Après plus d’un mois de confinement, l’enquête de l’Insee publiée ce mardi indique que les ménages français n’ont jamais été aussi pessimistes quant à leur avenir économique.
Le coronavirus n’est pas venu seul et apporte avec lui son lot d’inquiétudes : chômage à venir, impossibilité d’épargner, hausse de l’inflation et baisse du niveau de vie. Comment les Français perçoivent-ils leur avenir économique ? L’indice de confiance des ménages en France, publié ce mardi par l’Insee, montre une chute historique en avril après la mise en place des mesures de confinement pour lutter contre le coronavirus.
C’est d’abord la confiance des ménages dans la situation économique qui chute fortement par rapport à début mars : l’indicateur qui la synthétise perd 8 points, soit sa plus forte baisse depuis la création de l’enquête en 1972. Par ailleurs, la proportion de ménages estimant qu’il est opportun de faire des achats importants chute lourdement. Le solde correspondant perd ainsi 43 points et atteint son plus bas niveau depuis la création de l’enquête.
Peu de perspective d’épargner
Depuis le début de la crise sanitaire, et la fermeture conjointe des commerces, les Français considèrent qu’ils ont eu l’opportunité d’épargner (+4 points d’opinion). Pourtant, le solde d’opinion des ménages sur leur capacité d’épargne future diminue légèrement et perd 2 points.
Cette inquiétude envers les possibilités futures d’épargner va de pair avec l’anticipation de l’inflation estimée par de nombreux ménages. Ce mois-ci, ils sont nettement plus nombreux que le mois précédent à estimer que les prix vont augmenter au cours des douze prochains mois. Le solde correspondant au prédiction d’inflation augmente ainsi de 27 points.
L’ombre portée du chômage
Les craintes concernant le chômage à venir sont en forte hausse en avril. Le solde correspondant gagne 42 points et atteint un niveau inégalé depuis juillet 2015.
Les Français se montrent ainsi globalement inquiets quant à l’avenir économique du pays. Interrogés sur le niveau de vie futur en France, les ménages paraissent nettement plus pessimistes qu’en mars (-35 points). Cette baisse de confiance est la plus forte jamais enregistrée sur un mois.
Les résultats de l’Insee illustrent toutefois que les Français ont tendance à s’inquiéter davantage pour l’avenir global de la nation que pour celui de leur propre foyer.
Elles s’appellent « confineries », « confinades », ou « confinettes ». Elles, ce sont ces recettes par milliers qui ont vu le jour sur internet, et ont été réalisées dans les cuisines des Français. Depuis le début du confinement le 17 mars, de nombreux citoyens ont traduit l’injonction à rester chez soi par une invitation à cuisiner. Novice, chef gastronomique ou styliste culinaire, rencontre avec trois profils culinaires en confinement.
1/3 des Français aux fourneaux
Selon un sondage Odoxa réalisé pour franceinfo, 29% des Français placent la cuisine comme activité principale de leurs journées confinées (sondage Odoxo-CGI, réalisé le 7 avril 2020).En témoignent les rayons vides des supermarchés, désertés par les farines T45 et autre levure boulangère. Avec autant de temps devant elles, les pâtes en tout genre ont le temps de reposer et les brioches de lever…Et si le confinement avait changé pour de bon, notre rapport à la cuisine ?
Pour Eléana Bonnasse, étudiante de 22 ans, cette période est l’occasion de franchir un cap dans son rapport à la cuisine : « Avant le confinement, je me considérais plutôt comme experte en nourriture mais côté consommation. J’ai toujours adoré découvrir de nouvelles saveurs, essayer des restaurants. Donc les gens me demandaient assez naturellement ‘Tu cuisines ?’ ». Sauf que non. Et je ressentais ce manque de savoir-faire comme une grosse lacune ». L’étudiante s’est mise à la cuisine pendant le confinement et évoque plusieurs facteurs déclencheurs : l’envie d’aider ses parents dans cette tâche, l’opportunité d’être entourée de petits producteurs pour se procurer les ingrédients et le temps libre.
« Je me suis prouvée à moi même que j’étais capable de cuisiner de bons plats. Je me suis même lancée dans des recettes plus élaborées comme les macarons ! »
Pour l’inspiration, l’étudiante évoque des sources multiples : « Sur Instagram j’ai vu plein de belles choses. Le compte du pâtissier Yann Couvreur par exemple, ou encore celui d’une amie qui a lancé son propre compte culinaire au début du confinement. C’est très inspirant », affirme-t-elle. Une dynamique de l’offre et de la demande se joue en effet sur Instagram, où les apprentis-cuisiniers peuvent s’inspirer des chefs confirmés.
Cuisiniers confirmés confinés
Photo du fraisier de Christophe Michalak, recette en live vidéo sur le compte d’ELLE à table, ou en « pas à pas » dans les stories de différents chefs : Instagram est devenu un livre de recettes dont les pages n’en finissent plus de s’accumuler. Source d’inspiration pour les novices comme Eléana Bonnasse, et nouveau support de création pour les professionnels, le réseau social remplace la table de restaurant comme lieu de partage des expériences culinaires.
« Le confinement nous a offert le cadeau du temps, cela faisait deux ans que je n’avais pas cuisiné pour nous des plats que l’on mange réellement » explique Shirley Garrier, l’une des deux membres du compte Instagram @thesocialfood. Elle et son conjoint, Mathieu Zouhairi, sont stylistes culinaires. Habituellement, ils partagent avec leurs 60 000 abonnés la cuisine des autres : « Nous photographions autant des chefs que des producteurs ou des marques, on voyage beaucoup aussi pour des magazines, aucune journée ne se ressemble », développe Shirley G.
Mais depuis le début du confinement, le couple d‘instagrammeurs s’est lancé le défi de réaliser une recette par jour. 42 recettes (et ce soir 43 !) sont ainsi consultables sur leur compte instagram. Des réconfortants pancakes (jour 41) aux plus techniques sushis (jour 25), les recettes préparées dans leur appartement parisien s’accumulent. L’occasion pour le couple de s’atteler à des préparations longtemps envisagées mais jamais entreprises : « J’ai fait des recettes que j’avais ratées et que je voulais réessayer, et d’autres que je voulais faire depuis longtemps. C’est le cas du banh bot loc, des raviolis à base de fécule de tapioca garnis de porc et de crevettes», poursuit la photographe.
Pour le couple de stylistes culinaires, ce confinement est donc l’occasion de se reconnecter intimement à la nourriture. Un rapport à la cuisine différent du quotidien d’avant-confinement, où l’appareil-photo s’interposait toujours entre-eux et les plats.
Repenser notre rapport à la cuisine
Si la période actuelle force tout un chacun à s’alimenter différemment, le confinement invite aussi à réfléchir plus globalement à notre rapport à la cuisine. Pour Pierre Carducci, chef du restaurant gastronomique Éclosion (Saint-Paul-en-Jarez, Loire), cette période n’est pas uniquement l’occasion de créer du contenu en ligne mais aussi de réfléchir au futur visage de la cuisine. Le chef d’Éclosion envisage la vente à emporter pour l’après-confinement : « L’idée serait de pallier le manque de clients à venir en proposant des plats à emporter. Du coup forcément, ça implique de réfléchir à des manières plus accessibles d’approcher la gastronomie ».
Le jeune chef explique également prendre plus de temps pour penser ses prochains menus sans pour autant se lancer de défis techniques culinaires : « Quand je suis chez moi, confinement ou pas, je n’ai pas envie de manger la cuisine que je fais au restaurant. Je n’ai pas poussé ma technique mais j’ai eu le temps de me poser davantage pour créer les nouveaux menus, un peu comme si c’était l’occasion d’une nouvelle ouverture ».
Manger plus local
Si les Français revendiquent un attachement de longue date à la gastronomie, ce confinement aura été pour beaucoup l’occasion, non seulement de changer de comportement alimentaire, mais aussi de s’interroger plus profondément sur les pratiques culinaires. Shirley G. s’étonne ainsi des ruptures de stocks dans les supermarchés :
« Pourquoi la farine et les pâtes ? Je réalise que les gens sont totalement déconnectés de ce dont leur corps a réellement besoin et de ce qui est bon pour nous »
La jeune femme se montre cependant optimiste pour les changements à venir : « Je pense que le confinement va pousser les gens à manger plus local ». Pour Eléana Bonnasse, la cuisine s’est révélée être un outil de confiance en soi : « C’est très gratifiant de se délester d’un préjugé dégradant sur soi-même. On peut être bon en cuisine, il suffit de s’y mettre. Ça a quelque chose d’assez émancipant de cuisiner pour soi. C’est un peu se montrer qu’on est capable d’être auto-suffisant, avec le support des producteurs bien sûr », se réjouit l’apprentie-cuisinière.
Si la fermeture de son restaurant évoque peu de points positifs à Pierre Carducci, le chef se réjouit d’avoir plus de temps pour cultiver son potager :
« On a planté de nouvelles plantes aromatiques et de nouvelles essences. On se concentre sur le produit brut plutôt que sur la façon de le transformer en somme »
Novice ou confirmé, photographe ou cuisinier, le temps long du confinement est l’occasion pour nombre d’entre nous de jouer des couteaux et autres moules à gâteau. Une tendance sur laquelle les chaînes télé n’ont d’ailleurs pas tarder à surfer. Ce soir à 18H45, comme tous les soirs de la semaine, vous pourrez regarder Cyril Lignac, en direct sur M6, concocter une de ses recettes en 50 minutes chrono. Ou Juan Arbelaez dans Quotidien sur TMC.
La France va mettre en place dès le mois de novembre prochain un système de reconnaissance faciale afin de se connecter aux sites de services publics. Celui-ci prendra la forme d’une application nommée Alicem. Un projet néanmoins contesté, notamment par l’association La Quadrature du net, qui défend les droits et libertés sur Internet.
Dès novembre prochain, le ministère de l’Intérieur va lancer Alicem, une application de reconnaissance faciale pour ses services publics. La France sera ainsi le premier pays européen à déployer un système d’identité numérique unique. Un projet déjà controversé.
Alicem, c’est le nom de l’application de reconnaissance faciale qui sera déployée en novembre. ILLUSTRATION / Fred TANNEAU / AFP)
La France sera le premier pays européen à proposer à ses citoyens de s’authentifier sur différents services en ligne grâce à la reconnaissance faciale. En phase test depuis six mois, ce programme prend la forme d’une application mobile baptisée Alicem (pour Authentification en ligne certifiée sur mobile) qui sera disponible d’ici le mois de novembre, selon les informations du journal Bloomberg. Développée par le ministère de l’Intérieur et l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), Alicem permettra de s’identifier de manière sécurisée à de nombreuses démarches administratives en ligne et de s’identifier auprès de prestataires privés. Adieu donc les bons vieux identifiants et mots de passe.
Pour pouvoir utiliser le service, il faut détenir un passeport ou titre de séjour avec une puce biométrique. L’application lira alors les informations contenues dans cette puce. Enfin, pour prouver son identité, il faudra enregistrer une vidéo de son visage sous plusieurs angles. Une fois les données comparées avec la puce, l’identité numérique sera créée.
Un projet qui fait débat
Mais si le ministère de l’Intérieur se vante du côté sécuritaire de l’initiative, le caractère obligatoire de l’identification faciale pour prouver son identité numérique pose problème pour les défenseurs de la vie privée et soulève des craintes concernant la sécurité des données. La Quadrature du Net, association de défense des droits et libertés sur Internet, a déposé un recours devant le conseil d’État pour faire annuler le décret du 13 mai 2019 autorisant la création de cette application. L’association affirme qu’Alicem va à l’encontre du Règlement général sur la protection des données (RGPD). La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) quant à elle, avait rendu un avis dans la même veine. Le gouvernement n’a pas suivi les recommandations et le texte n’a pas été modifié.