Le Vendée Globe, une course 2.0

A l’ocassion de la 8e course en solitaire qui débute ce dimanche 6 novembre, les navigateurs sont sur tous les réseaux et peuvent être suivis en direct tout au long de leur périple. Une immersion dans la technologie qui peut se révéler couteuse et chronophage.

Si effectuer le tour du monde en solitaire reste par excellence un hymne à la liberté, la course folle du Vendée Globe ne se joue plus perso. Grâce aux nouvelles technologies, la 8e édition de ce voyage en solitaire lancée ce dimanche 6 novembre depuis la plage des Sables d’Olonne, les plus grands fans des navigateurs de l’extrême peuvent rester en contact avec leurs idoles à chaque seconde de leur parcours.  Cette année verra donc l’ouverture d’un tout nouveau site, alliant réseaux sociaux, cartes interactives mise à jour en direct, mais surtout le journal de bord vidéo des concurrents. Une plateforme multimédia qui demande toujours plus d’investissement de la part des navigateurs et de leur équipe restée au port.

Lien permanent pour les fans, responsabilité pour les équipes

Le système, balbutiant depuis 2008, permet aux aficionados de recevoir plusieurs fois par semaine des nouvelles filmées de leur poulain. En 2012 déjà, le système avait été un succès, permettant un réel moment de partage avec le public.

Que ce soit dans la joie avec Alessandro Di Benedetto lorsqu’il franchit le cap de bonne espérance à la pointe de l’Afrique :


Alessandro fête le passage du cap de Bonne… par VendeeGlobeTV

Ou encore au coeur de la tempête avec Francois Gabart :


Changement de décor pour François Gabart par VendeeGlobeTV

Ces courtes vidéos ont créé de véritables star du web il y a 4 ans lors de la dernière édition, comme Tanguy de Lamotte, à nouveau présent sur cette nouvelle édition. Du pain béni pour les sponsors, qui y voient là une vrai communication de masse dans laquelle il faut investir. Vanessa Boulaire s’occupe des relations avec les partenaires du skipper d’Arnaud Boissières et a vu naître toutes les initiatives qui vont permettre à tous ceux qui le souhaitent de suivre le marin tout au long de son périple : « On a mis en place tout un tas de projets. D’abord, il y a son site, géré par les partenaires. Ensuite, on communique aussi via ses comptes Twitter et Facebook ».

Dans cette interactivité permanente, le navigateur envoie ses vidéos à l’état brut et laisse le travail de l’édition à son équipe. Cette dernière s’estimera « sacrément contente » si elle parvient à publier deux vidéos par semaine : « Après, la course dure trois mois et il ne se passera pas des choses intéressantes tous les jours. C’est toujours le skipper qui contacte son équipe, jamais l’inverse : on prendrait le risque de le réveiller ».

Loin des yeux, loin de la caméra

Car si ce système est un plaisir pour le public, il demande néanmoins une organisation parfois chronophage qui risquerait de distraire les marins de l’objectif principal : terminer la course. « Une journée sur un skipper peut être extrêmement intense, mais il existe des moments de calme où Arnaud a tout de même le temps de se distraire », estime Vanessa Boulaire. Selon elle, c’est aussi une occasion pour eux de renouer avec le monde extérieur : « Lorsque l’on reste trois mois seul sur un bateau, on peut parfois trouver le temps long ».

Si l’investissement de temps est indéniable, l’équipe a également mis l’argent sur la table. Lors de son dernier Vendée Globe, le skipper a dépensé près de 30 000 euros en communication. Un budget allégué surtout à l’équipement réseau, pour permettre à Arnaud de rester en contact avec son équipe, et ce même aux confins de l’antarctique. « Ca n’est pas un skipper qui communique beaucoup, donc il y en a qui dépensent bien plus ! », affirme Vanessa Boulaire, consciente de la charge imposée.

La course au High-Tech

Au moment de la surconnexion, Alan Roura, a pourtant choisi le chemin inverse. Avec son équipe de trois personne seulement, le Suisse de 23 est le plus jeune navigateur de l’histoire de la course. Si il espère rester en contact avec ses fans et twitte de façon régulière, il participe aussi à ce Vendée Globe dans l’espoir d’un retour aux sources. Il laisse la communication a son équipe restée à terre et ne s’occupera que du minimum obligatoire.L’organisation oblige cependant les navigateurs à envoyer des images tous les deux jours.

Tanguy de Lamotte, dépasse largement ce pré requis. A 38 ans, il tourne, coupe et monte lui même chaque jour de nombreuses vidéos. Cette année, son bateau est équipé de caméras qui filment ses faits et gestes en permanence. « Le live est un logiciel qu’on a développé nous-mêmes. Et je me suis formé tout seul au montage, que je fais en pleine mer, sur mon téléphone », confie le skipper d’Initiatives Cœur au Parisien Magazine.


Le Tangnam Style de Tanguy par VendeeGlobeTV

Tanguy se mesurera aussi à Sébastien Josse. A 41 ans, il est lui aussi bien décidé à s’emparer de la bataille du web : « Avec ce métier, impossible de faire autrement. Je ne suis pas geek, mais je suis curieux ».  Son équipe a fait pour l’occasion l’acquisition d’un drone embarqué sur le bateau pour des images à couper le souffe : « On l’a testé, ca demande juste un peu d’apprentissage et une mer assez plate ».

Doyen de la course, Rich Wilson n’est pourtant pas le dernier en terme de communication. Pour son deuxième Vendée Globe, l’américain de 66 ans a prévu de faire la part belle à la pédagogie grâce au dispositif sitesalive! qu’il a lancé en 1990. Plus qu’une course, le parcours est pour lui l’occasion de partager avec plus de 300 000 écoliers ses découvertes sur la nature et l’océan au fil de son voyage. « Jusqu’ici, nous avons essentiellement travaillé aux Etats-Unis », explique le navigateur à l’équipe d’organisation de la course, « le Vendée Globe est une aventure unique, alors pourquoi ne pas inviter des étudiants du monde entier à y participer ? »

Pour l’édition 2016-2017, 50 pays participent à l’opération. Tanguy de Lamotte, Eric Bellion et Kito de Pavant ont par ailleurs accepté de répondre à quelques questions de temps en temps pendant le Vendée Globe. Un progrès dont le doyen se félicite : « C’est fabuleux, car nos étudiants vont être heureux de pouvoir bénéficier des infos d’autres marins que de ce vieil Américain… Cela nous passionne d’avoir une telle portée. » Au programme, un forum en ligne, un chier d’exercices proposés aux enfants et à leur parents qui suivra chaque étape de la course avec de nouvelles informations à découvrir. Une initiative complète que l’on retrouvera notamment dans les classes de France grâce au soutien de l’éducation nationale.

ESTELLE WALTON

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