Quelle élection européenne sera la plus représentative ?

Cette semaine, l’ensemble des citoyens européens sont appelés aux urnes. Mais tous n’éliront pas leur parlement selon les mêmes modalités. Tour d’horizon des modes de scrutin utilisés à travers l’Union.

Nous y sommes : les élections européennes ont débuté. Les Pays-Bas ouvrent ce jeudi le bal de la deuxième plus grande élection du monde (720 députés élus par plus de 400 millions de citoyens) après les législatives indiennes.

Avec sa proportionnelle intégrale et son scrutin à un tour, cette élection en France diffère grandement des autres scrutins nationaux, laissant moins de place au “vote utile” et créant plus de pluralité. Seulement, on peut encore accorder une attention plus radicale à la représentativité. À l’échelle de l’Union, où tout le monde ne vote pas de la même manière, le format français est même minoritaire. Voyage entre les différents modes de scrutin de ces élections européennes.

La méthode qu’on connait le mieux : la liste fermée

En France, chaque électeur vote simplement pour une seule liste.  Les sièges sont ensuite attribués aux premiers candidats des listes en proportion de leur score. C’est le vote plurinominal à un tour en proportionnelle intégrale.

Autre particularité : les 38 listes parmi lesquelles les Français pourront faire leur choix cette année sont fermées. C’est-à-dire que les électeurs ne contrôlent pas l’ordre des candidats à l’intérieur d’une liste. Une liste qui obtient 8 sièges envoie à Strasbourg ses 8 premiers candidats.

Avec 720 députés, le Parlement européen est la plus grande chambre directement et démocratiquement élue du monde après le Bundestag allemand.

Cette méthode de la liste fermée est en vigueur chez nos voisins allemands et espagnols, mais aussi en Roumanie, en Hongrie et au Portugal (voir notre infographie). Elle a l’avantage de la simplicité mais condamne les électeurs à accepter tous les candidats de leur parti favori… ou à avaler une couleuvre.

La méthode la plus répandue : le vote préférentiel

Ailleurs en Europe, c’est le vote préférentiel qui prévaut. Les électeurs choisissent toujours une seule liste, mais l’ordre des candidats en son sein est personnalisable. Un candidat en position éligible vous pose problème mais le programme du parti vous plait quand même ? Votez pour cette liste en le barrant. Vous aimeriez élire une candidate mais elle se place à une position trop lointaine ? Inscrivez un + à côté de son nom.

Quelques pays vont même plus loin avec une liste ouverte. Là, les partis soumettent toujours des listes, mais les électeurs peuvent faire leur marché et voter pour des candidats de listes différentes comme bon leur semble.

La méthode la plus innovante : le vote transférable

Ou de son doux nom scientifique : le scrutin à vote unique transférable. Appliquée à Malte et en Irlande, cette méthode permet aux électeurs de classer les candidats ou listes par ordre de préférence. Si leur premier choix n’atteint pas le seuil électoral (naturel ou légal), leur vote s’applique à leur deuxième choix, et ainsi de suite.

« Ce mode de scrutin est vraiment bien car il donne beaucoup de liberté, vante Théo Delemazure, dont l’expérience « Voter autrement 2024 » teste justement le vote par classement avec les listes françaises. Et il détruit le dilemme de vote utile puisque l’on peut mettre son favori en premier, puis le vote stratégique un peu plus loin dans le classement. »

 

On pourrait donc imaginer des dynamiques de campagne changeant du tout au tout. Tous les partis auraient intérêt à souligner leur proximité avec d’autres pour sécuriser des bonnes places dans le classement des électeurs. Les petits partis ne souffriraient plus du vote utile, ni les votants de la frustration qui l’accompagne.

Matthias Troude

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