Avec l’évolution des structures familiales, de plus en plus d’instituteurs préfèrent préparer avec leurs élèves des « fêtes des parents » ou bien des « fêtes des gens qu’on aime ». Le mois dernier, l’initiative d’enseignantes québécoises a provoqué la polémique. Explications.
Ce n’est pas une nouveauté. Déjà en 2013, Var Matin relayait une polémique dans une école de la région de Saint-Tropez dont l’équipe enseignante avait annoncé remplacer la préparation, dans les classes, de la fête des mères par une fête plus neutre.
Les parents avaient reçu une note les prévenant : « En raison de l’évolution sociale de la structure familiale et afin d’éviter toutes polémiques, (nous avons) décidé de fêter désormais la fête des parents à l’occasion de laquelle votre enfant vous offrira une surprise. Nous instaurons cette fête entre les dates de fête des pères et des mères. » À l’époque, la décision avait étonné. Dix ans plus tard, de telles initiatives continuent de faire parler.
Un débat politique
Alors que le Québec célèbre la fête des mères en mai, une école avait annoncé, dans une lettre aux parents, préparer plutôt une « fête des parents ». Rapidement, des critiques se sont fait entendre, relayées par le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime.
@BDrainvilleQc Allez-vous laisser les wokes abolir la fête des mères?
Arrêtez d’appuyer les motions de Québec solidaire!
Vous faites entrer les drag queens dans les écoles pour enseigner la théorie du genre, une déconstruction des genres.
Regardez où ça mène: pic.twitter.com/5NZmo3gL2f— Eric Duhaime (@E_Duhaime) May 9, 2023
La polémique a fait réagir le ministre de l’Éducation Bernard Drainville, qui s’est saisi d’un tweet. Il s’y fait le relai de la déclaration du centre de service scolaire de Québec, l’équivalent du rectorat local. Le débat s’est étendu jusqu’à l’Assemblée. Le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay a même déclaré : « Cette initiative-là était de bonne foi, puis il n’est pas question ce matin d’effacer la fête des Mères. »
Il n’a jamais été question de faire disparaître les mères ou les pères de nos écoles. Et il n’en sera jamais question non plus.
Voici la mise au point du Centre de services scolaires (CSS) de la Capitale. https://t.co/KLhllTbH8F pic.twitter.com/DgjU0zyvqV
— Bernard Drainville (@BDrainvilleQc) May 10, 2023
L’effusion sur les réseaux sociaux
En réponse, les internautes s’échauffent sur les réseaux sociaux. Certains ironisent sur un changement des habitudes de toute une classe, pour accompagner les élèves qui vivent dans des structures familiales différentes.
Considérant que certains enfants ont des handicaps physiques qui les empêchent de participer à des activités sportives, on devrait abolir les cours d’éducations physiques et toutes les activités parascolaires pour ne pas les exclures. #fetedesmeresgate
— Skeptic_j (@Skeptic_j) May 11, 2023
Des internautes ajoutent que la fête des mères est surtout le moment de célébrer les figures maternelles, quelles qu’elles soient.
On peut tout à fait souligner la fête des mères même si on n’a « pas de mère ». On peut honorer sa grand-mère, sa mère adoptive, sa tante, la mère d’un ami ou même sa défunte mère. Le prétexte de l’empathie est risible. #fetedesmeresgate
— Martin Ouellet (@ouellet1969) May 11, 2023
D’autres, au contraire, encouragent une nouvelle manière de fêter ses proches.
je suis pas prof mais
il faut instituer la fête des gens qu’on aime partout
Hors famille homoparentale et/ou monoparentale
Beaucoup d’enfant sont élevés par d’autres membres de leurs familles : grands-parents, oncles et tantes, cousin.e.s, frères et sœurs majeurs etc… https://t.co/0NdVvcjUID
— No’ (@nonocplussimple) May 29, 2023
Enfin, quelques internautes insistent sur une récupération politique qui leur semble creuse.
Comment veux-tu garder espoir en notre système d’éducation quand les gens s’indignent plus pour une fête de parents (au lieu de fêtes des mères/pères) que pour le manque d’enseignants qualifiés ou le fait qu’on est les plus sous-éduqués du Canada ?
Criss que c’est décourageant.
— Cathe 💜 (@CatheCab) May 10, 2023
Et vous, ce dimanche, fêterez-vous la fête des mères, ou la fête des parents ?