Virginie Viard a annoncé dans la nuit du 5 au 6 juin son départ de la grande maison de couture, où elle occupait le poste de directrice artistique. La marque avait pourtant fait des résultats plus que satisfaisants ces derniers mois. Son chiffre d’affaire en 2023 – près de 20 milliards de dollars – ne laissait donc pas présager ce départ précipité. Difficile donc d’en déterminer les raisons exactes. Peut-être une volonté de Chanel de changer l’image de marque, après le défilé de la collection Croisière de Virginie Viard, présentée en mai, qui avait été huée sur les réseaux sociaux.
La directrice quitte donc Chanel après y avoir exercé durant 37 ans. Elle y avait fait ses premiers pas en 1987, en tant que stagiaire. Elle gravit les échelons et devient le bras droit de Karl Lagerfeld. Après sa disparition en 2019, elle est tout naturellement désignée pour le remplacer. Mais elle affirme l’avoir fait plus par loyauté que par ambition. Son départ précipité reste donc inattendu. Reste à savoir dans quelle maison elle souhaitera poursuivre son travail de créatrice.
Anaëlle, mannequin depuis quatre ans, raconte ses hauts et ses bas dans le monde de la mode.
C’est par un concours de circonstance que Anaëlle est entré dans le monde du mannequinat il y a quatre ans. Elle avait 18 ans, venait tout juste d’avoir son bac et s’apprêtait à commencer des études de graphisme, lorsqu’une chasseuse de tête la contacte sur Facebook. Elle lui demande de monter sur Paris, lui crée un book et un mois plus tard, la jeune fille partait à l’étranger pendant un an. La Turquie, Singapour, le Japon, Londres… Anaëlle parcourt le monde et fait des shootings pour différentes marques. Du haut de son mètre 74, elle défile très peu car il lui manque un centimètre pour avoir la taille minimale. Un défaut qui lui convient très bien puisqu’elle n’est pas très à l’aise sur les podiums. Elle réalise l’un de ses rêves : poser pour Chanel. Mais devenir mannequin l’a également forcé à faire des sacrifices.
Aujourd’hui, elle n’envisage plus du tout le métier de graphiste. Elle sait qu’elle ne pourra pas être mannequin éternellement et prépare l’après-carrière bien que cela lui fasse peur. Elle fait des études par correspondance, a obtenu son BTS management et compte maintenant passer son Bachelor marketing. Elle n’a pas d’idée précise sur le métier qu’elle souhaiterait faire, une chose est sûre “ce sera pour travailler dans le luxe, en particulier le domaine de la mode”.
En attendant elle nous livre sa vie en tant que mannequin, l’ambiance lors des shootings et l’influence grandissante d’Instagram dans le monde de la mode qui l’inquiète.
Sabéra Hassanally Goulam, 27 ans, est une blogueuse et youtubeuse voilée. Son blog est sa passion, elle le considère comme « son échappatoire ». Elle partage ses connaissances, recettes de cuisine, astuces beauté et mode.
Votre blog s’adresse aux musulmanes uniquement ou avez-vous une cible plus large ?
J’aimerais inspirer les femmes qui souhaitent s’habiller de façon plus « modeste ». Ce n’est pas parce qu’on choisi d’être conservatrice qu’on ne peut pas être sociable, abordable ou avoir l’air cool ! Mon blog s’adresse aux femmes qui veulent se sentir bien dans leur peau. Je pense que la beauté de la femme est sublimée par le fait qu’elle ait conscience de ce qu’elle possède mais qu’elle décide par elle-même de ne pas tout dévoiler. Je vise une cible beaucoup plus large. Citoyenne du monde, j’aime à croire que mon message touche d’autres religions. La tolérance et le respect sont mes maîtres-mots.
Comment expliquez-vous l’essor des blogueuses et Youtubeuses voilées ?
L’identification et l’inspiration : ce sont les deux principaux arguments que l’on me donne lorsque mes abonnées commentent. Si les internautes sont présentes, c’est parce qu’elles se sont reconnues dans mon discours. Un des témoignages reçus : « Merci d’avoir dit tout haut ce que la majorité pense tout bas.» ou encore « votre témoignage est magnifique, surtout bien exprimé car nous le vivons toutes de la même manière… ».
Vous considérez-vous comme une « hijabista » ?
Si le voile permet de donner une autre image de la femme musulmane en utilisant le monde de la mode, si je me considère comme actrice du changement et que je souhaite faire évoluer les mentalités, alors oui, je veux bien me considérer comme une hijabista.
Propos recueillis par Asmaa Boussaha et Alice Pattyn
Offrir une seconde vie aux vêtements et une deuxième chance aux employés, c’est l’objectif que Bis Boutique Solidaire s’est fixé. Des vêtements de marque à prix bradés, des partenariats avec différentes associations pour aider les plus démunis et un tremplin pour les salariés : en conjuguant mode et réinsertion, Bis propose un nouveau concept solidaire qui séduit les clients. Une deuxième boutique a d’ailleurs ouvert cette année dans le 9ème arrondissement.
Il est 15 heures et la boutique située au 7 faubourg du Temple est en effervescence. Serge Bassetto, le responsable de 53 ans, s’affaire pour récupérer la livraison quotidienne de vêtements. De nombreux présentoirs défilent, remplis de pièces colorées de toutes tailles. Les employés déchargent d’énormes sacs bleus Ikea, pleins à craquer. Des jupes, des pantalons, des manteaux, des sacs ou des chaussures… Tous les jours, la boutique reçoit entre 500 et 600 pièces afin de proposer un large choix à la clientèle. Quelques curieuses parcourent déjà les nouveaux vêtements qui attendent d’être rangés, avant d’être arrêtées par le responsable : « Désolé mesdames, ceux-là ne sont pas tout de suite en rayon. Il faut bien qu’il en reste pour demain ! », plaisante-t-il.
Il faut dire que le succès est au rendez-vous pour la boutique solidaire. Des clients de tous âges viennent chiner les vêtements de seconde main, séduits par les petits prix et le concept. Loin de l’image de la friperie en bazar, remplie de pièces quelquefois en mauvais état, Bis se présente comme un magasin chic, proposant une gamme très sélective de prêt-à-porter. Les vêtements sont propres, repassés et triés par taille sur les portiques. Des lampes design au plafond, des pièces lumineuses et des cadres au mur : au premier abord, on est loin de se douter que cette boutique n’est pas comme les autres.
Un tremplin pour l’avenir des employés en réinsertion
Bis Boutique se différencie par son engagement et sa volonté d’agir comme tremplin pour les employés en réinsertion. Ils sont une quinzaine à être embauchés pour un contrat d’un an qui leur permet de se remettre sur le chemin du travail. Serge Bassetto est lui-même passé par le contrat de réinsertion chez Bis, avant de devenir responsable un an plus tard. Après trois ans dans cette entreprise, il est convaincu que c’est un concept d’avenir. « On veut juste que les gens soient impliqués dans leur futur, le but est aussi qu’ils se re-sociabilisent. La priorité, c’est les employés ». Ils ont des origines et des parcours différents – Bis rejette toute forme de discrimination et a d’ailleurs pour objectif d’employer le plus de profils différents possibles. En tant que boutique solidaire, l’aval de l’État et de Pôle Emploi est obligatoire. Des quotas doivent aussi être respectés pour garantir l’équité et la parité dans l’équipe : « On doit embaucher deux femmes, deux personnes au RSA, deux chômeurs, par exemple », ajoute Serge Bassetto. Les employés en réinsertion travaillent quatre jours par semaine et sont payés au SMIC. Bis leur offre également 50 euros de vêtements tous les mois.
Sonny, un jeune employé de 21 ans, travaille à la boutique depuis le mois de janvier. « Je suis arrivé ici après pas mal de petites galères. Mais je m’y plais, l’équipe est sympa et on soutient une bonne cause. Je pense que c’est vraiment un bon tremplin pour rebondir sur autre chose », confie-t-il. Et à l’avenir, Sonny projette de repasser son bac et de reprendre ses études dans le commerce à la fin de son contrat de réinsertion. A la caisse, Jamel accueille chaleureusement les clients et discute avec eux. Après un an passé à Bis Boutique, son contrat est sur le point de se terminer. Cette expérience lui a fait découvrir un concept solidaire où les employés sont à l’écoute de leurs clients, et regrette qu’il n’existe pas plus de magasins comme celui-ci : « C’est très différent d’une boutique lambda, on n’est pas derrière le client à vouloir faire du chiffre. L’ambiance est très décontractée et familiale ». A 39 ans, il souhaite maintenant continuer sa carrière dans le textile et le prêt-à-porter.
Un partenariat aidé qui s’engage à la fois pour les employés et pour les associations. Chaque année, environ 400 tonnes de vêtements sont envoyés à l’atelier où un tri est effectué, et à peine 40 tonnes sont gardées. Le reste est revendu à une plateforme de recyclage ou donné gratuitement à des associations pour les plus démunis. Rémi Antoniucci est à l’origine de ce concept. S’il s’occupe maintenant majoritairement des démarches à l’atelier, il souhaite pérenniser ce système pour continuer à le développer. Sa première boutique a ouvert il y a trois ans, et la seconde en mars dernier. « On aimerait ouvrir une nouvelle boutique tous les deux ou trois ans, explique Serge Bassetto, mais pour l’instant on reste sur Paris pour bien asseoir le concept d’abord ».
La friperie nouvelle génération
Un concept dans lequel les employés comme les clients se retrouvent. Michèle, 70 ans, est une habituée de la boutique solidaire. Elle connaît bien les employés et leur apporte même des petits cadeaux quelquefois. Avec des prix allant de 1 à 30 euros, elle trouve toujours une pièce qui lui fait plaisir parmi le choix de vêtements. « Je ne vais jamais dans des boutiques traditionnelles, j’aime bien que l’argent que je dépense arrive à des gens qui en ont besoin. J’étais tombée sur cette boutique par hasard la première fois, et j’ai tout de suite aimé le principe. Ce n’est pas juste de la consommation pure », explique-t-elle. Plus loin, une cliente drômoise de 30 ans s’est laissée séduire en passant devant la boutique. « J’ai remarqué l’aspect solidaire de la boutique comme c’était écrit sur la façade. Je suis entrée en pensant que c’était comme Emmaüs », raconte-t-elle, en fouillant parmi les portes-manteaux. Agréablement surprise par la présentation des vêtements et l’ambiance de la boutique, elle n’est pas déçue de s’être arrêtée et se prépare pour des essayages en cabine: « Cela ne ressemble vraiment pas à une vieille friperie. Les vêtements sont clean et vraiment pas chers. En plus tout est classé par taille. Je vais en parler à mes copines en rentrant ! ».
Avec deux boutiques parisiennes qui ne désemplissent pas, et de véritables perspectives pour les employés, Bis Boutique Solidaire a encore un bel avenir devant elle.