François Fillon, le candidat déchu à l’élection présidentielle, a déposé plainte contre Le Canard enchaîné concernant les emplois fictifs présumés de sa famille, a indiqué ce mardi son entourage. Le candidat républicain accuse Le Canard enchaîné d’avoir propagé des « fausses nouvelles » ayant eu pour effet de « détourner » les suffrages. Cette annonce anticipe la une de l’hebdomadaire satirique, qui devait annoncer le dépôt de la plainte et qui sera publiée dans son édition de mercredi. L’hebdomadaire indique que l’un de ses rédacteurs en chef et un journaliste seront entendus par la police le 11 mai dans le cadre de cette plainte.
Fin janvier, Le Canard enchaîné avait publié une séries d’articles qui affirmaient que Pénélope Fillon avait été rémunérée pendant plusieurs années comme attachée parlementaire auprès de son mari ou de son suppléant. La justice, qui s’est saisie du dossier, a soupçonné qu’il s’agissait d’emplois fictifs, et a mis le couple en examen fin mars pour « détournement de fonds publics ».
La France Insoumise a dévoilé ce mardi soir le résultat de la consultation qu’elle a organisée sur son site auprès de ses électeurs. 243 128 personnes y ont participé. 36,12% d’entre eux ont indiqué qu’ils voteront blanc ou nul,, 29,05% ont choisi l’abstention et 34,83% voteraient Macron.
Cette consultation ne comprenait pas le choix d’un vote pour Marine Le Pen.
Lundi midi, Marine Le Pen et son nouvel allié, Nicolas Dupont-Aignan, ont tenu un meeting à Villepinte, devant 6 000 militants plus ou moins impliqués. Etudiants, cadres, mélenchonistes, retraités ou anciens du GUD ; le public était pour le moins éclectique.
Une clameur d’enthousiasme s’élève dans le hangar 4B du parc des expositions de Villepinte lorsque Nicolas Dupont-Aignan arrive sur l’estrade. Les drapeaux s’agitent, le prénom du fondateur de « Debout la France » est repris en choeur, tandis que les retardataires pressent le pas pour traverser la salle, aux trois quarts vide. Marine Le Pen a vu les choses en grand pour ce meeting : énorme hangar, musique épique, milliers de drapeaux tricolores, Nicolas Dupont-Aignan en première partie, service d’ordre omniprésent et journalistes parqués dans des espaces dont ils ne pouvaient pas sortir. La mise en scène est maîtrisée.
Les fidèles soldats du Front
Certains militants ont totalement intégré la rhétorique de la candidate du Front national. Devant l’énorme drapeau français qui sert à recueillir les dons faits au parti et au service d’ordre, Nicolas Grandjean, 22 ans et étudiant en alternance dans le commerce international, explique pourquoi il soutient Marine Le Pen : « La mondialisation, c’est un piège à cons. L’économie n’est pas la base de la société ; il faut savoir où sont les priorités. Je n’ai pas peur que les entreprises quittent la France si Marine Le Pen est élue. Cela n’arrivera pas. Même mon patron, qui fait partie du comité d’En marche ! m’a dit qu’après avoir écouté Marine Le Pen sur TF1, il avait douté de son vote ». Pour ce jeune homme qui a participé aux manifestations contre le mariage pour tous, la priorité, c’est la famille : « Le Front national abrogera la loi Taubira et mettra en place des aides pour les familles en difficulté. Mais pas pour les familles étrangères qui bénéficient déjà des aides de l’Etat. C’est surtout pour cette politique familiale que j’ai choisi Marine Le Pen dès le premier tour ».
Quelques personnes ont choisi de suivre le meeting au fond de la salle. C’est le cas d’Arthur, Rennais de 21 ans qui cherche à acheter un bar, venu jusqu’à Villepinte avec son ami Maxime : « Je suis venu ici pour faire acte de présence. Je connais déjà le discours de Marine Le Pen mais ce qui me plaît le plus, c’est de favoriser la France et les Français, d’avoir une politique nationale comme la majorité des autres pays ». » Mais Marine Le Pen ne parle plus trop de cela parce qu’elle cherche le plus d’électeurs possibles. Je pense qu’elle peut être élue mais cela va être compliqué. En tout cas, je connais beaucoup de jeunes qui vont voter pour elles, notamment quelques mélenchonistes », ajoute-t-il.
L’arrière garde
Mais, en marge du meeting, on pouvait aussi croiser des personnes moins policées. Les groupuscules d’extrême droite sont discrets mais présents. Loïc, un ancien du GUD (Groupe Union Défense), frontiste depuis 1983 et ancien garde du corps de Marie-France Stirbois, a préféré rester dehors plutôt que d’écouter le discours de Marine Le Pen. Ce quinquagénaire, arborant des lunettes d’aviateur et une mèche péroxydée, est venu à Villepinte en scooter après avoir assisté au discours du 1er mai de Jean-Marie Le Pen. « Je suis un peu nostalgique des débuts du Front national quand on était plus indépendants. Aujourd’hui, le GUD ne représente quasiment plus rien », déplore Loïc en fumant une énième cigarette alors que le slogan « On est chez nous ! » s’échappe du hangar.
Un homme qui est resté au fond de la salle pendant tout le meeting a également attiré l’attention des photographes. Jean-Michel, retraité de 64 ans, arbore un panneau « La gauche avec Marine » mais refuse de dire pour qui il a voté au premier tour. « On peut être de gauche et voter pour Marine Le Pen. Moi, je ne vote pas pour les banquiers. Je trouve que Mélenchon n’a pas eu de couilles en refusant de se positionner. De toute façon, les trotskystes ne sont pas des gens fiables. Moi, je suis un indépendant », explique-t-il. En plus, du protectionnisme économique, Jean-Michel est également d’accord avec la politique de réduction voire de suppression de l’immigration que veut mettre en place Marine Le Pen : « Je suis pour la paix civile. Je considère que tout le monde devrait pouvoir vivre et travailler dans son pays sans être bombardé par les Américains. Dans les années 60 et 70, l’immigration ne posait pas de problèmes parce qu’elle était européenne et chrétienne, alors que l’immigration musulmane d’aujourd’hui a tendance à favoriser la création de ghettos ethnico-culturels et le système libéral s’en sert pour faire baisser les salaires », considère celui qui se présente comme de gauche, avant d’ajouter : « Les réfugiés syriens sont des déserteurs ».
La dispersion des troupes
A la fin du meeting, la Marseillaise est reprise avec vigueur par les militants. Ceux qui sont venus de province se dirigent vers la gare routière, tandis que certains frontistes prennent à parti les médias. Quelques enfants courent dans l’herbe en s’amusant avec des drapeaux tricolores en criant « Marine présidente ! ». Les forces de l’ordre souhaitent une bonne journée aux militants qui les remercient pour leur présence. Dans le RER, les frontistes se mêlent aux voyageurs qui reviennent de l’aéroport Charles de Gaulle. La dernière trace visible de ce meeting se retrouve dans le doigt d’honneur qu’un militant esquisse dans le dos d’un journaliste en souriant à sa femme d’un air complice.
Ce mardi, François Fillon a de nouveau mis en garde ses électeurs contre le programme du Front national, lors d’un discours de remerciement aux parlementaires prononcé à Paris. « Ce n’est pas parce que la France va mal qu’il faut se jeter dans le vide », a affirmé l’ancien candidat du parti Les Républicains.
« Le programme économique du Front national appauvrirait la Nation de façon irrémédiable; la violence idéologique de ce parti diviserait les Français; son hostilité obsessionnelle à l’égard de l’Europe nous isolerait », a ajouté François Fillon, assumant ainsi son appel à voter en faveur d’Emmanuel Macron, malgré la division de son parti sur cette question.
L’ancien candidat à la présidentielle a également exhorté son parti à rester uni pour les élections législatives : « La droite et le centre incarnent des valeurs et des idéaux qui ont du sens. Défendez-les », a-t-il déclaré. Mais lui-même ne se présentera pas et ne dirigera pas la campagne des législatives. « Je me retire, je redeviens un militant parmi les militants », a-t-il réaffirmé.