CARTES. Où en est le droit à l’IVG dans le monde ?

La France a marqué les esprits avec l’inscription de l’avortement dans sa Constitution. Depuis quelques années, ce droit est en recul dans d’autres pays.

Plus de 700 millions de femmes en âge de procréer résident dans des pays où l’IVG est restreinte. | Photo : Manny Becerra via Unsplash

En y apposant le sceau de la République, la France est devenue le premier pays au monde à inscrire l’avortement dans sa Constitution. Par cet acte, l’État reconnaît depuis le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, « la liberté garantie de la femme de recourir au droit à l’interruption volontaire de grossesse » (IVG).

Si l’avortement était déjà légal en France, c’est un événement outre-Atlantique qui a motivé l’initiative du projet de loi initial : celui de l’abrogation en juin 2022 de l’arrêt « Roe vs Wade » aux États-Unis. Cet arrêt, en vigueur depuis 1973, garantissait à toutes les Américaines de pouvoir avorter légalement au niveau national. Dans la première année qui a suivi ce retrait, 14 États américains ont interdit l’IVG selon le Center of Reproductive Rights (CRR). Un événement qui a inquiété les défenseurs de l’avortement du monde entier.

Source : Center of Reproductive Rights

Troisième cause de mortalité maternelle

Il n’y a pas qu’aux États-Unis que le droit à l’avortement est désormais restreint voire inexistant. Dans le monde, près de 41% des femmes en âge de procréer — soit plus de 700 millions — résident dans des pays où l’IVG est restreinte selon un rapport du Sénat publié en 2023. Une réalité qui peut mettre en danger leur santé puisque les avortements clandestins restent la troisième cause de mortalité maternelle, précise Amnesty International.

41% des femmes en âge de procréer résident dans des pays où l’IVG est restreinte.

Dans le monde en 2023, 75 pays autorisent pleinement l’interruption volontaire de grossesse. Au total, ce sont plus de 50 pays qui ont changé leur législation pour permettre aux femmes d’avoir accès à ce droit ces 25 dernières années. Mais trois pays ont aussi fait marche arrière avec les États-Unis : c’est le cas du Nicaragua, du Salvador ou encore de la Pologne.

Source : Center of Reproductive Rights

Et dans l’Union européenne ?

La Pologne fait figure d’exception au sein de l’Union européenne (UE), puisqu’elle est la seule à être revenue sur le droit à l’avortement. Parmi les 27 pays membres, 25 autorisent l’avortement. Depuis 2021, la Pologne n’autorise l’avortement que sous certaines conditions : en cas de viol, d’inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger. Des conditions qui sont aussi en vigueur à Malte depuis 2023. Avant cela, le pays restait le seul de l’UE à interdire complètement l’avortement.

La question du délai pour avorter varie cependant entre les pays. Il n’est que de 10 semaines de grossesse au Portugal ou en Croatie et peut aller jusqu’à 24 semaines aux Pays-Bas.

Source : Center of Reproductive Rights

Pour autant, même dans les pays où avorter est autorisé sans conditions, la réalité peut être tout autre. C’est le cas en Italie par exemple où la clause de conscience des médecins complique l’accès à l’IVG pour les femmes. Selon Arte, 71% des médecins italiens exercent ce droit, poussant certaines femmes à se tourner vers des avortements clandestins ou à se rendre à l’étranger.

Elena GILLET

Drogues et/au travail : les métiers de l’art et du spectacle sous les projecteurs

Dans les coulisses des métiers artistiques, les frontières entre l’univers créatif et psychédélique s’estompent. Selon Santé publique France, en matière de consommation de drogues illicites les artistes font course en tête.

On fume, on boit, on se drogue plus dans certains métiers que d’autres. Voilà pour résumer grossièrement les résultats du baromètre 2017 de Santé publique France sur la consommation de substances psychoactives et les milieux professionnels. En toile de fond, une constante malgré de fortes disparités entre les secteurs : les métiers de l’art et du spectacle se maintiennent au-delà des moyennes observées sur l’ensemble des actifs, toutes substances psychoactives confondues. Et en matière de drogues illicites, ils remportent la palme.

Qu’est-ce qui caractérise cette (sur)consommation ? Les substances psychoactives peuvent être réparties en quatre familles : le tabac, l’alcool, le cannabis et autres drogues illicites (type ecstasy, MDMA…). La consommation plus importante de drogues illégales, moins acceptées socialement, distingue les professionnels de l’art et du spectacle des autres actifs.

Une consommation proche de la normale, en matière d’alcool et de tabac. Toutefois, les professionnels de l’art et du spectacle sont les plus grands consommateurs de drogues illicites parmi tous les secteurs d’activité. Elle grimpe à 64,4% des actifs interrogés pour la consommation expérimentale de cannabis et à 19% pour les autres drogues illicites. Loin devant les 9% de consommateurs dans le secteur de la construction, qui arrivent en deuxième place.

Des résultats finalement peu surprenants. Le milieu artistique se trouve souvent associé à l’expérimentation et à l’exploration de nouvelles sensations. Les drogues ne seraient qu’échappatoires de l’artiste torturé. Ou sources d’une inspiration sans pareille, propices à l’expression individuelle. « C’est un cliché mais c’est un peu vrai », reconnaît Vincent, 35 ans, guitariste dans un groupe de rock parisien depuis une dizaine d’années, « Je connais beaucoup de gens dans le milieu de la musique qui consomment beaucoup, quotidiennement même je dirais ». Mais existe-t-il des justifications plus structurelles à cette (sur)consommation de psychoactifs, particulièrement tourné vers des drogues dîtes plus “dures”.

« On galère plus »

L’âge, comme le genre, sont des facteurs facilement associés à la consommation de drogue. Une idée reçue ? Il s’avère que le baromètre 2017 de santé publique France va dans ce sens. Parmi tous les actifs interrogés, ceux du secteur de l’art et du spectacle présentent la moyenne d’âge la moins élevée (37,1 ans). Plus largement, une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), restreinte aux substances psychoactives illicites, montre un usage particulièrement fréquent chez les 26-44 ans.

Certes, l’âge est un facteur influent sur la consommation de drogues illicites. À l’exception du cannabis et de l’héroïne, les 26-34 sont les premiers expérimentateurs de drogues illicites. Toutefois, pour comprendre les dynamiques qui se jouent spécifiquement dans le secteur de l’art et du spectacle, il convient d’en saisir les conditions de travail. « C’est un métier où on galère. C’est difficile de se faire une place et ultra concurrentiel avec peu de sécurité dans l’emploi », confie Vincent.

En effet, les professionnels de l’art et du spectacle sont globalement plus amenés à travailler des horaires atypiques par rapport aux autres secteurs. Surtout, la part d’actif disposant d’un contrat à durée indéterminée a chuté de 16% entre 1982 et 2019. Une diminution au profit de contrats plus précaires et incertains.

En 2022, une étude de la cohorte CONSTANCES a notamment révélé une forte corrélation entre le rythme de travail et l’usage de substances psychoactives. Les horaires atypiques, l’instabilité contractuelle, mais encore l’intensité émotionnelle inhérente aux professions artistiques sont autant de facteurs qui peuvent créer un cocktail de stress et d’anxiété propices aux addictions.

Contrairement à d’autres métiers où la consommation de drogues est découragée voire réprimandée, dans le milieu artistique, elle a tendance à être banalisée. Dans ce secteur règne une culture de travail spécifique. « L’art, le spectacle sont souvent proches du milieu de la fête et ce n’est pas uniquement réservé qu’au public », résume Vincent. Les artistes et les professionnels du spectacle sont régulièrement impliqués dans des événements festifs, des soirées et des performances nocturnes, où la consommation de drogues peut être plus présente. Une proximité que partage également le secteur de l’hébergement et de la restauration, deuxième sur le podium des plus gros consommateurs de drogues illicites selon le baromètre santé 2017.

Suzanne Zeller et Léocadie Martin

Pfizer fournira des traitements anti-covid moins cher aux pays pauvres

Jusqu’à six millions de traitements contre le Covid-19 seront proposés aux pays à faibles et modestes revenus dès la fin de l’année. Le groupe Pfizer a annoncé jeudi 22 septembre qu’il fournirait du Paxlovid à prix coûtant pour les plus pauvres, et à prix réduits pour les plus modestes.

Ce sont 132 pays qui pourront bénéficier de cet accord entre Pfizer et le Fonds mondial. Le 22 septembre, Pfizer a annoncé fournir aux pays pauvres et modestes son traitement anti-covid, le Paxlovid, à prix réduit. La vente sera lancée dès la fin de l’année, en fonction de la demande et des autorisations sanitaires. Les pays les plus pauvres paieront le prix coûtant et une grille tarifaire sera mise en place en fonction des revenus des autres pays.

Dans le cadre de ses efforts destinés à rendre l’accès à ses produits plus équitables, le groupe pharmaceutique a par ailleurs conclu des accords de licence. Ils permettent à 38 laboratoires de fabriquer une version générique et moins coûteuse de ces pilules pour 95 pays. Ces laboratoires se situent en Inde, en Chine, au Brésil, en Serbie ou encore en Corée du Sud.

Un deuxième accord pour aider ces pays

En avril, le laboratoire avait noué un partenariat similaire avec l’Unicef. Il s’est alors engagé à fournir quatre millions de doses à l’agence, chargée ensuite de distribuer les comprimés à 95 pays, principalement en Afrique. Paxlovid est avant tout destiné aux populations à risque. Selon les études cliniques, il permet de réduire de 85% le risque d’hospitalisation.

Dopé par les ventes de son vaccin anti-covid et du Paxlovid, qui devraient atteindre 54 milliards de dollars cette année, Pfizer a vu ses profits bondir récemment. Au deuxième trimestre de 2022, l’entreprise a dégagé un bénéfice net de près de 10 milliards de dollars.

Laura Merceron avec AFP