-Unis, il y a des radios qui passent du rap en continue et pas forcément connu. ». Désormais, en France, les web radios font la même chose.

 

Clément Dubrul et Ryad Maouche

Les millionnaires du rap américain

Jay-Z
Chemise blanche et cravate noir, le rappeur Jay-Z porte la tenue du parfait chef d’entreprise.

Si la pratique du rappeur-businessman n’est encore qu’à ses débuts en France, aux Etats-Unis elle est monnaie courante. Absent de la scène rap depuis 2015, Sean Combs surnommé Puff Daddy, s’impose comme l’artiste hip-hop le mieux payé du monde en 2016 selon le classement du magazine Forbes. Il a engrangé 62 millions de dollars rien que sur l’année précédente, lui permettant d’atteindre une fortune totale estimée à plus de 800 millions de dollars. Mais d’où vient tout cet argent ? Création d’une marque de vêtements, d’une chaîne de restaurants, d’un parfum et plus récemment, un partenariat avec la marque de vodka Cîroc, « P. Diddy » est sur tous les fronts.

Deuxième du classement avec 53 millions de dollars en 2016, le rappeur Jay-Z n’est pas à plaindre. Lui qui affirme dans sa chanson Diamonds From Sierra Leone : « I’m not a businessman, I’m the business, man ! », a bâti un véritable empire commercial. En vendant sa marque de vêtements Rocawear en 2007 il a empoché la modique somme de 204 millions de dollars. Grâce à cela, il a racheté la marque de champagne Armand de Brignac, a lancé sa plate-forme de streaming Tidal et s’est même permis d’être actionnaire minoritaire d’une équipe de NBA. Enfin, comment ne pas citer le rappeur Dr.Dre. En 2014, il est devenu le premier rappeur milliardaire grâce à la vente de sa société de casques audio Beats à Apple pour 620 millions de dollars (!). Le rap français a donc encore de longues années devant lui avant d’espérer se rapprocher des sommes générées Outre-Atlantique.

 

Clément Dubrul et Ryad Maouche