En 2020, Campion veut faire sa fête à Hidalgo

Le roi des Forains, candidat à la mairie de Paris pour les municipales 2020, entre en campagne “sans militants” et se déclare “hors système.” Son but : “porter la colère des parisiens.”

Marcel Campion lors d’une manifestation de forains, le 30 avril 2018, à Paris. Crédit : JACQUES DEMARTHON / AFP

Vengeance personnelle, ou anti-hidalguisme politique? Si on ignore les intentions profondes de Marcel Campion, celui qu’on surnomme parfois le « roi des forains » part en campagne électorale contre la maire de Paris. Candidat officiellement depuis octobre 2018, il décline des propositions mais se distingue surtout par son affrontement avec sa meilleure ennemie.  

Les tensions commencent à s’afficher en public dès 2017. A ce moment, la municipalité lui retire l’autorisation d’installer le marché de Noël sur les Champs-Elysées, arguant “la qualité médiocre” des animations et des produits. En mai 2017, l’emblématique Grande roue, dont le forain a la propriété, est démontée de la place de la Concorde, provoquant la colère de Marcel Campion. Anne Hidalgo souhaite alors rendre à la place parisienne son “caractère patrimonial.” S’en suit un bras de fer qui aboutira à la candidature du sexagénaire, toujours visé par une plainte pour “propos injurieux”, à l’encontre de la maire de Paris et de son adjoint au logement Ian Brossat.  

Et désormais, l’homme d’affaires ne mâche pas ses mots à l’encontre de l’actuelle édile. “Avant d’être maire, elle n’était qu’une petite inspectrice du travail qui distribuait des contraventions aux entreprises. Qu’est-ce qu’elle a réellement fait à part sortir d’un parti politique?”, argue Marcel Campion. Cette question de l’expérience du “monde réel” comme il aime à le dire, le « roi des forains » la pose à l’ensemble des candidats : “J’estime qu’ils sont incompétents. Il n’ont jamais travaillé manuellement. Ils disent mettre les mains ‘dans le cambouis’ mais ils ne l’ont jamais fait.” 

Jeudi 4 octobre, le forain présentait place de la République les têtes de liste de son mouvement baptisé “Libérons Paris.” Si pour la plupart ils sont méconnus du grand public, la présence de Jean-Marie Bigard est remarquée. L’humoriste aurait accepté “par amitié” de figurer sur la liste du mouvement, sans toutefois en prendre la tête, dans le 6e arrondissement. 

Pour Sacha Nelken, journaliste politique à la rédaction du quotidien Le Monde et présent lors du “meeting festif” de Marcel Campion place de la République, le vrai défi de Marcel Campion c’est son manque de forces vives. “Il a des moyens et de quoi financer sa campagne, en témoigne les animations en marge de son meeting. Ce qui manque à l’appel, ce sont les militants et les adhérents. Il y avait beaucoup de curieux, mais ils n’étaient pas là pour son discours ou le mouvement en tant que tel », analyse le journaliste. A l’occasion de l’annonce de ses têtes de liste, le forain a réuni des jeux gonflables pour enfants, des clowns géants ou encore une fanfare. Une sorte de fête foraine, sa spécialité. 

Le bouche à oreille comme crédo 

Pour conquérir l’Hôtel de ville, Marcel Campion compte sur “le bouche à oreille” face à “l’omerta” que les médias pourraient pratiquer à son encontre, comme il aime à le répéter. Il annonce d’ailleurs saisir par voie de justice les rédactions de plusieurs médias audiovisuels de la capitale dans les jours à venir : “Je vais écrire, avec mon avocat, une lettre aux médias pour bénéficier du même temps de paroles que les autres candidats à la Mairie de Paris”, détaille t-il. 

Marcel Campion se décrit volontiers comme “hors système” et estime qu’il n’a “pas besoin de militants” car il ne fait “pas parti d’un parti politique” : “mon mouvement est citoyen” indique-t-il selon ses propres mots. Le forain annonce tout de même lancer un appel au don à partir de la semaine prochaine, soulignant “ne pas avoir encore de trésorerie.” 

Pour séduire les électeurs, le forain a décidé d’être le réceptacle de la colère des déçus du mandat d’Anne Hidalgo et de s’en faire le “porteur” aux municipales : “Les Parisiens sont en colère contre la gestion de la ville. Les élections, je ne sais pas ce que c’est (…) mais c’est une aventure dans laquelle je veux être le porteur de leur colère. On est dégoûté de Paris aujourd’hui. »

Les points clés du programme

Sur le fond, Marcel Campion met l’accent sur quatre thématiques : la mobilité, la propreté, la sécurité et l’état des finances. Sur la quasi totalité de ces points, il fustige le bilan d’Anne Hidalgo et multiplie les déclarations à son encontre : “Quand vous voulez bouger dans Paris, c’est impossible, c’est automatiquement bouché.” Une situation à laquelle le forain souhaite répondre en ouvrant aux voitures la circulation sur les berges de Seine, aujourd’hui réservées aux piétons. Ce n’est pas la seule mesure du mandat de la socialiste que Marcel Campion souhaite débouter. Selon le forain “il faudrait arrêter la majorité des 8300 chantiers de la ville.” Il invoque notamment une “perte” de la mainmise de la maire sur ces travaux.  

Concernant les finances publiques, il prévoit l’organisation d’un grand audit de l’endettement de la mairie de Paris. Celui-ci serait opéré par un cabinet indépendant afin de “mettre à plat” la situation. Pour ce qui est de la propreté, le “roi des manèges”  ne mâche pas ses mots : “Allez voir du côté du Trocadéro, c’est infesté de rats, c’est dégueulasse.” Il envisagerait de recourir aux services d’entreprises de nettoyage privées afin de nettoyer la ville. Pour « rendre Paris plus sûre », il envisage la “généralisation de la vidéo sécurité” et la mise en place d’une police municipale forte de “5000 hommes” ainsi que la formation de “ comités de vigilance de voisinage.”

Pour l’heure, beaucoup d’annonces, mais le programme définitif du mouvement “Libérons Paris” n’est pas encore disponible formellement. Prochain rendez-vous avec son électorat : le 6 novembre. Le “roi des forains” espère s’installer place de la Nation pour y prononcer un discours. 

Thomas Coulom 

 

Des politiques discrets lors de la manifestation anti-PMA

La manifestation anti-procréation médicalement assistée de dimanche à Paris a peiné à rassembler les responsables politiques. Pourquoi la PMA a-t-elle mobilisée moins d’élus qu’en 2013, quand certains s’affichaient (fièrement) derrière des banderoles contre le mariage pour tous ?

La manifestation anti-PMA a rassemblé plus de 70.000 personnes ce dimanche 6 octobre dans les rues de Paris (AFP)

74.500 personnes étaient dans la rue ce dimanche à Paris, selon un comptage Occurence commandé par le compte d’un collectif de médias. Une mobilisation beaucoup plus faible qu’en 2013, où 300.000 personnes (selon la police) et 1.400.000 (selon les organisateurs) s’étaient mobilisées lorsqu’il s’agissait de manifester contre le mariage pour tous. Les politiques aussi étaient moins présents ce dimanche.

Selon un sondage Ifop publié mi-septembre, c’est chez les sympathisants Les Républicains que le soutien à la PMA est le plus faible, à seulement 40 %. Il est également minoritaire chez les sympathisants du Rassemblement national (47 %) alors qu’il est majoritaire chez les sympathisants des Insoumis, d’Europe Ecologie-les Verts, de La République en Marche. 

La démobilisation… un choix stratégique ?

Marine Le Pen n’est pas sortie. Seuls Nicolas Bay et Marion Maréchal Le Pen représentaient le RN dimanche après-midi. Même constat du côté des Républicains, très mobilisés en 2013 mais presque absents du cortège anti-PMA ce dimanche 6 octobre. A l’époque, on trouvait notamment en tête de cortège parmi les députés UMP, Valérie Pécresse, Jean-François Copé, Thierry Mariani, Laurent Wauquiez, Christine Boutin. Seuls François-Xavier Bellamy et Julien Aubert étaient présents dimanche dernier.

Pourquoi les élus LR ont-ils boudés la manifestation ? « Le contexte n’est pas du tout le même qu’au moment des manifestations anti mariage pour tous», affirme Bruno Cautrès, politologue au CEVIPOF. « En 2013, le fait d’avoir un président de gauche a particulièrement mobilisé la droite. La droite cherchait, après la défaite de Nicolas Sarkozy, un sujet fortement mobilisateur pour montrer que la droite sarkozyste était toujours là », poursuit-il. Pour ce politologue, le parti LR est toujours en convalescence et a du mal à se réinventer « Il y a une dimension stratégique, la droite veut davantage investir les thématiques économiques plutôt que d’enfourcher tous les combats conservateurs. »

Un cas emblématique de cette discrétion stratégique est celui de Christian Jacob, favori à la succession de la présidence du parti les Républicains. En déplacement dans l’Ain, il a fait savoir qu’il ne serait de toute façon pas allé manifester. Pour Bruno Cautrès, le député LR reste volontairement en retrait : « Il est en campagne et reste donc en retrait sur ces thématiques. Il fait passer le message de “je me tiens à l’écart de la politique politicienne mais je suis sur le terrain.” »

« Nous les attendons lors des prochains rassemblements »

Claire Avalle, responsable de la communication des Associations catholiques de France ne se dit pas déçue par la faible participation des élus « Il y a quand même eu certains maires, quelques représentants, mais ils sont là à titre personnels. Nous souhaiterions plutôt qu’ils prennent conscience des risques que comportent cette loi. Notre but n’est pas de mobiliser un maximum d’élus aux manifestations mais de les empêcher de voter la loi bioéthique. » Claire Avalle rappelle pourtant que les élus n’avaient été nombreux en 2013 que lors des deuxième et troisième mobilisations, elle conclut « ça n’était que notre premier rassemblement, nous les attendons lors des prochains »

Les associations ont annoncé dimanche soir les cinq prochaines dates des rassemblements pour contester la loi Bioéthique. Il faut donc peut-être attendre le 1er décembre avant de confirmer que les élus de droite ne s’affichent pas dans les rassemblements anti-PMA, pour des raisons personnelles ou stratégiques.

Camille Kauffmann

Indonésie : en Papouasie, la population fuit les émeutes

En Indonésie, la ville de Wamena a vu fuir plus de 16.000 de ses habitants, à la suite des émeutes meurtrières du mois de septembre, selon un décompte de l’armée indonésienne.

Près de 16.000 habitants ont quitté la ville indonésienne de Wamena, dans la province de Papouasie occidentale, après les émeutes mortelles ayant secoués la zone le mois dernier. Les évacuations se sont faites principalement à bord d’appareils militaires affrétés par les autorités.

L’armée de l’air indonésienne accueille les évacués de Wamena à l’aéroport de Jayapura. Crédit : Indra Thamrin Hatta / AFP

Près de 16.000 habitants ont quitté la ville indonésienne de Wamena, dans la province de Papouasie occidentale, après les émeutes mortelles ayant secoués la zone le mois dernier. Les évacuations se sont faites principalement à bord d’appareils militaires affrétés par les autorités, l’avion étant le principal moyen de transport dans cette province enclavée. Les évacués sont principalement des Indonésiens non Papous, les  individus les plus ciblés par les violences.

Des vagues de manifestations récurrentes depuis août

Depuis le 17 août dernier, jour où se fête habituellement l’indépendance de l’Indonésie, la Papouasie occidentale est le théâtre régulier de violentes protestations. C’est l’agression raciste d’étudiants papous à Surabaya, deuxième ville du pays, qui  a embrasé le pays. L’événement a mis en lumière la division entre les autochtones papous, en majorité chrétiens, et le reste de la population, à 90 % musulmane. Une scission culturelle qui a relancé les revendications autour d’un référendum pour l’indépendance de la Papouasie et provoqué de violences émeutes.

Le 23 septembre dernier, à Wamena, au moins 33 personnes ont perdu la vie lors des heurts. Selon les autorités locales, les victimes, principalement des migrants venus d’autres régions de l’archipel, auraient été brûlées vives dans des incendies volontaires ou poignardées à l’arme blanche. Près de 70 personnes ont été blessées

Les records de chaleur se multiplient dans le monde

Plusieurs vagues de chaleur se sont produites dans l’hémisphère nord la semaine dernière. Les températures  ont grimpé jusqu’à 47,6°C à Wafra, au Koweït, un nouveau record de chaleur pour le mois d’octobre.

L’hémisphère nord a enregistré son nouveau record de chaleur pour un mois d’octobre : 47,6°C à Wafra, au Koweït. Jusqu’à présent, les valeurs les plus hautes mesurées dans l’hémisphère était celles de Mecca, dans le sud de la Californie, en octobre 1980.

La semaine dernière, plusieurs vagues de chaleur se sont produites dans le monde. Aux États-Unis le mercure s’est approché des 40°C. Des centaines d’école de l’Ohio ont même dû fermer. Le Canada a lui aussi été touché par ces records de chaleur. A Toronto, la température a atteint 30°C. Même constat en Asie : en Mongolie, c’est la première fois que les 30°C sont dépassés en octobre, comme l’explique sur Twitter le prévisionniste de Météo France, Etienne Kapikian.

L’année 2019 devrait donc être l’une des plus chaudes jamais enregistrée dans le monde, et l’Organisation météorologique mondiale, l’OMM, la période 2015-2019 pourrait battre tous les records de chaleur depuis les premiers des relevés scientifiques, au début du XXème siècle.