L’hygiène : un combat de plus pour les femmes SDF

 

Souvent victimes d’agressions sexuelles, les femmes sans-abri fuient les lieux mixtes. Selon le Samusocial de Paris, seuls 10 % des usagers dans les bains-douches sont des femmes. Pour répondre à ce problème, le premier centre d’hygiène uniquement réservée aux femmes a ouvert rue de Charenton dans le 12eme arrondissement de Paris en mars 2019. Cet espace cherche à répondre aux besoins spécifiques d’hygiène féminine. Le lieu dispose de plusieurs douches, d’une bagagerie, d’un espace épilation et coiffure. Il est aussi doté d’un dispositif d’aide sociale et médico-psychologique. Les femmes peuvent y consulter des spécialistes comme un gynécologue. Des protections pour les menstruations y sont mises à dispositions.

Dans la rue, les règles sont un problème de plus à gérer pour les femmes. À l’automne 2018, Axelle de Sousa -une jeune femme sans domicile- lance une pétition pour que les protections hygiéniques soient remboursées par la Sécurité sociale, afin que le personnes en grande précarité puissent y avoir accès.

 

Eva Mbengue et Antonella Francini

L’église suédoise de Paris vient en aide aux migrants afghans

L’église suédoise de Paris accueille des migrants afghans déboutés du droit d’asile en Suède. C’est toute une communauté qui aide ces jeunes qui cherchent en France une seconde chance d’obtenir le statut de réfugié.

Église suédoise de Paris
Les paroissiens de l’église suédoise de Paris donnent des cours de français aux migrants afghans © Zina Desmazes

Assis sur une chaise bleue au milieu de la cour pavée, Nesar est souriant. Depuis trois mois, il est officiellement réfugié en France. Dans l’enceinte de l’église suédoise de Paris, ce jeune afghan de 25 ans vient déjeuner avec d’autres compatriotes. Ils sont entre 20 et 30 jeunes à venir chaque jour dans cette église aux murs de briques.

Ces jeunes migrants viennent tous de Suède, où ils ont été déboutés du droit d’asile. Ce pays scandinave a donné la priorité aux Syriens, arrivés pendant la grande vague migratoire de 2015, pour l’obtention du statut de réfugié.

Quelques mois plus tard, les réactions hostiles aux migrants sont apparues et se sont accrues. Le gouvernement conservateur suédois a fini par refuser les demandes d’asile des mineurs isolés afghans devenus majeurs.

Face à ces refus, plusieurs ont fait le choix de venir en France. C’est le cas de Nesar, arrivé à Paris en août 2017. « Je suis resté deux ans en Suède et ça a été très dur de décider de venir en France, mais ma demande d’asile a été refusé trois fois en Suède, c’est le maximum, » explique le jeune homme à la coiffure très soignée avec des mèches blonde sur les longueurs.

J’ai vu passé plus de 300 jeunes depuis un an

Pendant près de 9 mois, la Suédoise Sara Brachet a été employée par la paroisse pour aider les migrants afghans. Aujourd’hui simple bénévole, elle est toujours très impliquée.

Tout à commencé lorsqu’une amie d’enfance l’a contactée : « Elle travaille pour un organisme qui s’occupe des mineurs isolés en Suède et elle m’a demander d’aider un jeune homme qui arrivait à Paris, raconte-t-elle. C’est là que j’ai appris que l’église suédoise accueillait les migrants dans la journée. »

A l’église, tout se passe en suédois. Grâce à un français parfait, elle aide les jeunes afghans en traduisant des documents administratifs ou en donnant des cours de français. Depuis octobre 2017, Sara Brachet a tissé des liens avec certains des jeunes qui comptent sur elle. Mais difficile de rester en contact avec tous : « J’ai vu passer plus de 300 jeunes depuis un an donc je ne sais pas tous ce qu’ils deviennent. Certains viennent régulièrement et d’autres viennent pendant une semaine ou quelques mois seulement. »

L’église suédoise, plus qu’un lieu de rencontre

Le lieu est lumineux et très chaleureux. Les murs clairs côtoient le mobilier en bois, dans la pièce principale tout le monde se retrouve pour discuter, manger des sandwiches ou boire un café.

Ce point de rendez-vous pour les migrants venus de Suède est un repère pour ces jeunes qui ne parlent ni français ni anglais. Sans papiers, ils ne peuvent pas avoir de compte en banque ni recevoir de l’argent. Certains étaient logés par des familles d’accueil en Suède, « certains reçoivent de l’argent de ces familles et grâce à l’église ils ont une adresse de référence, » précise Sara Brachet, installée depuis 30 ans à Paris.

Principalement afghans, les migrants sont en majorité musulmans mais certains font le choix de se convertir au christianisme. « Nous avons organisé plusieurs baptêmes dans l’église, des cours de religion sont également dispensés pour ceux qui veulent se convertir. » Pour Sara Brachet, il est important d’inclure les migrants aux paroissiens pour que la cohabitation se passe au mieux : « Tout se passe bien, certains s’impliquent pour aider les garçons mais il était crucial que leur venue ne soit pas brutale et bien vécue par les habitué de l’église. »

L’église suédoise de Paris offre un accueil exclusivement de jour, la nuit les nouveaux arrivés dorment souvent dehors. « Le plus difficile à Paris c’est le logement, en ce moment je dors chez l’habitant grâce à une association mais je change de famille tous les mois, » raconte le jeune homme.

 

Aujourd’hui Nesar est heureux parce qu’il a trouvé un travail, non sans difficultés : « C’est très dur de trouver du travail parce que je ne parle pas bien français et je n’ai pas de diplôme. » A partir de la semaine prochaine, il sera vendeur dans une grande marque de prêt-à-porter.

Parti d’Afghanistan en 2010, Nesar a obtenu un parti de séjour de 10 ans en France. Il peut enfin travailler alors que le reste de sa famille est en Iran : « Je n’ai pas voulu rester en Iran parce que là-bas les afghans sont renvoyés dans leur pays s’ils sont arrêtés ou envoyé en Syrie pour combattre. »

Zina Desmazes

 

 

Pour les femmes, la pilule ne passe plus

Depuis 2012, 1,5 million de femmes en France ont arrêté de prendre ce contraceptif, selon l’Agence national de Santé. Scandale de la pilule 3ème génération, phobie des hormones, volonté de retour au naturel… la méfiance grandit autour de ce petit cachet, autrefois considéré comme un symbole de libération sexuelle pour les femmes. Enquête sur le désamour des Françaises pour la pilule.

Chaque jour, ce sont plus de 59.000 boîtes de pilules qui sont vendues et utilisées par les Françaises.
Chaque jour, ce sont plus de 59.000 boîtes de pilules qui sont vendues et utilisées par les Françaises.

« La meilleure contraception, c’est celle que l’on choisit ! », peut-on lire sur les prospectus rose bonbon disposés en cercle sur la table basse du Centre de Planification et d’Éducation familiale de la Goutte d’Or, un quartier populaire de Paris. Chaque jour, cet établissement accueille en moyenne une dizaine de femmes. La plupart sont mineures et dans une situation précaire. Ici, elles sont reçues en consultations ou pour trouver une méthode de contraception adéquate. Beaucoup s’y rendent également pour entamer les démarches pour une interruption volontaire de grossesse. Alors, quand Catherine Jouannet entend qu’il existe un « désamour » des femmes pour la pilule, cette sage-femme débordante d’énergie aux cheveux bouclés et grisonnants ne peut s’empêcher de faire la grimace. « Désamour, je n’aime pas tellement ce mot. Même s’il est vrai que les prescriptions de pilule ont diminué ces dernières années », lâche-t-elle avec regret.

En 2010, 50 % des Françaises avaient recours la pilule. Elles ne sont plus que 41% en 2013, selon l’enquête Fécond de l’Institut National d’études démographiques. 2013, une année marquée par le scandale provoqué par la pilule 3ème génération. En décembre 2012, Marion Larat, une étudiante bordelaise de 26 ans, porte plainte contre les laboratoires pharmaceutiques Bayer et contre les autorités sanitaires françaises. Six ans plus tôt, la jeune femme avait fait un AVC qui l’avait laissé paralysée à 65 %. Elle liait alors son accident à sa contraception. La commission régionale de conciliation et d’indemnisation (CRCI) des accidents médicaux de la région Aquitaine lui donne raison et impute son AVC à la pilule Méliane, commercialisée par le laboratoire allemand Bayer. Plus d’une centaine de plaintes de femmes victimes d’embolie, d’AVC ou de thrombose suivront. Utilisées par 4,7 millions de femmes en France, la pilule provoquerait 20 décès prématurés et 2.500 accidents similaires par an, selon un rapport diffusé par l’Agence du médicament, en mars 2013.

Crise de confiance

Les quelques cas médiatisés poussent alors certaines femmes à rejeter ce moyen de contraception, y compris les pilules de première et deuxième génération. Maëlle Lafond, journaliste de 24 ans, a arrêté sa pilule il y a deux ans. « Je ne supportais les effets secondaires, et j’ai perdu ma mère qui est décédée d’un cancer du sein ».  D’après une étude élaborée par des chercheurs écossais, la pilule augmenterait en effet les cancers du sein de 20%. « On ne m’a jamais prescrit un seul bilan sanguin pour ma pilule. Or, dans mon cas, une contraception hormonale est déconseillée puisque j’ai des antécédents familiaux de cancer ! », s’insurge Maëlle. Sur le site du ministère de la Santé, il est en effet indiqué que la pilule hormonale est « contre-indiquée  chez les femmes ayant une prédisposition héréditaire de cancer du sein, de thrombose veineuse ou artérielle et d’AVC ». Une évidence pour Agnès Pavard, gynécologue à Marignane (Bouches-du-Rhône), qui s’attache désormais à prévenir les femmes, des risques éventuels liés à la prise de pilule. « Les patientes ont eu très peur. En 2013, on avait l’impression qu’on découvrait qu’il y avait des risques avec la pilule, mais on le savait depuis longtemps déjà. Mais le grand public découvrait ces dangers-là », explique la quinquagénaire, qui reçoit de plus en plus de jeunes femmes cherchant des alternatives. La pilule contient des hormones de synthèse qui peuvent favoriser la formation de caillots dans le sang, pouvant boucher une artère du cou ou du cerveau et provoquer un AVC ou une phlébite. « Aujourd’hui, nous sommes beaucoup plus attentives sur les antécédents familiaux des patientes. En consultation, je prends plus le temps d’expliquer aux patientes les risques éventuels liés à chaque contraceptif. Il y a un vrai travail d’information et de prévention à faire auprès des femmes », ajoute la gynécologue.

« On ne m’a jamais prescrit un seul bilan sanguin pour ma pilule. Or, dans mon cas, une contraception hormonale est déconseillée puisque j’ai des antécédents familiaux de cancer» Maëlle, étudiante de 24 ans

Dans son cabinet cossu, situé dans le XVème arrondissement de Paris, la gynécologue Sadya Aissaoui ne décolère pas contre la presse. « Il y a eu une campagne médiatique d’une violence inouïe contre la pilule. On nous expliquait que c’était mortel et des pilules ont été retirées du marché, comme la Diane 35. On est passé de la ‘’pilule bonbon‘’, que les femmes prenaient sans se poser de questions, à la pilule ‘’danger mortel’’ ». Pourtant, pour ce médecin, la pilule reste un bon moyen de contraception. « Certaines patientes souffrent de problèmes gynécologiques, comme des kystes de l’ovaire ou des règles abondantes et douloureuses. La pilule leur a offert une très bonne qualité de vie ». En effet, la pilule régule les cycles menstruels et réduit les risques de kystes de l’ovaire en bloquant l’ovulation. Pour Alma N, 23 ans, prendre la pilule a été salvateur. La jeune femme raconte avec enthousiasme comment ce comprimé a changé son quotidien. A l’âge de quinze ans, elle commence à prendre la pilule pour apaiser ses règles douloureuses, dues à un dérèglement hormonal qui lui fait enfler les ovaires. L’ovulation engendre, en temps normal, un gonflement des ovaires. Les hormones libérées par la pilule empêchent ce gonflement. Depuis qu’elle prend ce contraceptif, Alma ne ressent plus aucune douleur, ou presque. « Aujourd’hui, je peux vivre normalement. Avant, c’était insupportable, je ne pouvais pas aller en cours pendant mes règles, je prenais de la codéine et je pleurais de douleur », se souvient l’étudiante, l’air grave.

 

« Certaines patientes souffrent de problèmes gynécologiques, comme des kystes de l’ovaire ou des règles abondantes et douloureuses. La pilule leur a offert une très bonne qualité de vie », Sadya Aissaoui, gynécologue

Comme souvent chez les femmes souffrant de kystes ovariens, la pathologie est héréditaire. « Ma grand-mère et ma mère ont vécu un calvaire à cause de cela. Ma grand-mère s’est fait enlever l’utérus après la naissance de ses enfants et ma mère a été malade pendant longtemps. Je suis plutôt chanceuse, en fin de compte », philosophe la jeune femme, désormais en paix avec son corps. « Diaboliser la pilule, ce n’est pas servir les femmes qui vont en bénéficier. Il y a des femmes à qui ça convient très bien et il faut les encourager à la prendre », relativise Alma. Au-delà des questions de santé, la pilule reste un symbole fort d’émancipation pour certaines femmes. L’adoption de la loi Neuwirth autorise la commercialisation de la pilule en 1967 et conforte les slogans féministes de l’époque, « un enfant si je veux, quand je veux ».  « La légalisation de la pilule se produit dans un contexte où l’avortement n’était pas encore légal. C’est un premier pas dans la libération sexuelle des femmes », explique Leslie Fonquerne, sociologue au Laboratoire CERTOP, à l’université de Toulouse.

Une volonté de « retour au naturel »

« Il n’y a pas de contraception miracle », explique Florence Boursier, sage-femme à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). « Chaque femme a sa contraception, qui a des inconvénients et des avantages. Tant que les avantages sont supérieurs aux inconvénients, c’est une bonne contraception », explique cette professionnelle passionnée.  Certaines femmes ont profité du scandale de la pilule troisième génération pour arrêter la pilule et se tourner vers d’autres alternatives. C’est le cas de Marie HG, mère de famille de 40 ans. « J’avais des sautes d’humeur, des bouffés de chaleur, j’ai pris du poids. Ma libido a disparu, j’étais dans un état dépressif permanent, mes boutons ont réapparu. Rien n’allait depuis que j’étais sous pilule. » L’élégante quadragénaire se tourne alors vers le stérilet au cuivre, mais quelques mois plus tard, ses règles sont devenues plus abondantes et douloureuses. Depuis, cette adepte du bio utilise les méthodes dites « naturelles ». Cette appellation floue regroupe l’abstinence périodique, durant laquelle les femmes n’ont pas de relations sexuelles ; le « retrait », l’homme se retire avant l’éjaculation, ou encore la prise de température, méthode consiste à repérer la période d’ovulation en fonction de la chaleur du corps. Ces méthodes, utilisées avant la commercialisation des différents contraceptifs concernaient 1,2 % des femmes, en 2010, selon une étude de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), publiée en 2016. « C’est un archaïsme total en 2018 », s’insurge Sadya Aissaoui, qui voit de plus en plus de patientes utiliser ces méthodes. « Le retrait, c’est une catastrophe. Avant l’éjaculation, on peut trouver des spermatozoïdes dans le liquide séminal. Dès lors qu’il y a un contact sexuel, elles peuvent tomber enceinte », rappelle-t-elle, l’air sévère. Alma ironise sur cette méthode, qu’utilisait sa mère, «  la méthode du retrait a très bien marché, ça a donné ma sœur ».

Les femmes abandonnent de plus en plus la pilule, au profit du dispositif intra-utérin (DIU) ou stérilet
Les femmes abandonnent de plus en plus la pilule, au profit du dispositif intra-utérin (DIU) ou stérilet

 

« Chaque femme a sa contraception, qui a des inconvénients et des avantages. Tant que les avantages sont supérieurs aux inconvénients, c’est une bonne contraception », Florence Boursier, sage-femme

Les raisons qui poussent les femmes à abandonner la pilule dépassent parfois leur propre bien-être. Certaines sont convaincues que l’arrêt de leur pilule est un geste pour la planète. Pour le docteur Pedro José Maria Simon Castellvi, gynécologue et président de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques, « la pilule contraceptive a depuis des années des effets dévastateurs sur l’environnement en relâchant des tonnes d’hormones dans la nature  à travers les urines des femmes.  » D’après une étude britannique, menée par la biologiste britannique, Susan Jobling de l’université Brunel à Londres, et diffusée dans la revue scientifique Environmental Health Perspectives, 20 % des poissons d’eau douce mâles seraient devenus hermaphrodites et se sont mis à pondre des œufs. En cause, les molécules présentes dans les pilules contraceptives qui sont rejetées dans les rivières. Arrêter la pilule, un geste écolo et militant ? C’est en tout cas l’une des raisons pour lesquelles Caroline Baudry, étudiante de 23 ans, a décidé d’abandonner ce contraceptif. « Il paraît que la pilule est vraiment dévastateur pour l’environnement, et je ne voulais pas participer à cette pollution. J’avais également entendu parler des risques d’AVC. Je ne voulais prendre aucun risque », explique la jeune femme, avec conviction.

new-piktochart_30627747

Abandonner sa pilule, un problème de riche ?

Au Centre de Planification et d’Education familiale de la Goutte d’Or, Catherine Jouannet voit principalement défiler des mineures, qui souhaitent cacher leur sexualité à leur parents, ou des femmes « vulnérables ». « La majorité ne peuvent pas nécessairement dépenser 20 euros par mois pour leur contraception, parce qu’elles ne sont pas toutes remboursées par la Sécurité sociale. Le coût est un facteur de discussion primordial dans notre centre », explique la sage-femme. Pour Leslie Fonquerne, sociologue au Laboratoire CERTOP de l’université de Toulouse, « pouvoir aller chez le gynécologue et avancer les frais n’est pas donné à tout le monde. » Un problème de coût, mais aussi d’éducation. « Une première consultation chez le gynécologue, pour une contraception, devrait durer une heure. Il faut prendre le temps d’expliquer comment cela fonctionne aux jeunes femmes, ce n’est pas évident pour toutes ! », raconte Marie-Françoise J, sage-femme au Centre de Planification et d’Education familiale de l’Hôpital Cochin-Port royal. Le rejet de la pilule concerne en majorité des femmes diplômées, selon l’étude Fécond, pour l’Ined. « Durant la consultation, il faut pouvoir avoir les armes verbales et les informations pour affronter le médecin en posant des questions. Les femmes ne sont pas toutes capables de remettre en question cette relation de pouvoir qu’il peut y avoir vis-à-vis du médecin », explique Leslie Fonquerne. Des femmes éduquées, mais aussi plus jeunes, « La baisse du recours à la pilule concerne les femmes de tous âges mais elle est particulièrement marquée chez les moins de 30 ans. », peut-on lire dans l’étude Fécond.

 « La légalisation de la pilule est un premier pas dans la libération sexuelle des femmes », Leslie Fonquerne, sociologue

A l’exception du préservatif, les contraceptions pour hommes sont très peu mises en valeur et adoptées. La responsabilité de la contraception repose donc exclusivement sur la femme.  « Avant, la méthode la plus utilisée en France était le retrait, les hommes étaient donc plus impliqués dans la contraception. La pilule a changé les rapports hommes–femmes dans ce domaine-là, elle a féminisé la contraception », explique la sociologue Leslie Fonquerne. Mais la pilule masculine pourrait bientôt devenir réalité. Un premier essai clinique a dévoilé des résultats prometteurs, d’après une étude américaine menée conjointement par le Centre médical de l’Université de Washington et le Centre médical de Harbor-UCLA, à Los Angeles. « Une très bonne idée, pour plus impliquer les hommes sur les problématiques de la contraception », pour Florence Boursier. Cette sage-femme reste pourtant dubitative sur l’éventuel succès de cette pilule masculine.  « En France, la vasectomie (stérilisation chirurgicale) reste taboue. C’est culturel, nous sommes un pays de latins, et l’appareil reproducteur est lié à la virilité. Aux Etats-Unis et dans les pays du Nord, la vasectomie est beaucoup plus répandue. » Aucune date de commercialisation d’une pilule masculine n’a été avancée pour le moment. Aujourd’hui, 4.7 millions de femmes avalent leur comprimé tous les jours, faisant de la pilule la contraception la plus utilisée en France.

                                                                                                                                                 Camille Bichler et Caroline Quevrain

Sur le même sujet :

La pilule masculine, c’est pour quand ?

Trois questions à Catherine Jouannet, sage-femme

Trois questions à Catherine Jouannet, sage-femme

Catherine Jouannet est sage-femme au Centre de Planification et d'Education familiale de la Goutte d'Or, un quartier populaire du XVIIIe arrondissement de Paris
Catherine Jouannet est sage-femme au Centre de Planification et d’Education familiale de la Goutte d’Or, un quartier populaire du XVIIIe arrondissement de Paris

Quelles sont les alternatives à la pilule ?

Il en existe beaucoup ! Le DIU (dispositif intra utérin ou stérilet), l’implant, l’anneau vaginal, les injections de progestérones, le préservatif… Il y a d’ailleurs une augmentation significative des demandes de contraceptifs « de longue durée », comme l’implant et le stérilet.

Quels sont les avantages de ces contraceptions « de longue durée » ?

Ce sont des contraceptions que l’on pose et qu’on oublie ; l’implant est posé sous la peau, le stérilet dans l’utérus. Ce sont des contraceptions invisibles. Or, certaines jeunes filles veulent être discrètes sur leur contraception vis-à-vis de leur famille. La sexualité des jeunes est encore taboue pour certains parents. C’est moins contraignant pour certaines femmes. Avec la pilule, il faut penser à prendre son cachet tous les jours, et un oubli est vite arrivé !

Le dispositif intra-utérin (DIU) ou stérilet est un contraceptif de longue durée et invisible car posée dans l'utérus
Le dispositif intra-utérin (DIU) ou stérilet est un contraceptif de longue durée et invisible car posée dans l’utérus

Y a-t-il une réticence du corps médical à la pose du stérilet?

Les médecins changent un peu d’attitude par rapport à cela et recommandent de poser des stérilets sur des femmes nullipares (qui n’ont jamais eu d’enfants). Avant, ils craignaient des risques d’infections, ce qui est faux.

Propos recueillis par Camille Bichler et Caroline Qevrain