Apprendre à coder pour devenir un utilisateur averti du numérique (3/3)

Rabah enseigne le code à Achille et Tom, élèves en sixième. Crédit : Julien Percheron
Rabah enseigne le code à Achille et Tom, élèves en sixième. Crédit : Julien Percheron

La start-up Evolukid lancée en 2016, propose à des enfants d’apprendre à créer des programmes informatiques. Chaque mercredi après-midi, Rabah Attik accueille les jeunes développeurs dans le centre culturel de Courbevoie. L’objectif, ouvrir les enfants à une autre culture.

Il reste encore quelques minutes à Rabah Attik pour installer les ordinateurs portables et les brancher. Autour de 17 heures, les enfants débarquent dans la salle de classe enroulés dans les écharpes. Achille, dix ans révolus, ne prend même pas la peine d’enlever son manteau. Il a déjà ouvert son ordinateur, les yeux rivés sur l’écran, trépignant d’impatience. “Aujourd’hui, nous allons continuer ce que nous avons commencé la semaine dernière avec l’exercice de l’escargot”, lance le professeur. “C’est à vous de trouver l’énoncé !”

Elève en sixième, Achille a déjà codé plusieurs jeu, dont une réplique du célèbre "Flappy Bird". Crédit : Julien Percheron
Elève en sixième, Achille a déjà codé plusieurs jeu, dont une réplique du célèbre « Flappy Bird ». Crédit : Julien Percheron

“Ma mère m’interdit d’avoir Facebook”

Ce cours pas comme les autres accueille chaque mercredi cinq élèves de CM2 et sixième. Arthur, Tom et Achille s’activent sur leur clavier. Pendant 1 h 30, ils vont suivre les consignes de Rabah et coder un programme sur leur ordinateur. Sur le logiciel « Scratch », les enfants doivent donner des instructions à une figure, un escargot, pour qu’elle se déplace sur l’écran.

Achille est en avance sur ses camarades. “J’aime coder pour créer des jeux, j’en ai déjà fait plusieurs chez-moi”, lance ce développeur en herbe. Achille est bien équipé : téléphone portable, ordinateur et tablette, sur laquelle il enchaîne les parties de “Clash Royal”. Question réseaux sociaux, il reste vigilant. “Ma mère m’interdit d’avoir Facebook. Et puis je risquerais de tomber sur des gens pas très gentils. J’ai tout de même une boîte mail”, affirme-t-il derrière ses lunettes aux épais bords noirs.

Rabah Attik, ancien ingénieur informatique, veut faire des enfants consommateurs, des créateurs. Crédit : Julien Percheron
Rabah Attik, ancien ingénieur informatique, veut faire des enfants consommateurs, des créateurs. Crédit : Julien Percheron

Culture numérique

“Un évènement, une orientation !”, répète Rabah inlassablement. “Arthur, on reste concentré…” Pour cet ingénieur devenu professeur de coding, découvrir les bases de l’algorithmique est parfaitement adapté aux enfants. “Le raisonnement est un dénominateur commun à l’adulte et à l’enfant. Avec un logiciel de programmation interactif, ils apprennent en s’amusant et communiquent beaucoup entre eux.” Ces compétences, Rabah les distingue de la pratique des outils numérique. “Bien sûr, l’idée est aussi de pouvoir faire migrer les enfants consommateurs vers l’aspect créateur. Avoir une culture numérique solide leur permet de comprendre leur manière de consommer.”

Rabah le sait, son activité est dans l’air du temps. L’enseignement du code s’est déjà trouvé une place dans les emploi du temps scolaires. Depuis 2016, des cours de code sont proposés dans certains collèges et lycées. Si la formation des professeurs à l’apprentissage du numérique est encore défaillant, ils sont toutefois grandement encouragés à transmettre aux enfants cette « pensée informatique ».

A l’approche de Noël, les jouets numériques auront une place de choix au pied du sapin. L’offre ne manque pas, des jeux en bois pour les plus petits aux robots équipés de capteurs pour les plus confirmés…

Léa Duperrin et Julien Percheron

La vente en ligne a le vent en poupe (2/3)

(c) Varun S / Wikipediaimage.
(c) Varun S / Wikipediaimage.

 

En sept ans, les ventes en ligne ont plus que doublé en France, selon la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (FEVAD). Au premier trimestre 2017, le chiffre d’affaires du commerce en ligne s’élève déjà à 20 milliards d’euros, et 33 transactions sont réalisées chaque seconde. Une manne dont ne profitent pas tous les sites, puisque seuls 5% des plateformes de e-commerce réalisent plus de 60% du chiffre d’affaires généré par ces ventes. Ces chiffres montrent que l’appétence des Français pour le e-commerce ne cesse de croître. Les 46 millions d’internautes présents en France effectuent en moyenne 18 transactions par an. En 2015, les produits les plus plébiscités étaient les vêtements, suivis de près par les voyages, et les produits culturels.

La vente entre particuliers est particulièrement prisée : 70% des internautes achètent ou vendent leurs produits sur des sites de revente. Il y a donc une montée en puissance de l’économie collaborative sur internet.

Aline Bottin et Anaïs Robert

Amazon, une superpuissance controversée (1/3)

Crédits : Mike Seyfang/Flickr
Crédits : Mike Seyfang/Flickr

Entreprise incontournable du e-commerce, la firme de Seattle se diversifie. Dernière nouveauté, la livraison de denrées alimentaires. Une initiative qui lui permet de rester leader, même si certaines de ses pratiques sont remises en question.

Pour le Danemark, les GAFA sont “un nouveau type de nation”. Ainsi, cet État a décidé de nommer un ambassadeur début 2017 auprès des quatre firmes américaines: Google, Apple, Facebook et Amazon. Une décision qui illustre la puissance de ces géants du numérique. Les capitaux qu’ils ont engendrés sont comparables au Produit intérieur brut (PIB) de l’Arabie Saoudite, soit plus de 640 milliards de dollars.

Sur le marché de la bourse, Amazon reste le moins coté des GAFA avec une capitalisation de 474 milliards de dollars contre 815 milliards pour Apple. Introduite en bourse en 1997, l’entreprise, autrefois cantonnée à la vente de livres, s’est peu à peu imposée comme le leader mondial du commerce en ligne. Elle s’est largement diversifiée, et propose désormais des services de dématérialisation comme le Cloud, ou encore la santé et l’intelligence artificielle. “On ne le sait pas forcément mais le chiffre d’affaire d’Amazon est principalement issu du web service et des data center”, explique Mickaël Berrebi, membre du Cercle des économistes.

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Un Black Friday à plus de 2 milliards de dollars

Cette diversification comprend aussi les denrées alimentaires. Le site a lancé Amazon Prime Now, service qui permet la livraison, dans l’heure, de produits comestibles. Il y a quatre mois, la firme de Seattle a par ailleurs racheté la chaîne de supermarché américaine Whole Foods. Une manière d’étendre son monopole physiquement. Cependant c’est bien sur le e-commerce qu’Amazon règne. En France, il représente 62% de l’audience totale des sites marchands, selon Médiamétrie. à l’occasion du Black Friday, en novembre dernier, le patron d’Amazon, Jeff Bezos, a gagné 2,4 milliards de dollars en une journée. “Le succès d’Amazon repose sur l’effet de réseau. Les utilisateurs appellent d’autres utilisateurs, la croissance de l’entreprise évolue donc de manière exponentielle”, décrit Mickaël Berrebi.

Cette omniprésence du géant américain inquiète les supermarchés, mais également les petits commerces. Certains ont d’ailleurs fait le choix de s’allier à ce concurrent jugé déloyal pour certains, et de vendre leurs produits sur la plateforme Amazon Prime Now. C’est par exemple le cas de la boucherie Metzger, dans les Hauts-de-Seine, qui propose divers produits en livraison via le site internet.

“Des entreprises privées qui doivent avant tout générer du profit”

Dans l’hexagone, Amazon dispose de cinq centres de distribution, qui emploient 5 500 personnes. Un sixième centre ouvrira ses portes à l’automne 2018. SI l’entreprise est créatrice d’emploi, les conditions de travail sont néanmoins pointées du doigt. Avec Amazon Prime Now, l’exigence de rapidité contraint les salariés à ne pas prendre de pause. Un modèle controversé qui essaye pourtant de se plier aux exigences toujours plus grande des utilisateurs. “Amazon a une logique de faire du sur-mesure, de toucher à l’individu et non plus la masse”, souligne Mickaël Berrebi.

Les GAFA sont pleins de bonnes intentions, mais ils pratiquent l’optimisation fiscale pour payer le moins d’impôts possible, car il ne faut pas oublier que ce sont des entreprises privées qui doivent avant tout générer des profits”, rappelle l’économiste. Le siège européen d’Amazon se situe au Luxembourg, où la fiscalité est avantageuse. Le Grand-Duché a par ailleurs versé des aides d’Etat illégales aux yeux de l’Union européenne, d’un montant de 250 millions d’euros. L’entreprise s’est attirée l’ire de Margaret Vestager, commissaire européenne chargée de la politique de la concurrence.

Les ambitions d’Amazon semblent sans limites. Le projet initial de Jeff Bezos d’ouvrir une librairie en ligne est aujourd’hui bien différent. L’entreprise est même devenue maître dans le processus de dématérialisation, en s’imposant comme leader du “cloud”, loin devant Google et Microsoft.

 

Aline Bottin et Anaïs Robert

 

 

 

Peut-on recycler nos smartphones ?

La réponse est oui. Depuis lundi, Bouygues en partenariat avec WWF France, propose de venir déposer son téléphone portable en boutique, pour qu’il soit ensuite recyclé. Une initiative également proposée chez Orange et SFR mais qui n’a pas beaucoup de succès.

Chaque année 24 millions de téléphones portables sont vendus en France. Crédits Photo : Anonyme
Chaque année 24 millions de téléphones portables sont vendus en France.
Crédits Photo : pixabay

La boutique Bouygues est presque vide. Au centre commercial So Ouest de Levallois-Perret, les gens n’ont pas besoin de faire la queue pour qu’un vendeur réponde à leur question ou règle leur problème. Ici l’opération lancée par l’opérateur n’attire pas la foule. « Depuis lundi seulement 7 téléphones portables ont été déposés au recyclage. Et ce ne sont même pas des smartphones, ces portables devaient avoir plus de 10 ans » se désole Sarah, vendeuse chez Bouygues. Et pourtant chaque année c’est environ 24 millions de mobiles qui sont vendus en France ce qui représente plus d’1/3 des habitants. 92% des foyers possèdent au moins 1 téléphone portable et pourtant seulement 15% d’entre eux sont collectés lorsqu’ils sont usagés. Ces chiffres tirés du rapport sénatorial de Marie-Christine Blandin montre l’urgence du recyclage des téléphones portables, qui eux sont devenus indispensables dans nos vies de tous les jours.

Comment recycler son smartphone ?

Plusieurs propositions s’offrent au consommateur désireux de faire un geste pour l’environnement :

  • Son opérateur

Comme déjà expliqué précédemment, Bouygues, SFR et Orange, proposent de reprendre les mobiles pour les recycler. Deux cas se distinguent :

Si le téléphone ne fonctionne plus ils le récupèrent pour l’envoyer directement au recyclage. Mais si celui-ci est « valorisé » (c’est-à-dire qu’il peut être réutilisé), l’opérateur le rachète au prix de l’argus pour l’envoyer se faire reconditionner. Ce rachat se fait généralement sous forme de bon, que le client pourra utiliser pour acheter son prochain portable.

  • La vente en ligne

Il existe aussi différentes boutiques en ligne qui proposent de racheter différents modèles de mobiles. Il suffit de taper le nom du modèle dans la barre de recherche et de préciser quelques caractéristiques techniques comme l’état dans lequel il est. Un prix est alors proposé.

Pourquoi ce n’est pas une pratique courante ?

Les freins psychologiques sont la raison principale. Le premier réflexe d’une personne va être de garder son ancien téléphone portable au cas où le nouveau tomberait en panne. Il y a également une raison sentimentale invoquée. Bien qu’il soit aujourd’hui assez facile de transférer photos et vidéos sur l’ordinateur personnel ou le cloud, garder son portable c’est aussi conserver les messages. Il y a donc un côté intime ancré dans l’appareil que le consommateur n’a pas forcément envie de dévoiler, ainsi que ses données personnelles, s’il dispose d’une garantie lui certifiant que celles-ci seront toutes effacées lors de la récupération. Par ailleurs, la petite taille du téléphone le rend très peu encombrant comparés aux appareils électroménagers, une personne aura donc moins le réflexe d’aller le faire recycler.

Et si notre consommation est aussi grande c’est en particulier à cause l’obsolescence programmée. Au lieu de durer 10 ans, un téléphone portable va avoir une moyenne de vie comprise entre 2 et 3 ans. Par conséquent le consommateur va donc s’adapter et en changer régulièrement, tous les 2 ans plus précisément d’après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Et même si on compte 24 millions de portables achetés en France chaque année, ce problème de recyclage concerne les autres pays du monde puisqu’en 2016, plus de 2 000 milliards de mobiles ont été vendus.

Sarafina Spautz