Élections italiennes : 5 choses à savoir sur Giorgia Meloni, en tête des sondages

Giorgia Meloni est présidente du parti d’extrême droite italien, Frères d’Italie. Avec 24% d’intentions de vote, elle est donnée favorite par les sondages pour les élections générales qui ont lieu ce dimanche. Elle pourrait être la première femme à devenir cheffe du gouvernement en Italie, malgré son héritage néo-fasciste. 

Giorgia Meloni a 45 ans et est originaire de la banlieue défavorisée de Rome. Politicienne de profession, elle a déjà été Ministre pour la Jeunesse entre 2008 et 2011 au sein de gouvernement de Silvio Berlusconi (Photo AFP).

1 – Elle est considérée comme l’héritière de Mussolini

C’est un héritage à double tranchant pour Giorgia Meloni, qu’elle rejette ou qu’elle utilise selon ses besoins. La candidate a commencé très tôt à s’engager en politique – autour de 15 ans – au sein du mouvement de jeunesse du Mouvement Social Italien (MSI). « Giorgia Meloni vient du fascisme, et plus précisément du néo-fascisme, puisqu’elle a adhéré au MSI, un parti fondé en 1946, à la suite de l’interdiction du Parti national fasciste. Le MSI avait pour objectif de continuer à faire vivre le fascisme » explique Marie-Anne Matard-Bonucci, historienne spécialiste du fascisme. À l’âge de 29 ans seulement, Georgia Meloni est élue députée.

L’héritage de Benito Mussolini peut parfois être difficile à porter pour la candidate vis-à-vis des électeurs réfractaires au Duce. Pourtant, elle se refuse à l’effacer complètement. « C’est stratégique vis-à-vis de toute une partie de la base de son parti et de certains cadres. C’est une partie des militants, nostalgiques de Mussolini, vis-à-vis desquels elle ne veut pas se différencier » explique l’historienne.

Chez Giorgia Meloni, l’héritage fasciste n’est pas présent seulement dans la filiation de son parti « Fratelli d’Italia ». « Dans son autobiographie, on se rend compte que son idéologie est ambiguë, avec des racines plongeant dans la culture néo-fasciste, commente Marie-Anne Matard-Bonucci. Cela se remarque à la façon dont elle explique l’Histoire, à la façon dont elle utilise le thème du christianisme comme identité, ou encore dans le fait qu’elle n’ait jamais voulu renoncer à la flamme tricolore. » En effet, le logo de son parti politique – une flamme aux couleurs du drapeau italien – est identique à celui du Mouvement Social Italien.

2 – Un programme ultra-conservateur et nationaliste 

Au programme de la candidate de 45 ans, des mesures communes aux autres partis d’extrême-droite en Europe : immigration, sécurité, famille traditionnelle chrétienne ou encore anti-avortement. « Dieu, famille, patrie« , le slogan du parti des Frères d’Italie est cohérent avec les valeurs défendues par ce dernier.

Pour l’historienne cependant, il n’est pas possible de qualifier ce programme de « fasciste » : « On retrouve dans son programme des éléments qui étaient présents dans le discours fasciste mais qui ne caractérisent pas la spécificité du fascisme. En conséquent, on ne peut pas à proprement parler d’un programme fasciste. On le caractérise plutôt comme un programme de droite radicale populiste« .

Partout en Italie, des affiches de Giorgia Meloni sont collées dans la rue, avec pour slogan « Prête à relever l’Italie ». L’enjeu pour la politicienne est de passer d’un parti d’opposition à un parti de gouvernement (Photo AFP).

L’immigration est le point névralgique du programme des Frères d’Italie : le parti souhaite mettre en place un blocus naval dans la Mer Méditerranée, pour limiter les débarquements de migrants en Italie. Côté sécurité, le discours est aussi un classique de l’extrême-droite : la candidate souhaite accorder davantage de moyen aux forces de police.

En plus de l’enjeu sécuritaire, Giorgia Meloni sait doublement parler aux électeurs des classes populaires, avec un programme dit de « droite sociale« . La candidate a promis à ses électeurs les plus modestes des aides financières, lui permettant de se placer comme proche du peuple. « En réalité, son programme économique est davantage favorable aux chefs d’entreprises, à la bourgeoisie, et défavorable aux classes les plus démunies. Par exemple, elle veut supprimer l’équivalent de notre RMI (Revenu Minimum d’Insertion) en Italie, parce qu’elle estime que ça consiste à entretenir des assistés », explique Marie-Anne Matard-Bonucci.

L’un des points les plus conservateurs de son programme reste son approche de la société comme résumé dans une de ses prises de paroles, le 12 juin 2022 : « Oui à la famille naturelle, non aux lobbys LGBT . Oui à l’identité sexuelle, non aux idéologies de genre. Oui à la culture de la vie, non à l’abîme de la mort. Oui à l’universalité de la croix, non à la violence islamique ». Profondément conservatrice à propos des sujets de société touchant les minorités de genre, les minorités sexuelles et les minorités religieuses, elle incarne ainsi une branche de l’Italie traditionnelle.

3 – Fondatrice du parti populiste « Fratelli d’Italia »

À la suite de son expérience au gouvernement entre 2008 et 2011, elle monte en 2014 son propre parti politique : Frères d’Italie, dont le nom est issu de l’hymne italien. Assez minoritaire au début, il est tout à droite de l’échiquier. Le parti obtient des scores encourageants aux élections européennes et législatives les années suivantes.

Le parti Frères d’Italie a récupéré le logo du Mouvement Social Italien (Photo AFP).

Le vrai tournant politique de Giorgia Meloni se situe à partir de l’année 2018. « Elle a fait le choix clair de ne pas participer aux gouvernements de Giuseppe Conte et de Mario Draghi, restant ainsi dans l’opposition, contrairement aux autres partis de droite et d’extrême-droite, re-situe l’historienne. Elle apparaît donc aujourd’hui comme le seul parti véritable de l’opposition. »

Giorgia Meloni met beaucoup en avant cet argument : « Notre nation est une nation qui a besoin d’un gouvernement que nous bâtirons avec des personnes libres […] Des personnes qui ne se font pas acheter. » a-t-elle déclaré lors d’un de ses derniers meetings. Pourtant, son parti n’est pas aussi neuf et sans histoire qu’elle ne veut le faire croire, ce que rappelle Marie-Anne Matard-Bonucci. « Ce « jeune » parti est en réalité une recréation, puisque Frères d’Italie a largement récupéré les troupes d’Alliance nationale, parti héritier du Mouvement Social Italien, et donc du fascisme. »

Son parti est d’ailleurs profondément « populiste » selon l’historienne : il a adopté une rhétorique qui oppose le peuple et les élites et qui critique la démocratie libérale au nom d’une confiscation du pouvoir par les élites, qui nieraient les intérêts du peuple. « Cette rhétorique repose sur une lecture simplifiée – et donc erronée – des réalités sociales. La notion de « peuple » est bien plus complexe et nuancée » ajoute la spécialiste du fascisme.

4 – À la tête de la coalition de droite

Giorgia Meloni est ici entourée de Antonio Tajani (Forza Italia) à gauche et de Matteo Salvini (Ligue du Nord) sur la droite. Ils sont à la tête du cortège de la manifestation du 2 juin 2020 contre le gouvernement, à Rome (Photo AFP).

Il a été difficile pour la candidate de se faire une place à droite, avec des idées plutôt proches de celles de Matteo Salvini, secrétaire de la Ligue du Nord, un parti identitaire. Certaines différences subsistent cependant entre les deux candidats : Matteo Salvini est par exemple beaucoup plus ambigue sur son rapport à la Russie et à Vladimir Poutine, tandis que Girogia Meloni a une solide position transatlantique.

Pour les élections de ce dimanche, les deux candidats ont de toutes façons fait alliance ensemble et avec Silvio Berlusconi, fondateur de Forza Italia. Cette alliance est créditée à près de 50% des suffrages d’après les derniers sondages. Selon l’accord entre les trois partis de l’alliance, le poste de président du conseil des ministres reviendra au président du parti qui aura récolté le plus grand nombre de voix. Giorgia Meloni est ainsi donnée gagnante, avec 24% des voix.

5 – Une stratégie de dédiabolisation

« Moi je crois que Mussolini, c’était un bon politicien. Tout ce qu’il a fait, il l’a fait pour l’Italie. » Ces propos embarrassants, prononcés par Giorgia Berlusconi en 1996 lors d’une interview accordée à France 3, ont refait surface dernièrement. La jeune femme, fraîchement engagée en politique, ne mâche pas ses mots. Cette vidéo n’est pas prête de faire oublier son héritage néo-fasciste à ses opposants.

Aux grands maux, les grands remèdes, pour gommer cette image néo-fasciste, Giorgia Meloni a publié une série de vidéos sur la chaîne Youtube de son parti, en plusieurs langues. Objectif : redorer son image à l’étranger et dans son propre pays en essayant de rassurer les électeurs réfractaires à l’extrême-droite.

Mais pour l’historienne, cette série de vidéo n’est qu’un écran de fumée : « Elle ne condamne dans le fascisme, que les lois anti-juives et la suppression de la démocratie, mais il n’y a pas de condamnation nette de ce régime. Elle n’a pas totalement largué les amarres. »

Pourtant, la candidate est obligée d’essayer de lisser son image à l’approche des élections : l’apologie du fascisme est interdite dans la constitution italienne. Malgré un programme ultra-conservateur et nationaliste, ainsi qu’un héritage politique issu de Benito Mussolini, pas question pour Giorgia Meloni de s’en vanter ouvertement.

À la différence d’autres partis d’extrême-droite en Europe, Giorgia Meloni préfère rester consensuelle sur le plan international. Pas question de parler d’une sortie de l’Union Européenne par exemple : elle préfère esquiver les questions à ce propos, même si son parti a longtemps été eurosceptique. Pas d’ambivalence avec la Russie non plus : elle garde un cap pro-américain et pro-ukrainien, de quoi rassurer certains électeurs.

Giorgia Meloni essayent depuis plusieurs mois de lisser son image à l’approche des élections. Ici, le 6 septembre dernier, dans l’émission « Porte à Porte », à propos de l’invasion russe en Ukraine (Photo AFP).

Pourtant, Marie-Anne Matard-Bonucci se dit très inquiète en cas d’élection de Giorgia Meloni : « En tant qu’historienne, ça me fait peur« . « Elle a une conception de la nation et de l’Europe ethnoraciale, identitaire, fondée sur l’appartenance au christianisme et à la « race » blanche. C’est très inquiétant » ajoute l’historienne spécialiste du fascisme, des régimes autoritaires et de l’antisémitisme.

Marine Allain

Éolien : où en est la France ?

Le président Emmanuel Macron a inauguré, ce jeudi à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) le premier parc éolien français offshore. Dans son discours, il a pointé le retard français en matière de développement d’énergies renouvelables tout en appelant à aller « deux fois plus vite ». Dans ce contexte, le déploiement de l’éolien en mer est particulièrement mis en avant.

 

L’énergie éolienne ne représente, à ce jour, que 6,3 % de la production d’électricité nationale

 

Où en est la France en matière d’énergies éoliennes ? Avec l’inauguration du premier parc éolien français offshore ce jeudi, à Saint-Nazaire, Emmanuel Macron a pointé le retard du pays quant au développement des énergies renouvelables.  En 2019, celles-ci ne représentaient, selon le bilan électrique du Réseau de transport d’électricité (RTE), que 20,2 % de la production d’électricité française, dont 6,3 % est créée par l’énergie éolienne. Une progression de 21,2 % par rapport à 2018.

7 parcs éoliens en mer attendus d’ici 2027

Cette énergie éolienne se concentre sur trois régions majeurs : le Grand-Est, les Hauts de France et l’Occitanie qui produisait en 2019, 60 % de l’électricité issue de l’éolien en France. Jusqu’à ce jour, les parcs éoliens français n’étaient implantés que sur terre. Le parc de Saint-Nazaire ouvre la marche des parcs éoliens en mer : six autres d’entre eux sont attendus d’ici à 2027 et 50  au total d’ici 2050. Parmi eux, celui du Tréport, de Saint-Brieuc ou encore de Dunkerque. Un projet qui s’inscrit dans l’objectif fixé par la France dans le cadre de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte : 32 % de la production totale d’énergie française doit être issue du renouvelable d’ici à 2030.

Éolien en mer : 60 % d’énergie en plus que sur terre 

L’éolienne offshore, c’est à dire au large, fonctionne par rattachement au réseau via câble sous-marin. L’implantation en mer garantit une meilleure exploitation du vent, plus fort et plus régulier que sur terre ; jusqu’à 60 % d’énergie en plus que pour des éoliennes terrestres. À noter que c’est le vent qui active les pâles d’une éolienne.  En effet, tandis que la puissance d’une éolienne terrestre va de1,8 et 3 MW, celles qui sont implantées en mer peuvent actuellement aller jusqu’à 6 MW. D’autres projets pouvant aller jusqu’à 8 à 10 MW sont étudiés par les constructeurs français.

Ce vendredi, une centaine d’entreprises réunies sous le collectif The Global Wind Energy Council et représentant 81% de l’énergie éolienne installée dans le monde ont sollicité les gouvernements signataires de l’Accord de Paris, dont la France :  elles les appellent à prendre des mesures radicales pour accroître le développement d’énergies éoliennes et renouvelables dans le monde. Parmi leurs propositions : accélérer l’autorisation et la programmation des projets d’énergies renouvelables, créer une infrastructure de réseau pour développer les marchés de l’énergie propre et encourager les investissements dans ce domaine.

Perla Msika

La qualité de l’eau potable interroge

Deux enquêtes menées par France Télévisions et Le Monde se sont interrogées sur la salubrité de l’eau potable. Leurs enquêtes révèlent que douze millions de français soit 20 % de la population ont consommé de l’eau contenant des pesticides.

Le Monde et l’équipe de l’émission Complément d’enquête ont mené deux enquêtes sur la salubrité des eaux distribués. Grâce à des données de l’Agence régionale de santé, des agences de l’eau  et des préfectures, 20 millions de personnes auraient consommés une eau contenant des pesticides et métabolites qui dépassent le seuil de qualité. L’équipe de l’émission de France Télévisions a révélé que ce sont près de 9 000 communes qui sont concernées par ce problème.

Comment est contrôlée la qualité de l’eau potable?

Différentes instances sont impliquées dans le contrôle de la qualité de l’eau potable. Il dépend, en général, du ministère de la Santé et de la prévention qui définit la fréquence, les modalités et les lieux des prélèvements, puis mandate les laboratoires pour les effectuer. Les agences régionales de santé – placées sous l’autorité du préfet – chargées d’effectuer des contrôles. Ces derniers doivent être conformes au Code la santé  publique et aux dispositions de la de la Directive européenne relative à la qualité des eaux. Chaque année, elles rédigent une synthèse sur les éléments issus des résultats de ces contrôles.

Voir aussi : Quelles sont les étapes du cycle domestique de l’eau ? 

Des effets sur la santé ?

Il y a peu d’éléments concernant les effets sur la santé. Mais la présence de pesticides dans l’eau potable ne signifie pas que cette dernière est toxique révèle l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire). Pour chaque substance, un seuil ne doit pas être dépassé, la valeur sanitaire maximale : elle ne doit pas dépasser 0,5 µg/L au total.

 

 

 

 

 

 

 

Boîtes vocales et rendez-vous surprise : les rappeurs jouent la carte du marketing mystère

Pour promouvoir la sortie d’un single en featuring, les rappeurs Damso et Kalash ont convoqué leurs fans à un rendez-vous surprise par le biais d’une mystérieuse boite vocale. Une stratégie marketing ludique, et désormais typique d’une industrie compétitive, dont les grands noms rivalisent d’inventivité pour défendre leurs projets.

Dans le 11e arrondissement à l’approche de midi, une foule d’adolescents trépigne devant les portes fermées d’un local. Un vigile tente de discipliner la cohue, comme un pion devant la queue affamée d’une cantine de collège.

« J’ai suivi un jeu de piste qu’il a fallu remonter pour arriver au rendez-vous ici. Maintenant que je suis là, on va voir ce qu’il se passe », raconte Sélim étudiant en cinéma de 18 ans, qui patiente devant l’attroupement. L’objet précis de son attente est encore mystérieux.

Rue Jean Macé dans le 11e arrondissement, les fans attendent une « surprise » des rappeurs Damso et Kalash.

Rencard énigmatique

Comme tous ses compagnons de piquet, il a été convoqué par coup de com bien rodé, signé Damso et Kalash. Le populaire tandem de rappeurs, dont le titre Mwaka Moon cumule des centaines de millions d’écoutes sur les plateformes de streaming, sort un nouveau single commun vendredi.

Les artistes ont diffusé mardi, sur TikTok et Instagram, un numéro de téléphone fixe. « J’ai appelé le numéro, qui faisait tomber sur un message vocal. Puis on a reçu un SMS le lendemain, qui renvoyait vers un lien, où j’ai dû entrer mon adresse mail » décrit Sarah, 17 ans. « Ça m’a permis de recevoir un message qui donnait rendez-vous à cette adresse et cette heure », explique la jeune fille, qui a traîné quelques amies du lycée jusqu’au rencard.

Ces plans de promotion ludiques et teintés de mystère sont désormais incontournables pour les grands noms du rap. Ceux-ci rivalisent d’inventivité pour promouvoir titres et tournées, et mobilisent des canaux diversifiés, vers lesquels le consommateur invité à s’engager de façon active.

La semaine dernière, le rappeur Lacrim a caché une clé USB renfermant des inédits, que sa communauté a été invitée à rechercher. Dernier exemple en date d’une longue série : le rappeur Lomepal a dévoilé, samedi, les dates d’une tournée fantôme, dont les lieux restaient secrets. Les fans n’ont pu les découvrir qu’en trouvant des avis Google disséminés par l’artiste au sujet des salles retenues.

 

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Créneau bouché

Alors que faire sa promotion sur les réseaux sociaux est désormais est la norme, il est indispensable de se distinguer. « La fin des années 2010 a signé l’avènement de la sponsorisation, c’est à dire de la promotion de la musique via des publicités diffusées sur les réseaux sociaux », explique Roman Tayakout, chef de projet digital pour le label Jeune à Jamais. « Ce canal a été massivement utilisé par les artistes rap, dont le public est jeune, et très engagé sur ces réseaux ».

« Mais le créneau de la sponsorisation s’est rapidement bouché : les artistes ont dû se distinguer, en mobilisant des canaux plus atypiques. Ils misent ainsi sur des objets transmédia : numéros à appeler, SMS personnalisés, en entourant le tout d’intrigue et en insistant sur un côté mystérieux et exclusif », développe-t-il.

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Orné d’un récit, le SMS promotionnel passe pour une dépêche confidentielle et auprès d’un public adolescent, la boîte vocale d’un téléphone fixe a presque le charme du vintage. Les procédés permettent, au passage, de rafler la précieuse manne de la data. Adresses mail et numéro de téléphones, engrangés par milliers, permettent de fidéliser le public sur des sorties et concerts futurs.

Le caractère événementiel, ainsi que les rencontres en physique sont aussi cruciaux, et permettent d’élargir les communautés d’auditeurs. « Dire que je suis fan de Damso serait exagéré. Mais j’avais fait suivi toute la démarche, fouiné, appelé le numéro. Alors il fallait bien que je vienne », confie Marvin, 20 ans, qui, assurément, écoutera le nouveau single vendredi. Le jeune homme a fait deux heures de route depuis Orléans pour répondre présent sur les lieux d’un buzz qui a agité Twitter ces derniers jours.

D’aucuns pourraient trouver ces méthodes marketing aussi agressives que le SMS de Damso. Peu probable pour autant, que le public cible les perçoive comme telles, juge Mylan Aké, chef de projet pour 135 médias, une agence communication de référence pour les musiques urbaines. « Les jeunes le ressentent plutôt comme une forme de promiscuité et d’exclusivité », sonde l’expert.

Culture de la débrouille

Ces procédés ingénieux sont par ailleurs l’héritage d’un genre musical longtemps resté au ban des médias mainstream, dont la communication hors sentiers battus est matricielle.  « Le rap est caractérisé par une culture du marketing « débrouille », car ses artistes n’accèdent aux médias classique que lorsqu’il sont très célèbres », analyse Mylan Aké, qui met par ailleurs le phénomène au compte de la compétitivité du secteur. « Les rappeurs célèbres comme Orelsan, PNL ou Damso ne sont certes plus dans cette débrouille. Mais aucun grand nom ne se repose sur ses lauriers : chacun sait qu’il doit continuer à surprendre, y compris par sa com’, pour se maintenir sur la scène », ajoute-il.

Midi pile, quelques cris surgissent et la foule accoure. Les portes du local s’ouvrent et dévoilent un pop-up store, où sont vendus des T-shirts floqués « Malpolis » – le nom du titre de Damso et Kalash à paraître – pour une trentaine d’euros. Les plus patients comptent encore sur une venue surprise des artistes. « Ils devraient passer dans l’après-midi, glisse un policier stationné au coin de la rue, mieux informé que les jeunes fans.