En Iran, les autorités ont bloqué l’accès à Instagram et WhatsApp après six jours de protestations contre la mort de Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs. Au moins 31 personnes ont péri selon l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.
Depuis le début des manifestations qui secouent l’Iran, les connexions sont ralenties et l’accès à Instagram et WhatsApp a été ensuite bloqué. « Sur décision des autorités, il n’est plus possible d’accéder à Instagram depuis mercredi soir. L’accès à WhatsApp est également perturbé », a annoncé l’agence de presse Fars.
Cette mesure a été prise à cause « des actions menées par des contre-révolutionnaires contre la sécurité nationale via ces réseaux sociaux », selon Fars. Instagram et WhatsApp étaient les applications les plus utilisées en Iran depuis le blocage des plateformes comme Youtube, Facebook, Telegram, Twitter et Tiktok ces derniers années. De plus l’accès à Internet est largement filtré ou restreint pas les autorités.
Le décès de Mahsa Amini, âgée de 22 ans, a suscité de vives condamnations dans le monde alors que les ONG internationales ont dénoncé une répression « brutale » de manifestations. À la tribune de l’ONU ce mercredi, le président des États-Unis Joe Biden s’est dit solidaire des « femmes courageuses d’Iran ».
Le bilan monte à 31 morts
Au moins 31 civils ont été tués depuis le début de manifestations, réprimées par les forces de sécurité, rapporte l’ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.
Comme d’autres ONG internationales et l’ONU, Amnesty International a dénoncé une « répression brutale ». Elle a fait état « d’un recours illégal aux tirs de grenailles, billes d’acier, gaz lacrymogène, canons à eau et coups de bâton pour disperser les manifestants ».
Lors des protestations dans plusieurs provinces d’Iran, des manifestants ont incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et militants. La police a riposté par des gaz lacrymogènes et arrêté un nombre indéterminé de personnes.
Les femmes « au devant de la scène »
Des experts des droits humains de l’ONU ont condamné « le recours à la violence physique contre les femmes » ainsi que les « perturbations d’Internet dictées par l’Etat ». Ces perturbations « font généralement partie des efforts visant à étouffer la liberté d’expression et à limiter les manifestations », ont-ils déclaré dans un communiqué.
Des images ont montré des manifestants résistant aux forces de l’ordre. Les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l’on voit des femmes mettre le feu à leur foulard. « Non au foulard, non au turban, oui à la liberté et à l’égalité! », ont crié des manifestants à Téhéran, leurs slogans ayant été repris par solidarité à New York ou à Istanbul.
The scenes in Iran are astonishing. How far will these protests go?
pic.twitter.com/AJeHB0yyYB— Frida Ghitis (@FridaGhitis) September 20, 2022
Pour Mahtab, une maquilleuse de 22 ans coiffée d’un foulard orange qui laisse voir ses cheveux, interrogée à Téhéran, « le foulard doit être un choix, on ne doit pas nous forcer ». Azadeh Kian, professeur de sociologie à l’université Paris Cité et spécialiste de l’Iran, explique : « ce qui est inédit dans ces manifestations c’est qu’on retrouve les femmes au devant de la scène ».
Les protestations des derniers jours sont parmi les plus importantes en Iran depuis celles de novembre 2019, déclenchées par la hausse des prix de l’essence, en pleine crise économique. Une centaine de villes avaient été touchées par une contestation, sévèrement réprimée. Le bilan officiel est de 230 morts, plus de 300 selon Amnesty International.
Imane Lyafori avec AFP