Étudiant et entrepreneur : les institutions misent sur ce duo gagnant

Les espaces de coworking sont très appréciés par les jeunes entrepreneurs. Crédits : Rubiyj
Les espaces de coworking sont très appréciés par les jeunes entrepreneurs. Crédits : Rubiyj

Depuis 2014, le statut d’“étudiant-entrepreneur’’ soutien les envies d’innovation des jeunes étudiants. Pendant ou juste après leur diplôme, ils peuvent recevoir une aide précieuse, sous forme d’avantages économiques, de locaux adaptés et d’un entourage bien informé.

Les droits des étudiants mais un réseau professionnel. C’est la promesse de ce statut particulier : “étudiant-entrepreneur”. Comme son nom ne l’indique pas vraiment, le diplôme est ouvert aux étudiants, mais aussi aux jeunes diplômés. La seule condition est d’être détenteur d’un baccalauréat ou de son équivalent. Pour les jeunes qui suivent encore des cours dans une école ou une faculté, le statut permet de bénéficier d’un aménagement de l’emploi du temps et surtout, le temps passé à la création d’une nouvelle entreprise remplace le stage. Pour les diplômés pouvant les demander, c’est l’assurance de maintenir leurs droits auprès de Pôle emploi pendant la création. Pour tous, c’est la promesse d’une sécurité sociale moins lourde, d’un accompagnement, une aide à la recherche de financements, le soutien d’un réseau.

Enfin, le statut permet également l’accès aux PEPITE. Ces Pôles Etudiants pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat sont un ensemble d’espaces de coworking adaptés aux besoins des jeunes entrepreneurs. Les 29 centres PEPITE sont présents un peu partout en France (dont l’île Maurice et la Guadeloupe). Ils permettent un accès à des ressources numériques et favorisent le ‘’réseautage’’.

 

Ce sont ces structures qui examinent les demandes de statut ‘’étudiant-entrepreneur’’. Sur quels critères ? Qualité et réalité du projet, mais aussi motivation du porteur de projet lui-même. Pour l’année 2016-2017, 1 427 étudiant-entrepreneurs étaient soutenus par les PEPITE. Cela représente une augmentation de plus 40% par rapport à l’année précédente. Leur moyenne d’âge ? 23 ans.

Rester étudiants, devenir professionnel

Ce statut est unique en Europe. Mis en place en 2014 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault, il vise à soutenir les projets innovants des jeunes. Le diplôme d’“étudiant-entrepreneur” ou D2E doit permettre aux jeunes d’entreprendre le plus tôt possible s’ils le souhaitent. Tout en bénéficiant des avantages du statut d’étudiant. En France, une carte d’étudiant ouvre l’accès aux bibliothèques, des réductions pour les sorties culturelles, aux bourses et surtout à une sécurité sociale spécifique et avantageuse, calculée en fonction des revenus. Ces deux derniers avantages pécuniaires, sont réservés aux moins de 28 ans. Le statut leur est donc plus spécifiquement dédié. “Peu de nos étudiants ont le statut d’étudiant-entrepreneurs”, témoigne Carole Lahbabi, Responsable de la sensibilisation de l’Entrepreneuriat à HEC Paris “Mais ils sont plus nombreux à choisir d’en bénéficier lorsqu’ils finissent leurs études ou intègrent l’incubateur HEC. Cela leur permet d’avoir le temps de se retourner et de lancer leur projet.” Comme la plupart des écoles de commerce, HEC dédie un espace à l’entrepreneuriat au sein de ses locaux.

Ce statut d’étudiant permet de contrer un inconvénient majeur. “Beaucoup d’entrepreneurs autour de moi, se sont lancé plus tard et ils touchent le chômage pendant deux ans. C’est une chance pour eux. Moi, j’ai débuté mon entreprise pendant que j’étais à l’Edhec donc je n’ai pas bénéficié de ces revenus. Si ça foire, ça foire. Et je n’aurais plus rien”, explique Solène de Labordier, créatrice de L’atelier de Solène. Lorsqu’il se lance après un premier travail, l’étudiant est autorisé à toucher les allocations chômage pendant deux ans. Cela lui permet une source de revenu complémentaire à celle de son entreprise débutante. L’étudiant, lui paye moins d’autres charges, ce qui permet de créer une sorte d’équilibre.

Le nombre de demandes du statut d'étudiant entrepreneur augmente chaque année depuis sa création.
Depuis sa création en 2014, le D2E voit le nombre de candidatures pratiquement doubler chaque année. Source : Les Echos

Le coworking, clef du succès

Les écoles souhaitent valoriser les avantages que l’on peut avoir à créer une start-up sur leurs bancs, notamment grâce à ce statut. Nombre d’entre elles proposent une série de partenariats et parfois un incubateur. Elles complètent ainsi l’offre des PEPITE. Quel que soit leur choix, les élèves qui se lancent dans l’aventure trouvent des locaux pour travailler, l’accès à des Fablabs, mais aussi des interlocuteurs pour les aider à finaliser le projet.

Nicolas Drouault, 25 ans, a commencé à monter une entreprise de Street food Canard Street à sa sortie de l’EDHEC (voir ici les systèmes mis en place par l’EDHEC pour inciter à l’entrepreneuriat). Avec un ami issu de la même promotion,  il s’est tout naturellement dirigé vers l’incubateur de Lille, lié à son ancienne école. Il a proposé son dossier et a été sélectionné. “Financièrement, nous n’avons rien reçu, mais on nous prête un bureau. Des locaux, une adresse avec une imprimante et tout ce qu’il nous faut. Et ça, ça nous fait économiser de l’argent”, explique le jeune homme.

Du business plan à “comment bien embaucher”, le fait de pouvoir se confier à des personnes ayant eu la même expérience est toujours un avantage. Tous les espaces de coworking dédiés aux étudiant-entrepreneurs en ont pris conscience. Ces lieux sont donc pensés pour devenir un outil de lutte contre la solitude des entrepreneurs. Même – surtout – lorsqu’il s’agit d’un projet personnel, il est important de ne pas rester isolé, au bout du téléphone, en prenant seul toutes les décisions.

Soutenir la création à tout prix

Pour les aider à décoller, de nombreux prix sont décernés spécifiquement aux start-ups étudiantes. L’an passé, Nicolas Drouault a remporté  le grand prix des jeunes créateurs de commerce. Depuis 2014, Unibail-Rodamco organise annuellement un concours pour récompenser les meilleures start-ups des jeunes créateurs de commerce. Un moyen pour le groupe du CAC 40 d’inciter les jeunes à la prise de risque entrepreneuriale.  Le grand prix ? Un million d’euros   sous forme de dotation. “Cette année y a eu deux finalistes, nous et Laboté, et nous avons donc reçu seulement la moitié. Avec cet argent, on devrait pouvoir ouvrir un nouveau restaurant sur Paris.”

En plus de la dotation, un prix est l’occasion d’être repéré par des financeurs. Ce qui explique leur prolifération. Le Prix PEPITE Tremplin par exemple, a récompensé 53 projets de start-ups innovantes en 2017, sur 150 nominés. Les trois premiers lauréats ont chacun reçu une dotation de 20 000 euros. En plus de cela, de nombreuses écoles, universités et régions ont leur propre concours.

Chaque année depuis sa création en 2014, le nombre de demandeurs du statut d’étudiant-entrepreneur double. Entre le début du projet et 2016, ils étaient plus de 2000 diplômés. Pourtant, les acteurs du milieu estiment que ce système est encore mal connu du public, et espère que cette croissance impressionnante ne soit qu’un début.

Louise Boutard

 

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Nicolas Rohr, des chaussures responsables qui marchent depuis dix ans

Nicolas Rohr, des chaussures responsables qui marchent depuis dix ans

Nicolas Rohr a fondé Faguo, une start-up de chaussures responsables. Crédits : Faguo
Nicolas Rohr a fondé Faguo, une start-up de chaussures responsables. Crédits : Faguo

Avec Faguo, il semble avoir trouvé une recette magique. Depuis bientôt 10 ans, la marque de chaussures responsables prend son essor. Aujourd’hui trentenaire,  Nicolas Rohr revient sur son histoire.

Pour des étudiants, était-il difficile de créer une start-up en 2009 ?

“Aujourd’hui les jeunes ont plus d’exemples auxquels se comparer. Pour Frédéric et moi, la première difficulté, ça a été de faire accepter à l’école, notre projet en tant que stage de fin d’année. Mais on a réussi. De juin à fin septembre, on a passé tout notre temps à la création de notre boîte. Le vrai premier déclic, c’était de faire un retroplanning précis, on l’avait pris à la chambre de commerce de Paris. On s’est trouvé un endroit neutre pour travailler. La bibliothèque de l’école. Tous les jours on y allait pour se forcer à travailler sur la boîte. En septembre on lançait un premier modèle. Pendant notre dernière année, on avait une double casquette. Dans la journée on suivait les cours et le soir on travaillait sur Faguo. On appliquait concrètement tout ce qu’on apprenait. On a pris des bureaux, en colocation privée avec d’autres entreprises. On n’a jamais reçu vraiment d’aide, ni financière, ni autre, mis à part un expert comptable que nous avons sollicité. En 2019, on fêtera les dix ans de Faguo. On a plusieurs boutiques dans Paris, et 40 salariés.”

Pensez-vous que les choses ont évolué ?

“Je pense oui, car les jeunes ont plus d’exemples sous les yeux. On en parle. Et puis, aujourd’hui, c’est dur de trouver du boulot, donc ça incite à entreprendre. La crise est le meilleur allié des entrepreneur. Il faut toujours se dire “sur un malentendu ca peut marcher”. Et puis maintenant, si un jeune monte sa boîte et que c’est un échec, il peut quand même aller voir les grands groupes pour chercher du travail. Ils aiment ces profils kamikazes. Ce n’était pas le cas il y a dix ans. Il faut leur prouver que je suis jeune, je suis dynamique je bouge. Avec de la chance et du mérite, ça peut fonctionner.”

L’entrepreneur est actif dans l’incitation des jeunes à créer leur entreprise. Il est l’un des exemples régulièrement mis avant, par exemple au Salon des entrepreneurs en 2014.

Votre âge vous apparaissait-il comme un avantage ?

« Quand tu as 21 ans, tout le monde veut t’aider. Tu représentes un peu le rêve que les plus vieux auraient voulu faire. Au début de Faguo, tout le monde voulait nous donner des conseils et nous soutenir : profs, connaissances, proches… C’était pratique. Oui, il y a des risques et on peut penser au pire, mais il faut surtout penser au meilleur. Sinon ça revient à de la spéculation immobilière. Je n’avais pas fait l’école de commerce dans l’idée de monter ma boîte. C’est venu au fur et à mesure. Avec mon ami Frédéric, en réfléchissant à ce qu’on voudrait faire une fois diplômés, on a réalisé qu’on avait envie de mener un projet de A à Z. Lors d’un voyage en Chine, on a imaginé ces fameuses chaussures et on s’est lancés. Pas de femme, pas d’enfants, pas d’emprunt : on était libres de se déplacer et de faire ce qu’on voulait. On était dans une vie hyper sociale, on savait qu’il fallait le faire à ce moment là. Les jeunes sont plus souples, ils ont moins d’a priori. Tout semble possible. C’est avec l’âge qu’on devient raisonnable. Et aujourd’hui, je ne regrette rien. Mais je crois qu’il ne faut pas se forcer à monter une boîte. C’est pas une mode. Certains sont très heureux dans le salariat. Mais si on a une petite envie, il faut aller jusqu’au bout”

Propos recueillis par Louise Boutard

 

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Rouler à l’hydrogène : la rentabilité est pour demain

C'est avec les Kangoo Z.E H2 que l'aventure Symbio à conmencée. La voiture à évolué avec l'entreprise et les technoilogie, c'est aujour'hui une troisième généraitons d'hybrides qui est commercialisée.
C’est avec les Kangoo Z.E H2 que l’aventure Symbio à conmencée. La voiture à évolué avec l’entreprise et les technoilogie, c’est aujour’hui une troisième généraitons d’hybrides qui est commercialisée.

Maintenant installée dans le secteur de la mobilité, la société Symbio a fait le pari de la complémentarité entre hydrogène et électricité pour augmenter l’autonomie des véhicules non polluants. Son produit phare : la Renault Kangoo électrique, agrémentée d’une pile à combustible et vendue à 30.000 euros. Aujourd’hui, plus de 150 de ces véhicules circulent à travers l’Europe et en mai, l’entreprise a reçu une commande de 50 nouvelles voitures.

L’exemple de Symbio est révélateur du développement de la filière hydrogène. En 2010, c’était une activité « de Géo-trouve-tout », plaisante Bertrand Joubert, Directeur général adjoint de Symbio. Rapidement, le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) est venu leur apporter son aide en matière de recherche. Quatre ans plus tard, Michelin entre au capital de l’entreprise, apportant son assise industrielle et les économies qui vont avec. Dernière entrée au capital, Engie, en 2016, illustrant la mobilisation récente des grands acteurs de l’énergie.

« Nous sommes encore en mode start-up », explique Bertrand Joubert. L’entreprise n’est pas encore rentable. Mais l’appui des géants qui se sont penchés sur son berceau laisse entrevoir une rentabilité future. Les technologies évoluent et le coût de fabrication se rapproche de plus en plus du prix de vente des voitures. « L’horizon de la rentabilité se rapproche extrêmement vite » confirme le directeur.

Alors que manque-t-il pour que tout le monde roule à l’hydrogène ? « Nous sommes entrés dans une logique économique, c’est désormais une question de zéros sur le chéquier pour franchir le pas industriel. »