Combien coûterait un Brexit ?

David Cameron marche sur la corde raide. Mercredi 3 février, devant le parlement britannique il s’est efforcé de convaincre les députés qu’un accord avec l’UE était indispensable. La sortie de l’Union divise profondément l’opinion et même le propre parti du premier ministre. Entre les eurosceptiques de l’Ukip et les pro-Europe, chacun y va de sa propre prédiction quant aux conséquences d’une telle rupture. Entre apocalypse économique annoncée et promesse d’un renouveau britannique, difficile d’y voire clair.

Si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne à l’horizon 2018, quel horizon peut-on entrevoir pour les années à venir ?

Trois scénarios sont possibles.

  • Selon le Bertelsmann stiftung, un think tank allemand (pro Europe), en sortant de l’Union européenne, le Royaume-Uni pourrait perdre jusqu’à 14% de son PIB arrivé en 2030. C’est l’équivalent de 313 milliards d’euros. Selon Open Europe (libéral), la perte du PIB atteindrait seulement – 2,2%.
  • Deuxième scénario : si le Royaume-Uni signe des accords de libre-échange avec l’UE, lui permettant de maintenir le marché unique établi jusqu’ici, son PIB pourrait varier de +0,8 à -0,6% de son PIB, toujours selon Open Europe.
  • Troisième cas de figure, le plus optimiste : le Royaume-Uni pourrait gagner 1,55% de son PIB à condition d’établir, une fois la sortie de l’UE négociée, des accords commerciaux avec le reste du monde, principalement l’Asie.

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Dans le XIV arrondissement, la chasse au gaspillage alimentaire

Débuté samedi dernier, la semaine du développement durable se terminera vendredi 5 juin. Pour l’occasion, l’association Le Chaînon Manquant, créée en 2014, récupère les invendus des enseignes du 14e arrondissement pour les redistribuer aux associations du secteur. Toute la journée, Julien Meimon, directeur exécutif de l’association, et Ninon Chappet ont sillonné les rues à bord de leur fourgon réfrigéré, afin d’apporter des denrées alimentaires aux plus démunis.

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Mobilisation mitigée sous les fenêtres d’Areva à la Défense

A la veille d’une réunion de travail sur le nucléaire à l’Elysée, plusieurs milliers de salariés d’Areva ont manifesté ce mardi 2 juin, à l’appel de l’intersyndical. Devant le siège du groupe à la Défense, comme dans six de ses sites, syndicats et salariés ont dénoncé le « plan de réduction des frais de personnel » proposé par la direction. En cause : 3 000 à 4 000 suppressions de postes en France d’ici à 2017.

Devant l’immense tour Areva à la Défense, Michel Toudret, 54 ans, donne de la voix. Ce syndicaliste CFDT crie « pour oublier la fatigue ». Avec plusieurs de ses collègues, ils ont pris la route très tôt ce matin de Cherbourg jusqu’à la Défense. Présent dans toutes les manifestations depuis le début de la gronde en mai, Michel Toudret est venu pour « sensibiliser les cadres et salariés de la Défense » qui ont, selon lui, « autant à perdre que les ouvriers de Marcoule, de Tricastin ou de la Hague ».

Au pied de la tour de la Défense, 200 salariés ont manifesté contre un plan de licenciement proposé par la direction.
Au pied de la tour de la Défense, 200 salariés ont manifesté contre un plan de licenciement proposé par la direction.

Depuis 9 heures, entre deux coups de fil à ses « camarade de la Hague», Michel Toudret distribue tracts, banderoles et sifflets, en vain. La plupart des salariés d’Areva, comme Mathieu Bertio, passent devant l’intersyndical sans même s’arrêter. « Pas le temps et pas concerné », explique ce jeune chef de section. « On espérait mobiliser au moins 1 000 personnes », confesse Michel Toudret, « ça va être compliqué ». A la Défense, seuls 200 salariés ont quitté leur bureau pour assister à une Assemblée générale « express » au pied de la tour.

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« Je reçois des photos des autres manifestations », explique Michel Toudret, « ici à la Hague, ils étaient 90% de grévistes ».

José Montès, coordinateur Areva FO est le second à s’exprimer lors de l’AG. Comme ses collègues syndicalistes, son discours est bien rodé. « Areva est une grande entreprise viable qui continue de faire du bénéfice. il faut que l’Etat le comprenne et agisse mais il faut qu’on soit unis ». Pour lui, si le groupe a perdu 5 milliards d’euros en 2014, c’est principalement à cause d’une « vision stratégique inexistante et un actionnaire majoritaire fantôme ». L’Etat, qui détient 87% des parts du groupe, refuse de « recapitaliser » le groupe ou de réévaluer sa dette, « seule issue à la crise économique actuelle », explique José Montès.

Les cinq syndicats avaient appelés à la grève ce mardi 2 juin.
Les cinq syndicats avaient appelé à la grève ce mardi 2 juin.

Les salariés acquiescent. « Les bons problèmes sont pointés du doigt », explique Anthony Celerault, ingénieur mécanique. Pour lui comme pour sa collègue Elise, la mauvaise gestion d’Areva est la cause de bien des maux au sein du groupe. Quelques mètres plus loin, d’autres salariés hochent également de la tête. « Depuis quelques semaines, l’ambiance s’est détériorée, nous avons besoin de savoir ce qui nous attend. Beaucoup craignent pour leur avenir », précise Anthony Celerault. Les deux ingénieurs ne sont pas inquiets mais ont tenu à exprimer leur solidarité avec leurs collègues : « Nous sommes jeunes et diplômés, il sera facile de rebondir, contrairement à d’autres plus âgés ou peu qualifiés ».

Nivin POTROS

Les circuits courts, une économie alternative qui se répand à Paris

La semaine de la décroissance s’est ouverte le lundi premier juin. Cette idéologie semble toucher un nombre croissant, justement, de partisans. Et notamment les amateurs de circuits courts, ainsi que les fermiers, qui proposent des moyens de consommation, sans passer par le système de distribution classique. Rencontre avec les paysans et les clients parisiens de ce mode de consommation alternatif.

« À Paris, les enfants croient que les fraises poussent dans les arbres« , affirme Céline Ponce. Cette mère de deux enfants n’est pas la seule à penser ainsi parmi les personnes qui consomment via les circuits courts. Il est vrai que la région parisienne n’est pas renommée pour ses espaces verts, ses jardins, ou ses champs. Si les marchés n’y sont pas peu nombreux, le réflexe des franciliens pour faire leurs courses réside plutôt dans des enseignes de grande distribution, avec, au premier chef, Monoprix ou Franprix, par exemple. Pourtant, certains petits producteurs, ainsi que de nombreuses associations ont décidé de raccourcir les circuits de distribution. Ils proposent des produits agricoles, directement du producteur au consommateur, supprimant ainsi les intermédiaires classiques de la chaîne de production agro-alimentaire, ainsi que leur impact sur l’environnement. En moyenne, un aliment parcourt 2 000 kilomètres avant de parvenir dans notre assiette, et c’est contre cela que les promoteurs des circuits courts s’inscrivent.

Le circuit classique de distribution

Selon le ministère de l’Agriculture, environ un quart des agriculteurs fonctionnent en circuits courts. Soit environ 110 000 exploitants sur l’ensemble du territoire. Les producteurs de miel et de légumes sont les plus nombreux. Environ 50% d’entre-eux ne passent pas par des intermédiaires agro-alimentaires. Pour beaucoup, ce mode de consommation agricole, est en expansion. C’est notamment le cas de Jacques, qui a voulu garder son nom de famille pour lui par « pudeur ». Il travaille au sein d’un système de vente en ligne de produits locaux, en région parisienne, la Ruche qui dit oui : « La fréquentation de nos points de vente est en constante augmentation. C’est bien, tout le monde s’y retrouve. Le producteur, qui fixe librement ses prix, sans tenir compte des intermédiaires, puisqu’ils disparaissent, et le consommateur, qui sait d’où vient ce qui se trouve dans son assiette ». Il poursuit : « Les circuits-courts, ce n’est pas seulement un autre mode de consommation, c’est aussi un état d’esprit. Les clients rencontrent parfois les producteurs. Ils échangent, ils gardent parfois contact. Il y a toujours une belle ambiance. Lorsque les clients viennent retirer leur commande, ils prennent leur temps, ce n’est pas comme dans un supermarché, où c’est la course, c’est le cas de le dire … ». La Ruche qui dit oui propose 125 lieux de retraits des commandes, préalablement effectuées sur Internet, en Île de France. Ce système de commande en ligne fait florès, et surfe sur la vague du « consommer autrement ». Une vingtaine de structures existent, à ce jour.

Se rapprocher du terroir …

L’une des autres composantes qui sont au fondement des circuits courts réside dans les Amap, les Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne. Née il y a une quinzaine d’années, elles ont été fondées dans le soucis de lutter contre une mondialisation qui était perçue comme destructrice des emplois paysans locaux. « Il nous fallait trouver une solution pour que ceux qui donnent à manger aux Français, puissent, eux aussi, avoir de quoi se nourrir, et la vente directe aux particuliers était sûrement la meilleure, explique Eric Chatelet, paysan dans l’Essonne, et administrateur dans le réseau des Amap d’Île de France. Les paysans, c’est un terme qui veut dire quelque chose. Cela ramène au pays, à la terre. Et si les habitants peuvent consommer des produits de leur région, c’est l’idéal pour tout le monde ».

Le marché flottant, l'un des principaux système de circuits courts en région parisienne
Le marché flottant, l’un des principaux système de circuits courts en région parisienne

Sur l’ensemble de la région parisienne, ce sont environ 200 Amap, qui couvrent le territoire. La plupart proposent, dans des villes ou des arrondissements, des points de ventes ponctuels, directement du producteurs aux « consomm’acteurs », selon le terme utilisés par les Amapiens. Car, pour eux aussi, consommer autrement, c’est agir pour un modèle de société différent. C’est le cas de Loïc Chaigneau, étudiant en naturopathie de 21 ans, qui se rend hebdomadairement dans un point de vente d’une Amap, à Asnières sur Seine.

… Mais aussi s’intégrer dans la ville

Si les circuits courts souhaitent revitaliser la campagne, ce système tend aussi à s’intégrer au mode de vie citadin. Pour une approche qui se veut globale des modes de consommation. À Paris et dans sa banlieue, un groupe de magasins est en construction. Il s’agit d’Au bout du champ, qui possède deux points de vente à Paris et à Levallois-Perret. Le mode de consommation est double. Soit l’on effectue une commande sur Internet, que l’on retire dans l’un des points de vente, soit l’on se rend dans un local où des produits sont proposés. Ils sont disposés dans des casiers, sur le mode du distributeur de café. Le client compose le code correspondant au casier de son choix, et introduit l’argent dans une machine, qui déverrouille le casier.

Les casiers en libre service, chez Au bout du champ, à Levallois-Perret
Les casiers en libre service, chez Au bout du champ, à Levallois-Perret

L’inconvénient de ce système est que le client n’a pas forcément toujours le choix de ce que contient le casier. Ceux-ci sont remplis par des membres de l’association, tous les jours, de façon assez aléatoire. « Je viens ici deux fois par semaine, car je sais que les produits sont frais. Ce qui me plaît, c’est d’abord d’encourager des producteur locaux » affirme Simone Eckes, la soixantaine, en sortant du local de Levallois-Perret. Céline Ponce, moins habituée, va dans le même sens : « Je reviens de chez Franprix, quand je vois la tête des tomates … Du coup, je viens ici, car je sais que les produits sont frais. C’est gagnant pour tout le monde. Je préfère acheter moins mais mieux ».

Moins mais mieux, c’est un peu le mot d’ordre des partisans des circuits courts, mais pas sûr que cela plaise à la grande distribution …