Boom des assurances de médecins

Maître Julien Damay n'encourage pas souvent les victimes à engager des procédures auprès des tribunaux (crédit photo : Solène Agnès)
Maître Julien Damay n’encourage pas souvent les victimes à engager des procédures auprès des tribunaux
(crédit photo : Solène Agnès)

Pour se protéger, les médecins ont recours à des assurances, obligatoires et dont les prix divergent en fonction des spécialités. Les prix des assurances des anesthésistes ou des gynécologues, notamment, ont explosé, atteignant en moyenne 30 à 50 000 € par an. “Les tribunaux ont de plus en plus tendance à faire payer les assurances des médecins, constate Julien Damay, avocat à la Cour. Elles se sont donc développées et ont augmenté leurs tarifs. Pour un gynécologue-obstétricien, le problème principal, c’est l’enfant qui meurt à la naissance. Ce sont des accidents qui sont maintenant rarissimes mais systématiquement aujourd’hui il y a un avocat et la famille engage des procédures. Et si jamais il y a une condamnation, ce sont des condamnations qui sont très lourdes, on parle de plusieurs centaines de milliers d’euros.”

Seuls les médecins travaillant dans des établissements publics échappent à ces assurances : ils bénéficient de la couverture des fonctionnaires. Une exception tout de même, lorsqu’ils commettent une faute lourde, volontairement ou non.

Elliot Alderson, un hacker français devenu lanceur d’alerte

Le Français ayant révélé une faille dans une base de données biométriques indienne se fait surnommer Elliot Alderson, en référence au héros de la série Mr Robot, membre du groupuscule "Fsociety". Crédit : USA Network.
Le Français ayant révélé une faille dans une base de données biométriques indienne se fait surnommer Elliot Alderson, en référence au héros de la série Mr. Robot, membre du groupuscule « Fsociety ».

En révélant que les données biométriques de 20 000 citoyens indiens étaient accessibles en quelques clics, un Français de 28 ans a choisi d’enfiler la casquette de lanceur d’alerte plutôt que le chapeau de pirate. C’est sur son compte Twitter qu’Elliot Alderson, référence au héros de la série Mr. Robot, a annoncé en janvier 2018 avoir mis la main sur ces informations. En cause, l’application sur laquelle les Indiens peuvent retrouver les renseignements contenus dans leur passeport biométrique : état civil, adresse, religion mais aussi empreinte digitale et photos du visage.

« Bonjour Aadhaar (le nom du programme de passeports biométriques indiens, NDLR) (…) J’ai vérifié votre application Android et vous avez des problèmes de sécurité… C’est super facile d’obtenir le mot de passe de la base de donnée par exemple… », a tweeté le Français après sa découverte.

 

Constatant que la faille persistait, l’ingénieur s’est fendu deux mois plus tard d’un tweet railleur adressé à l’UIDAI, l’autorité en charge de ce passeport. Il y dévoile dans une vidéo comment obtenir le mot de passe de la base de données en question, le tout “en une minute”.

Dans une capture d’écran vidéo posté sur son compte Twitter, Elliot Alderson détaille « comment craquer le mot de passe de l’application officielle de Aadhaar en une minute »

 

L’UIDAI a finalement assuré sur le réseau social qu’aucun usage malveillant ne saurait être fait de ces données, ignorant ainsi les fraudes bancaires et le détournement de bons alimentaires auxquelles elles ont pourtant servi en 2018.

Alexandre BERTEAU

 

Témoignage : pour changer les stéréotypes, « il faut agir à la source, dès l’école primaire ou maternelle »

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Noëmie Frébeau est ingénieure. Pour elle, les propos sexistes dans le secteur sont rares, bien que présents, et la discrimination n’est pas la raison principale du faible nombre de femmes ingénieures. C’est un problème de culture, de stéréotypes inculqués dès le plus jeune âge et qui détournent les filles du secteur.

 

Lire aussi: Devenir ingénieures malgré les préjugés


Elle a gravi en une décennie les échelons d’un milieu majoritairement masculin. A 32 ans, Noëmie Frébeau est responsable de bureau d’études chez General Electric. Cette jeune ingénieure, diplômée en 2008 de l’école nationale supérieure de mécanique et microtechnique (ENSMM) de Besançon, raconte ses expériences dans le secteur.


Des propos sexistes isolés

« J’ai eu parfois des problèmes avec quelques collègues masculins, mais c’était très occasionnel et je pense que ça n’était pas très représentatif », rapporte Noëmie. Dans une profession où 61% des femmes rapportent avoir été victimes de discrimination à cause de leur sexe (selon l’étude « Les femmes, l’industrie, la technologie et l’innovation », Elles Bougent et l’institut CSA, mars 2016), Noëmie peut paraître chanceuse. Pourtant, certaines de ces expériences sont empreintes d’un sexisme indéniable.

« Je demande une augmentation de budget sur un projet et on me demande si c’est pour aller faire du shopping. Là par exemple, clairement, c’est très malvenu », témoigne-t-elle. Parfois, ces discriminations peuvent causer des problèmes tangibles, comme la perte d’une opportunité professionnelle. « J’ai eu un autre cas où quelqu’un avec qui je me renseignais pour savoir s’il y avait des postes après un stage me disait « Il pourrait y avoir des postes dans mon service mais on pourrait prendre ça pour de la promotion canapé et on aurait peut-être pas tort ». » Après cela, elle perdu l’envie de travailler avec l’entreprise en question.

La possibilité d’une future grossesse peut négativement impacter sur la trajectoire professionnelle des femmes, et les ingénieures ne sont pas épargnées. Un exemple vient à l’esprit de Noëmie, bien qu’il ne lui soit pas arrivé personnellement. Elle a entendu d’une amie « à qui on a dit, lors d’un entretien d’embauche, « j’espère que vous n’avez pas l’intention de faire des enfants dans les trois ans, ça ne nous arrangerait pas du tout ». Dans ces situations, on a le choix entre jouer le jeu et dire « non, pas du tout », soit dire « ce n’est pas correct ce genre de question », mais on sait qu’on risque de ne pas avoir le poste. »

Noëmie a un poste à responsabilités à un jeune âge, ce qui peut parfois faire des envieux. Elle se souvient en particulier d’un échange avec un collègue masculin, qui n’était pourtant pas en lice pour obtenir sa position. « Il me dit « Moi j’aurais pu faire ce travail, j’ai les compétences, peut-être que si j’avais eu une poitrine on m’aurait plus regardé. » Je ne pense pas qu’il voulait me remettre personnellement en cause, mais ça fait penser qu’il y aurait peut-être du favoritisme pour les femmes. On en arrive à la notion de discrimination positive, où le côté pervers est de sous-entendre que les femmes n’ont pas mérité leur poste. »

Noëmie tient pourtant à temporiser. Les discriminations et les remarques malvenues existent, « mais c’est un cas sur 10 ans, dit-elle. Ce genre de situation reste relativement isolé. J’espère. »

 

Les quotas ne sont pas la solution

 

« Quand il y a 10% de femmes qui sortent des écoles, on ne peut pas demander à ce qu’il y ait 50% de femmes qui soient embauchées »

 

« Je n’ai pas eu le sentiment de devoir prouver quelque chose de plus que les autres, explique Noëmie. Je suis partisane de ne pas systématiquement me dire « c’est parce que je suis une femme » quand quelque chose m’arrive, à moins que quelqu’un ne remette ouvertement en cause ma féminité. Je n’ai jamais eu de déceptions sur un poste où je pourrais me dire que c’est parce que je suis une femme. »

 

Partisane d’une relation apaisée entre les hommes et les femmes, elle pense que l’absence de femmes dans le secteur ne vient pas tant d’une discrimination à l’embauche que d’un manque de femmes déjà durant la formation. « En première année d’école d’ingénieur, sur une promo de 250, on était entre 20 et 30 femmes, donc environ 10% », se souvient Noëmie. Personnellement, elle n’était pas dérangée par la proportion d’hommes dans sa promotion, mais elle reconnaît qu’il s’agit d’un déséquilibre important. « Deux années plus tard, il y en avait déjà un peu plus, peut-être 40 femmes sur 250. Je pense que depuis ça a encore évolué. »

 

10 ans après la scolarité de Noëmie, le taux de femmes parmi les élèves de son école est passé de 10% à 18%
10 ans après la scolarité de Noëmie, le taux de femmes parmi les élèves de son école est passé de 10% à 18%

 

« On ne peut pas forcer un quota actuellement, affirme la jeune ingénieure. Quand il y a 10% de femmes qui sortent des écoles, on ne peut pas demander à ce qu’il y ait 50% de femmes qui soient embauchées. Ce n’est pas logique et ce n’est pas bon, parce que ça veut dire qu’on devra embaucher des personnes moins compétentes et faire de la discrimination négative, ce qui pour moi n’est pas une bonne solution. »

 

La bonne solution, quelle est-elle ? Briser le status quo sans imposer de discrimination positive nécessite un plus grand nombre de jeunes filles qui choisissent la voie de l’ingénierie, afin d’équilibrer le ratio de femmes enrôlées dans les écoles spécialisées. Or, dès l’entrée au lycée, les filles sont sous-représentées dans les filières scientifiques, où elles ne représentaient en 2013 que 46% des bacheliers, alors que 80% des lycéens en filière littéraire sont des filles. Cet écart se renforce dès l’entrée à l’université. La même année, les filles représentaient 72% des étudiants en lettres et sciences humaines selon l’Insee, mais seulement 38% des élèves dans les formations scientifiques et 29% dans les écoles d’ingénieurs.  Comment s’y prendre, alors, pour équilibrer ce ratio ?

 

« J’ai été contactée pour faire la promotion du métier d’ingénieur auprès des jeunes filles », dit Noëmie. L’expérience n’a pourtant pas été positive. « J‘ai été très déçue parce que j’ai entendu des choses comme « Vous pourrez leur dire que vous gagnez bien votre vie et que vous pouvez embaucher une nounou et une femme de ménage. » Je trouve ça terrible parce que ce n’est pas l’idée que je me fais du succès, et que l’on véhicule des stéréotypes datés en parlant d’UNE nounou et d’UNE femme de ménage. Ca m’a posé un souci et donc je n’ai pas continué avec cette association. »

 

 

Changer les stéréotypes dès le plus jeune âge


Même si sa collaboration avec cette association avait été un succès, Noëmie réalise que simplement faire la promotion auprès d’adolescentes ne suffirait pas forcément. « On a en fait assez peu d’exemples, assez peu de modèles. Il y avait encore moins de femmes ingénieures par le passé. Les femmes de 45 ans à des postes élevés, il y en a assez peu », déplore-t-elle. Cela touche l’inconscient collectif, l’image que chacun se fait de la profession. S’il est nécessaire de faire un effort d’imagination particulier pour imaginer qu’un ingénieur est de sexe féminin, et non masculin, les filles ne le feront probablement pas lors de leur choix de carrière. L’absence de femmes dirigeantes est même la seconde raison évoquée par les ingénieures et les étudiantes en ingénierie pour expliquer la faible féminisation du secteur.

 

67% des lycéennes anticipent le fait qu’elles seront victimes de discriminations

 

De plus, l’image que l’on a souvent du métier d’ingénieur peut pousser les filles à l’éviter, par peur d’être la seule fille dans un milieu masculin. L’association Elles Bougent estime que 56% des étudiantes en ingénierie et 67% des lycéennes anticipent le fait qu’elles seront victimes de discriminations si elles choisissent ce métier. Noëmie a aussi été témoin de ce phénomène d’auto-censure des femmes. « J’ai une copine qui a hésité à faire une école d’ingénieur, mais qui a changé d’avis parce qu’elle se disait qu’il n’y aurait que des mecs, des geeks. C’est le serpent qui se mord la queue. »

 

Pour changer cet état de fait, amener un changement profond de culture vis-à-vis de l’image que l’on se fait de la profession, Noëmie estime qu’il faut s’adresser directement aux plus jeunes pour les atteindre avant que leur opinion ne soit formée. Les lycéennes démontrent déjà une attirance particulière pour la médecine, le luxe et les médias (qui sont largement féminins), alors que les garçons du même âge sont plus attirés par l’aéronautique et le numérique. « Ce n’est pas au lycée qu’une personne qui a entendu toute son enfance que les inventeurs, les mécaniciens ce sont des garçons va d’un coup se dire “tiens je vais faire ça”. Je pense qu’il faut agir à la source, dès l’école primaire ou maternelle. Je continue de m’insurger par exemple contre le genre des jouets dans les magasins. Le rose c’est pour les filles, si tu veux un télescope c’est au rayon garçon. C’est sur les âges jeunes qu’il faut généraliser l’idée que tous les métiers sont accessibles pour les hommes et les femmes. C’est aussi dans les dessins animés qu’il faut agir, parce que c’est là que les enfants sont vraiment touchés. »

 

Depuis quelques années, le nombre d’ingénieures est en nette augmentation. Noëmie se félicite de cette évolution. « Les récentes expositions sur Marie-Curie vont dans ce sens-là, on essaie de montrer les modèles de femmes scientifiques dans le passé. » Mais c’est surtout le monde de l’entreprise qui offre des initiatives qui peuvent donner espoir. « Par exemple chez General Electric on a le Women Network, qui a pour but de rendre visible les femmes aussi dans les hauts postes pour pouvoir servir de modèles. On a aussi « Balance the equation » pour dire qu’on veut arriver à 50/50 de femmes et d’hommes parce que sinon on se prive de compétences. Ils font notamment visiter l’entreprise à des groupes de jeunes filles. »

 

Ces initiative viennent des Etats-Unis, et ce n’est pas par hasard. « Les américains ils ont la discrimination positive et c’est rentré dans la culture, ce qui n’est pas du tout le cas en France », reconnaît Noëmie. Cela peut être un motif d’espoir pour les jeunes filles qui, comme Noëmie, rêvent de devenir ingénieures. De fait, 82% des filles interrogées par CSA Research sont optimistes pour l’avenir de leur secteur.

 

Jean-Gabriel Fernandez et Louise Boutard

Procès Neyret : pas de retour en prison pour l’ex-commissaire

Mardi après-midi s’est tenu l’avant dernier jour du procès en appel de Michel Neyret, ex-numéro deux de la police lyonnaise condamné en première instance pour corruption. La peine requise est aggravée mais un retour en prison n’est pas prévu.

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Le procès en appel de Michel Neyret a lieu dans le cinquième chambre de la cour d’appel de Paris.

Mardi après-midi, après deux heures de plaidoirie étayant des faits « relevant d’une mécanique d’une gravité particulière », l’avocat général Jean-Christophe Muller requiert à l’endroit de Michel Neyret, ex-commissaire de Police judiciaire à Lyon quatre ans d’emprisonnement dont 18 mois de sursis. Cette peine principale, identique à la peine requise en première instance, a été adjointe de deux mesures supplémentaires : une amende de 15 000 euros et cinq ans d’interdiction des droits civils, civiques et familiaux. Le prévenu ayant déjà effectué huit mois de détention provisoire, il pourra bénéficier, si la cour suit le ministère public, d’un aménagement de peine qui lui évitera de retourner en prison.

Une corruption « industrialisée »

Au cours de l’audience, l’avocat général a notamment fait état des liens entre l’accusé et Stéphane Alzraa, entrepreneur franco-israélien détenu en maison d’arrêt en Israël depuis novembre 2016 pour une toute autre affaire. Au delà des versements d’argent (dont les écoutes téléphoniques font preuve) et des « interventions » listées par l’avocat général, l’homme a été à l’origine de l’« industrialisation » de la corruption du commissaire, « cheville ouvrière » de la création de la société panaméenne adossée à un compte à Dubaï destinée à recevoir des sommes d’argent.

Selon l’AFP, le représentant du ministère public a requis 3 ans de prison et 250.000 euros d’amende à l’encontre de Stéphane Alzraa, absent lors du procès.

Le procès se poursuit ce mercredi.

Caroline Baudry