Syrie : Benjamin Griveaux promet « une riposte » de la France si « la ligne rouge a été franchie »

 

Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement a précisé les intentions de la France à la suite des attaques chimiques présumées en Syrie.
Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement a évoqué d’éventuelles représailles de la France à la suite des attaques chimiques présumées en Syrie. @Europe1

Faisant référence à l’attaque chimique présumée ayant fait plus de 40 morts à Douma en Syrie, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a averti qu’une « riposte » serait envisagée si « la ligne rouge a été franchie » par le régime de Bachar al-Assad.

« Si les responsabilités sont établies, le président de la République l’a rappelé à maintes reprises, si la ligne rouge a été franchie, elle donnera lieu à une riposte », a averti le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux ce mardi 10 avril.

Après les attaques chimiques présumées ayant fait plus de 40 morts le 7 avril à Douma en Syrie, le régime de Bachar al-Assad est mis en cause par les Occidentaux, au premier rang desquels la France et les Etats-Unis. « Le président de la République et le président des Etats-Unis ont échangé des informations qui confirment a priori l’utilisation d’armes chimiques », a indiqué Benjamin Griveaux sur Europe 1, après un entretien téléphonique dans la nuit entre les deux chefs d’Etat.


C’est la deuxième fois en deux jours qu’Emmanuel Macron et Donald Trump s’entretiennent par téléphone, les deux présidents appelant à « une réaction ferme de la communauté internationale », comme l’a annoncé l’Elysée dans la nuit de lundi à mardi. « Le président de la République a convenu de reparler dans les 48 heures au président Trump », a précisé le porte-parole du gouvernement.

Alexandre BERTEAU (avec AFP)

En Hongrie, les fonds européens passent par la case Orban

Plusieurs proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de détourner les fonds européens à leur profit. Enquête sur un sytème de corruption généralisé sur lequel élus et oligarques ont bâti leur fortune.

Surfacturation, fraudes aux marchés publics, arrangements douteux... L'entourage du Premier ministre nationaliste a mis a profit les fonds européens pour s'enrichir.
Surfacturations, fraudes aux marchés publics, arrangements occultes… L’entourage du Premier ministre nationaliste met à profit les fonds européens pour s’enrichir.

C’est un paradoxe que même les plus éminents experts en relations internationales ne parviennent toujours pas à éclaircir. Alors que depuis son arrivée au pouvoir en 2010, Viktor Orban s’affiche en chantre du discours anti-européen en Europe centrale, nombre de proches du Premier ministre hongrois sont soupçonnés de s’enrichir sur le dos de l’Union européenne.

L’un de ces scandales, s’il n’a pas empêché le Fidesz, parti de l’homme fort de Budapest, de remporter une large victoire aux élections législatives du 8 avril, s’est pourtant bel et bien transformé en affaire d’État. Et pour cause : elle implique le gendre de Viktor Orban, Istvan Tiborcz. Entre 2011 et 2015, Elios, la société d’éclairage qu’il dirigeait, a remporté des appels d’offres publics rédigés par les maires de pas moins de 35 communes dirigées par le Fidesz. Des contrats rétribués à chaque fois avec des fonds européens, grâce auxquels Istvan Tiborcz a pu empocher près de 10 millions d’euros en revendant ses parts dans Elios en 2015. Sur Facebook, une vidéo raillant cet enrichissement a été vue près de 900 000 fois.

« Une classe politique clanique qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse »

Ce scandale est loin d’être le seul. Les lampadaires du gendre d’Orban ont mis en lumière un système de corruption généralisé, sur lequel l’Office européen de lutte antifraude (Olaf) et l’association Transparency International enquêtent depuis plusieurs années. “Il s’agit d’une classe politique clanique, qui gère ses marchés publics de manière quasi mafieuse, sans réelle mise en concurrence”, constate Bruno Nicoulaud, représentant français de l’Olaf. Et l’entourage politique du Premier ministre ultraconservateur est le premier à bénéficier de ces pratiques sulfureuses. Plusieurs élus du Fidesz ont par exemple mis à profit un dispositif permettant aux entreprises finançant des clubs de sport d’alléger leur fiscalité. En renflouant les caisses des clubs de football présidés par des membres du parti au pouvoir, ces sociétés se sont ainsi vu confier en retour la construction de stades ou d’équipements municipaux.

Mais Viktor Orban sait aussi se montrer généreux envers ses amis de jeunesse, à l’instar de Lorinc Meszaros. Le maire de Felcsut, chauffagiste de formation, est aujourd’hui à la tête de la 5e fortune du pays. Symbole du clientélisme sur lequel repose cette ascension : le petit train qui chaque jour traverse – quasiment vide – le village de l’oligarque, avant d’atteindre son terminus… à quelques kilomètres de la résidence secondaire de Viktor Orban. Un gadget de quelque 2,5 millions d’euros, financé à 80% par Bruxelles.

Bruxelles impuissante

La Hongrie a beau être le premier bénéficiaire des fonds européens par habitant – 5,5 milliards d’euros lui sont alloués pour la période 2014-2020 – Bruxelles s’en tient pour l’heure aux mises en garde. Et ce, faute de pouvoir envisager des sanctions : “La Commission européenne ne peut rien contre la Hongrie puisque l’activation de l’article 7  [pouvant priver un État membre de ses droits de vote dans certaines instances de l’UE, ndlr] ne peut être déclenchée qu’à l’unanimité. Or la Pologne soutient coûte que coûte la Hongrie”, rappelle Joël Le Pavous, correspondant en Hongrie pour Courrier International, Slate, et RTL. Du reste, de telles mesures ne permettraient pas de traiter le mal à la racine. “Bruxelles peut obliger la Hongrie à rembourser ces fonds mais cela n’aurait aucun impact sur les protagonistes de ces fraudes. Au final, ce serait l’État hongrois, et donc le contribuable, qui paierait la facture”, prévient Bruno Nicoulaud. Au risque de donner écho au discours europhobe de Viktor Orban, que ces sanctions visaient pourtant à affaiblir…  

Alexandre Berteau

Les législatives au Royaume-Uni: un avenir incertain pour Theresa May

Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, la première ministre britannique Theresa May joue son avenir politique à l’occasion de législatives anticipées qui sont organisées jeudi.

Après une campagne dominée par les thèmes du Brexit, de l’immigration, de la santé, de la protection sociale et de la sécurité, les bureaux de vote ont ouvert mercredi à 07h00, heure locale, dans tout le Royaume-Uni. Les britanniques votent, ce 8 juin, pour choisir leurs représentants de la Chambre des communes. Le scrutin est uninominal à un tour : le candidat élu est celui qui gagne dans sa circonscription. 650 députés seront élus parmi 3 303 candidats pour un mandat de cinq ans. Le Premier ministre sera issu de la majorité.
Le nouveau Parlement siégera pour la première fois le 13 juin, six jours avant le début des négociations sur la sortie de l’Union européenne (Brexit) entre Bruxelles et le Royaume-Uni.

Des élections pour faciliter la sortie de l’UE

Theresa May, la Première ministre conservatrice qui a remplacé David Cameron il y a moins d’un an, a convoqué ces élections anticipées afin d’asseoir sa légitimité. Pour mener à bien les négociations sur le Brexit qui devront passer par le Parlement, Theresa May, disposant aujourd’hui d’une majorité fragile de 330 députés sur 650, espérait se renforcer.

Au début de cette courte campagne, les sondages lui accordaient une victoire écrasante. Mais les dernières estimations sont beaucoup moins optimistes pour la cheffe du gouvernement. Le Labour Party (travaillistes) qui, au départ, avait vingt points d’écart avec les Tories (conservateurs), n’est aujourd’hui que quelque points derrière. La dernière enquête de YouGov réalisée entre le 5 et le 7 juin prévoit une victoire des Tories avec un avantage de sept points.

Différents scénarios envisageables pour Theresa May

Lors de ces élections, c’est l’avenir politique même de Theresa May qui se joue. Pour elle, le succès absolu serait de voir gagner plus de 330 députés conservateurs. Sa majorité serait solide et elle lui permettrait de mener les négociations de la sortie de l’Union européenne comme elle le souhaite, c’est-à-dire un Brexit sans concession, voulant mettre fin à la libre circulation des personnes des pays de l’UE.

Si elle obtient entre 326 et 330 députés, sa situation politique ne changera pas significativement. Disposant aujourd’hui de 330 députés elle serait toujours à la tête du premier parti du pays, mais sa majorité resterait fragile.

Dans le cas de figure où moins de 326 conservateurs sont élus, Theresa May pourrait envisager une démission.La tradition britannique veut que les leaders se retirent quand leur parti perd les élections. Par ailleurs, le chef du parti travailliste britannique Jeremy Corbyn a demandé à Theresa May de démissionner. Deux jours après les nouveaux attentats à Londres, l’opposition a reproché à la Première ministre d’avoir fait des coupes d’effectifs parmi les forces de l’ordre quand elle était secrétaire d’Etat à l’Intérieur.

« Vous ne pouvez pas protéger les communautés à moindre prix et en ignorant l’opinion de la police. Ils vous avertissent depuis 2011. »

Mais le pire scénario pour Theresa May serait d’avoir moins de députés conservateurs que travaillistes. Sa démission s’impose, dans ce cas de figure, comme une évidence. Si le parti de Jeremy Corbyn arrive en tête, les négociations de Brexit avec l’UE pourraient avoir toute une autre allure. Opposé à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, le leader travailliste dit accepter le verdict du peuple. Son parti souhaite éviter un bras de fer avec Bruxelles et garder les liens les plus étroits possibles avec l’Europe.

Les bureaux de vote ferment à 22h. Pour connaître les résultats officiels de ce scrutin crucial pour le Royaume-Uni mais aussi pour sa Première ministre, il faudra attendre jusqu’à jeudi matin.

Malgo Nieziolek

Pourquoi la Tchétchénie traque-t-elle les homosexuels ?

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Début avril, le journal russe indépendant Novaïa Gazeta a révélé que la Tchétchénie mène une purge à grande échelle envers les homosexuels : plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées de manière arbitraire et torturées, trois seraient mortes. Cinq ministres européens ont écrit mercredi au ministre russe Sergueï Lavrov pour faire part de leur « profonde inquiétude ». Les autorités elles démentent. Comment expliquer cette traque ? Explication en trois points.

Emprisonnés et torturés parce qu’ils sont homosexuels. En Tchétchénie, société conservatrice, en majorité musulmane, le gouvernement organise depuis la fin du mois de mars une vaste purge, destinée à éliminer les homosexuels de la société, a révélé début avril le journal Novaïa Gazeta, un des derniers organes d’opposition au gouvernement russe. Mercredi, cinq chefs de la diplomatie de pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont écrit à leur homologue russe Sergueï Lavrov pour exprimer leur « profonde inquiétude » concernant le sort des homosexuels en Tchétchénie.

Passages à tabac, privations, humiliations, soumissions à des chocs électriques, c’est ce qu’ont raconté ceux qui ont été relâchés des prisons secrètes, non loin de Grozny, la capitale du pays. Le but des tortures : que les prisonniers avouent connaître d’autres homosexuels, pour que ceux-ci soient arrêtés à leur tour. Cette répression ferait suite à des démarches entreprises début mars par des membres de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et trans) en vue de l’organisation de Gay Prides dans des villes du Caucase du Nord. Après la révélation des arrestations et des tortures, le gouvernement tchétchène et son dirigeant, Ramzan Kadyrov, ont réagi par le biais du porte-parole, Alvi Karimov, qui a déclaré qu’ « il était impossible de détenir et de persécuter des personnes qui n’existent simplement pas dans la République ».

Qu’est-ce qui rend une telle situation possible dans ce petit Etat du Caucase, administré par la Russie ? Comment expliquer cette chasse à l’homme orchestrée par les dirigeants au pouvoir ? Explication en trois points.

1. Tchétchénie – Russie : les liens de la violence

Si l’histoire ne suffit pas à tout expliquer, elle est néanmoins nécessaire pour comprendre comment la Tchétchénie s’est développée, notamment dans ses relations avec sa voisine et ex-meilleure ennemie, la Russie. Celle-ci administre le territoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale entre les deux pays (1999-2000). La présence russe sur le territoire, elle, remonte à bien plus loin, dès le XVIème siècle.

Carte : La Tchétchénie

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Aude Merlin, spécialiste du Caucase du Nord de l’Université libre de Bruxelles, rappelle l’attitude de la Russie vis-à-vis de l’homosexualité : « Les pratiques judiciaires, policières et politiques, largement empreintes du passé soviétique en la matière, sont très répressives en Russie et ont poussé de nombreux homosexuels à quitter le pays ». Ainsi, avec une telle politique de répression mise à l’œuvre en Russie-même, il est peu étonnant que le jeu d’influence politique, judiciaire et culturel conduise à une reproduction des actes dans les Etats de la Fédération.

Mais si les associations de promotion des droits des personnes LGBT et de défense des droits de l’Homme dénoncent depuis un certains temps le traitement fait aux personnes homosexuelles en Russie, cela n’est jamais dans des proportions mises en place en Tchétchénie. C’est bien le régime en place qui appelle à l’élimination pure et simple des individus et qui organise les purges.

2. Ramzan Kadyrov, dictateur sans limite

Le président Tchétchène Ramzan Kadyrov

« La Tchétchénie est un  » État dans l’État « , où les lois russes ne sont pas appliquées (…) Ramzan Kadyrov a reçu un blanc-seing total de la part de Moscou en terme d’exercice de la coercition et de la violence (…) », affirme Aude Merlin. Fils d’un mufti, d’abord nommé Premier ministre par intérim par Vladimir Poutine après l’accident de voiture de celui de l’époque, il devient pleinement Premier ministre et accède ensuite à la fonction de président. Il est l’un des plus fervents soutiens de Vladimir Poutine, qui lui laisse en échange les rênes du pays pour gouverner comme bon lui semble.

– à voir : reportage d’Envoyé Spécial (France 2) :  » Tchétchénie, vitrine et arrière-boutique  » : ce reportage montre combien le culte de la personnalité du président est intense. lien : https://youtu.be/abQwCU2tI1Y

Comme son idole Vladimir Poutine, Ramzan Kadyrov est extrêmement attaché aux valeurs morales conservatrices et à l’imagerie guerrière et virile héritée de l’époque soviétique.

Un député britannique et ministre d’État au Bureau des Affaires étrangères et du Commonwealth, sir Alan Duncan, a récemment déclaré devant le Parlement britannique détenir des informations sur les persécutions des homosexuels. Selon ce député, Ramzan Kadyrov « « veut que la communauté gay soit éliminée d’ici le début du Ramadan« , (soit le 26 mai)» afin de purifier la Tchétchénie de ces « sous-hommes ».

3. Les coutumes tchétchènes

La société tchétchène est en elle-même largement intolérante avec les personnes LGBT. Dans ce pays où l’islam sunnite est la religion de 86% des habitants et où le chef de l’Etat promeut un retour aux pratiques les plus traditionnelles, l’homosexualité n’est pas la bienvenue. Les coutumes familiales exercent une pression très lourde sur les personnes, car si un individu faute, c’est toute sa famille qui est précipitée avec lui dans la honte.

Les crimes d’honneur sont encore très nombreux, comme l’explique un jeune homosexuel qui a été torturé par le régime tchétchène interrogé par France 2 : « Si les membres de ma famille venaient à apprendre que je suis homosexuel, ils me tuerait. Sans hésitation. parce que c’est une honte pour nous, les Tchétchènes, une honte qui ne peut être lavée que dans le sang ». Un autre, questionné par France 24, confirme : « Ils disent aux parents de tuer leurs enfants. Ils appellent ça laver l’honneur par le sang ».

Cette société machiste, homophobe et patriarcale fait également peser son poids sur les femmes, souvent réduites au rôle de mère et de femme au foyer. Entièrement dépendantes de leurs maris, elles subissent de nombreuses injustices, comme la perte de leurs enfants sans condition en cas de divorce, ou encore la polygamie, interdite par la Russie mais pourtant répandue en Tchétchénie. Une affaire datant de 2015 a défrayé la chronique, celle de Louisa Goïlabieva, jeune fille de 17 ans mariée de force à un proche de Kadyrov de trente ans de plus qu’elle et déjà marié. La jeune fille a été contrainte d’accepter sous la menace de représailles, ce que dément fermement le gouvernement.

Asmaa Boussaha