Présidentielle américaine : Clinton et Trump mobilisent tous leurs atouts pour le dernier week-end de campagne

C’est la dernière ligne droite de la campagne présidentielle américaine, et pourtant l’issue du scrutin de mardi prochain est toujours extrêmement incertaine. Dans six États, l’écart entre les Hillary Clinton et Donald Trump se situe dans la marge d’erreur : la Floride, la Caroline du Nord, l’Iowa, le Nevada, le Colorado, le New Hampshire. Les deux candidats concentrent leurs efforts dans les fameux « états indécis » – « swing states » en anglais. Ce sont ceux qui, dans l’histoire politique américaine, ne sont pas solidement acquis au camp démocrate ni au parti républicain, et qui scellent donc l’issue du vote.

Les deux candidats ont passé la soirée de vendredi en Caroline du Nord, où ils ont atterri quasi simultanément. Ils ont prononcé un discours à la même heure, à 50 km de distance l’un de l’autre.

 

Des invités influents

Hillary Clinton veut mobiliser les Noirs, les Hispaniques et les jeunes. Pour cela, elle notamment a fait appel au chanteur de hip-hop Pharrell Williams, qui a participé à son meeting de jeudi. Son ancien rival Bernie Sanders ainsi que Michelle et Barack Obama, très populaires auprès de ces communautés, étaient aussi présents sur scène. Le couple présidentiel s’affichera aux côtés d’Hillary Clinton lundi, à la veille du scrutin, lors d’un grand meeting à Philadelphie.

De son côté, Donald Trump a fait appel à son épouse Melania pour adoucir son image. Vêtue d’une robe rose sage, elle s’est posée en avocate des « valeurs américaines, gentillesse, honnêteté, respect, compassion, générosité ». Un vocabulaire qui contraste radicalement avec celui auquel nous a habitué son mari. Ce dernier est bien déterminé à éviter les scandales jusqu’au jour de l’élection. Mercredi, lors d’un discours, il s’est adressé à lui-même à voix haute : « Gentil et calme. N’est-ce pas ? Reste concentré, Donald, reste concentré. Pas de digressions, pas d’excès ».

Au cours du week-end, les deux candidats resteront concentrés sur les « swing states », avec jusqu’à trois déplacements par jour. Ils sont conscients que de nombreux électeurs américains restent à convaincre de fixer leur intention de vote, et même se se déplacer aux le jour de l’élection.

 

Célia Laborie

A Stalingrad, les réfugiés contents de plier bagage

Un dispositif exceptionnel a été mis en place à 5h ce vendredi matin autour des presque 4000 réfugiés du camp de Stalingrad-Jaurès. Les forces de polices ont bouclé l’ensemble de la zone afin de procéder au démantèlement et à l’évacuation qui s’est déroulée dans le calme.

Les réfugiés attendent de monter dans les cars. Destination inconnue… Victor Bergeon

« Sit down… sit Down! » hurle un agent de police au mégaphone devant plusieurs centaines de migrants amassés sur l’Avenue de Flandres dans le nord-est de Paris. Les forces de l’ordre forment un cordon compacte et laissent passer les réfugiés au compte goutte vers les quelque quatre-vingts autocars qui ont défilé vendredi matin aux abords du camp.

Les 3 800 migrants de Stalingrad viennent de Syrie, d’Érythrée, d’Afghanistan et du Soudan. A l’aube ils ont été délogés de leur campement de fortune en vue d’une intégration dans des centres d’accueils de la région parisienne. Principalement des hommes adultes, un certain nombre de familles ont aussi été évacuées. Malgré la pluie et l’attente, ils sont nombreux à monter dans les cars avec le sourire. « J’ai passé trois semaines ici, je suis vraiment content de partir » explique un jeune afghan de 28 ans. Dans l’urgence, ils laissent parfois derrière eux vêtements et effets personnels.

Victor Bergeon
Un migrant est extirpé de la foule. il va rejoindre son bus qui l’emmènera dans un centre d’accueil de la région parisienne. Victor Bergeon

Près de 600 policiers étaient présents sur place depuis 5h du matin. L’évacuation du camp s’est globalement déroulée dans le calme. Le boulevard de Flandres et les abords des stations Jaurès et Stalingrad ont été fermées jusqu’en début d’après midi.
Des associations étaient aussi sur place pour replier les tentes après le départ des migrants : « Tout ce qui reste sur la voie sera détruit par les équipes de nettoyage. On récupère le maximum pour les prochains arrivants » explique une bénévole.

Le démantèlement de ce camp a été tenté à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois, mais jamais l’évacuation n’a été réalisée dans une telle ampleur. Une fois les réfugiés partis, les équipes de nettoyage s’appliquent à nettoyer les zones évacuées.

Les commerçants du quartier se disent satisfait du démantèlement du camp même si certains admettent s’inquiéter de nouvelles arrivées: « Le camp a été évacué à plusieurs reprises, mais les migrants reviennent » explique Lounès gérant du café Côté Canal. « Qu’il parte de ce camp c’est une bonne chose » explique Eric, un riverain, « mais il faut espérer qu’il soit encadrés dans de bonnes structures, pérennes, avec des gens compétents pour les accompagner ». Difficile aujourd’hui de savoir avec certitude quel sera l’avenir de ces réfugiés.

 

Pour plus de photos: http://celsalab.fr/2016/11/04/le-camp-de-stalingrad-demantele/

 

Actualités de l’après-midi : suivez le live

L’actualité nationale et internationale de ce vendredi après-midi en live, par Pierre Laurent

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L’accord de Paris est entré en vigueur. Et après ?

Moins d’un an après son adoption à Paris par 195 pays, le premier accord mondial pour éviter un emballement des dérèglements climatiques est entré en vigueur vendredi, à trois jours du début de la COP22 de Marrakech, où il sera question de son application.

 

« Cette entrée en vigueur rapide est un signal politique clair confirmant que tous les pays du monde sont engagés en faveur d’une action décisive contre le changement climatique », soulignent dans un communiqué Patricia Espinosa, la responsable climat à l’ONU, et Salaheddine Mezouar, le ministre marocain des Affaires étrangères, qui présidera la COP22. Pour entrer en vigueur, l’accord devait avoir été ratifié par 55 pays représentant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre. Ce qui s’est produit plus vite que prévu, ces seuils ayant été franchis dès octobre.

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« Est-ce que cette entrée en vigueur oblige la France ou d’autres pays à prendre de nouveaux engagements? La réponse est non », reconnaît Pascal Canfin, directeur du WWF France. Mais d’un point de vue juridique, l’entrée en vigueur clarifie la situation et consolide l’accord. Et d’un point de vue politique, on est désormais certains de la robustesse du côté universel de l’Accord de Paris.»

195 pays ont ratifié l’accord dont les grands pays émergents tels que la Chine l’Inde et le Brésil, indispensables pour que la dynamique politique perdure. «Il fallait que tout le monde soit à bord, et que ça ne ressemble pas au combat de quelques pays contre les autres», d’après Pascal Canfin. Le précédent accord qui visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre, le Protocole de Kyoto, ne concernait que les pays du Nord.

Un accord fragile

Déjà, la COP22 est en préparation puisque c’est Marrakech qui l’accueillera du 7 au 18 novembre. Elle pourra ainsi entrer dans le vif du sujet de la mise en œuvre de l’accord (registres, transparence, financement), et non servir d’arène aux pressions diplomatiques pour encourager un pays ou un groupe de pays à entrer dans la danse de la ratification. Pour François Hollande, « la Conférence de Marrakech sur le climat devra être celle des solutions »

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Reste tout de même une inconnue, et pas des moindres: l’issue de l’élection présidentielle américaine, au lendemain du premier jour de la COP22. En effet, si Donald Trump est élu, le pays pourrait sortir de l’Accord. Pour le candidat républicain, l’Accord de Paris va « tuer l’emploi et le commerce. » Hors de question de donner à des « bureaucrates étrangers le contrôle sur la façon et la quantité d’énergie que nous pouvons consommer dans notre pays », a-t-il déclaré.

Une issue qui pourrait donc anéantir, ou du moins déséquilibrer, l’édifice construit au Bourget.

 

Valentine Leboeuf