Il est l’un des hommes les plus puissants de Hollywood. Le producteur de films, qui compte six oscars à son actif, est sous le feux des critiques depuis qu’un article du New York Times a mis en lumière ses agissements déplacés envers les femmes.
Harvey Weinstein est-il fini à Hollywood ? Le producteur a été licencié dimanche 8 octobre de la société de production qu’il a co-fondée, la Weinstein Company. Un départ qui fait suite aux révélations du New York Times. Plusieurs actrices et collaboratrices de l’homme de 65 ans l’accusent de harcèlement sexuel. Des témoignages étayés par de nombreuses preuves, des emails et des rapports internes.
« A la lumière des nouvelles informations qui ont éclaté ces derniers jours sur la mauvaise conduite de Harvey Weinstein, les directeurs de la Weinstein Company – Robert Weinstein, Lance Maerov, Richard Koenigsberg et Tarak Ben Anmar – ont décidé, et ont informé Harvey Weinstein que son travail à la Weinstein Compagny était terminé, avec effet immédiat », a déclaré la direction de la société dans un communiqué.
Le producteur était jusque-là l’un des hommes les plus puissants de l’industrie du cinéma américain. « Je voudrais remercier Dieu, Harvey Weinstein« , a, une fois, ironisé l’actrice Meryl Streep lors d’une cérémonie des Golden Globes. En France, il est surtout connu pour être l’artisan du succès outre-atlantique de The Artist, oscar du meilleur film et du meilleur acteur pour Jean Dujardin en 2012.
Selon le quotidien américain, le producteur de, entre autres, Pulp Fiction, aurait harcelé des femmes pendant plus de trente ans sans être particulièrement inquiété. Harvey Weinstein se serait à chaque fois dérobé devant la justice en concluant des accords à l’amiable avec au moins huit femmes pour des montants allant de 80 000 à 150 000 dollars.
Lorsqu’il invite, il y a une vingtaine d’années, la jeune actrice Ashley Judd dans sa luxueuse suite d’hôtel, celle-ci s’attend à une réunion de travail, au mieux à un petit déjeuner. Mais le magnat d’Hollywood se présente devant elle en robe de chambre, lui propose un massage ou bien de le regarder se doucher. Un scénario qui se répète au fil des années, notamment avec l’actrice Rose McGowan, rôle principal de Scream.
« Un environnement toxique pour les femmes »
Autre victime présumée de cet ami proche du réalisateur Quentin Tarantino, Lauren O’Connor, employée de la société de Weinstein a écrit une lettre qui éclaire aussi sur les raisons du silence autour des actes du producteur star. Elle décrit « un environnement toxique pour les femmes » au sein de la compagnie. Puis elle souligne son impuissance. « Je suis une femme de 28 ans essayant de gagner sa vie et de construire une carrière. Harvey Weinstein est un homme de renommée mondiale et c’est son entreprise. L’équilibre de pouvoir est moi : 0, Harvey Weinstein : 10. »
« Nous sommes tous complices (…), l’industrie en général« , a dénoncé dans le Guardian la productrice californienne Emily Best pour qui ce secret était connu de tous. Sous le feu des accusations, Harvey Weinstein a tenté de justifier ses actes, invoquant une « culture » différente : « J’ai grandi dans les années 60 et 70, quand toutes les règles sur le comportement et les lieux de travail étaient différentes (…). C’était la culture à l’époque. J’ai appris depuis que ce n’est pas une excuse, au bureau ou ailleurs. » Son avocate a indiqué qu’il suit une psychothérapie et que ce « vieux dinosaure (…) apprend de nouvelles manières ».
Grand donateur du parti démocrate et soutien d’Hillary Clinton durant la campagne présidentielle de 2016, Harvey Weinstein avait participé à la « Women’s March » alors que Donald Trump venait d’être investi président.
Anaïs Robert