Avec Internet, l’heure de gloire des théories du complot

« On » nous ment, « on » nous cache la vérité. De l’assassinat de JFK au réchauffement climatique en passant par le sida, beaucoup doutent des versions officielles. Le terrain de jeu favori des théories alternatives : la Toile. 

Après les attentats du 13 novembre à Paris, diverses théories plus ou moins farfelues ont émergé sur Internet. Des vidéos YouTube démontraient par exemple que tout avait été organisé par les services secrets occidentaux pour ternir l’image de la communauté musulmane. Parmi les preuves avancées : le Samu simulait un attentat multisite le matin même du 13 novembre. Quinze jours plus tard, les vidéos comptabilisaient déjà plus de 100 000 vues.

L’attrait pour les théories complotistes prend de plus en plus d’importance. En 2014, le site complotiste Egalité et Réconciliation était le 170e site le plus consulté en France. En janvier 2015, Najat Vallaud-Belkacem s’alarmait face à un sondage d’Ipsos indiquant qu’ “un jeune sur cinq adhère à la théorie du complot”. En réponse, la ministre de l’Éducation présentait ce lundi 9 février 2016 une série de mesures dont l’ouverture d’un site web à destination des collégiens et des lycéens : Ontemanipule.fr, mais aussi l’ouverture d’un compte sur le sujet sur Snapchat. Le youtuber Kevin Razy a même mis la main à la pâte pour endiguer la montée du complotisme. 

Un discours au service d’une idéologie

Les théories du complots ne sont pas neuves : les attentats du 11 septembre 2001 ou encore l’assassinat du président Kennedy ont toujours eu leur lot de théories diverses. « Mais l’émergence des réseaux sociaux est une parfaite caisse de résonance pour ces théories » explique Thomas Huchon, journaliste spécialisé dans le conspirationnisme. Journaliste pour Spicee, il a produit et diffusé un documentaire dans lequel il a crée un faux film complotiste pour comprendre la manière dont il se propage au sein de la « complosphère ».

Il y a quelques jours, La Croix publiait son rapport annuel sur la confiance des Français envers les médias. Il montre que les Français sont toujours très critiques envers les médias et envers toutes les institutions. Par exemple seul un gros quart des Français juge les journalistes indépendants du pouvoir. Cela explique que de plus en plus de personnes se tournent vers des sites alternatifs, se disant porteurs de la vérité et se positionnant contre les médias traditionnels.

Progressivement, les théories du complot ont cessé d’être de simples rumeurs évoquées par des anonymes sans crédibilité ou notoriété apparente. Elles sont devenues un discours politique au service d’une idéologie. Par exemple, l’humoriste Dieudonné est proche d’Alain Soral, le créateur du site Egalité et Réconciliation. Il défend, entre autre, l’idée selon laquelle le mariage pour tous est un « projet sioniste qui vise à diviser les gens ». Il s’est pourtant présenté aux élections européennes. Les théories du complot sont donc devenues une arme politique qui permet de se légitimer comme porteur d’une vérité contre les médias.

Alors la conclusion de Thomas Huchon est sans appel : « Les médias doivent être plus transparents. Qu’on explique plus comment on fonctionne et quelles sont les règles auxquelles nous sommes soumis. » Il faut donc parvenir à restituer la confiance envers les médias.

Cyrielle Cabot

 

 

 

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