Les jeunes de moins de 35 ans en première ligne face à la précarité : « On a l’impression de ne jamais respirer financièrement »

Précarité, peur de l’avenir et privations : les jeunes Français sont en première ligne. Selon le baromètre réalisé par Ipsos pour le Secours populaire publié ce jeudi, les moins de 35 ans sont “particulièrement affectés”. 

Le Secours populaire a mis en place des permanences spécifiques pour les étudiants. Photo Thomas SAMSON / AFP.

Un mot domine le rapport : l’angoisse. Un jeune Français sur deux se dit aujourd’hui insatisfait de son niveau de vie et déclare rencontrer des difficultés financières, notamment pour s’offrir une alimentation saine. Quinze ans après la première enquête, « tous les indicateurs se sont détériorés », constate l’association caritative. Conséquence : près de quatre jeunes sur dix ont déjà sollicité l’aide d’un proche pour éviter de tomber dans la précarité.

« Beaucoup de facteurs s’accumulent : on voit par exemple des jeunes qui hésitent à consulter un médecin par peur du coût ou par manque d’accessibilité, déplore l’association. Beaucoup doivent faire des choix difficiles, comme sauter des repas ou réduire drastiquement leur budget loisirs, ce qui les coupe peu à peu de la vie sociale et culturelle. Ce repli crée un isolement parfois lourd à porter, surtout quand il s’ajoute à une fragilité psychologique. »

« Parfois, je me dis que j’aurais préféré naître à une autre époque, quand la vie semblait plus simple. »

Dans son petit studio du 19e arrondissement, Camille, 24 ans, vit avec un budget serré. Étudiante en master de sociologie, elle enchaîne supermarché le week-end pour payer son loyer de 750 euros. « J’ai un tableau Excel avec toutes mes dépenses. Si je dépasse, je le sens tout de suite. Il y a des jours où je me demande même comment je vais finir la semaine. » Elle raconte avoir renoncé à ses loisirs : plus de cinéma, presque plus de restaurants. « Parfois, je me dis que j’aurais préféré naître à une autre époque, quand la vie semblait plus simple. »

Abdelsem Ghazi, secrétaire général du Secours populaire de Paris confirme que cette angoisse pour l’avenir est omniprésente. « Il n’y a pas vraiment d’horizon pour certains jeunes. Ils voient les débouchés se réduire, les aides baisser, et le discours ambiant de plus en plus pessimiste. Par rapport à ceux qui ont connu les Trente Glorieuses, ils ont le sentiment qu’on ne leur prépare pas une société dans laquelle ils pourront s’épanouir. »

Les jeunes parents en première ligne 

La situation n’épargne pas non plus les jeunes adultes déjà installés. Locataires d’un deux-pièces à Montreuil, Élodie, 31 ans, et Karim, 33 ans, parents d’un petit garçon de deux ans, jonglent avec leurs revenus pour couvrir crèche, courses et loyer. Tous deux en CDI, ils travaillent à plein temps, mais le compte n’y est pas. « On a l’impression de courir tout le temps, mais de ne jamais respirer financièrement », souffle Élodie, assistante RH. Karim, graphiste, complète : « Avant, on pouvait mettre un peu d’argent de côté pour les vacances. Aujourd’hui, le moindre imprévu, comme la machine à laver qui tombe en panne, nous met dans le rouge. » 

Des permanences spéciales pour les jeunes

Pour répondre à cette détresse, le Secours populaire renforce son action. « Nous avons mis en place des permanences spécifiques pour les étudiants, explique Abdelsem Ghazi. Nous proposons des aides matérielles, alimentaires et même des aides financières pour ceux qui ont eu un accident de la vie. L’objectif, c’est d’éviter qu’ils basculent complètement dans la grande précarité. »

Ces permanences s’appuient sur des bénévoles spécialement formés, capables d’orienter les jeunes vers les aides communales, régionales et associatives. « Il faut qu’ils puissent relever la tête, poursuit-il. Quand ils arrivent abattus, on essaie de leur redonner confiance pour qu’ils puissent se remettre debout. »

Jade DÜBBE

« On fait le constat de produits ultra-transformés très fréquents » : 60 Millions de consommateurs alerte sur les risques de ces aliments pour la santé des enfants

Dans une étude publiée ce jeudi 11 septembre à l’occasion d’un numéro spécial, l’organisme de défense des consommateurs pointe du doigt la présence massive de produits ultra-transformés dans les rayons des supermarchés destinés aux enfants. Un constat inquiétant pour la santé des plus jeunes.

« On tire la sonnette  d’alarme sur le peu d’informations disponibles sur l’ultra-transformation ». Crédits : fr. freepick.fr

Quatre-vingt pour cent. C’est la proportion d’aliments ultra-transfromés parmi les 43 produits analysés par le magazine 60 millions de consommateurs et commercialisés pour les enfants en grande surface. Ce chiffre rejoint celui de l’étude menée auprès de 20 enseignes françaises par le Club européen des diététiciens de l’enfance (88 %). «On a commencé par se demander à quel âge on commence à manger des produits ultra transformés » explique Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe au magazine 60 millions de consommateurs sur les motivations à l’origine du lancement de cette étude. « On s’est intéressé à des produits très basiques, que toutes les familles consomment au quotidien et que les enfants apprécient en général. On a eu la surprise de voir que parmi ces produits de consommation courante, énormément étaient ultra-transformés » constate-t-elle.

Pour rappel, les aliments ultra-transformés sont, selon la classification brésilienne NOVA, « des formulations industrielles élaborées, contenant au minimum 5 ingrédients tels que des graisses, du sucre, du sel et surtout des additifs non utilisés en cuisine domestique et destinés à imiter les propriétés naturelles des aliments bruts ou à masquer des saveurs non désirées. »

« En tant que parents, on culpabilise à cause de ce qu’on donne à manger à nos enfants. C’est inadmissible. On devrait pouvoir faire confiance à ce qu’on trouve en rayon sans regretter de les empoisonner», Thomas 41, père de famille.

Biscuits, compotes, viandes transformées, substituts de viande, desserts lactés et céréales : six catégories de produits ont été passées au crible. L’analyse englobe une analyse approfondie des compositions des étiquettes et des emballages. « On observe une dissonance entre les  compositions et les packagings qui laissent souvent penser qu’il s’agit de produits très seins. Il y a des produits que tout le monde sait ultra-transformés mais il y en a d’autres plus trompeurs, qui mettent en avant des produits bons pour la santé, réduits en sucres ou avec des céréales complètes. En réalité, ils ne le sont pas. Quand on voit certains packagings, on ne se doute pas que ce sont des produits hautement transformés » relève Sophie Coins.

Pourtant, tous contiennent des marqueurs d’ultra-transformation élevés comme des colorants des conservateurs, du sirop de glucose ou des émulsifiants. Ce sont ces composants, absents des produits faits maison, qui semblent inquiéter la journaliste quant à leurs potentiels effets néfastes sur la santé. « On fait le constat de produits ultra-transformés très fréquents et d’une exposition très précoce à ces derniers (46% de la ration alimentaire des enfants est aujourd’hui composée de produits ultra-transformés). On tire la sonnette  d’alarme sur le peu d’informations disponibles sur l’ultra-transformation. Mais au-delà, la question est surtout de savoir quel est l’impact alimentaire quand on est exposés à ces produits dès pout-petits » s’interroge la coordinatrice de l’étude.

 

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Des risques réels pour la santé

« J’essaie de faire attention à ce que je mets dans l’assiette de mes enfants, mais le fait-maison ça demande quand même une certaine organisation et du temps, c’est pas toujours facile » confie Marion, 35 ans mère de deux filles âgées de 7 et 3 ans. « Entre les goûters tout prêts, les céréales et les plats qu’on achète en dépannage, c’est difficile d’éviter les produits ultra-transformés même si je suis certaine qu’on ne mesure peut-être pas assez les conséquences sur leur santé » regrette cette parisienne.

« Quand on voit certains packagings, on ne se doute pas que ce sont des produits hautement transformés », Sophie Coisne, rédactrice en chef adjointe au magazine 60 millions de consommateurs.

Pour Thomas 41 ans, le problème est du côté des industriels. « Les grands groupes agroalimentaires nous vendent des produits “adaptés aux enfants » alors qu’ils sont bourrés d’additifs, de colorants et de sucre. En tant que parents, on culpabilise à cause de ce qu’on donne à manger à nos enfants. C’est inadmissible. On devrait pouvoir faire confiance à ce qu’on trouve en rayon sans regretter de les empoisonner » s’agace le père de famille qui s’inquiète des risques à long terme de ces aliments sur ces deux fils.

Une consommation régulière de ces produits exposent les enfants à des risques réels pour la santé. « Les ultras-transformés provoquent des modifications dans le mauvais sens des marqueurs sanguins des enfants pouvant provoquer une prise de poids qui peut conduire à une obésité »met en garde ce matin sur France Info Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’Inserm. « On sait très bien maintenant que ce qui se passe dans l’enfance a des conséquences à la vie adulte, sur le développement de maladies chroniques », insiste-t-elle. La chercheuse précise cependant que ces effets ne sont pas établis pour tous les additifs présents dans les ultra-transformés. Elle encourage par ailleurs, dans la mesure du possible, à privilégier le fait-maison.

Ana Escapil-Inchauspé

 

Affaire Thomas Legrand/Patrick Cohen : L’Arcom va auditionner les présidentes de France Télévisions et Radio France après la diffusion d’une vidéo avec des dirigeants du PS

L’instance de régulation de l’audiovisuel souhaite recueillir les « explications et observations » des présidentes de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci et de Radio France, Sibyle Veil.

L’Arcom décide de mener l’enquête. A la suite de la diffusion de vidéos des journalistes, Thomas Legrand et Patrick Cohen, avec des dirigeants du Parti socialiste, le régulateur de l’audiovisuel a déclaré, jeudi 11 septembre, qu’il recevrait en audition les présidentes de France Télévisions, Delphine Ernotte-Cunci, et de Radio France, Sibyle Veil, « dans les prochains jours », dans le but « de recueillir leurs explications et observations ». Quelques jours auparavant, Thomas Legrand a annoncé renoncer à son émission hebdomadaire sur France Inter. Le journaliste a néanmoins assuré continuer d’intervenir à l’antenne de cette radio du service public.

L’Arcom a été saisie à de multiples reprises par des députés et des auditeurs après la diffusion de vidéos par le média conservateur L’Incorrect, le 5 septembre. La séquence, filmée en juillet dernier, montre Thomas Legrand, chroniquer à Libération et France Inter, et Patrick Cohen, journaliste chez France Inter et dans l’émission « C à vous » sur France 5, en train d’échanger avec Pierre Jouvet, secrétaire général du PS et Luc Broussy, président du conseil national du PS.

Pendant cet échange, la stratégie de la gauche en vue de la présidentielle de 2027 est notamment évoquée. Thomas Legrand a notamment déclaré : « Nous, on fait ce qu’il faut pour Dati, Patrick et moi ». Ce propos, interprété comme un parti pris à l’encontre de la ministre de la Culture démissionnaire, Rachida Dati, a entraîné de nombreuses critiques à l’égard des deux journalistes.

Une « réflexion sur l’exigence d’indépendance » du service public

L’instance de régulation de l’audiovisuel explique avoir depuis quelques mois « décidé d’engager une réflexion plus large sur l’exigence d’indépendance et d’impartialité du secteur public de la communication audiovisuelle ».

Par ailleurs, le comité d’éthique de France Télévisions a annoncé s’emparer de l’affaire. « Compte tenu de l’ampleur de la polémique concernant la diffusion d’une conversation entre deux journalistes de l’audiovisuel public et de deux responsables du PS, le Comité d’éthique de France Télévisions a décidé de se saisir de cette affaire et publiera prochainement son avis », a-t-il communiqué mercredi.

Mort d’Agathe dans la Vienne : un homme en garde à vue

Au lendemain de trois interpellations dans l’enquête sur la mort d’Agathe Hilairet, joggeuse de 28 ans retrouvée en mai dans la Vienne, le parquet annonce qu’un homme a été place en garde à vue.

Un homme a été placé en garde à vue quatre mois après la découverte du corps d’Agathe Hilairet dans la Vienne Philippe LOPEZ / AFP

Un homme a été placé en garde à vue ce jeudi 11 septembre, au lendemain de trois interpellations dans l’enquête sur la mort d’Agathe Hilairet. Elle avait été retrouvée en mai, sans vie, dans la Vienne. Selon le quotidien Le Courrier de l’Ouest, qui a révélé l’information, ces trois hommes ont été arrêtés mercredi dans la Vienne, où leurs domiciles ont été perquisitionnés.

« Une garde à vue est en cours sur commission rogatoire », a déclaré jeudi matin Rachel Bray, procureure de la République à Poitiers, précisant qu’elle communiquerait « plus précisément ultérieurement » sur l’affaire.

L’enquête rebondit quatre mois après la découverte du corps

Le 4 mai, un promeneur avait découvert le cadavre d’Agathe Hilairet, joggeuse de frêle corpulence partie courir le 10 avril au matin depuis le domicile de ses parents à Vivonne, à 20 km au sud de Poitiers. Cette adepte de trail n’avait pas donné signe de vie depuis lors.

Le corps de la jeune femme « se trouvait dans un sous-bois en périphérie des zones de recherches », avait alors indiqué le parquet, ajoutant que l’autopsie n’avait « pas permis de déterminer, à ce stade, les causes du décès ». Le parquet n’avait pas mentionné d’éventuelles traces de violences ou d’agression.