Il était critiqué ces derniers jours sur la mise en place d’un revenu universel,versé à tous les citoyens sans exiger aucune condition. Benoît Hamon a réagi ce matin sur France Inter : «Le montant annoncé était de 750 euros. J’ai toujours dit que c’était une cible irréalisable du jour au lendemain. J’anticipe que la révolution numérique va raréfier le travail. Je propose la réduction du temps de travail, et ce revenu qui permettra aux salariés de réduire eux-mêmes leur temps de travail, notamment pour ceux qui ont des travaux pénibles.»
L’ancien ministre de l’Education précise sa feuille de route : « Première étape, revaloriser le RSA à 600 euros. Un tiers des pauvres éligibles à cette mesure n’en bénéficient pas en réalité. Il faut que ça change. Les jeunes doivent aussi être les premiers bénéficiaires, car ils doivent être accompagnés dans leur insertion professionnelle. Puis, avec les partenaires sociaux, et les citoyens nous réfléchirons au périmètre de ce revenu et son financement. Je fixe un cap et une manière d’agir.»
Le clan Hamon organise la défense
L’équipe de campagne de Benoît Hamon a souhaité également réagir sur un sujet sensible. A cinq jour du premier tour de la primaire, deux points clés de sa proposition ont été discrètement supprimés de son site internet :
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le fait que ce qu’il qualifie de « revenu universel » serait versé à terme à tous les Français de plus de 18 ans, sans condition de ressources ;
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le fait qu’il atteindrait le seuil de 750 euros par mois.
Mathieu Hanotin, son directeur de campagne, dément tout rétropédalage et évoque une « clarification ». « Il y a eu une modification qui a créé un certain émoi, reconnaît le député de Seine-Saint-Denis. Parce que nous sommes sérieux, nous voulons de la souplesse sur les modalités de mise en œuvre, mais l’objectif – 750 euros pour tous – reste inchangé, la personne qui a fait les modifications [sur le site internet] a eu la main un peu lourde, l’objectif des 750 euros a été supprimé. »
Le candidat a finalement mis en ligne une nouvelle version de sa proposition de revenu universel sur son site mercredi 18 janvier dans l’après-midi.
Un coût estimé à 468 milliards d’euros
Il est désormais question d’une « grande conférence citoyenne » chargée de discuter du périmètre du revenu universel et de son calendrier. Benoît Hamon continue d’évoquer un « revenu universel », mais il ne s’engage donc plus clairement à mettre en place cette « révolution » sociale avant 2022, s’il remportait la présidentielle. La promesse de l’ancien ministre fait l’objet de nombreuses critiques, principalement à cause de son coût.
Selon l’Insee, il y avait environ 52 millions de Français de plus de 18 ans au 1er janvier 2017. Verser à toute cette population, sans condition, 750 euros par mois, coûterait donc en année pleine 468 milliards d’euros. De ce coût, on pourrait déduire plusieurs aides sociales qui pourraient être effacées au profit du revenu universel (prestations maternité-famille, aides au logement, aides pour la lutte contre la pauvreté)
« Rien à voir » avec le revenu décent de Manuel Valls.
Verser à toute cette population, sans condition, 750 euros par mois, coûterait donc en année pleine 468 milliards d’euros. De ce coût, on pourrait déduire plusieurs aides sociales qui pourraient être effacées au profit du revenu universel (prestations maternité-famille, aides au logement, aides pour la lutte contre la pauvreté). Benoît Hamon n’a pas détaillé quelles aides pourraient disparaître au profit du revenu universel, mais cela pourrait représenter une enveloppe de l’ordre de 90 milliards d’euros à déduire de son coût. Resterait donc, tout de même, autour de 300 milliards à 400 milliards d’euros à financer, ce qui en ferait une dépense supplémentaire équivalente au budget actuel de l’Etat (387 milliards d’euros de dépenses prévus en 2017).
Le candidat à la primaire a, enfin indiqué que sa proposition n’avait « rien à voir » avec le « revenu décent » de Manuel Valls. Proposition basée sur la fusion des différentes aides sociales. A l’exception des 18-25 ans, auxquels l’ex-premier ministre souhaite appliquer une condition de ressources pour le versement de l’aide, contrairement à Benoît Hamon.