Les étudiants maghrébins plébiscitent la France

Les Marocains, les Tunisiens et les Algériens sont nombreux dans les universités françaises. Ce choix est encouragé par les liens anciens que leur pays entretient avec la France et la qualité de la formation.

Le nombre d’étudiants marocains a augmenté de 10% entre 2010 et 2014.

Ils se concentrent principalement dans les filières scientifiques et économiques. Il existe tout de même des différences. Les Algériens préfèrent les filières scientifiques et sont également les plus intéressés par les études de médecine, selon une enquête sociologique d’Abdelkader Latrèche publiée au début des années 2000.

Ces tendances s’expliqueraient par le développement de l’enseignement supérieur dans les différents pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie). L’Algérie s’est attachée à promouvoir les matières scientifiques et techniques. Le Maroc et la Tunisie, eux, se sont davantage diversifiés dans les matières littéraires, juridiques et économiques. Les études en France sont donc le prolongement de l’enseignement que les étudiants ont commencé à recevoir au Maghreb, souligne Abdelkader Latrèche.

La France une destination réputée

Ces étudiants sont présents en grand nombre dans l’hexagone : 84% des étudiants maghrébins qui ont choisi de migrer sont en France.

Cela s’explique par diverses raisons, qui ne sont pas nécessairement liées à la langue qu’ils connaissent mieux que d’autres étudiants étrangers, comme les Chinois. Ils sont d’abord attirés par une formation de prestige. Plus de la moitié disent être venus en France pour la qualité du diplôme et le désir d’obtenir un sésame de valeur internationale.

Des liens anciens perdurent aussi entre les universités françaises et maghrébines qui ont été entretenus après la décolonisation. L’étude d’Abdelkader Latrèche met en avant le fait que les étudiants maghrébins viennent principalement de vieilles universités. C’est le signe que les anciennes relations sont toujours vives au début des années 2000. Ces liens ont même été renforcés par le développement de partenariats internationaux entre établissement d’études supérieures français et maghrébins. L’université de Tunis Dauphine, fondée en 2008, délivre par exemple des diplômes binationaux. Les enseignants des deux universités sont également amenés à donner cours dans les deux pays.

Autre motif d’importance, les étudiants maghrébins bénéficient de bourses. Plus de la moitié des étudiants étrangers titulaires d’une bourse en 2011-2012 venaient du Maghreb, selon Campus France. Cela concerne surtout les étudiants tunisiens et marocains.

Le soutien des familles

Ces causes matérielles et administratives s’accompagnent d’un soutien familial. 53% de ces jeunes disent que l’entourage a joué un rôle important dans leur décision de partir étudier en France, toujours selon Campus France. La migration étudiante peut en effet être considérée comme un investissement pour les familles. Etudier en France est considéré comme un moyen de s’insérer plus facilement sur le marché du travail et de s’élever socialement. Les proches qui peuvent alors s’impliquer économiquement, en fournissant une aide financière régulière, attendraient un retour du jeune une fois ses études achevées, selon Abdelkader Latrèche. Le thésard traduit cette investissement familial par une perspective « rentabiliste » de la migration.

Alice Pattyn et Elisa Centis

 

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