Aux origines du transhumanisme

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Le constat des limites de l’humanité dans ses actions, la peur de la mort et de la vieillesse sont des craintes aussi vieilles que l’humanité et qui peuvent expliquer la naissance du mouvement, bien que sa genèse soit difficile à retracer.

Néanmoins, plusieurs auteurs transhumanistes tels que Nick Bostrom (1) font remonter sa filiation idéologique jusqu’à certains mythes de l’antiquité et plus particulièrement à l’épopée de Gilgamesh, datant du deuxième millénaire avant notre ère. Elle raconte le cheminement du roi légendaire d’Uruk qui, après avoir été mis face aux limites de ses capacités et de son pouvoir, entame une longue quête initiatique en vue d’obtenir l’immortalité.

La fontaine de jouvence, le Saint Graal arthurien ou encore la pierre philosophale des alchimistes montrent bien que les hommes ont souvent cherché à ralentir ou éradiquer les ravages du temps. Mais on peut estimer que les premières bases d’une philosophie de l’amélioration du corps humain puisent dans l’humanisme de la Renaissance.

La première occurence du mot transhumanisme se trouve chez le biologiste britannique Julian Huxley, qui le définit en 1957 comme l’homme qui transcende sa propre nature dans le but de s’améliorer. (2)

On peut considérer que l’âge transhumaniste sera clos lorsqu’il permettra l’ouverture sur l’ère du posthumain, soit un humain transformé par son hybridation avec des circuits électroniques et doté de l’intelligence artificielle, ayant donc perdu son statut d’être humain.

 

(1) Nick Bostrom, « A History of Transhumanist thought », Journal of Evolution and Technology, vol.14, Issue 1, Avril 2005

(2) Julian Huxley : « New Bottles for New Wine » (1957)

L’immortalité transhumaniste, projet souhaitable ou arnaque ?

L’homme peut-il être immortel ? C’est du moins le rêve des transhumanistes qui défendent l’idée qu’un jour, la mort ne sera plus qu’un lointain souvenir, et cela grâce à l’application concrète des avancées scientifiques. Mais ce désir de vie éternelle est-il réalisable dans un futur proche ? Oui, répondent-ils, « dans vingt, trente ou quarante ans » affirment même les plus optimistes, comme Didier Coeurnelle, spécialiste de longévité et co-président de l’Association Française Transhumaniste. Les progrès de la médecine et de la recherche sont en train de prendre possession de nos corps pour en faire des machines performantes défiant les lois de la nature. Aussi, le futur’ “homme augmenté” recevrait des autogreffes grâce aux cellules-souches et pourrait se renouveler indéfiniment à leurs yeux. C’est du moins l’opinion des transhumanistes. Mais ont-ils raison, et surtout, faut-il souhaiter le triomphe de leurs idées?

 

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Nathanaël Jarrassé présente un exemple d’exosquelette
A l’institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR), en plein coeur de Jussieu à Paris, des mains robotisées, un avant-bras ferraillé ou encore un exosquelette envahissent les locaux où les chercheurs sont sans cesse en quête de perfectionnement. « En France, on est bien avancés d’un point de vue matériel pour fabriquer des mains artificielles proches des membres humains », confie Nathanaël Jarrassé, chercheur à l’ISIR et spécialiste de l’interaction physique homme-robot. Avant, les prothèses de la main étaient limitées au mouvement ouvrir/fermer. Désormais, grâce aux prothèses polydigitales, un moteur présent dans chaque doigt permet la multiplication des postures.

 

 

 

 

 

C’est le cas notamment du Luke Arm, nommé ainsi en hommage au fils de Dark Vador. Prothèse bionique de la société américaine DEKA, il permet de redonner la sensation du toucher et de réaliser des mouvements complexes pour une personne amputée. Des électrodes transmettent les signaux des contractions musculaires de l’épaule à une puce dans la prothèse qui les traduit en différents mouvements. L’ISIR créé toutes sortes de prothèses : des coudes automatiques mais aussi des exosquelettes, structures robotiques que le patient enfile pour corriger certains mouvements lors de la rééducation.

« Nous travaillons pour des patients victimes d’accidents vasculaires ou cérébraux à la suite desquels ils doivent réapprendre à se servir de leur corps » indique Nathanaël Jarrassé. Ces objets vont alors permettre la rééducation des patients afin d’améliorer leurs conditions de vie. Le matériel est sophistiqué et performant. Pourtant, la recherche piétine dans le milieu de la robotique. « Créer de puissantes machines, on sait faire. Par contre, on ne sait pas comment exercer un contrôle sur ces dispositifs ».

Pour moi la technologie permet l’expression de l’humanité, ce n’est pas un bazar qui fait concurrence à l’humain

Ces prothèses sont donc imparfaites. Les chercheurs sont conscients qu’elles ne permettent pas aux paraplégiques de marcher de façon permanente mais seulement très ponctuelle. La machine devrait en effet comprendre ce que le patient veut faire, ce qui implique la détection des intentions motrices, un énorme défi scientifique. « ll y a eu tellement d’avancées technologiques ces dernières années que les personnes peinent à admettre que l’on commence à stagner et à reconnaître qu’il y a des problèmes scientifiques fondamentaux que l’on ne sait pas résoudre », constate Nathanaël Jarrassé. De plus, ces dispositifs ne sont pas accessibles à tous: il faut compter environ 100 000 dollars (87 769 euros) pour le Luke Arm et 20 000 euros pour une prothèse main-poignet, toutefois remboursée par la sécurité sociale. Nous sommes donc dans une époque de réparation de l’homme, mais pas dhomme réparé estime le chercheur, bien conscient des limites des techniques actuelles.

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L’homme amélioré ? Un mythe !

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Une prothèse de l’avant-bras présentée à l’ISIR

Quant à imaginer un homme augmenté, cela reste hypothétique. « Il serait prétentieux de prétendre qu’on pourrait le faire », confie Nathanaël Jarrassé. « Pour créer des meilleurs prothèses, il faudrait déjà comprendre le fonctionnement du cerveau et son contrôle sur notre corps. Ce n’est pas un problème de carbone ou de batteries plus puissantes, mais de science en soi. Et ce n’est pas demain qu’on va y arriver ». Les dispositifs actuels n’offrent pas plus de performance qu’un humain sans handicap mais permettent au contraire de reproduire approximativement leurs conditions de vie. Il ne s’agit donc pas de transhumanisme. « Comment peut-on penser que les technologies nous permettent aujourd’hui d’échapper à la mort tandis qu’on n’arrive même pas encore à réparer le corps humain ? » s’indigne le chercheur, qui ajoute : « Pour moi la technologie permet l’expression de l’humanité, ce n’est pas un bazar qui fait concurrence à l’humain. » Aujourd’hui, la science permet d’améliorer localement l’homme. Par exemple, l’athlète Oscar Pistorius court plus vite que la plus grande partie des humains grâce à ses prothèses. Il serait donc légitime de penser qu’il est augmenté. Mais ses lames sont faites uniquement pour courir. S’il veut nager ou marcher, il lui faudra d’autres prothèses. Or, ce qui caractérise l’homme c’est d’abord et avant tout sa polyvalence. « On peut créer un robot qui joue mieux qu’un individu aux échecs. Mais si l’homme sera peut-être moins bon que la machine dans certains domaines, il pourra néanmoins tout faire », explique Nathanael Jarrassé.

 

Un imaginaire technologique qui dessert les scientifiques

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Un coude artificiel, un avant-bras et une main robotiques à l’ISIR

« Rendre une sensation de toucher à un sujet amputé appareillé », « fixer directement une prothèse de bras sur l’os » : ces innovations bien qu’imparfaites, sont porteuses d’espoir pour les patients. Pourtant, cela semble peu face aux promesses technologique promues par les films et les livres de science-fiction. Avec la prolifération des images de cyborgs (fusion de l’homme et du robot) ou d’hommes augmentés vu par exemple dans des films comme Robocop et Elysium, se développe une confusion entre le virtuel et le réel. « Quand on montre aux gens où en est la recherche aujourd’hui, ils sont très souvent déçus car ils ont un imaginaire technologique plus avancé que la réalité des techniques ». Et ces représentations peuvent nuire au travail des scientifiques. Certains patients amputés pensent pouvoir bénéficier d’un traitement incroyable parce qu’ils voient au cinéma des choses très éloignées de la réalité. « L’homme augmenté, les cyborg, la voiture autonome… tout cela n’existe pas ! Cet imaginaire collectif altère l’appréciation de la valeur scientifique et technique». Il existe, reconnaît Nathanaël Jarrassé, des « prouesses scientifiques » mais elles sont « extrêmement médiatisées » alors qu’il s’agit avant tout de prouesses de laboratoire, non disponibles sur les marchés.

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L’immortalité, un idéal pas si éloigné ?

Toutefois, les progrès de la médecine régénératrice sont indéniables. De plus en plus de maladies seront traitées grâce aux nanotechnologies, dont l’action « ultra-ciblée » soignera l’endroit exact de la maladie au niveau cellulaire. Bientôt, il sera même possible de reconstituer les organes endommagés grâce à la culture de nouvelles cellules. Et certains chercheurs voient encore plus loin : empêcher les cellules de vieillir ! En 2014, des chercheurs japonais ont réalisé la première greffe de cellules souches pour soigner la DMLA (Dégénerescence maculaire liée à l’âge) en transformant des cellules prélevées sur le bras d’une femme de 70 ans en cellules souches utilisables n’importe où dans le corps. Les biologistes estiment que l’être humain n’est pas programmé naturellement pour vivre plus de 125 ans. Mais si on découvre des substances pouvant stopper le raccourcissement des gènes, il sera en théorie possible de vivre plus de 130 ans. Au point que certains envisagent déjà une durée de vie de plus en plus longue. Laurent Alexandre est l’un d’eux. Chirurgien urologue, co-fondateur du site internet Doctissimo, il est président de DNA Vision, la société spécialisée dans le séquençage du génome humain. Il l’affirme : il y aura moins de conséquences politiques et sociales à l’immortalité qu’on ne l’imagine car le rythme de cette évolution est extrêmement progressif. « Le fait que notre espérance de vie ait déjà été multipliée par trois depuis 1750 n’a provoqué aucun drame ». Une opinion partagée par Didier Coeurnelle, vice-président de l’AFT-Technoprog, association transhumaniste française et auteur de Et si on arrêtait de vieillir ! qui précise : « Il n’y aura pas de changement aussi radical qu’on l’imagine. Cela ne se produira pas dans un avenir proche ».

Souscrire a l’immortalité, c’est se suicider comme être humain

L’adhésion à l’immortalité semble pour eux aller de soi : « Aucun parti politique ne pourra empêcher la société de vouloir moins souffrir, moins vieillir et moins mourir » affirme Laurent Alexandre. Un constat nuancé par Didier Coeurnelle qui établit une différence nette entre l’immortalite et l’amortalité : « L’immortalité c’est l’impossibilité de mourir et cela n’est pas souhaitable parce que ceux qui ne le désirent pas doivent avoir une possibilité de ne pas la subir ». L’amortalité laisserait au contraire le choix, et reflète donc une vie sans autres limites que celles imposées par les accidents ou le suicide.

L’un comme l’autre présupposent qu’un débat se tiendra sur les technologies utilisées pour en arriver là.« Ce n’est pas la vie longue qui posera problème mais le prix à payer pour accepter la modification de notre identité biologique », indique le chirurgien. Des changements encore lointains toutefois, comme le reconnaît Didier Coeurnelle : « Aujourd’hui, les techniques ne permettent pas d’échapper à la mort. La personne actuellement la plus âgée n’a pas plus de 116 ans ». Mais il ne s’inquiète pas de ces hybridations hypothétiques : « On peut s’améliorer sans pour autant fusionner avec la machine. Aujourd’hui la durée de vie a doublée par rapport à 1900, ça ne veut pas dire qu’on est fondamentalement différents ».

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La vie éternelle, entre progrès et inhumanité

Les transhumanistes ont déjà envisagé les conséquences de l’amortalité : « Je ne pense pas qu’il y aura un problème d’alimentation parce que plus vous vivez longtemps et moins vous avez d’enfants, donc la croissance ne sera pas un problème. Ensuite, si vous allez vivre longtemps en bonne santé, vous ferez extrêmement attention à garder une planète durable.» affirme le transhumaniste. Laurent Alexandre est pour sa part plus nuancé : « L’homme 2.0 restera-t-il un homme ? Qui possédera les technologies et comment contrôlera-t-on leur usage ? » Il ajoute : « Je pense cependant que la vie sans la mort sera moins difficile que la vie avec la mort ».

La technologie amoindrit l’homme. Elle ne sert à rien

Le philosophe et historien des sciences Michel Blay, directeur de recherche au CNRS, est beaucoup plus circonspect concernant les problèmes soulevés. « Il y a une limite naturelle aux ressources primaires : un jour, il n’y aura plus de pétrole, plus de plastique donc plus de machines ». A ses yeux, le transhumanisme est  « une farce » qui  suppose que l’homme devienne une machine. « Pour moi, ça n’existera pas ». Il justifie cette déclaration par une thèse essentielle : « La vie sans la mort n’existe pas. Et si la vie existait sans la mort, ce ne serait plus l’humanité. Le problème c’est qu’on nous dit qu’on va pouvoir devenir immortels grâce à la technique, ce qui fait de nous des machines ». Il résume cette idée en une formule lapidaire : « Souscrire a l’immortalité, c’est se suicider comme être humain ».

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Mais Michel Blay n’est pas pour autant technophobe : l’innovation est très utile dans le cas de l’homme réparé explique-t-il, c’est-à-dire quand elle permet à un homme diminué de retrouver des conditions de vie acceptables. Néanmoins, il nuance :« Si réparé suppose une amélioration de l’homme, ça me paraît totalement délirant ». La science ne peut pas prétendre surpasser les capacités inhérentes à l’homme :   « A mon avis, la technologie amoindrit l’homme. Elle ne sert a rien. Si vous avez des capacités, pourquoi les transmettre a des machines ? Si votre mémoire fonctionne, pourquoi la déléguer a un appareil qui ne pensera pas a votre place ? Je perds progressivement mes compétences et devient donc un homme diminué ».

Les questions soulevées par le transhumanisme amènent à un questionnement jusque-là inédit et inenvisageable. Rendez-vous dans mille ans pour en savoir plus.

Valentine Leboeuf & Myriam Mariotte

Catalogne – Histoire d’une séparation

Engagée dans un processus d’autodétermination depuis 2012, la Catalogne se rêve en République indépendante. A la tête de la région autonome depuis le 12 janvier, Carles Puigdemont a promis de poursuivre le travail mené par son prédécesseur, Artur Mas. Retour sur l’histoire d’une séparation.

Alexandra del Peral

 

Enfants soldats : l’après-guerre et le dur retour à la vie normale

Se reconstruire loin du front : l’enjeu est de taille pour les enfants-soldats démobilisés. Traumatisés par les horreurs de la guerre, leur retour à la vie civile s’apparente souvent à un nouveau combat.

Enfants soldats au Soudan du Sud, l'un des Etats pointés du doigt par l'ONU. Crédit: CHARLES LOMODONG / AFP
Enfants soldats au Soudan du Sud, l’un des Etats pointés du doigt par l’ONU. Crédit: CHARLES LOMODONG / AFP

Comment réapprendre à vivre normalement lorsque l’on a été « enfant-soldat » ? Chaque année, des centaines d' »enfants associés aux forces armées ou aux groupes armés », selon la définition des Principes de Paris, sont confrontés à ces questions. Qu’ils se battent en première ligne, arme en main, ou qu’ils soient enrôlés comme messagers, gardes du corps ou espions, ces jeunes de moins de 18 ans souffrent une fois démobilisés des stigmates de la guerre. Selon la psychologue allemande Elisabeth Schauer, interrogée lors du procès devant la Cour pénale internationale de Thomas Lubanga, reconnu coupable du recrutement d’enfants lors du conflit en République démocratique du Congo, 40% des enfants-soldats enlevés en Ouganda qu’elle a pu interroger souffrent de trouble de stress post-traumatique.

Restaurer le lien social et la confiance

Outre l’atteinte à l’intégrité physique des enfants – on pense dans ces cas-là d’abord aux filles, généralement utilisées à des fins sexuelles, elles qui représentent plus d’un tiers des enfants-soldats – l’exposition à la guerre et aux exécutions créent des séquelles psychologiques nombreuses et durables. Anxiété, agressivité, voire perte d’identité sont autant de conséquences de cet enrôlement. A Paris, le Centre Primo Levi a pris en charge, depuis sa création en 1995, entre vingt et vingt-cinq anciens enfants-soldats. « Notre centre réalise tout un travail autour du psycho-traumatisme. Les enfants sont pris en charge une fois par semaine, pour une durée de 45 minutes », explique Joséphine Vuillard, qui travaille au Centre Primo Levi, au CelsaLab. Le suivi est personnalisé, les consultations peuvent être réalisées avec des interprètes. En moyenne, la prise en charge des enfants s’étale sur un à deux ans. « Souvent, ils nous sont envoyés par les services sociaux ou bien par des membres du corps enseignant, qui remarquent des comportements violents ou inadaptés », précise Joséphine Vuillard. Ici, la prise en charge est pluri-disciplinaire : psychologues, médecins, assistants sociaux et juristes œuvrent de concert à la réhabilitation des démobilisés. « Notre but, c’est d’aider les enfants à restaurer le lien social et la confiance, mais aussi de travailler la haine et la culpabilité qu’ils peuvent ressentir », poursuit Joséphine Vuillard.

Car les enfants embrigadés sont nombreux à être contraints de s’en prendre à leurs familles, à leur proches ou des personnes de leur entourage. « Le cœur de ce qui fonde leurs liens sociaux est détruit », explique Eric Sandlarz, l’un des six psychologues travaillant à mi-temps pour l’organisme, sur le site du Centre Primo Levi. Lorsque, par chance, les enfants-soldats réussissent à être démobilisés et que leur famille est toujours en vie, la réunion n’a pas forcément lieu. Les actes commis peuvent entrainer de la défiance, de l’incompréhension et finalement le rejet de retrouvailles ou d’une réintégration.

Mettre l’accent sur l’éducation et l’accès à l’emploi

Le processus « Désarmement, démobilisation et réintégration » (DDR) mis en place par le Fonds des Nations-Unies pour l’enfance (Unicef) œuvre pour le retour des enfants démobilisés dans leurs familles. Créé en 1990, ce programme négocie la libération des enfants avec les forces armées ou les groupes armés qui les détiennent. Selon les chiffres de l’Unicef, plus de 100.000 mineurs ont bénéficié de ce programme depuis 1998. Une fois la démobilisation actée, l’Unicef tente de retrouver les familles des enfants-soldats, afin que ces derniers soient accueillis dans un univers familier. Puis est enclenché le dernier volet de ce programme en trois temps : celui de la réhabilitation économique est sociale. Parce qu’ils viennent de régions du monde pauvre, les enfants sont tentés par le mirage d’une vie meilleure, plus confortable au sein des milices armées auprès desquelles ils s’enrôlent. C’est pour contrer cet argument fallacieux que l’Unicef met l’accent sur l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’emploi, en travaillant de concert avec des ONG présentes sur place.

Aujourd’hui, 250.000 enfants de moins de 18 ans seraient embrigadés de force et instrumentalisés dans des conflits armés. Leur multiplication en Afrique, Asie et Moyen-Orient rend la nécessité de la prévention de l’enrôlement d’autant plus nécessaire. Lancée en 2014 par l’ONU, la campagne « Des enfants, pas des soldats », qui devait « prévenir le recrutement et l’utilisation d’enfants en temps de conflit par les forces armées gouvernementales et d’y mettre fin d’ici à 2016″ n’aura, pour cette 14e Journée Internationale des enfants soldats, pas atteint ses objectifs.

Lisa Boudet