135 000 entreprises ont été créées par des jeunes en 2016, un chiffre en constante augmentation. La création d’entreprise se simplifie et les jeunes en tirent profit, car elle est particulièrement avantageuse pour ceux qui n’ont jamais eu d’emploi. De nombreuses structures sont en place pour soutenir les entrepreneurs de la nouvelle génération.
Vous venez de finir vos études, donc vous cherchez un emploi ? Si la démarche est classique, de plus en plus de jeunes la rejettent et suivent une voie alternative. 135 000 entreprises ont été créées en 2016 des jeunes de moins de 30 ans, 10 000 de plus qu’en 2014. Chaque année, le nombre d’entreprises lancées par des jeunes augmente de façon importante. L’âge moyen des créateurs d’entreprises est en diminution depuis des années, et les moins de 30 ans se taillent une place parmi les entrepreneurs (source: Insee). C’est le domaine du transport et de l’entreposage qui a rajeunit le plus
rapidement ; l’âge moyen y est passé de 36 ans en 2014 à 29 ans aujourd’hui. Cette ouverture de l’entrepreneuriat aux très jeunes laisse entrevoir une alternative viable aux traditionnels CDD et CDI à la sortie de l’école.
“On a de plus en plus d’étudiants intéressés par l’entrepreneuriat et souhaitant développer leurs propres projets”, explique Carole Lahbabi, responsable de la sensibilisation de l’Entrepreneuriat à HEC Paris. “Il y a un vrai changement de mentalité dans ces nouvelles générations, les étudiants veulent être à la tête de leur propre projet, de leur propre emploi.” Les chiffres parlent d’eux-même : en 2004, 10% des étudiants d’HEC se lançaient dans l’entrepreneuriat, aujourd’hui 20% des diplômés lancent une start-up à la sortie de l’école et + de 100 start-ups sont effectivement lancées par an. Les autres grandes écoles françaises suivent la même cadence. Une centaine de start-ups sont créées chaque année par les diplômés de l’EDHEC à Paris, et autant par ceux de l’EMLyon.
La jeunesse, un atout dans la création d’entreprise
Pour certains, l’entrepreneuriat est une passion, l’envie irrésistible de donner vie à leur projet. Mais récemment, créer une start-up est également devenu un moyen efficace de s’assurer un avenir professionnel sans devoir dépendre du marché de l’emploi. HEC, l’une des plus grandes écoles de commerce au monde, pousse ses étudiants à créer leur propre entreprise, et sensibilise chacun d’entre eux à la question. Etienne Krieger, directeur scientifique du Centre d’Entrepreneuriat de l’établissement, note le changement radical ces dernières années. “Les grands groupes sur le campus doivent maintenant développer des trésors de créativité pour attirer les jeunes, parce qu’ils ont un intérêt particulier pour les start-ups.”
L’attrait pour l’entrepreneuriat est marqué chez les jeunes car ils ont généralement peu de frais fixes. Beaucoup n’ont pas de famille à charge, pas de prêt à rembourser, de loyer à payer… “Vous pouvez vous lancer quand vous êtes jeunes parce que vous pouvez rebondir. Tous ne réussiront pas, mais le coût quand on se plante est peu important quand on est jeune”, explique Etienne Krieger.
“Même si l’aventure de l’entrepreneuriat ne mène nulle part, après ce n’est pas difficile de retrouver un emploi”, Etienne Krieger en est convaincu. Créer une entreprise implique des connaissances importantes, un esprit d’initiative et une grande motivation. Autant de qualités très valorisées dans le monde de l’entreprise. Les grands groupes recherchent des employés ayant ces qualités et cette connaissance des outils de coopération.
Entreprendre, plus facile que jamais
Le boom de l’entrepreneuriat des jeunes est corrélé au boom de l’informatique. Des ordinateurs puissants, peu chers et capables de traiter un grand nombre de données : un outil sans pareil pour monter une entreprise. Les délais et le coût de l’information chutent drastiquement depuis des années, et la stabilité de l’économie numérique se renforce constamment. L’ubérisation de la société touche aussi les jeunes et leurs méthodes de création d’entreprises. La génération qui est née avec le numérique maîtrise l’outil informatique et bénéficie donc d’un avantage certain.
Plus besoin d’investir dans des locaux, des outils de travail ou le salaire de collaborateurs, quand ils peuvent travailler sur leur ordinateur, depuis chez eux, et automatiser l’essentiel des processus. C’est pour cela que les entrepreneurs dans les secteurs de l’information et de la communication sont parmi les plus jeunes. Ceux qui travaillent dans l’industrie ou l’immobilier sont plus âgés, 40 ans en moyenne, car ces secteurs peuvent difficilement être dématérialisés.
Les entrepreneurs sont particulièrement choyés. Dans la plupart des universités, des structures sont en place pour soutenir les projets des étudiants ou des diplômés. Il est de plus en plus facile de mettre sur pied une start-up, ou l’embryon d’une start-up, avant d’achever ses études. Pour les plus jeunes, des associations comme 100 000 Entrepreneurs ou EPA France interviennent même dans les collèges et lycées. Les structures et ressources existantes sont pensées pour les étudiants, mais même les autres peuvent se lancer dans l’aventure. Les jeunes qui ne souhaitent pas faire d’études supérieures, ils peuvent quand même décrocher un diplôme universitaire en fondant leur propre boîte à condition d’avoir le bac. Ils peuvent aussi profiter des prix et des statuts propres aux jeunes créateurs d’entreprises.
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Avec le statut d’étudiant-entrepreneur, qui ouvre de nombreux avantages à tout créateur d’entreprise de moins de 28 ans, le gouvernement Ayrault s’est engagé. Il permet d’accéder à des lieux dédiés comme des Fablabs, où tous les outils nécessaire sont à leur disposition, comme des imprimantes 3D ou des robots industriels.
“Il y a beaucoup de structures d’accompagnement si on a un projet,” se félicite Marion Favre, détentrice du Prix de la Start-Up Étudiant by BNP Paribas. Elle a bénéficié d’une couveuse d’entreprise, qui permet de tester la viabilité du modèle avant de se lancer, pour permettre à son projet d’arriver à maturation. “Pour avoir participé à des événements à l’étranger, je peux dire que les jeunes en France sont bien lotis. Il y a mille et une façons de rentrer dans cet écosystème.”
Un entrepreneuriat plus accessible, plus attractif donne toutes les clés aux jeunes pour se lancer dans l’aventure. C’est un changement sociétal structurel, et pas une simple mode. Le gouvernement, mais aussi les plus grandes universités s’en rendent comptent et ouvrent la voie. “Dans le futur, il y aura besoin d’entrepreneurs et d’intrapreneurs”, affirme Carole Lahbabi “C’est toute une transformation de la société qui s’opère ici.”
Jean-Gabriel Fernandez
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