Les exportations de vins et spiritueux français ont atteint en 2015 le seuil historique de 11,7 milliards d’euros. Malgré tout, la concurrence étrangère est de plus en plus rude.
11,7 milliards d’euros, soit 126 Airbus. C’est le montant des exportations de vins et de spiritueux français en 2015, un chiffre record après deux ans de repli. Ce résultat en hausse de 8,7% par rapport à l’année précédente permet au secteur de retrouver sa place de deuxième poste à l’exportation derrière l’aéronautique, poste qu’il avait perdu en 2014. Cette hausse est due principalement au champagne, dont les ventes ont augmenté de 12% (soit 2,7 milliards d’euros) et au cognac, dont les ventes ont grimpé de 20%. Ces deux boissons totalisent à elles seules les deux tiers de la croissance des exportations en valeur.
Les Américains ont retrouvé leur place de premier consommateur de vin au monde avec une hausse des exportations françaises vers les Etats-Unis de 28% alors que les Chinois se remettent à en acheter après deux années en creux, avec une hausse des exportations françaises de 23%. Selon Claude Maratier, expert en vins et estimateur, contacté par le CelsaLab, « la plupart des exportations de vin dans les pays asiatiques ont baissé, surtout en Chine à cause de la décélération économique. De plus, il est désormais mal vu d’étaler ses richesses dans ce pays alors que c’était très bien perçu avant. Les achats des grands Bordeaux en ont particulièrement souffert. Malgré tout, la Chine reste un marché très important qui s’est ouvert à des vins moins chers« .
Cependant, pour Christophe Navarre, président de la Fédération des exportateurs (FEVS), « ce beau résultat ne doit pas masquer la dégradation constante de nos parts de marché.«
Plus agressifs et moins chers
La concurrence étrangère se fait plus grande chaque année. Selon Claude Maratier, « Espagne, Italie, Afrique du Sud et Californie sont nos principaux concurrents. Surtout l’Espagne et l’Italie en Europe, qui produisent des vins remarquables. » Une adversité de plus en plus compétitive, selon Christophe Navarre, qui demande « plus de vins et davantage d’entrée de gamme pour résister à l’Espagne, au Chili ou à l’Australie » car « on augmente nos ventes, mais moins que nos concurrents. » Selon lui, il faudrait peut-être « passer de petites productions de qualité à 50 hl/hectare qu’on vend cher, à des productions de 150 hl/ha qu’on exporte«
Une baisse des volumes
Malgré des achats qui augmentent, le champagne, le cognac, le Bordeaux et le Bourgogne réalisent à eux quatre 64% des exportations mais seulement 28% des volumes. C’est la faiblesse endémique de la production française qui inquiète le plus les professionnels. Pour la troisième année consécutive, les volumes des vins expédiés à l’étranger sont en recul : moins 16 millions de caisses en 3 ans. En 2015, ce sont 138 millions de caisses qui ont été expédiées. Un véritable cercle vicieux pour le vin français qui devient plus cher et donc moins compétitif. Au Japon par exemple, la France a perdu sa première place d’exportateur au profit du Chili, faute de vins à petit prix.
Anne-Charlotte Dancourt