“C’est con, mais tu te sens un peu utile”. C’est en ces mots que Timothy Hannem résume son plus beau fait d’armes. Tout commence en 2007. “Tim” est un passionné d’Urbex, et raconte toutes ses explorations en dessins, photos, vidéos et textes sur ses différents blogs. À cette époque, il reçoit un mail dévoilant l’existence d’un orphelinat abandonné : la Maison d’Enfants de l’Avenir Social, à Orgemont (Essonne). Aucune information n’existe sur cet endroit. Après plusieurs repérages, “Tim” adapte ses explorations sur place en une petite BD à l’été 2008. Mais cette fois-ci, l’homme prend soin de bien mentionner le nom du lieu. Il a une idée derrière la tête : “Comme ça, d’anciens pensionnaires pouvaient facilement retrouver le lieu sur Internet et commenter ma note”. Et ça marche. Deux semaines après, plusieurs anciens résidents réagissent aux petits dessins de “Tim”. Le blogueur assiste virtuellement à des retrouvailles vingt ans plus tard. “C’était assez émouvant”, confie-t-il. Printemps 2011, le dessinateur reçoit un mail d’un homme de 35 ans. “Il m’explique qu’il avait sept/huit ans lorsque l’orphelinat a fermé”, détaille “Tim”. « Il m’a proposé de le rencontrer sur place pour tout me raconter”. Avec trois autres anciens pensionnaires, l’homme fait revivre au blogueur cette nuit de janvier 88, où des membres de la CGT ont mis tout le monde à la porte. Une histoire de conflit du travail qui aboutit à cette tragédie et à l’abandon du domaine. En divulguant l’adresse, “Tim” a violé un règle fondamentale de l’Urbex. Sans regrets.
Sébastien Rouet