Ankara accuse le coup. Lundi soir, le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est entretenu au téléphone avec son homologue russe Vladimir Poutine. Il accuse le régime de Bachar Al-Assad de « saboter » la coopération turco-russe dans le pays, a annoncé la présidence russe. Cette entrevue intervient après une offensive de l’armée syrienne qui a fait 42 morts en 24 heures dans la région d’Idleb, pourtant zone de désescalade sous protection turque. Le régime syrien affirme de son côté que ces offensives se font dans le cadre de la lutte anti-terroriste.
Privé de liberté depuis plus d’un an et demi, le pasteur américain installé depuis plus de 20 ans en Turquie s’apprête à rentrer aux Etats-Unis.
Condamné mais relâché. Incarcéré pendant un an et demi et assigné à résidence pendant deux mois, le pasteur Brunson vient d’être condamné à trois ans et un mois de prison par un tribunal turc pour « soutien à des organisations terroristes ». Soupçonné d’être proche du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et du prédicateur Fethullah Güllen exilé aux Etats-Unis, accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat de juillet 2016, il a cependant été remis en liberté sur demande du parquet compte tenu du temps qu’il a d’ores et déjà passé en détention. Son assignation à résidence et son interdiction de quitter la Turquie ont ainsi été levée.
Installé en Turquie depuis plus de 20 ans, ce pasteur était à la tête d’une petite église protestante à Izmir, sur la côté ouest turque. Alors qu’il a toujours démenti les accusations de terrorisme qui lui sont faites, sa détention a entraîné une grave crise diplomatique entre Ankara et Washington. De ce fait, l’administration Trump avait notamment pris des sanctions envers des ministres turcs et augmenté les taxes à l’importation des produits turcs, menant à une fragilisation de l’économie et de la monnaie turque.
Aujourd’hui libre alors qu’il encourrait jusqu’à 35 ans de prison, Andrew Brunson a dit avoir « hâte de rentrer à la maison et de retrouver (s)a famille ».
Une semaine après sa visite au consulat saoudien d’Istanbul, la disparition de Jamal Khashoggi reste un mystère.
Enlèvement ou assassinat ? Voilà les deux hypothèses les plus crédibles à en croire les images de vidéosurveillance. Mardi 2 octobre, Jamal Khashoggi, un journaliste critique du pouvoir de Riyad, s’est rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul pour des démarches administratives. Entré dans l’enceinte diplomatique, il n’en est jamais ressorti selon la police turque.
La thèse du commando
Les autorités turques ont révélé samedi 6 octobre qu’un groupe de quinze Saoudiens a fait l’aller et retour à Istanbul et au consulat le jour de la disparition du journaliste. Deux avions privés étaient arrivés d’Arabie saoudite à Istanbul ce jour-là et les personnes à leur bord avaient des chambres réservées dans des hôtels proches du consulat. Le quotidien turc Sabah a également publié les noms, l’âge et les photographies de quinze hommes présentés comme l' »équipe d’assassinat » dépêchée par Riyad. Les autorités turques ont obtenu mardi l’autorisation de fouiller le consulat saoudien, mais cette fouille n’a pas encore eu lieu.
Footage from Turkish TV of alleged #JamalKhashoggi Saudi assassination team entering into Turkey on private jet, going to, and leaving, Saudi consulate in Istanbul, last Tuesday. Note black van. pic.twitter.com/yU2LgBrbHY
Le Washington Post, pour qui Jamal Khashoggi a plusieurs fois travaillé, affirme que les renseignements américains étaient au courant d’un projet de capture de son collaborateur. Le Saoudien s’était exilé en 2017 aux États-Unis, après être tombé en disgrâce à la cour du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Le président Trump s’est dit « préoccupé » en début de semaine par le sort du journaliste saoudien. Il a promis de parler « le moment voulu » aux dirigeants saoudiens, tout en confirmant ne « rien » savoir de ce qui s’est passé. Dans une tribune publiée par le Washington Post, la fiancée de journaliste, Hatice Cengiz, « J’implore le président Trump […] d’aider à faire la lumière sur la disparition de Jamal ».
Le ton monte entre Ankara et Bruxelles. Le président Recep Tayyip Erdogan a menacé de dire « au revoir » à l’Union européenne (UE) si les négociations d’entrée de la Turquie dans l’UE, débutées en 2005, restent au point mort. « Vous n’avez d’autre choix que d’ouvrir les chapitres que vous n’avez pas ouverts », a-t-il lancé. « La Turquie n’est pas le portier de l’UE« , a-t-il ajouté.
Mais une avancée dans les négociations est improbable au vu des relations actuelles entre l’UE et la Turquie. Les tensions se sont beaucoup accentuées depuis la campagne menée par Ankara pour le référendum sur le renforcement des pouvoirs de M. Erdogan et l’annulation des meetings de ministres turcs en Europe.
M. Erdogan a également évoqué la possibilité d’une consultation populaire au sujet de l’entrée ou non de la Turquie dans l’UE. Il s’est aussi prononcé en faveur de la peine de mort, dont le rétablissement sonnerait la fin de la candidature de la Turquie à l’Union Européenne.