Une allure longiligne, un nuage de cheveux qui entoure un visage encore enfantin, des lunettes rondes, un sourire timide, Mohamad Kraytem habille de son dessin vif et nerveux un feuillet encore vierge quelques minutes plus tôt.
De passage à Paris, ce libanais de 22 ans raconte ses rêves, ses projets avec un accent doux et chantant. Happé par l’univers de la bande dessinée à l’âge de 6 ans, « Mo » étudie désormais à l’Alba, une école d’art réputée à Beyrouth. Mais son avenir, il le voit en Europe. « L’univers de la bande dessinée est assez pauvre au Liban », explique-t-il.
Avant de se lancer dans le grand bain de la BD francophone, Mo devra toutefois donner naissance à un projet solide, à l’histoire construite et au dessin assuré. Pour l’instant, il fait ses armes en dessinant pour des revues libanaises. Il travaille aussi sur son blog, nourri de dessins de science-fiction ou de fantasie. On décèle les empreintes laissées par ses modèles issus de l’univers des comics, comme Jack Kirby ou Paul Pope mais aussi par ses « dieux de la BD francophone », notamment Jean Giraud ou Hergé.
Fanny Lauzier
Hors des bulles, elle s’appelle Lucie Arnoux. Un crayon à la main, elle préfère signer « Willoe ». Comme Mo, elle a choisi de passer par une formation artistique. Elle rêvait d’Angleterre. Elle est sortie diplômée l’année dernière de Kingston University. Mais c’est auprès de ses copains du Studio Gottferdom à Aix-en-Provence qu’elle a le plus appris.
Au lycée, elle passe le plus clair de son temps dans cet atelier d’artistes. Le scénariste de bandes-dessinées Arleston la prend sous son aile. Il la pousse à créer sa propre série humoristique, Rodolphe! (du nom de l’ami imaginaire de son alter ego), dans laquelle elle met en scène sa vie de jeune illustratrice.
Elle a su assez jeune qu’elle voulait faire ce métier. « On dessine tous étant enfants. Simplement, moi, je ne me suis jamais arrêtée. Le dessin m’a permis de gagner le respect des gens et je me suis dit que comme carrière, ce serait pas mal ».
Lucie publie toutes ses créations sur Internet, un outil dont elle a très tôt saisi l’importance. Dans le milieu des années 2000, elle fait partie de la première vague des blogs BD. Aujourd’hui, elle est très active sur sa page Facebook, The Willoe Tree Illustration, et son site lui a permis d’être contactée pour plusieurs projets. Quant à une BD entièrement publiée en ligne ? « Tant que j’ai le droit de commencer avec mon crayon, je veux bien finir sur une page web ! ».
Fanny Zarifi
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