Cause animale : deux militants L214 condamnés à 6 000 euros d’amende

Les deux militants L214 s'étaient introduits en décembre dernier dans un abattoir dans les Yvelines. (domaine public)
Les deux militants L214 s’étaient introduits en décembre dernier dans un abattoir dans les Yvelines. (pixnio/bicanski)

Deux militants de l’association L214 ont écopé de 6 000 euros d’amende dont 5 000 avec sursis. En décembre dernier, ils s’étaient introduits illégalement dans un abattoir des Yvelines (78) pour y installer des caméras de surveillance.

Le tribunal correctionnel de Versailles a rendu son jugement dans l’affaire de l’abattoir de Houdan (Yvelines). Les deux militants de l’association L214 ont été condamnés à une amende de 6 000 euros dont 5 000 avec sursis pour « violation de domicile ». Le co-fondateur de l’association, Sébastien Arsac, et un autre militant s’introduisent dans l’abattoir de porcs et installent des caméras de surveillance. Ils parviennent à en glisser une sur une nacelle descendant les animaux dans un puit, où les porcs sont étourdis avec du CO2 avant d’être tués.

Trahis par la chute d’une caméra

Si cette méthode n’est pas illégale en France, les militants de L214 luttent pour son interdiction et estiment que cette pratique est « systématiquement longue et douloureuse ». A la barre, les deux hommes ont reconnu les faits qu’ils estiment « justes ». Ils se sont défendus en appelant « au droit à l’information du consommateur ».

C’est la chute de l’une des caméras qui a trahi les deux militants cagoulés. Venus récupérer les caméras à la nuit tombée, ils ont été pris sur le fait par les policiers. Les images, confisquées par les gendarmes, ont été en partie récupérées par l’association. Certaines vidéos ont été mises en ligne en juin dernier.

Un procès inédit

Ce procès est une première. Habituellement, les vidéos diffusées par L214 sont filmées par des salariés des abattoirs incriminés, ou des personnes ayant accès aux lieux en question. L’abattoir réclamait 215 000 euros de dommages et intérêts, mais cette demande n’a pas abouti. Le tribunal n’a pas non plus retenu l’accusation pour « tentative d’atteinte à la vie privée ».

Les avocats des deux parties ont indiqué qu’ils allaient consulter leurs clients sur un éventuel appel contre la décision du tribunal. L’affaire n’est pas terminée sur le plan judiciaire car une enquête pour maltraitance est également en cours pour le même abattoir. L214 avait porté plainte suite à des images montrant les porcs frappés et électrocutés par un employé.

Léa DUPERRIN

Sandro, Maje et Claudie Pierlot seront introduites à la Bourse

Le groupe de prêt-à-porter SMCP réunissant les marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot va faire son entrée à la Bourse de Paris. L’objectif : se désendetter et continuer son expansion internationale.

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La première étape de l’introduction du groupe SMCP (comportant les marques Sandro, Maje et Claudie Pierlot) à la Bourse a été franchie ce lundi. Le groupe de prêt-à-porter a annoncé avoir enregistré son document de base auprès de l’Autorité des marchés financiers afin d’être coté à la Bourse de Paris. L’introduction devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année avec une augmentation de capital de 120 millions d’euros.

Le groupe SMCP, acteur du «luxe abordable », a annoncé avoir fixé sa fourchette de prix entre 20 et 25 euros par action ce qui le valorise entre 1,9 et 2,2 milliards d’euros. Cette tactique permettra au groupe de soutenir sa stratégie de développement et de croissance ainsi que de réduire son endettement.

Le géant chinois du textile Shandong Ruyi, premier actionnaire avec 83% du capital, entend conserver à l’issue de ce processus sa position avec 55% du capital. Le fond d’investissement américain KKR, présent à hauteur de 10%, ne sera plus actionnaire de SMCP tandis que la direction et les fondateurs détiendront environ 10% du capital. Les 35% du capital restant seront flottants. 

Contrôlé par Shandong Ruyi dès 2016, SMCP est en pleine expansion depuis sa création en 2010.

Malgo Nieziolek

 

Nobel d’économie : Richard Thaler, théoricien de la finance comportementale

Richard H. Thaler est le nouveau lauréat du prix Nobel d’économie. Ce sont ses recherches sur les mécanismes psychologiques et sociologiques des acteurs du marché qui ont valu à ce professeur de l’Université de Chicago la récompense suprême.

 

Pourquoi choisit-on d’acheter une nouvelle paire de chaussures alors qu’on est en retard sur le paiement du loyer ? Qu’est-ce qui justifie de dépenser une certaine somme au restaurant au lieu de l’épargner ? De manière générale, qu’est-ce qui fait qu’on prend l’une ou l’autre décision ? C’est ce que Richard Thaler, nouveau lauréat du prix Nobel d’économie, s’évertue à comprendre.

Ces recherches, qui tiennent autant de la psychologie que de l’économie, se basent sur un principe simple : l’humain n’est pas une machine. Même s’il parait simple, ce concept est novateur dans la recherche économique. En effet, la théorie économique suppose que l’humain est un « homo œconomicus », un être rationnel qui prend constamment les meilleures décisions pour maximiser son propre intérêt.

Pour Richard Thaler, il faut prendre en compte que les individus peuvent prendre des décisions irréfléchies, sont largement influencés par le plaisir instantané et ne comprennent pas nécessairement ce qui est mieux pour eux sur le long terme. C’est ce que l’on appelle l’économie comportementale.

 

Manque de maitrise de soi : Ulysse et les sirènes expriment la tension entre deux parts d’un même individu ; la partie raisonnable qui pense sur le long terme et celle qui recherche le plaisir sur le court-terme.

Rationalité limitée : Richard H. Thaler a développé la théorie de comptabilité mentale, qui explique comment les individus simplifient les décisions financières.

 

Les applications concrètes

« A moins d’être Spock, les choses insignifiantes ont leur importance », explique Richard Thaler dans un article qu’il a écrit pour le New York Times. Comme le personnage de fiction M. Spock, l’ « homo œconomicus » sur lequel se base la théorie économique dominante n’existe pas, selon l’économiste. « Un homo œconomicus n’attendrait pas de cadeau pour son anniversaire ou Noël, écrit-il. Le concept même de cadeau n’est pas rationnel. L’homo œconomicus saurait que le seul cadeau optimal, c’est de l’argent. Mais à moins d’être marié à un(e) économiste, je ne conseille pas de lui offrir du cash ! » La leçon qu’en retire Richard Thaler, c’est qu’il est impossible de se reposer uniquement sur les lois du marché.

C’est là qu’intervient le concept de « coups de pouce » (nudge en anglais), inventé par Richard Thaler dans son livre du même nom. Il s’agit de pousser gentiment les populations dans la bonne direction. Qualifiée de « paternalisme libéral », cette méthode consiste à construire la société de façon à pousser les individus vers le choix le plus rationnel pour eux, sans pour autant leur ôter leur liberté de choix.

Les gens ne donnent pas leurs organes ? Au lieu de demander l’autorisation de récupérer les organes des individus, Richard Thaler pense que le système devrait inscrire d’office tous les citoyens comme donneurs d’organes à la naissance. Même s’il serait possible d’être retiré de la liste de donneurs, le nombre d’organes donnés (et de vies sauvées) augmenterait drastiquement.

Le même système pourrait s’appliquer à toutes les décisions économiques. Richard Thaler imagine que les organisations économiques, seuls acteurs réellement rationnels, décideraient des choix optimaux, et la société s’organiserait pour pousser inexorablement les citoyens vers ceux-ci. Mécaniquement, l’efficacité du système économique en serait améliorée, car elle ne dépendrait plus des aléas des lubies humaines.

 

Jean-Gabriel Fernandez

Caroline Garcia : pourquoi elle carbure (enfin)

Après un début de saison décevant, Caroline Garcia vient de remporter deux tournois de suite, en Chine. Les raisons d’une telle embellie ? Sa stratégie gagnante de renoncer à la Fed Cup pour se consacrer sur sa carrière individuelle, notamment. Mais pas que…

Caroline Garcia en Chine, c’est : 2 titres – Wuhan et Pékin, où elle a notamment vaincu la n°1 mondiale Simona Halep en finale, ce dimanche -, 11 victoires d’affilée, cinq joueuses du top 20 battues et une 9e place mondiale à la clé. Plus question, désormais, de la cataloguer « joueuse de coups ». Cette même Caroline Garcia, qui était capable de terrasser des cadors du circuit avant de balbutier son tennis contre des joueuses plus modestes, semble avoir passé un cap au niveau de la régularité. Qui pourrait bien l’emmener tutoyer les sommets dans un futur proche …

En janvier, la Lyonnaise annonçait sa décision de ne pas jouer la Fed Cup cette année, pour se donner plus de chances de bien figurer dans les tournois individuels. « C’est une compétition qui demande beaucoup d’énergie mentale et physique », se justifiait-elle. « Quand je joue en équipe de France, je me donne au maximum, je donne tout ce que j’ai et parfois je le paie un peu après. »

Le revers de Caroline Garcia, l'une de ses armes principales.
Le revers de Caroline Garcia, l’une de ses armes principales. Crédits Wikimedia Commons, Robbie Mendelson 

Un choix critiqué… mais gagnant

Ce choix avait surpris bon nombre d’observateurs du tennis, qui doutaient également de sa pertinence. Jean-Baptiste Baretta, journaliste à Tennis Magazine, était de ceux-là. « Je ne pensais pas que ce serait une bonne idée, confie-t-il. Des rencontres où tu affrontes les meilleures joueuses d’un pays, avec la pression des médias et du public français, sont des expériences très bénéfiques. Elle pouvait aussi beaucoup progresser aux côtés d’Amélie Mauresmo (capitaine de l’équipe de France de Fed Cup, ndlr). »

Mais force est de constater que cette décision a porté ses fruits. Pour expliquer son étincelante forme actuelle, la principale intéressée n’hésitera sûrement pas à placer son choix comme facteur n°1. « C’est vrai que cette compétition, qui est une institution en France, pompe pas mal d’influx. Ça lui a aussi permis de se recentrer sur son environnement familial, qui est très important pour elle », concède Jean-Baptiste Baretta.

Un cap mental franchi

Mais le journaliste estime que ce sont plutôt les conséquences inattendues de cette décision qui ont profité à la Française de 24 ans. « Elle a été énormément critiquée, ça l’a beaucoup touchée, mais je pense que c’était un mal pour un bien. C’était son premier gros coup dur et ça lui a permis de s’endurcir. Cela se ressent sur le terrain où elle a énormément progressé au niveau mental, qui était son point faible. »

Un déclic psychologique qui est à situer bien avant Wuhan et Pékin. « Avant, elle n’arrivait pas à jouer son jeu à Roland-Garros à cause de la pression. Mais, cette année, pour la première fois, elle a fait un bon résultat (quarts de finale) parce qu’elle s’est détachée du regard des autres. Désormais, elle peut se dire : ‘J’ai réussi à passer outre mes peurs à Roland-Garros donc je peux le faire partout' ».

Surfer sur la vague de confiance

C’est donc surtout hors des terrains que la nouvelle n°1 française a construit les fondements de son renouveau tennistique. « Certes, elle est également plus régulière dans l’échange, elle cherche moins à faire le point tout de suite. Mais son niveau de jeu ces dernières semaines, c’est avant tout une question de confiance. Et la confiance, ça peut aussi s’effriter… »

Une question subsiste donc : celle qui est coachée par son père Louis-Paul parviendra-t-elle à maintenir son niveau de jeu sur le long terme ? Jean-Baptiste Baretta en est convaincu : « Tout le monde sait qu’elle a le niveau tennistique et le physique, il lui manquait juste le mental. Ça y est, c’est fait. Elle est désormais épanouie dans les tournois individuels, il n’y a pas de raison pour que ça ne dure pas. Je suis même persuadé qu’elle pourra combiner sa propre carrière et la Fed Cup dès l’an prochain. » Histoire que tout le monde soit content.

 

Douglas De Graaf