« Je ne veux pas que l’université soit taxée d’inaction » : le président de l’université Aix-Marseille se défend contre Didier Raoult

Après la publication d’une tribune co-signée par 16 sociétés savantes dans Le Monde, le président de l’université Aix-Marseille, Eric Berton, s’est défendu de toute inaction face au controversé professeur Didier Raoult.

Crédit : Pixabay

Dans cette tribune, les sociétés disent regretter « l’absence de réactions des institutions » face aux traitements prescrits aux patients atteints de Covid-19 par l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection. Ces traitements, dont l’efficacité n’était pas prouvée, ont été prescrits par les équipes de l’IHU auprès de 30 000 patients.

L’ex-employeur de Didier Raoult a assuré à l’AFP avoir pris, dès 2020, ses « responsabilités » afin de garantir « l’intégrité juridique et étique » de l’IHU. « Je ne veux pas que l’université soit taxée d’inaction », a-t-il ajouté.

Un « battage médiatique »

Eric Berton a aussi dénoncé le « battage médiatique » qui dure depuis plusieurs jours, suite à la publication en ligne d’une étude, non relue par des pairs ni publiée dans une revue scientifique, concluant que l’administration d’hydroxychloroquine diminue la mortalité des patients touchés par le Covid-19.

Didier Raoult, qui a dirigé l’institut jusqu’à l’été 2022, est désormais retraité et « ne peut pas avoir d’autres responsabilités que de terminer des thèses engagées ».

Elena Gillet/AFP

La Cour des comptes appelle à plus de mixité sociale dans l’enseignement privé sous contrat

La Cour des comptes a rendu ce jeudi un rapport sur l’enseignement privé sous contrat. Elle y déplore un manque de mixité sociale dans ces établissements et préconise de renforcer leur dialogue avec l’État.

En France, 17,6% des élèves scolarisés le sont dans un établissement privé sous contrat. Crédit : Pixabay

Pour la première fois, la Cour des comptes a rendu ce jeudi 1er juin un rapport sur l’enseignement privé sous contrat. Le secteur, qui représentait 2 millions d’élèves et 7 500 établissements en France à la rentrée 2022, perçoit 10 milliards d’euros d’argent public, dont 8 milliards versés par l’État.

Les Sages de la rue Cambon déplorent un dialogue de gestion « presque inexistant », notamment sur la mixité sociale, et appelle à « rénover en profondeur » les relations entre l’État et les établissements privés. L’objectif : que le privé soit « davantage mobilisé au service de la performance éducative et de la mixité sociale ».

Des inégalités qui se creusent dans le privé

Le régime de l’enseignement privé sous contrat, créé par la loi Debré du 31 décembre 1959, prévoit la rémunération des professeurs par l’Éducation nationale et exige certains engagements des établissements, notamment la conformité aux programmes définis par le ministère de l’Éducation.

Cependant, ces écoles sont payantes et peuvent choisir leurs élèves, ce qui implique des inégalités d’accès à ces établissements selon la classe sociale des élèves. La mixité sociale est effectivement en « net recul » en France ces dernières années : les élèves de familles très favorisées, qui constituaient 26,4% des effectifs de l’enseignement privé sous contrat en 2000, représentaient 40,2% des effectifs en 2021.

Ce rapport intervient quelques semaines après que le ministre de l’Education, Pap Ndiaye, ait signé un protocole avec l’enseignement catholique, par lequel le privé sous contrat s’engage notamment à augmenter la part de ses élèves boursiers. Cependant, aucune obligation n’est prévue pour le moment.

Marie Scagni

« Aide financière d’urgence »: qu’en disent les associations de lutte contre les violences faites aux femmes? Par Sophie Alary

 

Crédit: AFP

L’Assemblée Nationale a voté lundi 16 janvier une proposition de loi qui prévoit la création d’une « aide financière universelle d’urgence » devant permettre aux victimes de violences conjugales de se mettre rapidement à l’abri.

Le texte prévoit le versement d’une aide exceptionnelle d’urgence aux personnes victimes de violences conjugales, après le dépôt d’une plainte ou la délivrance par la justice d’une ordonnance de protection. L’aide sera attribuée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) dans un délai de trois à cinq jours, elle prendra la forme d’un prêt sans intérêts ou d’un don, selon les ressources de la victime. Au-delà, la victime pourra bénéficier pendant six mois des droits adossés à l’allocation du revenu de solidarité active (RSA), notamment l’octroi d’une complémentaire solidarité santé et un accompagnement social et professionnel.

Il faut élargir la mesure, soulignent les associations

Globalement, le texte est soutenu par les associations qui accompagnent les femmes victimes de violences. Le dispositif a d’ailleurs été expérimenté dans le département du Nord. Mais derrière l’unanimité apparente, les associations insistent sur la nécessité d’élargir la mesure pour que toutes les victimes puissent réellement se protéger.

La procédure suppose le dépôt d’une plainte, la délivrance d’une ordonnance de protection ou un signalement au procureur, démarches qui constituent des obstacles infranchissables par beaucoup de femmes en détresse, pour lesquelles quitter le domicile signifie se retrouver à la rue sans ressources.

Mais « il y a un certain nombre de femmes qui ne déposent pas plainte, donc il faudrait qu’elles puissent obtenir ces aides par exemple avec une attestation d’une association qui les suit« , propose Mme Brié, à la tête du réseau Solidarité Femmes. « Nous sommes des structures reconnues et financées par les institutions, et garantes du suivi qu’ont pu entamer ces femmes. »

La question de la nature de l’aide a été beaucoup débattue. Alors que le Sénat, à majorité de droite, avait voté le principe d’un prêt à taux zéro, l’Assemblée nationale a élargi cette mesure : il pourra s’agir d’un don si la victime bénéficie de faibles ressources, notamment dans le cas où elle a des enfants à charge. Les critères permettant de définir l’éligibilité à une aide financière sans contrepartie restent à préciser.

« Le titre est un peu trompeur »

 » Le titre est un peu trompeur car la proposition de loi parle d’une aide financière d’urgence alors qu’on voit qu’il peut s’agir d’une avance. Ce qui fait qu’à un moment les femmes victimes de violences vont devoir rembourser les conséquences des violences qu’elles ont subies« , soulève Floriane Volt, de la Fondation des Femmes.

Gilles Lazimiest, médecin généraliste, militant à SOS Femmes 93, insiste: « Dans leur situation, les trois quarts des patientes que je vois ne pourront pas rembourser de prêt« . « L’important pour nous« , ajoute François Brié, « c’est qu’il puisse y avoir la possibilité pour certaines femmes de surseoir à ce remboursement. »

Au-delà de l’aide financière, renforcer les conditions d’accueil des femmes qui quittent le domicile conjugal

Pour une majorité de femmes qui quittent précipitamment le domicile conjugal, la première urgence est de trouver un hébergement sécurisé. Les associations sont en première ligne: au-delà de leur capacité d’hébergement, elles peuvent offrir aux victimes une protection, les aider à mettre en place les capacités juridiques comme l’ordonnance de protection, la reprise du contrôle sur le compte en banque, le versement en direct des allocations familiales, l’accès à un logement pérenne avec accès prioritaire et adapté aux ressources.

« Ca progresse« , indique Floriane Volt de la Fondation des Femmes, « depuis 2019, le gouvernement annonce régulièrement la création de nouvelles places ». On compte en France  8.800 places au total aujourd’hui, le chiffre reste très éloigné des  besoins estimés à « 15.000 places » l’an dernier par la Fondation. À l’association Solfa, spécialisée dans l’accueil des femmes victimes de violence à Lille, « 284 femmes et leurs enfants ont pu être accueillies dans des structures en 2022. Mais 515 n’ont pas pu obtenir d’hébergement, précise Mélanie Allard, cheffe de service.

Pour aller plus loin:

Violences conjugales : le manque de places d’hébergement de nouveau épinglé

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Une loi de programmation pour une réforme en profondeur

Enfin, la proposition de loi crée une loi de programmation quinquennale portant sur la lutte contre les violences faites aux femmes, qui fixerait des objectifs et des moyens financiers. Reste à bâtir, il y a urgence tweete la Fédération Nationale des Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CNCIDFF)


Si, depuis le Grenelle des violences conjugales, les dépôts de plainte ont été facilités, et des policiers et des magistrats formés, il reste à garantir que les plaignantes soient écoutées et protégées.Et à redoubler d’efforts sur la prévention par l’éducation.

Cette aide d’urgence, inspirée par l’expérience des associations de lutte contre les violences conjugales, constitue une avancée dans un domaine où il reste encore beaucoup à faire. On assiste à un changement de paradigme: les violences ne sont plus considérées comme des faits individuels, les parlementaires reconnaissent le phénomène massif du fléau des violences conjugales.

Guerre en Ukraine : Volodymyr Zelensky en déplacement à Kherson

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu ce lundi 14 novembre à Kherson, ville stratégique du sud de l’Ukraine, quelques jour après le retrait des forces russes. 

« Je suis heureux que nous soyons à Kherson ». Entouré de gardes du corps lourdement armés, Volodymyr Zelensky s’est promené ce lundi dans les rues d’un Kherson libéré. C’est en tenue de style militaire que le président ukrainien a chanté, main sur le cœur, l’hymne national, « Chtche ne vmerla Ukraïna » – littéralement « L’Ukraine n’est pas encore morte ». Le chef d’État ukrainien a également remis des médailles à plusieurs soldats avant d’assister à un lever de drapeau devant le siège régional de la ville.

La veille, Volodymyr Zelensky avait accusé les autorités russes d’avoir commis des « atrocités » à Kherson. Il avait également fait état de quatre cents « crimes de guerre » russes, sans toutefois préciser s’il s’agissait uniquement de faits commis dans la région Kherson. « Les corps des tués sont retrouvés : ceux de civils et de militaires », a précisé Volodymyr Zelensky dans une allocution, en promettant de « trouver et amener à la justice chaque meurtrier ».

Un retrait qui s’est fait attendre 

Une libération perçue comme un salut pour de nombreux habitants de la ville. À 25 ans, Oleg Nazarenko raconte l’athmosphère de terreur imposée par l’occupant pendant près de 9 mois. « Les jeunes étaient arrêtés et fouillés. Ils nous terrorisaient. Ils étaient pires que les fascistes. C’était comme ça ». « Ils ont pillé tous les appartements, ils ont détruit les portes, ils vivaient dans les appartements. Ils ont pris tout le matériel électronique. Ce sont des voleurs », enrage Svetlana Vilna, 47 ans, qui dit s’être « sentie comme en prison pendant neuf mois ».

« Je suis heureux que nous soyons à Kherson », Volodymyr Zelensky

Sous domination russe depuis le 2 mars 2022, Kherson est la première capitale régionale ukrainienne à être tombée entre les mains des forces armées russes. Le 9 novembre dernier, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait ordonné le retrait des troupes armées de la rive droite du Dniepr, et ainsi, le départ des soldats russes de Kherson. 

La déni russe

Malgré cette annonce du ministère de la Défense, le Kremlin continue de revendiquer le contrôle de Kherson, dont Moscou revendique l’annexion. « Nous ne commenterons pas [la visite de Zelensky à Kherson], vous savez bien que c’est le territoire de la Fédération de Russie », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

L’armée russe a également confirmé ce lundi avoir pris Pavlika, un village dee la région de Donetsk dans l’Est ukrainien. Un succès pour le moins isolé après des semaines de revers dans l’Est du pays. À ce jour, Moscou revendique donc l’annexion de quatre région ukrainiennes : Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson. 

 

Ambre Mathieu Xerri