Chez les kinés, aussi, il a fallu s’adapter pendant le confinement

Douleurs articulaires, blessures et rééducation font aussi partie des soins chamboulés par le confinement. Une adaptation particulière, racontée par Benjamin Granger, kinésithérapeute à Puiseux-Pontoise (Val-d’Oise).

Benjamin Granger a mis en place de nouvelles dispositions pour pouvoir continuer à suivre ses patients. (Crédit : Pixabay)

“Nous avons continué de suivre nos patients, sans avoir à ouvrir notre cabinet tous les jours, explique le jeune kinésithérapeute. Entre téléconsultations et exercices à faire à la maison, les patients de Benjamin Granger sont restés en contact avec lui. Ceux que je suivais déjà connaissaient les mouvements à faire. Je les appelais régulièrement pour échanger sur l’évolution de leur problème, s’ils rencontraient des difficultés à faire leurs exercices, ou pour adapter leur programme, explique-t-il. Une confiance entre patient et praticien qui a permis de stabiliser leur état, sans prendre de retard dans le traitement. 

Cependant, de nouveaux patients ont demandé son aide pendant le confinement. Une situation plus délicate, où l’autonomie n’est pas encore de mise. Les premiers rendez-vous se sont faits par téléconsultation ou au domicile des patients. Il fallait que je vois comment ils bougeaient, pour leur donner des conseils et soulager leurs douleurs, avant de faire un suivi par téléphone, raconte Benjamin. Ces cas concernent surtout les problèmes orthopédiques, des rééducations post-opération ou des traumatismes survenus pendant le confinement. On a eu des sportifs qui, en changeant leurs modes d’entraînement, se sont blessés plus gravement que d’habitude. D’autres, au contraire, sont restés très sédentaires, et leur inactivité physique a déclenché des douleurs sciatiques ou lombaires, déplore-t-il.

En cette première semaine de déconfinement, les consultations reprennent leur rythme normal, tout en appliquant rigoureusement les consignes d’hygiène : on n’utilise pas autant de matériel que d’habitude, et on ne force pas trop sur les exercices cardio. Seuls les patients les moins fragiles sont accueillis pour l’instant. Pour les personnes à risque, le traitement reste le même que pendant le confinement.

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Marine Saint-Germain et Sarah ZiaÏ

Ginette*, 85 ans : « Je n’arrive pas à contacter mon cardiologue »

Ginette* est une retraitée de 85 ans vivant à Paris. Souffrant de problèmes cardiaques, elle témoigne de ses difficultés pendant la période de confinement. 

Ginette* a eu beaucoup de difficultés à contacter un cardiologue pendant le confinement. (Crédit : Creative Commons Zero – CC0)

« J’ai fait un infarctus il y a quelques mois, on m’a donc posé deux stents cardiaques. Depuis je dois être suivie régulièrement. Pendant le confinement, j’ai essayé d’avoir un rendez-vous avec mon cardiologue. Je voulais changer mon traitement car je ne le supporte plus, j’ai comme l’impression d’être ivre, ça m’engourdit le cerveau. Je l’ai appelé plusieurs fois pour pouvoir aller le voir, mais il n’a jamais répondu. Pour me soulager un peu, je prenais un quart de Lexomil chaque soir, mais ça me rendait plus zombie qu’autre chose. J’ai réussi à prendre contact avec un autre cardiologue. Il m’a conseillé, par téléphone, de réduire la dose de mon traitement. Comme je n’ai pas l’Internet chez moi, ni de webcam, je ne peux pas faire de téléconsultation. Je suis donc venue m’installer chez ma fille et ma petite-fille. Mais mardi dernier, j’ai eu des vertiges, je ne savais pas quoi faire donc j’ai appelé le SAMU. Ils m’ont posé plusieurs questions pour finalement me dire d’aller voir mon généraliste. Ce n’est pas concordant je trouve, par rapport à l’urgence de mon état. Maintenant que je suis chez ma fille, je pourrais avoir une téléconsultation dans les jours à venir. Mais il faudrait que je refasse une vraie bonne consultation physique. Parce que, pour l’instant, c’est le grand point d’interrogation pour moi. Je n’arrive pas à contacter mon cardiologue habituel et j’ai peur d’être lâchée dans la nature sans pouvoir être suivie. »

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*Certains noms ont été modifiés