Plan de déconfinement : la polémique autour du vote des députés en quatre questions

Deux votes distincts – l’un sur le projet d’application StopCovid, l’autre sur le plan de déconfinement – devaient initialement avoir lieu. Des députés issus de l’opposition comme de la majorité demandaient un délai de 24h pour prendre connaissance des propositions du gouvernement avant de voter. Ces deux options ont été écartées.

Il n’y aura finalement qu’un seul débat et un seul vote sur le plan de déconfinement du gouvernement dans sa globalité, ce mardi 28 avril 2020. Flickr

Réouverture des écoles, port du masque de protection, application de traçage… Autant de sujets que devrait aborder Edouard Philippe, ce mardi 28 avril 2020. A 15h, le Premier ministre présentera le plan de déconfinement du gouvernement aux députés à mettre en place le 11 mai.

Si sa déclaration sera finalement suivie non seulement d’un débat mais aussi d’un vote de l’Assemblée nationale, ce programme parlementaire fait débat.

1. Quel était le programme parlementaire initial ?

Lors de son allocution télévisée du 13 avril dernier, le président de la République, Emmanuel Macron, a exprimé son souhait qu’un débat ait lieu au Parlement sur les techniques de traçage des données de téléphone pour lutter contre le Covid-19.

Initialement, un débat spécifique portant sur le projet d’application StopCovid était prévu en accord avec cette déclaration. Dans un premier temps, il ne devait pas être suivi de vote. Face aux critiques des oppositions de tous bords, le gouvernement a finalement accepté d’en organiser un.

Contrairement au Sénat, à l’Assemblée nationale, deux débats suivis de votes devaient donc avoir lieu. Le 28 avril, les députés devaient s’intéresser à la question du traçage numérique, et en particulier à l’application StopCovid. Ils ne devaient se pencher sur le plan de déconfinement du gouvernement que dans un second temps, le 5 mai.

2. Quel est le nouveau programme de ce mardi 28 avril ?

Dans la soirée de samedi 25 avril, à trois jours du premier débat, le gouvernement est revenu sur ce programme : au lieu des deux débats et des deux votes distincts initialement prévus, il a annoncé la tenue d’un seul débat et d’un unique vote portant sur le plan de déconfinement dans sa globalité, traçage compris.

Quant au vote, l’opposition réclamait qu’il soit organisé dans un délai de 24h après la tenue du débat, afin de bénéficier d’un délai de réflexion. Dans la matinée de lundi 27 avril, la conférence des présidents de groupe de l’Assemblée nationale en a décidé autrement : le vote aura lieu mardi 28 avril, dans la foulée du débat.

Objectif affiché : que les Français soient informés le plus rapidement possible des mesures qui vont s’appliquer.

3. Pourquoi ce programme fait-il polémique ?

La polémique est résumée en ces termes par le député du Maine-et-Loire Matthieu Orphelin, anciennement affilié LREM, sur son site internet : « Les députés ne pourront se prononcer que pour ou contre l’ensemble des mesures de la stratégie de déconfinement et ce, seulement quelques minutes après les avoir découvertes. »

Le programme parlementaire fait polémique pour deux raisons. Il est d’abord reproché au gouvernement d’avoir supprimé le débat spécifique relatif au projet d’application StopCovid. Depuis plusieurs semaines, ce dernier a rencontré l’opposition de certains élus LREM (La République en marche), à l’image du député des Deux-Sèvres Guillaume Chiche. Si bien que les détracteurs du gouvernement le soupçonnent de chercher à cacher les divisions qu’un deuxième débat aurait révélé au sein de la majorité.

« L’ordre du jour AN est bouleversé in extremis. Ce sera un vote unique sur le déconfinement, tracking inclus. Silence exigé dans les rangs LREM! », a par exemple raillé le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure.

Un soupçon partagé par Jean-Luc Mélenchon, qui a dénoncé une « mise en quarantaine politique » destinée à « faire taire les députés LREM frondeurs » sur Twitter.

Lundi 27 avril, quelques élus de la majorité se sont également joints à ceux de l’opposition pour déplorer que le vote ait lieu dans la foulée du débat.

C’est le cas d’Aurélien Taché qui a dit sur Twitter comprendre « que certains parlementaires demandent le report du vote sur la plan de déconfinement pour prendre connaissance de l’ensemble des mesures qui seront annoncées » alors que « des mesures inédites sont en jeu comme le traçage numérique ».

Le député LRM du Val d’Oise s’est notamment joint au président des députés Les Républicains (LR) à l’Assemblée nationale. Damien Abad a dénoncé « déni de démocratie ».

4. Le gouvernement pouvait-il modifier le programme initial ?

Débat et vote sont organisés sur la base de l’article 50-1 de la Constitution. Cette procédure, introduite en 2008, permet au gouvernement d’associer le Parlement à des choix importants de sa propre initiative. Il peut organiser un débat, et choisir de le conclure par un vote.

Concrètement, à 15h, le Premier ministre fera une déclaration devant l’assemblée. Cette déclaration sera suivie par un débat et un vote symboliques des députés – celui des sénateurs interviendra le 5 mai prochain. Si son report à 24h après le débat ne relevait pas de sa compétence mais de celle de la conférence des présidents de groupe, le gouvernement était parfaitement libre de choisir de n’organiser qu’un vote.

Il ne sera même pas obligé de suivre son résultat, pas plus qu’il n’engagera sa responsabilité – il ne sera pas contraint de démissionner si les députés ne soutiennent pas sa position.

 

Clémentine Piriou

 

INFOGRAPHIES. Le coronavirus, une aubaine pour le blé français ?

Depuis le début de l’épidémie, entre la hausse des exportations et la razzia sur la farine dans les supermarchés, tous les voyants semblent au vert pour la filière du blé en France.  

Au total, 13,2 millions de tonnes de grains de blé français devraient être vendus hors de l’Union européenne au mois d’avril 2020. Crédit: Gilles François

Le prix du blé a brutalement chuté, lundi 27 avril, en raison de la dégradation des prévisions météorologiques en Europe. Ces dernières semaines, il n’avait cessé de grimper avec l’accroissement de la demande mondiale due à l’épidémie et à d’autres facteurs, comme la sécheresse en Afrique du Nord.

Une aubaine pour la France, l’un des principaux producteurs européens, dont les exportations se sont envolées au mois d’avril, laissant présager « un record historique » des exportations d’après Marc Zribi, le chef de l’unité « grains et sucre » de l’organisme FranceAgriMer.

Un boum des exportations

Ainsi, à la mi-avril, 1,14 million de tonnes ont été envoyées en Chine et 1,6 million de tonnes vers le Maroc, selon FranceAgriMer.

L’organisme prévoit une hausse des exportations de 500 000 tonnes par rapport au mois de mars 2020. Au total, 13,2 millions de tonnes de grains de blé français devraient être vendus hors de l’Union européenne, notamment en l’Algérie et en Afrique de l’Ouest.

Cependant, l’épidémie a des répercussions négatives sur d’autres débouchés de la filière française de blé. Tout d’abord, les Français et leurs voisins européens se déplacent moins, ce qui diminue la demande en biocarburant. Une baisse évaluée à 150 000 tonnes, selon l’AFP.

Des rayons de farine dévalisés

Avec les mesures de confinement, les Français sont aussi moins nombreux à fréquenter les boulangeries artisanales qui déplorent une baisse de 30% de leurs ventes.

 

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En parallèle, les Français se sont mis à fabriquer leur pain à la maison et ont profité du confinement pour cuisiner plus. Dans les supermarchés, les rayons de farine ont été pris d’assaut avec des ventes en hausse de 229% la première semaine et n’ont pas pu être réapprovisionnés à hauteur de la demande.

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Alors, va t-on pour autant vers une pénurie de farine en France ? Non, rassurent les professionnels du secteur. Le réapprovisionnement des grandes surfaces a pris du retard, notamment à cause de problèmes d’acheminement, mais les rayons feront bientôt le plein. 

Juliette Guérit

Seine-Saint-Denis : des policiers filmés tenant des propos racistes, l’IGPN saisie

© Jackmac34 / pixabay
Policiers français de dos © Jackmac34 / pixabay

Une vidéo diffusée sur Twitter dimanche, montre des policiers tenant des propos racistes, au cours d’une intervention à l’Île-Saint-Denis. 

Sur Twitter, une vidéo montrant des policiers, qui tiennent des propos racistes lors d’une interpellation a provoqué dimanche la saisine de l’IGPN. Les images ont été filmées par le journaliste du site web engagé Là-bas si j’y suis, Taha Bouhafs, et ont ensuite été publiées sur son compte Twitter. La scène semble se dérouler de nuit, selon le journaliste « à 2 heures du matin ». À l’image, on aperçoit des policiers rirent entre eux. Ils seraient à l’origine de phrases telles que « un bicot comme ça, ça nage pas » ou encore « Ha ha ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied ».

Sur son compte Twitter, le journaliste Taha Bouhafs a laissé entendre qu’en plus des propos racistes, l’homme interpellé aurait été victime de « coups ». Comme le souligne le sous-titrage de la vidéo, on entend effectivement des cris, des bruits sourds et des rires. Ces derniers sont toutefois hors champ puisque la scène se déroule derrière un véhicule de police. Impossible de distinguer quels individus les prononcent.

La police des polices saisie

Dans un message, la préfecture de police a dit saisir l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). Elle précise vouloir connaître l’identité des policiers filmés.

« Une vidéo montrant une intervention de police à l’Ile-Saint-Denis circule sur les réseaux sociaux. Le préfet de police va saisir l’IGPN afin de faire toute la lumière sur les circonstances dans lesquelles les policiers sont intervenus et déterminer l’identité des auteurs des propos entendus ».

La procureure de la République de Nanterre, Catherine Denis, s’est également exprimée au sujet de cette saisie : « Les propos qu’on entend sur cette vidéo, s’ils sont bien le fait de policiers, ne sont pas acceptables et relèvent d’une attitude qui manque de professionnalisme et qui risque de jeter le discrédit sur l’action de la police, a-t-elle ajouté. Il s’agit de dérapages individuels qui doivent être sanctionnés ».

Quant au ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, après avoir confirmé la saisine de l’IGPN, il affirme sur Twitter que « le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine ».

Selon la préfecture de police, les fonctionnaires intervenaient dans le cadre d’un vol en réunion. La procureure de Nanterre, Catherine Denis a indiqué que l’homme tombé dans la Seine, aurait été conduit à l’hôpital. Elle souligne également qu’aucune plainte n’a été déposée pour l’instant et avance que les policiers intervenants n’appartiendraient pas au commissariat de Villeneuve-la-Garenne comme l’affirme la vidéo, mais dépendraient de la Direction territoriale de la sécurité de proximité des Hauts-de-Seine.

Indignation sur les réseaux sociaux

Des milliers d’internautes ont réagi depuis dimanche à ces images. Certaines personnalités politiques ont également dénoncé la situation. C’est le cas du député La France insoumise de la Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, qui qualifie dans un communiqué cette scène d' »inacceptable ». Il indique avoir « découvert avec horreur » la vidéo. « Je ne sais pas ce que (l’homme repêché) a fait, je sais par contre que le 17 octobre 1961 on a retrouvé sur ces mêmes berges les corps d’Algériens noyés par la police » déplore-t-il, faisant référence à la répression meurtrière menée à l’époque par la police française suite à une manifestation à l’appel du Front de Libération National (FLN).

Julia Courtois

Notre-Dame de Paris : le chantier de restauration reprend avec dix ouvriers

Le chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris redémarre ce lundi 27 avril. Suspendu depuis le début du confinement le 17 mars dernier, une dizaine d’ouvriers seront autorisés à travailler sur le site.

Echafaudage sur le toit de la cathédrale Notre-Dame de Paris, 2019. (Crédit : DR)

Mise en suspens depuis le début du confinement le 17 mars dernier en raison de la pandémie de Covid-19, la restauration de Notre-Dame de Paris va reprendre progressivement à partir de ce lundi 27 avril. Une reprise annoncée jeudi dernier par l’Établissement public en charge de la restauration de la cathédrale incendiée il y a un an. « Dans le cadre de la reprise progressive de l’activité à partir de lundi, j’ai veillé à ce que les mesures et procédures adaptées soient mises en oeuvre afin de garantir le respect des gestes barrières et le maintien de la distanciation sociale », souligne dans un communiqué Jean-Louis Georgelin, chargé de piloter la restauration de l’édifice.

« Une montée en puissance des effectifs tout au long du mois de mai »

À partir du 27 avril, l’Etablissement public prévoit trois étapes pour la reprise. Il s’agira d’abord de la « remise en fonctionnement de la base vie du chantier« , puis d’une « reprise et achèvement des travaux » en cours à la mi-mars, qui concernent notamment les « nouvelles installations de décontamination« . Finalement, sera envisagée une « reprise des travaux complexes de sécurisation« , comprenant la dépose de l’échafaudage sinistré et le montage d’un « échafaudage pour la dépose du grand orgue« .

La décision de relancer l’activité sur le chantier a été prise « après instruction approfondie des conditions de reprise« , avec notamment la maîtrise d’œuvre et les entreprises concernées. Elle se fonde, en outre, sur les « préconisations de sécurité sanitaire » élaborées par le gouvernement.

Repas et hébergement des ouvriers

 

Les entreprises Accor et Sodexo, partenaires de la Fondation du Patrimoine, ont accepté d’assurer la prises en charge de l’hébergement et des repas du personnel qui reprend l’activité sur le site. L’entreprise d’hôtellerie Accor a réouvert l’hôtel Mercure Notre-Dame Saint-Germain-des-Prés, situé à cinq minutes à pied du site, pour héberger les compagnons. L’entreprise Sodexo, quant à elle, leur offrira des repas chaud à tarif avantageux.

 

Leela BADRINATH