Sortie du film McWalter : YouTube fait son cinéma

La sortie du film McWalter, du célèbre YouTuber Mister V, ce vendredi 12 septembre sur Prime Video, ajoute une nouvelle ligne au palmarès des créateurs de contenu sur grand écran. Un modèle qui s’intensifie et qui bouscule l’écosystème d’un cinéma en pleine transition.

 

Mister V, Squeezie, InoxTag ou encore Michou, ces stars de YouTube aux millions d’abonnés sont tous passés par le grand écran ces derniers mois. Le dernier en date, McWalter, film du créateur de contenu Mister V, Yvick Letexier de son vrai nom, qui sort ce vendredi 12 septembre sur la plateforme de streaming Amazon Prime Video.

McWalter, personnage parodique d’un agent secret déjanté, était jusqu’à présent mis en scène sur YouTube par Mister V, dans plusieurs vidéos éponymes. Le membre des services secrets, qui s’est imposé comme une référence sur YouTube, est maintenant propulsé au cinéma aux côtés d’acteurs bien connus du public français tels que Géraldine Nakache et Vincent Dedienne.

Ce film, réalisé par Simon Astier, petit frère d’Alexandre Astier, s’inscrit dans une dynamique plus globale entre les créateurs de contenu sur internet et le cinéma. “Ces dernières années de nombreux Youtubeurs ont tenté d’exporter leur image au cinéma. C’est un moyen pour eux de continuer à professionnaliser leur milieu, qui a aujourd’hui plus de moyens, mais également de continuer à fidéliser une communauté déjà très engagée, en plus de gagner en crédibilité”, explique Alix Benistant, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, spécialiste des processus d’industrialisation de la culture.

Une aubaine pour les plateformes de streaming

Les plateformes de streaming, et en particulier Amazon Prime Video, profitent de ce mouvement des Youtubeurs vers le grand écran. Une stratégie bien réfléchie et qui est au coeur de la guerre des plateformes, selon Alix Benistant : “L’objectif est d’avoir du contenu original et différenciant, qui amène un public difficile à cibler avec d’autres canaux. Ce sont aussi des productions qui coûtent souvent moins cher et qui ont un fort potentiel de rentabilité.” “C’est aussi un pari sur des stars de demain”, ajoute-t-il.

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La chronologie des médias est mise à l’épreuve

Si les films et séries des créateurs de contenu sur internet sont régulièrement distribués par des plateformes de streaming, il y a aussi régulièrement des avant-premières au cinéma, qui demandent alors des cabrioles juridiques, ou des dérogations, pour s’assurer du respect de la chronologie des médias en vigueur en France.

En effet, un film qui sort en salle au cinéma, ne sera disponible en DVD que 4 mois après sa sortie. L’échéance varie ensuite en fonction des accords signés avec le CNC. Elle monte à 6 mois pour les chaînes payantes telles que Canal+, 15 mois pour Netflix, et 17 mois pour Amazon Prime Video. “Lorsque InoxTag organise une soirée, dans un grand nombre de cinéma en France, pour l’avant-première de son long-métrage sur son aventure vers l’Everest, il n’est pas censé pouvoir le diffuser sur YouTube le lendemain. Il a donc eu droit à une dérogation, qui a agacé dans le monde du cinéma. Beaucoup de producteurs estiment que ce traitement de faveur n’est pas juste pour la concurrence, alors que l’économie du cinéma n’est déjà pas en grande forme”, affirme Alix Benistant. “En revanche, cela modifie également les pratiques, et montre que des jeunes, souvent difficiles à cibler, peuvent venir et payer une place de cinéma alors même que le contenu est disponible en ligne, souvent pour soutenir leur YouTubeur préféré”, ajoute-t-il.

Hugo Duport

Rougeole : les nourissons plus vulnérables aux formes graves

 

 

 

 

Crédit : Pixabay

 

Santé publique France a annoncé jeudi 11 septembre avoir recensé 828 cas de rougeole en 2025, contre 483 en 2024. Les nourrissons et jeunes enfants de 1 à 4 ans, sont les plus concernés par les formes graves, malgré l’obligation vaccinale, instaurée en 2018. 

Les cas de rougeoles ont fortement augmenté en France en 2025. Dans un rapport publié le jeudi 11 septembre, Santé publique France déclare avoir recensé plus de 800 cas depuis le début de l’année, soit plus de 300 cas de plus que l’an dernier. Une épidémie qui touche en particulier les nouveaux-nés.

Cette maladie infectieuse virale se manifeste par une éruption cutanée, une toux, de la fièvre, une grande fatigue et une conjonctivite. La rougeole peut entraîner des complications, comme une atteinte pulmonaire virale, et pour un cas sur mille, une encéphalite, complication nerveuse pouvant être mortelle.

Les nourrissons non-vaccinés présentent plus de risque de contracter des formes graves de la rougeole que le reste de la population. La vaccination est obligatoire depuis 2018 pour les enfants. Une première dose doit être injectée à 12 mois et une seconde trois à six mois plus tard.

Une vaccination insuffisante pour protéger les enfants

Certains parents, conscients du danger, ne repoussent pas le vaccin. Hélène, est maman d’un bébé de quelques mois : « Je fais tous les vaccins obligatoires, et même ceux qui ne le sont pas, en temps et en heure. Je n’ai pas d’appréhension particulière« , affirme-t-elle. Elle-même est vaccinée contre la rougeole.

D’autres sont plus méfiants : « On ne sait jamais vraiment ce qu’ils mettent dans les doses« , considère Laureline, mère d’un petit garçon de 2 ans et d’une fille de 2 mois. Son fils a reçu les deux doses obligatoires sans ressentir aucun symptôme. Cependant, Laureline n’est pas vaccinée contre la rougeole et ne prévoit pas de le faire.

Un parent non-vacciné représente un risque de contamination pour un enfant de moins d’1 an. Pierre Bakhache, membre de la commission de néonatologie du Syndicat national des pédiatres français, rappelle qu’il est « très fortement recommandé aux adultes et aux adolescents non-vaccinés de recevoir une dose « . Selon l’Organisation mondiale de la santé, la vaccination de 95 % de la population, tout âge compris, permettrait d’éviter la propagation de la maladie.

Pierre Bakhache affirme que l’Europe reste légèrement dessous de cette recommandation, avec environ 93 % de taux de vaccination : « Des préjugés continuent de circuler sur les réseaux sociaux, comme l’idée erronée que le vaccin provoquerait l’autisme ou que la rougeole ne serait qu’une maladie bénigne », explique-t-il.

Avancer la première dose obligatoire ?

La vaccination de la mère en particulier permet de transmettre des anticorps à l’enfant durant la grossesse. Cependant, Pierre Bakhache précise qu’il n’est pas encore possible de savoir si ces anti-corps sont efficaces dans l’organisme du bébé pendant les douze premiers mois de sa vie : « l’immunité développée par les mères non vaccinées est souvent plus longue. Il faudra peut-être dans les années avancer la première dose obligatoire », déclare-t-il. 

Aujourd’hui, les enfants de moins d’1 an contaminés peuvent être vaccinés dans un délai de deux à trois jours avant l’arrivée des symptômes. Il est ensuite recommandé d’administrer deux doses de rappel un an plus tard.

 

Fatou-Laure Diouf

Attaque dans un lycée d’Antibes: le suspect reconnaît les faits, dit avoir « entendu des voix »

Le jeune homme suspecté de l’attaque au couteau dans un lycée d’Antibes (Alpes-Maritimes) a reconnu les faits. Le procureur de Grasse, Eric Camous, a annoncé sa mise en examen pour tentative d’assassinat.

Le jeune homme qui a blessé deux personnes au couteau mercredi dans son ancien lycée d’Antibes, a reconnu les faits, expliquant avoir « entendu des voix », selon le procureur de Grasse, Eric Camous, qui a annoncé vendredi sa mise en examen pour tentative d’assassinat.

Le parquet a requis son placement en détention et une audience est prévue devant le juge des libertés, a précisé Eric Camous lors d’une courte déclaration devant la presse. Le procureur de Grasse a toutefois précisé que « l’expertise psychiatrique requise dès son placement en garde à vue a fait état de grandes interrogations sur son état sans être en mesure de poser un diagnostic définitif ». Le jeune homme de 18 ans souffre « de troubles graves de la personnalité associés à des problématiques psychiatriques et hallucinatoires ».

Le suspect entendait des voix

Devant les enquêteurs, il a reconnu les faits et évoqué « une journée difficile » au cours de laquelle il a entendu des voix qui ont provoqué « une anxiété montante ». Issu d’une famille kurde réfugiée en France, il était fiché S et poursuivi pour apologie de crime depuis le printemps 2024, après avoir témoigné d’une « fascination inquiétante pour les tueries de masse et les tueurs en série », selon le procureur.

Incarcéré en avril 2024 dans cette première procédure, il avait été remis en liberté en mars 2025 et même s’il a subi plusieurs hospitalisations en psychiatrie depuis, le suivi judiciaire et psychologique n’a « pas permis d’anticiper un nouveau passage à l’acte », a assuré le procureur de Grasse.

Deux autres personnes en garde à vue

Après son arrivée au lycée horticole d’Antibes, il est d’abord allé aux toilettes prendre des cachets, puis il a tenté de donner un coup de couteau à un élève qui a réussi à esquiver. Traversant la cour, il a porté des coups à la tête d’un élève de 16 ans qui gardera des « séquelles importantes ». Puis il a porté trois coups à une enseignante de 52 ans, dont un particulièrement sérieux à l’abdomen.

Les témoins ont évoqué « une volonté mortifère » et « une détermination manifeste », mais aussi « un discours confus ». Il a plusieurs fois pointé son couteau vers sa propre personne.

Sa petite amie et un autre jeune homme dans le Var ont aussi été placés en garde à vue, soupçonnés de l’avoir encouragé à passer à l’acte. Eric Camous a refusé tout commentaire sur ces deux autres personnes, expliquant qu’une information judiciaire avait été ouverture vendredi matin.

Ozempic, Mounjaro…quand les réseaux sociaux banalisent des médicaments à haut risque

Sur TikTok, #Ozempic cumule des centaines de millions de vues. Les vidéos « avant/après » de perte de poids se multiplient, incitant de plus en plus de jeunes à détourner ces traitements destinés au diabète ou à l’obésité sévère en produits tendance. Face à la prolifération de ventes illégales en ligne, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a saisi, jeudi 11 septembre la justice et alerte sur les dangers d’un phénomène qui prend de l’ampleur.

L’Ozempic est un antidiabétique dont l’usage a été détourné en produit amaigrissant © 

Sur Instagram et TikTok, impossible d’y échapper. Le #Ozempic s’affiche sous des vidéos cumulant des millions de vues : jeunes femmes exhibant une perte de poids spectaculaire, témoignages enthousiastes, conseils pour se procurer le produit sans passer par un médecin. Certaines vidéos atteignent plusieurs centaines de milliers de partages, donnant l’impression que ce médicament est devenu un simple allié minceur.

Une banalisation qui inquiète les autorités. Car derrière ce succès numérique se cache un usage massif et illégal de traitements à base d’aGLP-1, tels qu’Ozempic, Wegovy ou Mounjaro, qui ne devraient être prescrits qu’aux patients atteints de diabète de type 2 ou d’obésité sévère. « La vente et la promotion sans autorisation de médicaments aGLP-A sur internet est illégale. Les produits vendus peuvent être contrefaits et mettre en danger la santé des personnes qui les utilisent », rappelle l’ANSM, qui a déjà saisi le procureur de la République et signalé une dizaine de sites au portail Pharos du ministère de l’Intérieur.

« Ce ne sont pas des produits miracles, mais des traitements lourds »

Derrière l’écran des réseaux sociaux, les risques sont bien réels. Le docteur Assad, endocrinologue à Paris, insiste sur la dangerosité de ces détournements. « Ce ne sont pas des produits miracles. Ce sont des traitements lourds, qui modifient l’équilibre hormonal et digestif du patient. Pris sans suivi médical, ils peuvent provoquer des nausées sévères, des pancréatites, voire des troubles cardiaques ».

Sur TikTok, une tendance baptisée « Ozempic Face » illustre déjà certains effets indésirables : visages émaciés et rides creusées par une perte trop rapide de la graisse. « Ce phénomène est le signe que le corps est malmené par une perte de poids brutale. Il ne faut pas sous-estimer les conséquences à long terme, car nous manquons encore de recul sur les effets secondaires », prévient le médecin.

Le parallèle avec le scandale du Médiator, révélé en 2010, s’impose. Ce médicament, initialement prescrit aux diabétiques mais détourné comme coupe-faim, a entraîné entre 500 et 2 000 décès. « L’histoire nous rappelle combien les détournements de médicaments peuvent être tragiques », souligne le docteur Assad.

Une course à la minceur qui inquiète les autorités sanitaires

Si l’attrait pour ces traitements explose, c’est parce qu’ils promettent une perte de poids rapide et sans effort. Mais cette illusion d’efficacité séduit particulièrement les jeunes femmes, vulnérables aux injections sociales relayées par les réseaux. « L’effet de mode autour de ces médicaments est préoccupant. Il banalise un produit qui doit rester un traitement encadré médicalement, et non une solution esthétique », souligne un médecin généraliste et esthétique.

Pour endiguer le phénomène, l’agence nationale de sécurité du médicament multiplie les actions : saisines judiciaires, fermetures de sites, travail avec les plateformes de vente en ligne pour interdire toute publicité. Mais la viralité des réseaux sociaux rend la tâche complexe. « Les jeunes trouvent toujours des moyens de contourner les interdictions », admet ce même médecin toulousain.

Face à cette dérive, médecins et autorités appellent à la vigilance. Le docteur conclut : « Derrière chaque stylo injecteur acheté sur internet, il y a un risque sanitaire majeur. Les patients doivent comprendre qu’on ne joue pas avec ces traitements comme on testerait un régime à la mode ».

Ava Ouaknine